Réunion du G20 à Moscou : Prévisions de l’économie mondiale en 2013
Par Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Les ministres des finances du G20 se sont réunis le 15 Février 2013 à Moscou pour faire le point de la situation de l’économie mondiale en ce début de 2013. Cette réunion est préalable au Sommet du G20 qui se tiendra en Septembre 2013 à Saint-Petersburg au niveau des Chefs d’Etat.
La réunion du G20 à Moscou a eu principalement pour but de mettre fin à la stagnation de l’économie mondiale. Tout en reconnaissant qu’il n’y a plus de risque d’éclatement de l’euro, les ministres du G20 ont considéré que la récession dans la zone euro est le principal frein à la reprise de l’économie mondiale. La cause essentielle de la récession dans plusieurs pays européens est la politique d’austérité qui a freiné l’activité économique. C’est pour cela que le G20 de Moscou a proposé de reporter à 2016 l’objectif fixé en 2010 à Toronto de réduire de moitié les déficits budgétaires des pays membres à l’horizon 2013. Cette proposition a été acceptée par la Commission européenne malgré les réticences de l’Allemagne qui se présente comme le champion en Europe de l’austérité budgétaire.
L’autre importante question discutée lors du G20 à Moscou est « la guerre des monnaies ». Cette dernière consiste par des dévaluations compétitives à affaiblir la monnaie nationale par rapport aux monnaies étrangères pour stimuler les exportations. Cette pratique est utilisée outre la Chine par les Etats-Unis et le Japon. Elle consiste principalement à se servir de « la planche à billets » pour créer de la monnaie qui entraîne la dépréciation de la monnaie nationale par rapport aux monnaies étrangères. La Banque centrale européenne refuse cette pratique, ce qui explique la vigueur de l’euro qui handicape les exportations, c’est le cas de la France notamment. Les participants du G20 de Moscou ont recommandé d’éviter de recourir à de telles pratiques dans l’avenir, afin de laisser aux marchés le rôle de fixer les taux de change.
Malgré ces recommandations du G20 les prévisions de l’économie mondiale pour 2013 ne sont pas brillantes. C’est ainsi qu’il est prévu un léger rétablissement global de l’économie mondiale, mais avec d’importantes disparités régionales. L’Europe et le Japon connaîtront une récession, alors que les Etats-Unis bénéficieront d’une progression modeste mais régulière, tandis que la Chine retrouvera une croissance appréciable. Pour la période 2013-2014, les sources de croissance de l’économie mondiale proviendront pour les ¾ des pays hors OCDE. Les organisations économiques internationales prévoient une croissance mondiale de 3,4% en 2013. Cette croissance se déclinera par région en +1,6% (Amérique du Nord), +3,5% (Amérique latine), +4,8% (Asie), +4,5% (Afrique sub-saharienne), +0,1% (Europe de l’Ouest), +2,5% (Europe Centrale et Orientale), +3,5% (Maghreb et Moyen Orient). C’est donc l’Asie qui sera le moteur principal de la croissance de l’économie mondiale en 2013 avec +8% pour la Chine et +6% pour l’Inde.
Concernant notre pays le Maroc, les résultats de 2012 n’ont pas été brillants. La croissance n’a été que de 2,7% suite à une mauvaise campagne agricole et la crise de l’euro. Le déficit budgétaire s’est élevé à 7,1% du PIB par suite de l’augmentation du prix des matières premières importées notamment les hydrocarbures, l’augmentation des salaires, et par la forte pression de la Caisse de compensation dont le déficit s’est élevé à 55,5 Milliards de dh soit 6% du PIB. Le taux de chômage a atteint 9% de la population active, avec 13% en milieu urbain. Le plus grave a été le déficit de la balance commerciale (15% du PIB) et de la balance des paiements (7,4% du PIB). Les seuls éléments positifs ont été la limitation de l’inflation à 1,6% et de l’endettement public à 58% du PIB.
Les prévisions de l’économie marocaine pour 2013 sont une croissance de 4,5% et une limitation du déficit budgétaire à 4,8% du PIB. Pour la croissance, un élément encourageant est la bonne campagne agricole qui s’annonce, et qui joue un rôle important dans la progression du PIB. Par contre la récession prévue de la zone euro en 2013 est un handicap, étant donnée l’orientation aux 2/3 de notre économie vis-à-vis de cette zone. Pour la réduction de déficit budgétaire à 4,8%, il est fonction de la réforme de la Caisse de Compensation dont la charge devient de plus en plus insoutenable. Or d’après les dernières informations, cette réforme ne sera mise en œuvre qu’en 2014, ce qui fait courir des risques importants pour le déficit budgétaire en 2013. Afin d’assurer les équilibres macro-économiques de notre pays, des mesures énergiques doivent être prises : réduction drastique des dépenses publiques et notamment de la Caisse de compensation, limitation des importations et promotion des exportations, mesures incitatives pour le développement des IDE et du tourisme.
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