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Le sauvetage de la Zone Euro
Quelles perspectives ?

Par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

L’économie marocaine dépend environ aux deux tiers de la zone euro, aussi bien au niveau des échanges, des investissements directs étrangers, que du tourisme et des transferts des marocains résidant en Europe. Aussi, nous ne pouvons rester indifférent vis-à-vis de la situation économique et financière de cette zone.

La zone euro a connu depuis le déclenchement de la grave crise financière née en 2008 aux Etats-Unis, une situation marquée par un très fort endettement de certains Etats européens tels que l’Irlande, la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. Ces pays appartenant à la zone euro, et vu les multiples imbrications économiques et financières entre les membres, il y a un grand risque de contagion vis-à-vis des autres pays de la zone. Or lors de la création de l’Euro, il n’a pas été prévu de règles précises quant à une politique commune dans les domaines budgétaires, économiques et fiscaux.

Pour sauver la zone euro, et à l’initiative des deux grands pays de la zone l’Allemagne et la France, a été créé le Fonds économique de stabilité financière (FESF) doté de 250 milliards d’euros, et qui a effectivement aidé l’Irlande et le Portugal. Mais ce Fonds s’est avéré insuffisant pour parer aux difficultés financières de l’Italie et l’Espagne. Entre-temps, l’Agence Moody’s a baissé la note de trois grands banques françaises, tandis que Standard and Poor’s menace de dégrader la note des pays de la zone euro y compris l’Allemagne et la France.

Devant cette grave situation, un Conseil européen s’est tenu à Bruxelles, et a adopté dans la nuit du Jeudi au Vendredi 9 Décembre 2012 un certain nombre de mesures. Les plus immédiates ont concerné la création d’un nouveau Fonds appelé Mécanisme économique de stabilité (MES) qui sera doté de 500 milliards d’euros, et qui sera opérationnel en Juillet 2012. En parallèle, le FESF sera prolongé jusqu’à Juin 2013.

Seront également mobilisés le Fonds monétaire international qui sera doté d’une enveloppe supplémentaire de 200 milliards d’euros, ainsi que la Banque Centrale européenne (BCE) qui sera chargée d’opérer les deux Fonds FESF et MES. Le but de tous ces fonds est de racheter la dette souveraine des Etats fragiles afin de diminuer les taux d’intérêt.

A moyen terme, il a été décidé de négocier un nouveau Traité européen pour refonder la zone euro, et qui sera rédigé d’ici le mois de Mars 2012. Le Traité aura pour principal objet un contrôle plus strict des budgets nationaux des pays membres, et une plus grande cohésion en matière économique et fiscal. Sur le plan pratique, les pays membres devront présenter aux institutions européennes (Commission de Bruxelles et Eurogroupe) les budgets nationaux, et ce avant le 15 Octobre pour l’année budgétaire qui suit. En cas de dépassement de 3% du déficit budgétaire, les institutions européennes pourront demander des changements au pays concerné, sans peine de sanctions financières. Par ailleurs, « un règle d’or » permettant de maintenir les déficits budgétaires sous le seuil de 0,5% du PIB sur la durée du cycle économique, devra être intégrée aux législations nationales, sous le contrôle de la Cour de Justice européenne. En fait, il s’agit de créer un gouvernement économique de la zone euro, qui sera contrôlé par le Parlement européen et les Parlements nationaux.

Comme à son habitude, le Royaume Uni a exigé un traitement spécifique de la place financière de Londres, un droit de regard sur les projets de régulation financière, et a finalement refusé de participer au prochain Traité. Par contre, l’accord a été conclu par les 17 pays de la zone euro et six pays non-membres de la zone euro : Bulgarie, Danemark, Lettonie, Lituanie, Pologne et Roumanie. Trois pays : Hongrie, République Tchèque et Suède ont réservé leur réponse en attendant la consultation de leur Parlement.

En conclusion, il est certain que le prochain Traité européen renforcera la stabilité de la zone euro. Il est en effet anormal de disposer d’une monnaie commune, sans une politique commune en matière budgétaire, économique et fiscal. Le Maroc a tout intérêt à avoir à l’avenir un partenaire européen stable et prospère.

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