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La crise de la Zone Euro
Quel impact sur l’économie marocaine

Par Jawad Kerdoudi


Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Rappelons tout d’abord que la Zone Euro est une zone monétaire qui regroupe les pays de l’Union européenne qui ont adopté l’euro comme monnaie unique. Elle a été créée en 1999 par onze pays qui ont été rejoint par six autres. Actuellement, la Zone Euro comprend 17 pays sur les 27 de l’Union européenne, dont les principales économies de l’Europe : Allemagne, France, Belgique, Italie, Pays-bas, Portugal. Par contre le Royaume-Uni ne s’est pas joint à la Zone Euro et garde sa monnaie nationale, la livre sterling. Pour accéder à la Zone Euro, les pays de l’Union européenne doivent remplir certaines conditions : monnaie nationale stable, déficit public inférieur à 3% du PIB, dette publique inférieure à 60% du PIB, inflation maîtrisée, et indépendance de la banque centrale.

La Zone Euro a plus ou moins bien fonctionné depuis sa création. C’est ainsi que la parité de l’euro vis-à-vis des autres monnaies étrangères a été satisfaisante, et que le rôle de l’euro dans la finance internationale s’est régulièrement accru. Cependant, la Zone Euro a connu un taux de croissance moyen nettement inférieur à celui de l’Asie et des Etats-Unis. Mais c’est à partir de la grande crise financière internationale de 2008 que la Zone Euro a commencé à avoir des difficultés. Les deux grands problèmes qui ont affecté certains pays membres de la Zone Euro ont concerné le niveau très élevé de la dette publique et du déficit public. C’est ainsi que si pour l’ensemble de la Zone Euro en 2010, la dette publique s’est située à 85,1% du PIB et le déficit public à 6,4%, certains pays sont arrivés à des chiffres catastrophiques. On peut citer la Grèce qui a atteint un endettement public de 142,8% du PIB et un déficit public de 10,5%. L’Irlande a eu un endettement public de 96,2% et un déficit public de 32,4%. Enfin l’Italie, l’Espagne et le Portugal connaissent également un taux trop élevé d’endettement et de déficit public.


Devant cette grave crise de la Zone Euro, les dirigeants surtout allemands et français se sont mobilisés pour sauver cette zone qui regroupe plus de 300 millions d’habitants. Le plus urgent étant le cas de la Grèce qui était menacé de faillite, et qui a fait l’objet du Sommet européen du 26 Octobre 2011. Ce Sommet après de difficiles négociations est arrivé à trois décisions principales. La première consiste pour les banques créancières de l’Etat grec à renoncer à 50% de leurs créances qui correspondent à environ 100 milliards d’euros. En contrepartie, elles ont obtenu des garanties des Etats européens pour un montant de 30 milliards d’euros sur les nouvelles obligations qui seront contractées par elles. L’objectif de cette mesure est de ramener la dette grecque actuellement de 165% du PIB à 120% à l’horizon 2020.


La deuxième décision est la recapitalisation des banques à hauteur de 106 milliards d’euros. Cette recapitalisation différentielle selon les pays, doit faire l’objet d’un plan de recapitalisation à présenter par les banques aux autorités nationales de supervision d’ici fin 2011. Etant entendu que les créances détenues par les banques ne doivent pas dépasser 9% de leurs fonds propres d’ici Juin 2012. Enfin, la troisième mesure est de porter les ressources du FESF (Fonds européen de soutien financier) actuellement entre 250 à 275 milliards d’euros, à 1.000 milliards d’euros. Deux mécanismes seront utilisés à cet effet : la garantie par les Etats européens des pertes éventuelles des investisseurs privés, et la création de fonds spéciaux adossés au FMI destinés à attirer les investisseurs extérieurs privés ou publics comme la Chine et la Russie.


Outre ces mesures, le Conseil européen a discuté de la réforme de la gouvernance de la Zone Euro, en prévoyant notamment la réunion au moins deux fois par an d’un Sommet de la Zone Euro dont l’objectif est d’étudier les politiques économiques et fiscales des pays membres. Ces mesures semblent avoir rassuré les marchés financiers qui ont connu dès le 27 Octobre des progressions significatives de l’ordre de 2% (Bourse de Tokyo) à 5,4% (Bourse de Paris). Cependant on ne peut pas considérer que la crise de la zone euro est terminée, d’autant plus que le Premier ministre grec a soumis à référendum le 1er Novembre 2011 l’accord conclu par le Conseil européen.


Notre pays le Maroc doit être vigilant vis-à-vis de la Zone Euro et suivre son évolution. L’Europe est un partenaire économique primordial du Maroc. Tout d’abord notre monnaie le Dirham, est liée à un panier de devises étrangères dont l’euro est l’élément principal. D’autres part, pour des raisons historiques et géographiques, les échanges commerciaux du Maroc se font aux deux tiers avec l’Europe aussi bien pour les importations que pour les exportations. Au niveau des investissements directs étrangers, 65% proviennent de l’Europe, et constituent un facteur important du développement de l’industrie et des services. Les Résidents marocains en Europe participent très largement aux transferts qui contribuent substantiellement à l’équilibre de notre balance des paiements. Enfin si on ajoute nos compatriotes qui résident en Europe et qui viennent passer leur vacance au Maroc, la part de l’Europe au tourisme marocain tourne autour de 80%. C’est pour ces raisons qu’il faut rester très vigilant vis-à-vis de l’évolution de la Zone Euro, et qu’il faut redoubler d’efforts pour diversifier notre économie vers l’Afrique, l’Asie, et l’Amérique.

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