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LES CAHIERS DE L’IMRI

Printemps Arabe
Le Maghreb face au défi sécuritaire

Jawad KERDOUDI
Président de l'IMRI

L’année 2011 a connu un véritable bouleversement dans le monde arabe. Le mouvement révolutionnaire a débuté en Tunisie. Il s’est étendu par la suite à la quasi-totalité du monde arabe, soit sous forme de révolution, soit par l’évolution plus démocratique des régimes en place. Le Maghreb a été également touché par cette vague qui constitue l’événement politique le plus important depuis les indépendances.

RETOUR SUR LE " PRINTEMPS ARABE " AU MAGHREB



Tout a commencé le 17 Décembre 2010 en Tunisie par la tentative de suicide du jeune Mohamed Bouazizi, qui a décédé suite à ses blessures le 4 Janvier 2011. En Tunisie, Ben Ali s’était accaparé tous les pouvoirs politiques grâce à un régime policier, qui écartait et emprisonnait tous ses adversaires. Sur le plan économique, sa famille et surtout son épouse se sont emparées de la fortune du pays, obligeant tout investisseur national ou étranger à verser son obole à la famille. Ben Ali a tenté de faire des concessions pour rester au pouvoir, mais devant la détermination des manifestants dans la rue, et après avoir été lâché par l’armée, il s’est enfui en Arabie Séoudite le 14 Janvier 2011. Après plusieurs changements de gouvernement, une Assemblée Constituante a été élue le 23 Octobre 2011 qui est dominée par le parti islamiste « Ennahda » qui a remporté 90 sièges sur 117. Le 12 Décembre 2011, Moncef Marzouki, un opposant au régime de Ben Ali et fondateur du parti du Congrès pour la République (CPR) est élu Président de la République. Le 14 Décembre 2011, il nomme Hamadi Jebali, secrétaire général du Parti Ennahda au poste de Premier Ministre.



Le Printemps arabe s’est déplacé par la suite en Algérie où les premières manifestations ont eu lieu le 5 Janvier 2011 à Alger et dans vingt wilayas du pays. A cette date, l’Algérie est gouvernée par le Président Abdelaziz Bouteflika qui exerce son troisième mandat, s’appuyant sur une coalition le trois partis : le Front de libération national (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) au référentiel islamique. Répondant à ces manifestations, un Conseil des ministres exceptionnel réuni le 3 Février 2011 lève l’état d’urgence qui était appliqué depuis 1992, et promet des réformes politiques. Le 5 Mars 2011 de nouvelles manifestations éclatent, comprenant des étudiants, des fonctionnaires, et des représentants de la société civile. Le 21 Mars 2011 le pouvoir algérien entame des consultations pour la révision de la Constitution, et organise des Etats généraux de la société civile afin d’instaurer une démocratie participative. Parallèlement, le gouvernement procède à des hausses de salaires des fonctionnaires qui atteignent 80% pour certaines catégories, subventionne les produits de première nécessité, et fournit des aides financières à la création d’entreprises. D’autres mesures sont prises pour favoriser la création d’emplois, la mise à niveau des PME/PMI, et pour lutter contre la corruption. Contrairement à la Tunisie, l’Algérie n’a pas connu à ce jour du changement de régime politique pour deux raisons principales. La première est le souvenir de la terrible guerre civile de 1991-2001 qui a fait plus de 200.000 victimes, la seconde est la manne pétrolière qui a permis l’augmentation des salaires, la subvention des produits alimentaires, et les aides fournies pour la création d’entreprises et d’emplois.



La vague des révoltes arabes a atteint la Mauritanie le 13 Janvier 2011, où une manifestation de milliers de personnes à Nouakchott a réclamé des réformes économiques et sociales, et le départ du Président Mohamed Ould Abdelaziz. Le jeune mauritanien Yacoub Ould Dahoud s’immole par le feu face au palais Présidentiel le 17 Janvier 2011. Par la suite, d’autres manifestations ont eu lieu à Atar, Zouirate, Aleg et Vassala, provoquant des blessés et des arrestations. Début Mars 2011, des grèves éclatent dans les secteurs de la santé, des universités, de l’enseignement secondaire, des mines de fer, de la pêche, des transports, et dans les municipalités. Pour répondre à ces troubles le gouvernement mauritanien lance un plan social promettant de baisser de 30% le prix des denrées alimentaires. Malgré ce plan, les manifestations et les grèves continuent en Avril, Mai et Juin 2011. Le 23 Juin 2011, la pénalisation des délits de presse est levée, et des terres sont distribuées à une centaine de jeunes diplômés. Des négociations sont entamées entre partis au pouvoir et opposition en Septembre et Octobre 2011, qui aboutissent à des points d’accords, tels que la reconnaissance des minorités, l’interdiction de l’esclavage, la réduction de l’influence de l’armée en politique, l’élargissement de la représentation féminine au Parlement. De même est décidé l’élargissement audiovisuel à 7 chaînes de télévision et de radio. Valeur aujourd’hui la Mauritanie a échappé au changement de régime politique.



De son côté, la Libye a été en 2011 le théâtre d’une rébellion dans le cadre du Printemps arabe. La révolte libyenne dégénère en une véritable guerre, civile avec utilisations d’armes lourdes, des chars et d’aéronefs. Le 27 Février 2011, un Conseil national de transition (CNT) se met en place pour représenter politiquement la rébellion. Le 19 Mars 2011 suite à une résolution de l’ONU, les forces de l’OTAN interviennent militairement dans le ciel libyen pour protéger la population civile. En Septembre 2011, vingt quatre pays reconnaissent le CNT. Le 16 Septembre 2011 le CNT est reconnu par l’ONU, et le 20 Octobre 2011 le dernier bastion du régime Syrte tombe, tandis que le colonel Khaddafi est tué. Le 23 Octobre 2011 à Benghazi, le Président du CNT Mustpaha Abdeljalil proclame la libération de la Libye. Un gouvernement provisoire est constitué le 31 Octobre 2011 avec sa tête Abdel Rahim Al-Kibe. La Libye a poursuivi le même processus que celui de la Tunisie avec la chute du dictateur.



A l’instar des autres pays du Maghreb, le Maroc a connu une grande manifestation le 20 Février 2011 qui a eu lieu dans 53 préfectures. Les manifestants ont réclamé des réformes politiques, la limitation des pouvoirs du Roi, la fin de l’injustice, de l’affairisme et de la corruption. Pour répondre aux réclamations des manifestants, le discours du Roi du 9 Mars 2011 annonce une importante réforme de la Constitution marocaine. Les principaux éléments de cette réforme sont la reconnaissance de certaines minorités, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, l’élection libre du Parlement, l’augmentation des pouvoirs du gouvernement qui est responsable devant le Parlement. Malgré ce discours, les manifestations reprennent avec plus ou moins de vigueur, et le 17 Juin 2011, le Roi annonce les résultats de la réforme constitutionnelle. Outre ce qui a été annoncé précédemment, la nouvelle Constitution prévoit que le Roi nomme Chef de gouvernement l’un des dirigeants du parti vainqueur des élections. La politique générale du pays sera de ressort du gouvernement. La langue berbère « amazigh » a été reconnue comme langue officielle. Le référendum du 1er Juillet 2011 a adopté le nouvelle Constitution avec un taux de participation de 75,5%, et un pourcentage de oui de 97,58%. Les élections législatives anticipées qui ont eu lieu le 25 Novembre 2011 ont connu une participation de 45,5%, et ont consacré la victoire de parti islamiste (PJD), qui a remporté 107 sièges sur 395. Le Roi a nommé Chef de gouvernement le secrétaire général du PJD Abderrahim Benkirane le 29 Novembre 2011. Ce dernier a constitué son gouvernement le 3 Janvier 2011 dans le cadre d’un coalition avec trois autres partis : l’Istiqlal, le Mouvement populaire, et le Parti du progrès et du socialisme ainsi que des technocrates. Comme en Algérie, et la Mauritanie, le Maroc n’a pas connu de changement de régime politique.



Après avoir fait le diagnostic de chaque pays du Maghreb à la suite du Printemps arabe, examinons maintenant la dimension sécuritaire sur le plan interne et sur le plan régional.



LES QUESTIONS SÉCURITAIRES



Sur un plan général, il faut d’abord constater que les principaux bénéficiaires du Printemps arabe ont été les partis islamistes modérés. Que ce soit en Tunisie, qu’au Maroc, ils ont remporté les élections à une grande majorité. En Libye, le 24 Octobre 2011 le Chef du CNT a affirmé dans une déclaration que la Chariaa (Loi islamique) serait la principale source de la législation dans la nouvelle Libye. Cette vague islamiste peut s’expliquer par différentes raisons. Elle exprime un besoin de changement et une aspiration à plus de démocratie. Elle répond à la plupart des revendications des manifestants : plus de liberté, lutte contre la corruption, le népotisme, et les inégalités sociales, enfin moralisation de la société. Or les partis de droite ou de gauche qui ont gouverné les pays du Maghreb pendant des décennies, n’ont pas obtenu de résultats satisfaisants ni sur le plan politique, ni sur le plan économique et social, et ont reçu un vote sanction. D’autres part, les partis islamiques ont toujours mené une politique de proximité vis-à-vis des plus démunis. D’une façon sous-jacente, l’attachement à l’Islam est très fort dans tous les pays du Maghreb, et entraîne une sympathie naturelle vers ceux qui s’en réclament. Enfin il faut noter que dans tous les pays du Maghreb, existent des mouvements islamistes radicaux (jihadistes ou réformateurs) qui militent en dehors du jeu politique, et qui constituent une menace potentielle pour l’avenir.



Sur un plan plus spécifique, la situation sécuritaire varie d’un pays à l’autre. Le Maroc du fait du consensus sur la monarchie, et de la victoire du parti islamiste aux dernières élections législatives, apparaît comme le plus stable de la région. Il est peu probable que des événements graves troublant l’ordre public puissent s’y produire. Ceci d’autant plus que le parti islamiste au pouvoir le PJD s’est montré très modéré dans la composition du nouveau gouvernement, acceptant de faire alliance avec des partis de droite (Istiqlal et Mouvement populaire) et même avec un parti de gauche (PPS) et des technocrates. Il s’est engagé en outre à ne pas toucher aux libertés individuelles et collectives qui figurent dans la nouvelle Constitution. Il en est de même de la Tunisie où l’élection de l’Assemblée constituante et la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par un islamiste modéré, permettent d’espérer un avenir serein.



Le cas de l’Algérie, de la Mauritanie de la Libye est plus problématique. Malgré les mesures prises par le gouvernement algérien à la suite du Printemps arabe, la situation sociale reste très préoccupante. Des élections législatives transparentes sont promises pour le printemps prochain. Cependant le Président Bouteflika est malade, et sa succession en cas de décès est inconnue. Ceci d’autant plus que l’armée joue encore un grand rôle politique en Algérie. Le cas de la Mauritanie pose également problème. Il faut rappeler que sur les six présidents qu’a connus la Mauritanie depuis son indépendance, quatre sont issus de coups d’Etat militaire. La situation économique et sociale est médiocre. Certes depuis Octobre 2011, des négociations ont lieu entre partis au pouvoir et partis d’opposition, mais sans parvenir à des résultats concrets. La société mauritanienne souffre en outre de rivalités ethniques. Le cas de la Libye est encore plus problématique du fait qu’il faut reconstruire l’Etat libyen, car Kadhaffi l’avait complètement détruit. A cela s’ajoutent les rivalités entre tribus, et les conflits entre les milices qui n’ont pas encore été désarmées. Début janvier 2012, des événements meurtriers ont éclaté à Tripoli entre factions rivales. La Libye a absolument besoin d’une aide extérieure pour rétablir la paix intérieure et édifier les institutions étatiques.



Pour ce qui est des relations inter-maghrebins, aussi bien les nouveaux gouvernements que les anciens appellent à la réactivation de l’Union du Maghreb Arabe. Cette dernière créé en 1989, et qui regroupe les cinq pays du pays Maghreb, avait de grandes ambitions, notamment la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, et la promotion d’une politique commune dans différents domaines. Malheureusement le rêve maghrébin ne s’est pas réalisé, et même la frontière terrestre entre le Maroc et l’Algérie est actuellement fermée. La cause principale de l’échec de l’UMA est dûe au conflit entre l’Algérie et le Maroc, qui existe depuis la récupération en 1975 du Sahara par le Maroc. La Libye de Kadhaffi et l’Algérie avaient fortement soutenu le Mouvement indépendantiste « Polisario » sur les plans diplomatique, financier et militaire. La position du Maroc s’est beaucoup renforcée sur le plan international depuis qu’il a proposé en 2007 à l’ONU le Plan d’autonomie de la région du Sahara sous souveraineté marocaine. Sur le plan sécuritaire, le Polisario affaibli n’a pas les moyens de provoquer un nouveau conflit armé avec le Maroc. Quant à l’édification du Maghreb, une nouvelle réunion des Ministres des Affaires étrangères dans cinq pays est prévue au Maroc en Février 2012, après un dégel relatif des relations algéro-marocaines. Cependant, il y a peu de chances de parvenir à des résultats concrets : la position de l’Algérie sur le Sahara reste pour le moment inchangée, et la Tunisie et la Libye doivent d’abord se reconstruire avant d’envisager une union réelle avec les autres pays du Maghreb.



Les voisins du Maghreb au Nord et au Sud ne peuvent rester indifférents à ce qui se passe dans la région. L’Europe notamment est très préoccupée par la situation du Maghreb. Sur le plan sécuritaire, elle craint un afflux d’immigrés provenant du Sud de la Méditerranée si la situation se détériore gravement. Cet afflux a déjà eu lieu en 2011 après la révolte tunisienne, où des milliers d’immigrés ont investi l’île italienne de Lampedusa. L’Europe craint également le trafic de drogues et d’armes en provenance du sud, de même que les actes terroristes visant son territoire ou ses ressortissants en Afrique. La menace se trouve aggravée du fait que le Maghreb devient une terre de transit pour les immigrés en provenance de l’Afrique sub-saharienne. Après la révolte libyenne, des stocks importants d’armes ont été transférés dans la région du Sahel qui jouxte la Mauritanie, le Mali, le sud de l’Algérie, le Burkina-faso, le Niger et le Tchad. Ces armes risquent de parvenir aux éléments de AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique) qui a remplacé en 2007 le mouvement terroriste algérien GSPC (Groupement salafiste pour la prédication et le combat). L’AQMI a revendiqué dans la région du Sahel plusieurs attentats-suicide, guet-apens, et enlèvements surtout de ressortissants européens. Son objectif est d’instaurer des régimes islamiques dans les pays du Maghreb. Elle se finance principalement par les rançons et le trafic d’armes. Afin de lutter contre l’AQMI, l’Algérie a créée le 21 Avril 2010 le CEMOC (Comité d’Etat-major Opérationnel Conjoint) basé à Tamanrasset et comprenant le Mali, la Mauritanie et le Niger. Elle s’oppose à toute intervention occidentale dans la région, et n’a pas invité le Maroc à participer à ce CEMOC.



Pour répondre à la menace en provenance du sud, l’Europe a entrepris un double action : sécuritaire et aide au développement. Le volet sécuritaire pour lutter contre l’immigration clandestine revêt plusieurs actions : aide financière spécifique pour les pays d’origine et de transit, accords de réadmission, coopération en matière de police, de renseignement et judiciaire. Le Maroc est le plus avancé dans ce domaine dans le cadre du statut avancé, qui comprend un chapitre coopération sécuritaire. Sont mentionnés la création d’un Institut supérieur de la lutte contre la criminalité, le développement du mécanisme de contrôle des frontières, la participation du Maroc aux organismes européens sécuritaires (CEPOL, EUROPOL, EMCDA). Plus généralement c’est le Dialogue 5+5 qui regroupe les cinq pays du Maghreb ainsi que l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal, qui prend en charge le volet sécuritaire. L’OTAN pourrait jouer également un rôle, dans la mesure où elle se concentre essentiellement sur la projection de forces armées et la lutte contre le terrorisme, missions qu’elle peut mener en principe dans le monde entier, y compris en Méditerranée. C’est ainsi que l’OTAN a joué un rôle déterminant dans la chute du régime libyen. Quant au volet aide au développement, c’est surtout l’Union européenne qui le prend en charge à travers le Processus de Barcelone, la Politique européenne de voisinage, et les Accords d’Association bilatéraux conclus avec chaque pays du Maghreb. Il conviendrait après le Printemps arabe, de revoir toute la coopération entre l’Europe et le Maghreb aussi bien sur le plan sécuritaire que développement.



En conclusion le Maghreb est à un tournant décisif de son histoire qui n’est pas sans menaces. Il doit d’abord trouver en lui-même les forces nécessaires pour instaurer une véritable démocratie dans chacun des pays qui le composent. Il doit également assurer le développement économique et social au profit de peuples qui y résident. Il doit enfin construire son unité régionale indispensable dans le cadre de la mondialisation. L’Europe si proche du Maghreb, doit l’aider efficacement à réaliser les objectifs indiqués ci-haut. La communauté internationale, notamment les Etats-Unis d’Amérique et les pays émergents BRIC doivent également apporter leur contribution. Enfin les organisations internationales, notamment l’ONU, la Banque mondiale et le FMI doivent porter toute leur attention sur cette partie stratégique du monde.



ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE ET LIENS INTERNET



* Karim Bouzalgha : Maroc-Union européenne : Vers " statut avancé "

Mémoire Master II recherche : Droit des relations économiques internationales (2007-2008) Université de Cergy Pontoise.

* Politique de sécurité au Maghreb (1994)

Instituto de Estudios Estragicos Internationals (IEEI).

* Jawad Kerdoudi : Le Maghreb face au défi européen (Editions Publishing) Octobre 2003.

* Document conjoint UE-Maroc sur le renforcement des relations bilatérales/Statut avancé-Coopération sécuritaire.

* Fabien Jakob : Maroc/UE : Coopération renforcée en matière judiciaire et le sécurité (Février 2009).

Centre interdisciplinaire de Recherches sur la Paix et d’Etudes stratégiques (CIRPE).

* De la sécurité durable au Maghreb : une chance pour la région, un engagement pour l’union européenne.

Rapport de l’Institut Thomas More (1er semestre 2010).













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