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Le Sommet du 5 + 5 à Malte
Un bilan décevant

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Le Sommet du Dialogue 5+5 s’est tenu à Malte le 5 Octobre 2012. Ce Forum réunit cinq pays du Nord de la Méditerranée (Espagne, France, Italie, Malte, Portugal) et cinq pays du Sud de la Méditerranée (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie). Ce groupe informel de pays partage les mêmes préoccupations du fait de leur proximité géographique et humaine. Ce groupe a été lancé en 1990 par les ministres des Affaires étrangères des dix pays. Plusieurs réunions du Groupe ont eu lieu depuis 1995 au niveau des ministres dans les domaines de sécurité, défense, affaires sociales, tourisme, transport, éducation et environnement. Un premier Sommet de chefs d’Etat ou de gouvernement de ce groupe a eu lieu en 2003 à Tunis, ainsi que des rencontres parlementaires. Un premier bilan du groupe aboutit à des développements inégaux des différents dossiers : ce sont les dossiers de défense et de transport qui ont avancé le plus.

Le Sommet de Malte fut rehaussé par la présence des présidents français Hollande et tunisien Marzouki, du président du Parlement libyen, et des chefs de gouvernement des autres pays. Ce Sommet s’est tenu après le grand bouleversement qu’a connu le Maghreb en 2011 suite au Printemps arabe, avec l’éviction des dirigeants Ben Ali de Tunisie et Kaddafi de Libye. Dans la Déclaration finale, les chefs d’Etat et de gouvernement du Dialogue 5+5 ont exprimé leur engagement à renforcer la coopération économique entre la rive nord et la rive sud de la Méditerranée, à lutter contre les migrations irrégulières et à renforcer la lutte contre la contrebande et le trafic des êtres humains. Ils se sont engagés également à renforcer les politiques concertées en matières d’énergie, d’environnement, de transport, d’infrastructure et de sécurité alimentaire. Ils ont également appelé au renforcement des synergies entre les organisations internationales et les enceintes de dialogue au sein de la Méditerranée. Ils ont enfin évoqué la crise syrienne, la situation au Mali, et les perspectives de paix au Proche-Orient.

On ne peut qu’être déçu par les résultats de ce Sommet, qui s’est contenté de vœux pieux sans aucune décision concrète. Les pays du Maghreb qui vivent dans des conditions difficiles après le Printemps arabe, s’attendaient à des mesures décisives propres à calmer leurs souffrances. Aucun aide financière n’a été décidée pour équilibrer les budgets déficitaires de plusieurs pays du Maghreb. Les jeunes maghrébins ont manifesté pour trouver des emplois. Pour toute réponse, il a été décidé un vague encouragement à la création et au développement des PME. Le gros problème de l’intégration des migrants dans les pays d’accueil n’a été qu’effleuré, seule a été discutée la facilitation des transferts des migrants vers les pays d’origine. Enfin aucune mesure concrète n’a été prise pour la promotion des investissements européens au Maghreb.

Certes, on rétorquera que le 5+5 n’est qu’un cadre informel de dialogue entre les deux rives de la Méditerranée, et qu’il appartient aux autres institutions euro-méditerranéennes de régler ces problèmes. Or, aussi bien l’Union pour la Méditerranée que la Politique européenne de voisinage n’ont été capables d’apporter une aide efficace et conséquente aux pays du Maghreb. L’Union pour la Méditerranée composée de 44 membres est une machine lourde et hétérogène qui ne dispose pas de moyens financiers. L’action de la PEV est certes plus efficace mais insuffisante, et concerne aussi bien le Sud de la Méditerranée que l’Est de l’Europe.

Aussi, est-il proposé de transférer le 5+5 en une organisation inter-gouvernementale, avec un Sommet annuel et un secrétariat permanent, et de la doter de moyens financiers adéquats. Il y a lieu d’élargir ses activités à tous les domaines de coopération entre les deux rives de la Méditerranée, qu’ils soient économiques, sociaux ou culturels. Il faudrait aussi élargir les acteurs à la société civile et aux collectivités locales. Cette organisation serait beaucoup plus efficace, car regroupant les pays directement intéressés par la région méditerranéenne.

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