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Économie marocaine
Une situation dangereuse
mais non
irrémédiable

Par Jawad Kerdoudi
Consultant Economiste et Président de l’IMRI

Les médias marocains se donnent à cœur-joie pour dramatiser la situation économique du Maroc en cette année 2012. Situation explosive, descente aux enfers, économie au bord du gouffre, le Maroc en berne, telles sont les expressions qu’on découvre dans nos journaux et magazines. Certes la situation économique est dangereuse, mais non irrémédiable si on se place dans une position objective et chiffrée.

Oui, la situation économique marocaine est dangereuse en cette année 2012. Le déficit budgétaire atteint 22 Milliards de Dh à fin Juin 2012 et selon les prévisions sera de 6 à 7% du PIB à fin 2012. A fin Juin 2012, la Caisse de Compensation a déjà englouti 80% de son budget, et la masse salariale a augmenté de 16% par rapport à l’année dernière. Le commerce extérieur continue à être déficitaire et le taux de couverture sera inférieur à 50% à fin 2012. Du fait de la faiblesse des exportations et d’une réduction des recettes du tourisme, des RME et des IDE, le compte courant de la Balance des paiements continuera à être déficitaire de l’ordre de 8% du PIB à fin de 2012. Ceci se traduit par une couverture de 4 mois des importations au lieu de 11 mois il y a 3 ans.


A côté de ces éléments négatifs, il faut noter cependant que le taux de croissance de l’économie marocaine a été de 5% en 2011 et sera de 2 à 3% en 2012. L’endettement total du Maroc n’a été que de 50,8% du PIB en 2011, dont 62,5% sur le marché national. La dette extérieure marocaine concentrée sur les organisations internationales et le bilatéral, n’est qu’à 12% sur le marché international. Le taux de chômage certes encore élevé représente au premier trimestre 2012 9,9% de la population active. Enfin, le FMI vient de nous accorder une ligne de crédit de précaution de 6,2 MM de $. A noter que cette ligne de crédit n’est accordée par le FMI qu’aux pays solvables ayant une capacité réelle de remboursement. Ceci ne veut pas dire que le Maroc est entré dans une phase du Plan d’ajustement structurel (PAS), car il conserve toute sa souveraineté pour redresser la situation économique.


D’aucuns, nous comparent à la Grèce, à l’Espagne et l’Italie qui connaissent une situation économique bien plus grave en cette année 2012, comme le noter le tableau suivant (Chiffres officiels de l’OCDE) :



Croissance : Grèce : - 3,0%, Espagne : + 0,3%, Italie : - 0,5%.

Déficit public/PIB : Grèce : - 7,0%, Espagne : - 4,4%, Italie : - 1,6%.

Taux de chômage/Population active : Grèce : 18,5%, Espagne : 22,9%, Italie : 8,3%.

Dette publique/PIB : Grèce : 189%, Espagne :70,2%, Italie :121,40%.



Si la situation économique du Maroc est meilleure que celle de ces pays, il y a lieu cependant de prendre des mesures drastiques pour redresser la situation par des mesures immédiates et lors de l’élaboration de la loi de finances 2013. Pour réduire le déficit budgétaire, il n’y a que deux solutions : réduire les dépenses et augmenter les recettes. Au niveau des dépenses, il y a lieu de diminuer le budget de fonctionnement en refusant toute augmentation de salaire dans la fonction publique pour l’année 2013, et en réduisant au strict minimum les recrutements. La réforme de la Caisse de compensation est primordiale, et le gouvernement doit continuer à prendre d’autres mesures, à l’instar de l’augmentation des prix des hydrocarbures. Pour augmenter les recettes, il y a lieu de revoir les niches fiscales, et lutter contre les fraudes et l’informel pour augmenter l’assiette fiscale.


Pour le compte courant de la balance des paiements, il faut agir sur plusieurs facteurs. Il y a lieu de stimuler les exportations en augmentant la production exportable et en diversifiant les marchés. Il faut aussi réglementer les importations en luttant particulièrement contre le dumping, pour que le marché marocain ne devienne pas un dépotoir. Tout doit être fait pour stimuler le tourisme, les transferts des RME et les IDE, qu’il faut diversifier vers d’autres marchés tels que le Moyen-Orient, l’Asie, et l’Amérique. Sur le plan financier, il faut éviter, sauf si c’est absolument nécessaire, d’utiliser la ligne de crédit de précaution du FMI. D’ailleurs la récente décision du gouvernement de sortir sur le marché international pour un emprunt de 700 M à 1 Milliard de $, permettra d’éviter d’avoir recours au FMI.


En conclusion, il faut que le gouvernement marque sa détermination par des mesures strictes de redressement économique avant qu’il ne soit pas trop tard, car l’année 2013 va être stratégique pour l’avenir économique à moyen terme de notre pays.

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