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Discours sur l’état de l’Union du Président Obama : Aucune mention du conflit israélo-palestinien

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Il est de tradition que le Président des Etats-Unis prononce au Congrès en début d’année un discours sur l’état de l’Union. Ce serait d’ailleurs un exemple à suivre pour les autres Chefs d’Etat de la planète, pour rendre compte à leur peuple des résultats obtenus et de la feuille de route à suivre. Le 12 Février 2013 le Président Obama s’est adressé au peuple américain pour parler surtout des perspectives d’avenir.

Sur le plan intérieur, il a promis de relancer la croissance et l’emploi qu’il considère comme le problème prioritaire du pays. C’est ainsi qu’il propose d’investir un milliard de dollars dans l’industrie, pour créer 15 incubateurs associant le secteur public et privé, notamment à travers les ministères de la Défense et de l’Energie dans les régions sinistrées économiquement. Pour stimuler l’emploi, sera mis en œuvre un programme pour employer les chômeurs dans des chantiers de réparation de grandes infrastructures tels que les ponts.

Sur le plan macro-économique, la proposition principale est la création d’une zone de libre échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne, qui serait l’une des principales zones de libre-échange dans le monde. Les échanges entre les Etats-Unis et l’Europe sont déjà importants de l’ordre de 646 milliards de dollars du fait de la faiblesse des droits de douane (4% en moyenne). Mais les obstacles non tarifaires freinent les échanges notamment dans des secteurs comme les textiles, le transport maritime ou les produits agricoles. Les négociations qui vont durer environ deux années porteront surtout sur la levée totale ou partielle de ces obstacles non tarifaires. Cette initiative du Président Obama est certainement motivée par l’échec des négociations multinationales menées sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le Président Obama a également réaffirmé sa proposition de diminuer le déficit budgétaire fédéral qui est de 10,1% du PIB, en économisant 4000 milliards de dollars sur les 10 prochaines années. Outre les économies sur les dépenses, il propose une réforme fiscale qui consisterait à supprimer certaines niches fiscales dont profitent les multinationales, et à augmenter les impôts sur les ménages les plus riches. La diminution du déficit budgétaire a également pour objet de réduire à moyen et long terme l’endettement public des Etats-Unis qui est abyssal : 16.199 milliards de dollars soit 102% du PIB.

Sur d’autres plans, le Président Obama a manifesté son intérêt pour la question du changement climatique. C’est ainsi qu’il a fixé l’objectif de réduire de moitié l’énergie dépensée dans les maisons et les entreprises d’ici les vingt prochaines années. Il se propose également d’établir des textes de loi pour réduire la pollution et pour promouvoir les énergies renouvelables. Enfin, il préconise une réforme du système d’immigration et une réglementation de l’utilisation des armes à feu.

Sur le plan extérieur qui n’a pas occupé une grande partie de son discours, il a parlé du nucléaire en promettant une action ferme contre la Corée du Nord qui vient de procéder à un troisième essai nucléaire. Il a exhorté l’Iran à choisir la voie diplomatique pour sortir de la crise provoquée par son programme nucléaire contreversée. Enfin, il a manifesté son souhait de négocier avec la Russie une réduction supplémentaire de l’arsenal nucléaire des deux pays. Pour l’Afghanistan, Il a confirmé le retrait total des troupes américaines d’ici fin 2014. Il a réitéré sa détermination à lutter contre le terrorisme international d’Al Qaida qui a essaimé depuis la Péninsule Arabique jusqu’en l’Afrique, faisant allusion à la situation actuelle au Mali. Pour ce qui est de la situation au Moyen Orient, il a réaffirmé sa détermination à continuer de défendre les droits de l’homme suite aux conséquences du Printemps arabe. Tout en maintenant la pression sur le régime syrien, il n’entend pas fournir des armes aux rebelles. Il n’a fait aucune mention explicite du conflit israélo-palestinien, mais a réaffirmé « Nous sommes résolument avec Israël dans son quête de sécurité et d’une paix durable », et a annoncé son voyage au Moyen-Orient en Mars prochain où il doit visiter Israël, la Jordanie et la Cisjordanie.

En conclusion, les ambitions du Président Obama pour son second mandat sont grandes. Mais sur le plan intérieur, il doit tenir compte de la forte opposition des Républicains qui sont majoritaires à la Chambre des Représentants, et qui négocieront âprement toute décision du Président. Sur le plan international, les Etats-Unis ne sont plus « l’Hyperpuissance » qu’ils étaient après la chute de l’URSS, et ne peuvent plus dicter leur loi dans les relations internationales. Enfin sur le conflit israélo-palestinien, le Président reste prisonnier du puissant lobby pro-israélien qui domine le champ politique américain. Il est à craindre qu’aucune initiative concrète pour faire pression sur Israël ne sera prise durant le second mandat du président Obama.

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