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Syrie
Halte au massacre des civils

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Selon l’OSDH (Observatoire Syrien des Droits de l’Homme) le nombre de morts en Syrie depuis le déclenchement de la révolution en Mars 2011, atteint le nombre de 19.000, sans compter les blessés et les 140.000 réfugiés dans les pays voisins.

En effet, et après le déclenchement du Printemps arabe en Tunisie en Décembre 2010, les premières manifestations en Syrie ont eu lieu précisément le 15 Mars 2011 à Deraa. Ces manifestations étaient dirigées contre le régime de Bachar Al Assad, qui a succédé à son père le 17 Juillet 2000. Beaucoup d’espoirs étaient nés avec ce médecin ophtalmologiste, et on a même parlé d’un Printemps de Damas. Mais ce Printemps fût très court, puisque dès février 2001 une répression s’est abattue sur les militants syriens des droits de l’homme. Le régime syrien depuis la prise du pouvoirs du parti Baa’th s’appuie principalement sur l’armée, l’appareil sécuritaire, une forte bureaucratie, et est soutenu par les minorités religieuses. La population syrienne dominée à 74% par les sunnites musulmans, comprend également des chiites (16%) et des chrétiens (10%). Bachar Al Assad fait lui-même partie de la minorité des alaouites qui ne constitue que 11% de la population totale.

Contrairement à la Tunisie, l’Egypte et la Libye, le régime syrien s’est montré d’une férocité incroyable, réprimant dans le sang toute velléité d’opposition. C’est ainsi qu’il n’a pas hésité à utiliser l’aviation et les armes lourdes pour tirer sur les civils : hommes, femmes et enfants. Alors que la révolte s’est étendue à toutes les principales villes, le régime syrien refuse de reconnaître la réalité, et rejette la responsabilité des troubles sur des activistes venus de l’étranger et les terroristes d’Al Qaida. Entre-temps, l’opposition au régime syrien s’est organisée militairement en créant l’ASL (Armée Syrienne Libre) en Juillet 2011, et civilement en instituant en Août 2011 le CNS (Conseil National Syrien). Tout dernièrement, l’opposition a remporté un grand succès par l’attentat du 18 Juillet 2012 au siège même de la sécurité militaire à Damas, qui a coûté la vie de quatre hauts responsables sécuritaires, dont le ministre de la défense. D’autre part à ce jour, 18 généraux et de nombreux officiers ont abandonné le régime.

La communauté internationale n’est pas restée passive vis-à-vis des événements de Syrie considérés comme « crimes contre l’humanité » par le Secrétaire Général de l’ONU, et pays « en état de guerre civile » par le Haut Commissaire aux Droits de l’Homme. C’est ainsi que la répression du régime syrien contre son peuple a été condamnée par Ben Ki-Moon dès le 7 Juillet 2011, suivie par une résolution du Conseil de Sécurité le 3 Août 2011. Malheureusement, deux autres résolutions du Conseil de Sécurité plus fermes contre le régime syrien ne sont pas passées en Octobre 2011 et Février 2012, par la suite du double veto de la Russie et de la Chine. La menace du veto de ces deux pays n’a pas permis de recourir au Chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies qui aurait permis d’envisager une action armée contre la Syrie. Afin de contribuer à résoudre le conflit syrien, le Secrétaire Général de l’ONU a désigné en Février 2012 Kofi Annan en tant qu’Emissaire de l’ONU et de la Ligue Arabe, et a fait voter une résolution du Conseil de Sécurité pour l’envoi de 300 casques bleus sur place.

De son côté, la Ligue Arabe a condamné la répression du régime syrien et a suspendu l’adhésion de la Syrie en Novembre 2011. Les monarchies arabes du Golfe ont expulsé l’Ambassadeur de la Syrie dès le 7 Février 2012. Le Qatar et l’Arabie Seoudite sont allés au-delà, en finançant les rebelles notamment par la fourniture d’armes. L’Iran a une position plus ambiguë, du fait que la Syrie a été son principal allié dans le monde arabe. L’Occident (Etats-Unis et Union Européenne) ont dès le début condamné la répression en Syrie, et se sont mobilisés sans succès pour l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité demandant le départ de Bachar Al Assad. Avec d’autres pays, ils ont créé « Les Amis de la Syrie » qui se sont réunis à Tunis en Février et à Paris en Juillet 2012. Le but de ces réunions et d’apporter une aide politique et financière à l’opposition syrienne. Enfin notre pays le Maroc, a également joué un rôle actif dans ce conflit, en condamnant la répression du régime syrien, en expulsant l’Ambassadeur de Syrie au Maroc le 18 Juillet dernier, et en se proposant comme lieu de rencontre de la prochaine réunion des « Amis de la Syrie » en Septembre prochain.

En conclusion, on ne peut que déplorer les événements dramatiques qui se passent actuellement en Syrie. Saluons le courage de ces opposants syriens qui au péril de leur vie, ont bravé le régime dictatorial de Bachar Al Assad. Ce dernier laissera le souvenir d’une tâche dans l’histoire de son pays et de l’humanité. Il doit quitter le plus rapidement possible le pouvoir, s’il ne veut pas connaître le sort peu enviable de Kaddafi.

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