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Al Qaida : Bras armé de l’islamisme politique radical

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Les récents événements de Janvier 2013 au Mali et la prise d’otages dramatique du complexe gazier d’In Amenas dans le sud-est algérien ont braqué à nouveau les projecteurs mondiaux sur l’organisation Al Qaida. L’objet de cette chronique est de faire un bref historique de cette organisation, d’expliquer les motifs de ses actes terroristes, et d’analyser les moyens pour y mettre fin.



Al Qaida veut dire en arabe « Base » et désigne selon les sources les camps d’entraînement des moudjahiddines ou les fichiers informatiques les regroupant. Elle fait suite à l’organisation créée en 1980 par Yusuf Azzam dénommée « Maktab Al Khadamate » pour faire face à l’invasion de l’Afghanistan par l’ex-URSS. Cette dernière organisation fût financée dès 1982 par la richissime saoudien Ossama Ben Laden qui était étudiant de Azzam. Ce dernier fonde en 1987 avec Ben Laden l’organisation Al Qaida. Il est de notoriété publique que les occidentaux et à leur tête les Etats-Unis, ont aidé dans le cadre de la guerre froide les moudjahiddines d’Al Qaida, à vaincre les soviétiques qui ont quitté définitivement l’Afghanistan le 15 Février 1989.

Après la prise de Kaboul par les Talibans en 1996, Ben Laden organise la formation des moudjahiddines et développe les réseaux de la mouvance Al Qaida à travers le monde. Le financement est assuré par les Organisations caritatives et permet de transformer le réseau en véritable organisation. Le tournant d’Al Qaida contre l’Occident date du 23 Février 1998 avec « L’Appel au Djihad pour la libération des lieux saints musulmans ». Cet appel lancé par le Front islamique pour le Djihad est signé outre Al Qaida, par les dirigeants de mouvements islamistes d’Egypte, du Pakistan et du Bangladesh. Ce texte proclame une "fatwa" (décision religieuse) ordonnant à tous les musulmans « de tuer les Américains là où ils se trouvent jusqu’à la libération de la Mosquée Al Aqsa et la Mosquée Al Haram ». Cette " fatwa" fait référence à l’occupation de Jérusalem par Israël et à l’existence de bases militaires américaines en Arabie Séoudite, qui ont été utilisées pendant la guerre du Golfe (1990-1991).



A partir de 1998, une série d’attentats a été attribuée à Al Qaida au Kenya, Tanzanie, Somalie, Etats-Unis, Arabie Séoudite, Yémen, Tunisie, Jordanie, Indonésie et Singapour. Les plus spectaculaires ont eu lieu aux Etats-Unis le 11 Septembre 2001 et ont occasionné près de 3000 victimes. Malgré la destruction des camps d’entraînement suite à la guerre d’Afghanistan menée fin 2001 par les Etats-Unis et ses allés, et la "guerre contre le terrorisme" mené par le Président Bush, les attentats attribués à Al Qaida ont continué à Casablanca (2003), Madrid (2004) et Londres (2005). Le 24 Mars 2008 Al Zawhari (Numéro 2 d’Al Qaida) a lancé un nouvel Appel pour attaquer les intérêts juifs et américains partout dans le monde. Même le mort de Ben Laden le 2 Mai 2011 à Abbouttabad au Pakistan n’a pas stoppé les attentats. En fait, l’organisation Al Qaida s’est transformée en une nébuleuse sans lien structurel entre des cellules locales indépendantes. De plus, elle s’est scindée en organisations régionales : Al Qaida en Irak, Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Al Qaida dans la Péninsule arabique (AQPA) regroupant les branches du Yémen et de l’Arabie Séoudite.



Les motifs invoqués par les dirigeants Al Qaida sont le soutien inconditionnel de l’Occident et surtout des Etats-Unis à Israël, l’appui apporté aux dictatures arabes, l’existence de bases militaires occidentales dans certains pays musulmans, notamment en Arabie Séoudite considérée comme une terre sainte. Les objectifs d’Al Qaida sont l’établissement de régimes islamistes dans les pays à majorité musulmane avec la Charia comme source de la législation, et le rétablissement du Califat englobant le Maghreb et le Machrek. Ne pouvant faire face à la puissance armée occidentale, les moyens utilisés par Al Qaida sont les attentats visant la destruction de bâtiments (ambassades, centres commerciaux et de tourisme), moyens de transport, les navires de guerre, et la prise d’otages.



La réponse aux actes terroristes d’Al Qaida ne peut être que l’éradication de ce mouvement néfaste tant pour les pays musulmans eux-mêmes que pour la communauté internationales. L’instauration d’un Califat regroupant la Maghreb et le Machrek est une véritable utopie, car les pays musulmans sont devenus des Etats-Nation jaloux de leur souveraineté. De même, l’établissement de la Charia comme base de législation est inacceptable, tant sur le plan moral que sur le plan politique. Il faut cependant accompagner la lutte contre Al Qaida par un redoublement d’efforts pour résoudre conflit israélo-palestinien. Il est en effet exaspérant de constater la passivité de l’Occident vis-à-vis de la politique intransigeante d’Israël qui ne cherche aucunement à faire la paix avec ses voisins. On peut citer à titre d’exemple la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui n’a donné lieu à aucune sanction concrète de l’Occident contre l’Etat hébreu. Il faut aussi aider les pays musulmans au niveau de l’éducation et du développement économique et social. En effet, l’ignorance et la pauvreté sont les sources de tous les extrémismes. Ce n’est que par cette action multiforme que la communauté internationale peu mettre fin aux attentats d’Al Qaida.

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