L’ETAT PALESTINIEN : QUELLES PERSPECTIVES ?
Par Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le Vendredi 23 Septembre 2011 restera une date historique pour les Palestiniens, les Arabes, les Musulmans et le monde entier. C’est en effet ce jour là, que Mahmoud Abbas au nom du peuple palestinien, a demandé à l’ONU l’admission de la Palestine en tant que membre à part entière de l’Organisation mondiale. Cette demande est faite sur la base des frontières avant le 4 Juin 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’Etat palestinien. Il fallu beaucoup de courage et de détermination au Président palestinien pour faire cette demande, car il a subi des pressions très fortes des Etats-Unis et de l’Europe pour y renoncer.
Rappelons que pour être membre a part entière de l’ONU, il faut un vote majoritaire au Conseil de Sécurité, et pas de veto d’un des cinq membres permanents : Chine, Etats-Unis, Russie, France et Royaume-Uni. Les autres membres actuels du Conseil de sécurité sont : Afrique du Sud, Allemagne, Bosnie-Herzégovine, Brésil, Colombie, Gabon, Inde, Liban, Nigeria, Portugal. La majorité exigée de 9 voix sur 15 peut être obtenue en faveur de l’admission de la Palestine. Mais les Etats-Unis comme ils l’ont déjà fait 42 fois en faveur d’Israël, ont déjà annoncé qu’ils mettraient leur veto à la résolution d’admission de la Palestine à l’ONU.
Quelque soit l’issue résultant du vote du Conseil de sécurité, il apparaît néanmoins que cette initiative du Président Abbas va faire avancer la cause palestinienne. D’une part, les Palestiniens auront la possibilité de s’adresser à l’Assemblée Générale de l’ONU pour l’obtenir le statut d’Observateur. Plus de 150 pays de l’ONU voteront en faveur de la Palestine, ce qui démontrera que la quasi-totalité de la communauté internationale est pour la création de l’Etat palestinien. L’initiative palestinienne a fait également bouger le quartette (États-Unis, Russie, Union-européenne, ONU). Ce dernier présidé par Tony Blair, a montré jusque là son incapacité à faire avancer le dossier. Moins de quatre heures après le discours du Président Abbas à l’ONU, le quartette s’est réuni pour déclarer qu’une issue finale au conflit israélo-palestinien devra être trouvée d’ici fin 2012. Pour cela, un calendrier précis des négociations entre Israéliens et Palestiniens sera fixé, avec une conférence internationale à Moscou pour finaliser les discussions.
Il est grand temps que ce conflit qui dure depuis soixante ans trouve son issue. Il est grand temps que la grande injustice faite au peuple palestinien soit réparée. Le Président Abbas dans son discours à l’ONU a déclaré que les Palestiniens n’ont pas l’intention d’isoler ou de délégitimer Israël. Dans la même enceinte de l’ONU, Le Premier Ministre Israélien a déclaré avec beaucoup de mauvaise foi « La vérité est que nous ne pourrons pas parvenir à la paix par des résolutions de l’ONU, mais par des négociations ». Mais faut-il lui rappeler que les Israéliens sous son mandat, n’ont jamais entamé de négociations sérieuses avec les Palestiniens. Faut-il lui rappeler qu’en même temps qu’Israël négociait avec les Palestiniens, il autorisait de nouvelles implantations juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ce n’est pas sérieux, il faut qu’Israël comprenne que pour promouvoir à la paix, il lui faire d’importantes concessions.
Durant les soixante années du conflit israélo-palestinien, les difficultés se sont accumulées. Les questions les plus importantes à résoudre sont la délimitation du futur État palestinien, le statut de Jérusalem, le problème des réfugiés palestiniens, et enfin les colonies israéliennes installées en Cisjordanie et à Jérusalem. Certes ces questions sont difficiles, mais des solutions peuvent être trouvées s’il y a une véritable bonne volonté de part et d’autre. Le quartette qui a été établi pour résoudre ce conflit, mais également toute la communauté internationale, doivent se mobiliser pour rapprocher les points de vue et faire les pressions nécessaires, car il est à craindre que les Israéliens et les Palestiniens livrés à eux-mêmes, ne puissent résoudre seuls les grands difficultés de ce conflit. L’Europe a un grand rôle à jouer, et notamment la France, qui a prouvé pendant les révoltes arabes récentes, sa grande compréhension et son soutien concret notamment en Libye. Les Etats-Unis doivent comprendre que la question palestinienne est très sensible dans tout le monde arabe et musulman. Leur image sera à nouveau ruinée dans cette partie du monde, s’ils continuent à soutenir aveuglement l’Etat d’Israël. Les Pays Arabes doivent également sortir de leur torpeur, et considérer la cause palestinienne comme prioritaire d’ici fin 2012. Les pays Musulmans enfin doivent dans le cadre de l’OCI (Organisation de la Coopération Islamique), donner leur plein soutien aux droits du peuple palestinien. Ce n’est que par une mobilisation générale de la communauté internationale, que le conflit israélo-palestinien trouvera enfin une solution d’ici fin 2012 comme tout le monde l’espère.
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