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Bienvenue à la BERD au Maroc

Par Jawad Kerdoudi


Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement dont le siège est à Londres a été créée le 29 Mai 1990 à Paris suite à la chute du Mur de Berlin. L’objectif principal de cette Banque était d’aider les pays est-européens libérés de l’emprise de l’URSS à passer à l’économie de marché. Soixante et un pays sont actionnaires de cette Banque dont l’Egypte et le Maroc, ainsi que l’Union européenne et la Banque européenne d’investissements. Empruntant sur les marchés financiers internationaux à des conditions très avantageuses, la BERD opère à travers des prêts, des prises de participation et des garanties. Axé sur les PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale), ses critères de participation sont : la démocratie pluraliste, l’existence d’un secteur privé, et l’économie de marché. Ses missions sont les investissements dans les projets dans un cadre de concertation, les conseils aux entreprises, en privilégiant le développement durable et l’efficacité énergétique.

Plus précisément, ses moyens d’actions sont le cofinancement par la mobilisation des capitaux internes et étrangers dans les pays d’opération. La BERD agit aussi bien dans le secteur public que le secteur privé, et peut apporter jusqu’à 35% des fonds propres à long terme d’un projet ou d’une entreprise. Elle bénéficie du statut de créancier privilégié, qui lui permet notamment d’échapper à tout rééchelonnement de dette souveraine. Elle permet aussi aux emprunteurs d’accéder aux marchés financiers grâce à sa garantie qui peut couvrir tous les risques ou des risques spécifiques. Vingt banques commerciales ont été sélectionnées pour cofinancer les prêts accordés par la BERD, qui sont d’origine européenne, canadienne et japonaise. Font notamment partie les banques françaises : Crédit Agricole, BNP Paris et Société Générale.

Les formes de cofinancement sont diverses : il peut s’agir de prêts où la BERD est le prêteur officiel pour la totalité, ou de prêts où une fraction est attribuée par la BERD à des banques commerciales locales. La BERD peut également opérer des cofinancements avec d’autres institutions financières internationales. Elle peut octroyer divers mécanismes de garantie, opérer des placements privés de titres, et cofinancer des prêts avec des investisseurs institutionnels. Elle agit enfin avec un souci de grande intégrité et de bonnes pratiques, en procédant notamment à des Appels d’offre pour ses besoins internes, pour réaliser un projet ou pour solliciter un conseil.

De 1991 à maintenant, la BERD a effectué un excellent travail permettent au PECO de jouir de l’économie de marché et d’un développement économique très appréciable. A titre d’exemple, la BERD en 2006 a financé 301 projets pour une valeur de 4,9 milliards d’euros. Les secteurs où la BERD opère sont très divers : infrastructures, industrie, énergie, immobilier et tourisme, télécoms, transports, finances, exploitation de ressources naturelles, et même sécurité nucléaire.

Faisant suite au Printemps arabe et à ses conséquences sur les économies des pays sud-méditerranéens, les Hautes instances de la BERD ont décidé d’élargir son activité à des pays comme le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie. Il a été fixé un montant de 2,5 milliards d’euros par an pour les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. L’Egypte va dès maintenant bénéficier d’un financement de 100 à 200 millions d’euros. Un intérêt particulier est porté au Maroc par la BERD, qui a organisé le 27 Février 2012 à Casablanca un grand colloque sur le thème : « Favoriser la croissance et l’investissement pendant la transaction ». Cette journée à laquelle j’ai eu l’honneur de participer, a été marquée par la présence d’un grand nombre de responsables publics et privés. Ont également participé à ce colloque de hauts responsables de Hongrie, Pologne, Serbie et Turquie. Au cours des séances plénières et des ateliers, il y a eu échange avec les responsables de ces pays, qui ont décrit leur expérience dans le développement de leur économie, et dans leur collaboration avec la BERD. Certes le cas des pays est-européens est différent de celui du Maroc, mais il est toujours utile d’étudier l’expérience de ces pays, qui ont réussi à accentuer leur développement économique durant ces vingt dernières années.

La BERD qui va ouvrir très prochainement un bureau à Casablanca a déjà exprimé son intérêt pour le soutien au PME marocaines, au secteur financier, à l’amélioration des services municipaux, à la rationalisation de l’agriculture, et à l’énergie durable. On ne peut que se réjouir de l’installation dans notre pays de ce nouvel acteur économique et lui souhaiter bonne chance.



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