Sommet du G20 à Londres
Quels résultats peut-on en attendre ?
Par Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI « Institut Marocain des Relations Internationales »
Aussi bien la Banque mondiale que le FMI prévoit une baisse de l’économie mondiale de 1 à 2% en 2009. Le FMI définit la crise économique actuelle comme une « Grande récession » que le monde n’a pas connue depuis 1930. Cette crise est née aux Etats-Unis en 2008 d’un grave disfonctionnement financier, et s’est transformée en 2009 en crise économique qui a frappé tel un tsunami tous les pays du monde.
Le G20 s’est saisi de cette crise au niveau des Chefs d’Etat et de gouvernement à Washington le 15 Novembre 2008. Rappelons que le G20 qui regroupe des pays développées et émergents a été créé en 1999 au niveau des ministres des finances, et qu’il représente 90 % du Produit Intérieur Brut mondial, et 2/3 du commerce et de la population mondiale. Seul un pays africain (Afrique du Sud) et un pays Arabe (Arabie Saoudite) sont représentés au G20. L’Union européenne fait partie également du G20, ainsi que 17 autres pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique et d’Australie, dont deux grands pays musulmans (Indonésie et Turquie).
Lors du Sommet de Washington du 15 Novembre 2008, le G20 a énoncé que les causes de la crise financière de 2008 étaient dûes au manque de coopération économique, au problème d’évaluation des risques, à l’inefficacité des normes comptables, et à la déficience de la surveillance des marchés. Il a édicté des recommandations pour ne pas succomber à la tentation protectionniste, pour adopter des mesures budgétaires pour stimuler la demande, et pour soutenir l’économie grâce à la politique monétaire. Il a enfin décidé de procéder à des études en vue du Sommet du 2 Avril 2009 à Londres. Les études doivent permettre d’améliorer la transparence et les systèmes comptables, renforcer le contrôle prudentiel, améliorer la gestion du risque et la surveillance des marchés, renforcer la régulation et la capacité des institutions internationales à aider les économies en difficultés.
Suite au Sommet du 15 Novembre 2008, pratiquement tous les pays ont adopté des plans de relance de plusieurs milliards de dollars ou d’euros, tendant à renforcer le système financier, à stimuler la consommation, et à procéder à des investissements publics, notamment au niveau des infrastructures. De leur côté, les banques centrales ont fourni massivement des capitaux aux banques pour leur permettre d’accorder des crédits aux ménages et aux entreprises. Malgré tous ces efforts, les Bourses mondiales continuent de chuter, et la reprise de l’économie mondiale est prévue par les plus optimistes qu’au milieu de l’année 2010.
Afin de préparer le Sommet à Londres le 2 Avril prochain, les ministres des finances du G20 se sont réunis le 14 Mars 2009 à Horsum (Sud de Londres). Le communiqué final de cette réunion indique que le G20 prendra toutes les mesures nécessaires pour relancer l’économie mondiale. En ce qui concerne les plans de relance, il préconise d’appliquer sous délais les mesures exceptionnelles déjà annoncées, et d’envisager des plans de relance supplémentaires si nécessaire. La priorité est le retour de la circulation du crédit, en combattant les problèmes du système financier international. Le G20 s’engage également à assurer la santé des institutions financières d’importance systémique. Les Banques centrales se sont engagées également à maintenir des politiques « expansionnistes », quitte à utiliser des instruments non conventionnels, tels que la création de monnaie. Le communiqué a également souligné le besoin urgent d’augmenter significativement les ressources du FMI. En ce qui concerne la réglementation, le communiqué recommande aux chefs d’Etat l’enregistrement des Fonds spéculatifs (Hedge Funds) et des Agences de notation financière. Il recommande l’identification des paradis fiscaux par les organismes internationaux concernés, et l’utilisation de contre-mesures les concernant.
Quels résultats peut-on attendre du Sommet du G20 le 2 Avril prochain à Londres ?
Jacques Attali considère que le G20 est un « échec programmé » et que « nous vivons sous la domination du modèle anglo-saxon qui n’a aucun intérêt à remettre en cause son propre système financier ». De passage a Paris le 3 Mars 2009, Peter Mandelson ministre du commerce britannique a déclaré « Les résultats ne seront pas immédiats, mais se feront sentir avec le temps. L’objectif est d’avancer l’ordre du jour, pas de le conclure ». Obama qui sera présent à Londres, considère que l’urgence pour les Etats-Unis est la relance de l’économie mondiale avant de penser à la réforme, et que l’Europe doit faire un effort supplémentaire dans ses plans de relance. Tout cela laisse présager qu’il n’y aura pas de décisions spectaculaires à Londres. Cependant, la situation de l’économie mondiale est suffisamment grave, pour que le Sommet du G20 puisse se contenter de déclarations vagues. Un signe positif déjà enregistré est la décision de la Suisse, annoncée le 13 Mars 2009, d’assouplir le secret bancaire en échangeant des informations avec d’autres pays dans le cadre des normes de l’OCDE.
Pour ce qui est du Maroc, si le système financier n’a pas trop souffert de la crise mondiale, les effets sur l’économie réelle se sont déjà fait sentir. C’est ainsi que l’indice de la production des industries manufacturières a baissé de 4,4% pendant le quatrième trimestre 2008 en comparaison avec la même période de l’année dernière. A noter également la baisse des exportations en Janvier 2009 (-24,6 % par rapport à Janvier 2008) et celle des transferts des résidents marocains à l’étranger (-14,2 % par rapport à Janvier 2008). Pour faire face, le gouvernement marocain a lancé un plan anti-crise de 1,5 à 2 Milliards de Dirhams pour soutenir le secteur de l’exportation, principalement les textiles, le cuir et l’automobile. Aussi, faut-il espérer que le Sommet du G20 à Londres soit un succès pour que l’économie mondiale, et notamment européenne qui nous intéresse plus particulièrement, puisse être relancée le plus rapidement possible.
Pays membres du G20 : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne.
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