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Israël–Iran : le droit international comme seule voie vers la stabilité

Par Khaled Hamadé
Membre de l’IMRI et Président de l’IIEG (Institut International d'études géopolitiques)

Alors que le conflit entre Israël et l’Iran a franchi un nouveau seuil en juin 2025, la communauté internationale ne peut plus se contenter d’appels à la « retenue ». Le temps est venu d’exiger une chose simple mais fondamentale : l’application rigoureuse du droit international. Faute de quoi, le Moyen-Orient - et au-delà - risque de s’enfoncer dans une spirale d’instabilité durable.

La Chine et la Russie : entre calcul et ambivalence

La Chine, médiatrice autoproclamée d’un nouvel ordre régional, plaide pour la stabilité. Mais sa position reste floue. Préserver ses intérêts énergétiques ou ses relations bilatérales ne saurait justifier le silence face à la violation du droit international humanitaire ou à l’agression préventive. Si elle veut être perçue comme un acteur de paix, Pékin doit s\'engager clairement pour une résolution fondée sur la légalité. La Russie, quant à elle, jongle entre solidarité stratégique avec Téhéran et souci de préserver son emprise sur la Syrie. Cette ambivalence affaiblit sa crédibilité comme médiateur. Soutenir la souveraineté d’un État tout en tolérant des frappes extraterritoriales va à l’encontre des principes mêmes qu’elle revendique sur d’autres théâtres de guerre.

Israël face à ses contradictions stratégiques

L’offensive israélienne contre les infrastructures iraniennes, présentée comme une mesure de sécurité nationale, constitue une atteinte grave aux normes internationales si elle n’est pas justifiée par une menace imminente, clairement établie. Elle a affaibli les efforts diplomatiques en cours, accentué les clivages régionaux, et aliéné des puissances qui, jusqu’ici, soutenaient Israël sur la scène mondiale. En s’affranchissant des cadres multilatéraux, Israël renforce l’argumentaire de ses adversaires et compromet sa propre sécurité à long terme. Le droit international, loin d’être un obstacle, pourrait être son meilleur allié pour sortir de l’impasse actuelle.

Des conséquences régionales à haut risque!

Les tensions se sont déjà étendues au-delà des deux protagonistes directs.
Des groupes armés ont intensifié leurs actions dans divers points chauds de la région, aggravant la situation humanitaire et menaçant les routes commerciales.
Cette dynamique échappe à tout contrôle centralisé, et ne pourra être contenue que par une réponse collective, fondée sur la légalité internationale.

Exiger plus que la diplomatie : la justice

Face à cette situation, trois exigences doivent guider la réponse mondiale :

- Le respect du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et l’interdiction des représailles indiscriminées.

- Un retour aux mécanismes multilatéraux de résolution des différends, notamment sous l’égide des Nations unies.

- Une médiation régionale accompagnée de garanties juridiques, plutôt que d’accords sécuritaires ponctuels et ambigus.

Le droit comme seul rempart.

Ce conflit n’est pas une fatalité. Mais il ne peut être contenu par la seule realpolitik. La seule voie crédible pour éviter un embrasement régional et une fragmentation durable du Moyen-Orient est de replacer le droit international au centre des réponses diplomatiques. Le silence, l’ambiguïté ou l’indulgence à l’égard des violations actuelles seront demain autant de renoncements collectifs.

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