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Prévisions économiques 2012
du Haut Commissariat au Plan
Pour le maintien d’une institution indépendante pour l’élaboration des statistiques nationales

Par Jawad Kerdoudi


Consultant Economiste
Président de l’IMRI

Le Haut Commissariat au Plan (HCP) a présenté le 15 Février 2012 à Casablanca ses prévisions de l’économie marocaine pour l’année 2012. Ces prévisions se basent sur une demande mondiale adressée au Maroc, qui n’augmenterait que de 2,1% au lieu de 5,6% en 2011. Cela est dû à la crise mondiale et notamment celles de la zone euro, principale débouché de notre économie. Le cours moyen du pétrole retenu est de 99 $ le baril au lieu de 104 $ en 2011, alors qu’il est prévu une baisse de 14% des matières premières non énergétiques. Il est supposé également une parité euro-dollar de 1,36 et une stabilité des recettes du tourisme international et de transferts RME à leur niveau de 2011. Par contre, il est espéré une augmentation des investissements directs étrangers (IDE) de 10% après leur forte baisse de 37,2% en 2011. Enfin, les hypothèses retenues prévoient une production céréalière de 60 Millions de quintaux, et intègrent les dispositions annoncées dans le Projet de finances 2012.


Selon ces hypothèses, la croissance économique en 2012 sera de 4,1% au lieu de 4,8% en 2011. Les activités non agricoles s’accroîtraient de 4,9%, alors que le secteur primaire enregistrerait une baisse de valeur ajoutée de 2,2%, étant donné les conditions climatiques en cours. La croissance économique serait principalement tirée par la consommation intérieure : +5% pour les ménages et +2% pour les administrations publiques. La formation brute de capital fixer (FBCF) s’accroîtrait de 6%, alors que l’inflation connaîtrait une légère progression à 2,1% au lieu de 1,3% en 2011. Quant aux échanges extérieurs de biens et services, ils dégageraient de nouveau une contribution négative à la croissance du PIB de 1,3 point. Cela s’explique par d’ampleur des importations par rapport aux exportations. Tout ceci entraînerait un déficit budgétaire de 7,1% du PIB qui s’explique en partie par un taux d’investissement (37% du PIB) largement supérieur au taux d’épargne (29,9% du PIB).


Quelle analyse peut-on faire de ces prévisions du HCP ?


Les hypothèses prises en compte pour le calcul de ces prévisions sont globalement correctes. Ont peut cependant émettre des réserves sur le prix du baril du pétrole à 99 $, étant donné les grandes incertitudes qui pèsent sur le marché pétrolier mondial, du fait des relations tendues entre l’Iran et l’Occident (Etats-Unis et Europe). De même, il est difficile de prévoir la parité euro-dollar, du fait de la grave crise financière de la zone euro, et du grand problème financier de la Grèce qui n’est toujours pas réglé. Enfin, l’accroissement des IDE de 10% dépend essentiellement de la conjoncture économique de la zone euro, principal pourvoyeur du Maroc dans ce secteur.


Pour ce qui est des prévisions proprement dites du HCP, ont peut noter que le taux de croissance prévu de 4,1% est nettement insuffisant pour résorber le chômage. La croissance économique dans notre pays reste tributaire du secteur agricole et des conditions climatiques. Il y a lieu d’accélérer le Plan Maroc Vert pour réduire la dépendance de l’économie marocaine vis-à-vis du secteur primaire. Un autre élément à souligner est que la croissance économique du Maroc est tirée principalement par la consommation intérieure et les investissements surtout publics. Le gros point noir est celui des échanges extérieurs, aussi bien le commerce extérieur de biens et services qui souffre d’un déficit structurel, que la balance des paiements qui n’arrive plus à s’équilibrer par les recettes du tourisme, des RME, et des IDE. Pour remédier à cela, il faut mettre en œuvre une véritable politique de promotion des exportations, et trouver les moyens de réduire les importations, notamment par une politique plus active des changes. Il faudrait également prendre toutes les mesures pour augmenter l’épargne nationale, et développer les investissements du secteur privé. Sans des mesures énergiques, le déficit budgétaire de 7,1% du PIB en 2012 risque de déraper davantage, ainsi que le solde de la balance des paiements qui était déficitaire de 6,7% du PIB en 2011.


Rappelons que le HCP est une structure ministérielle érigée en Septembre 2003 en une administration de mission, dont le responsable est nommé par le Roi avec rang de ministre. Il jouit d’une indépendance institutionnelle et intellectuelle dans l’établissement de ses programmes et la conduite de travaux d’enquêtes et d’études. Le HCP est le principal producteur de l’information statistique, économique, démographique et social, et est chargé de l’établissement des comptes de la nation. Ses études portent principalement sur les données de la conjoncture, le cadrage macroéconomique, et la prospective. Il dispose d’un Observatoire des conditions de vie des ménages et d’un Centre d’études et de recherches démographiques. Le HCP élabore ses statistiques conformément aux normes internationales, et a été admis depuis 2005 à la Norme spéciale de la diffusion des données du FMI. Le HCP représente le Maroc, qui est membre depuis 2000, à la Commission statistique des Nations Unies. Concrètement, le HCP a procédé à de très nombreuses études socio-économiques, démographiques sectorielles ainsi qu’à des réflexions prospectives (Maroc 2030). Il a également mené de multiples enquêtes économiques, socio-démographiques et prospectives. Il procède à des publications diverses et à des conférences entrant dans son champ d’activité.


Selon des rumeurs colportées par la presse, le gouvernement actuel envisagerait la disparition du HCP. Certes, c’est de son droit de réformer les activités du HCP, mais il serait souhaitable le maintien d’une institution indépendante pour l’élaboration des statistiques nationales. Ceci permettrait de garantir son objectivité, et sa neutralité vis-à-vis du gouvernement. D’autant plus, que l’indépendance des organes nationaux des statistiques, est fortement recommandée par les organisations internationales : ONU, Banque mondiale, FMI et OCDE.


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