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La victoire d’Obama
Une bonne nouvelle pour le monde
arabo-musulman

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Le 6 Novembre 2012 Barack Obama a été réélu triomphalement Président des Etats-Unis pour un nouveau mandat de quatre ans. Saluons tout d’abord la force de la démocratie aux Etats-Unis et la continuation du « rêve américain ». Voilà en effet un jeune homme issu d’une condition modeste, afro-américain de surcroît, qui est réélu une deuxième fois, alors que son adversaire Romney bénéficiait du soutien des grands milieux financiers et notamment de Wall Street.

Après les résultats de la Floride, Obama a donc recueilli 332 votes, contre 206 pour Romney. Sa victoire est dûe à sa sensibilité sociale, qui va se traduire notamment par la consolidation de l’assurance maladie qui va s’étendre à 36 millions d’américains, et la baisse des impôts pour les milieux les plus défavorisés de la société américaine. C’est ainsi qu’il a bénéficié des votes des minorités : afro-américains, hispaniques et asiatiques. Sa victoire est également dûe à une politique étrangère modérée, car le peuple américain est fatigué par les expéditions militaires étrangères qui ont été déclenchées par l’ex-Président républicain Bush en Afghanistan et en Irak.

Certes, le Président Obama va donner la priorité aux problèmes intérieurs, tels que la réduction du déficit budgétaire fédéral, la révision de la fiscalité, la réforme des lois sur l’immigration, et la réduction de la dépendance énergétique. Mais en tout premier lieu, il doit prendre des mesures pour promouvoir la croissance économique et réduire le taux de chômage. Ceci va lui demander beaucoup d’énergie, car son parti ne dispose pas de la majorité dans la Chambre des Représentants qui est dominée par les républicains. Il doit notamment faire face au « mur budgétaire » qui sans un accord avec les républicains, va se traduire automatiquement par des coupes dans les dépenses publiques de 200 milliards de $ et la hausse des impôts de 400 milliards de $.

En ce qui concerne la politique étrangère, et plus particulièrement les relations avec le monde arabo-musulman, la victoire d’Obama est de loin préférable à celle de Romney. Ce dernier s’est en effet totalement aligné pendant la campagne électorale sur les positions d’Israël, et n’a manifesté que peu d’intérêt pour le monde musulman. Au contraire, Obama lors de son discours du Caire du 4 Juin 2009 avait manifesté son intention de mettre fin à la discorde entre les Etats-Unis et le monde musulman. C’est ainsi que pendant son premier mandat, il s’est opposé aux velléités israéliennes d’attaquer les sites nucléaires iraniens. Il a en outre évacué les troupes américaines d’Irak, et a promis de le faire fin 2014 pour l’Afghanistan. Certes, il n’a pas pu faire avancer la résolution du conflit israélo-palestinien, du fait de la forte opposition du lobby pro-israélien aux Etats-Unis. Il faut espérer que pendant son second mandat, où il aura une marge de manœuvre plus grande, il puisse contribuer à un rapprochement plus grand des Etats-Unis avec le monde musulman, et surtout permettre aux Palestiniens de disposer d’un Etat. Le monde musulman et les pays Arabes en particulier doivent redoubler d’efforts pour profiter de ce second mandat d’Obama qui sera décisif pour la cause palestinienne.

En ce qui concerne notre pays le Maroc, il faut dire que les relations avec les Etats-Unis ont toujours été bonnes que ce soit sous président démocrate ou républicain. Les relations entre nos deux pays remontent au Traité d’Amitié de 1787 signé par le Sultan Mohamed III. Pendant la guerre froide, le Maroc avait nettement pris position pour l’Occident : Europe et Etats-Unis. Il a été apprécié par les Etats-Unis pour son rôle d’intermédiation dans le conflit israélo-arabe et sa politique étrangère modérée. Depuis les attentats aux Etats-Unis du 11 Septembre 2001, les relations entre les deux pays se sont resserrées pour la lutte anti-terroriste sur le plan international. Sur le volet économique, le Maroc a signé un Accord de libre-échange avec les Etats-Unis qui est entré en vigueur le 1er Janvier 2006, et a bénéficié du Millenium Challenge Account de 700 millions de $ qui prend fin en 2013. Il bénéficie également de l’aide de l’USAID pour un montant d’environ 20 millions de dollars par an. Sur le plan militaire, le Maroc a été promu en tant qu’Allier majeur non membre de l’OTAN, et bénéficie d’équipements militaires sophistiqués. Sur la question du Sahara, les Etats-Unis ont soutenu le Plan d’autonomie proposé par le Maroc à l’ONU en 2007, le jugeant « sérieux, crédible, et réaliste ». Depuis le déclenchement du Printemps arabe en 2011, le Maroc est souvent cité par les Etats-Unis comme un exemple de transition démocratique sans violence ni effusion du sang. Enfin, en Septembre 2012 a été entériné à Washington le Dialogue stratégique entre les deux pays. A ce bilan largement positif, il faut cependant mentionner la faiblesse des exportations marocaines sur le marché des Etats-Unis, ainsi que la modestie des investissements américains au Maroc. C’est sur ces deux points que les responsables marocaines devraient principalement se concentrer pendant le second mandat du Président Obama.

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