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Intervention militaire française au Mali :
Bilan et perspectives ?

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Suite à la décision du Président François Hollande prise le 11 Janvier 2013, les troupes françaises ont investi le Mali pour arrêter les islamistes qui avaient pris la ville de Koma, et qui menaçaient Bamako. Cette décision était prise suite à l’appel au secours du Président malien Diaconda Traoré, et est conforme à la résolution 2085 du Conseil de Sécurité de l’ONU autorisant une opération militaire étrangère au Mali.

En trois semaines, l’armée française aidée de soldats maliens a stoppé l’avancé des islamistes, et reconquis plusieurs ville du Nord du Mali dont Gao, Tombouctou, et Kidal. Cette reconquête a été l’œuvre de 3500 soldats français et 1900 africains, sans l’implication armée ni de la CEDEAO, ni des Etats-Unis, ni de l’Union européenne. Les Etats-Unis ont cependant fourni une aide logistique, alors que l’Union européenne a promis d’envoyer une mission de formation de l’armée malienne. Malgré ses promesses, la CEDEAO a été incapable de mettre en place rapidement une force africaine combattante, à l’exception du Tchad dont des éléments armés ont participé au combat.

Le 23 Février 2013, le Président François Hollande a entrepris une visite au Mali où il s’est rendu notamment à Sévaré, Tombouctou et Bamako. L’objectif de cette visite était de féliciter l’armée française et rencontrer les dirigeants et la population malienne. Il y a notamment lancé un appel aux pays africains pour assurer la relève de l’armée française, et incité le peuple malien au dialogue et à la réconciliation. Il a également mis en garde les militaires contre les exactions et la violation des droits de l’homme vis-à-vis de la population civile. A Bamako, il a indiqué que le motif de l’intervention militaire française était le combat contre le terrorisme et la sauvegarde de la stabilité du Mali et de toute l’Afrique de l’Ouest. Il a ajouté que la France restera au Mali le temps qu’il faudra mais n’a pas vocation à y rester. Durant son séjour au Mali, François Hollande a reçu les remerciements chaleureux des dirigeants maliens ainsi qu’un véritable triomphe de la part de la population malienne.



Le 6 Mars 2013, c’est au tour du Ministre de la Défense français Jean-Yves le Drian de se rendre au Mali, où après la visite des troupes françaises dans l’Adrar des Iforas, il a entamé les discussions sur la partie diplomatique du conflit. Après avoir libéré 70% du territoire malien, la diplomatie française tente de penser au futur. La première urgence est l’instauration à Bamako d’un pouvoir stable et légitime pour remplacer le gouvernement intérimaire installé après le coup d’Etat militaire de Mars 2012. C’est pour cela que la France pousse à l’organisation d’élections présidentielles avant fin Juillet 2013. Les élections législatives seront repoussées à une date ultérieure. Le second problème important est la réconciliation nationale entre le Nord et le Sud. Dans ce cadre une commission « Vérité et réconciliation » a été créée mais dont les membres ne sont pas encore nommés. Le nœud du problème est la place à donner au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Cette rébellion armée touareg et laïque réclame l’indépendance d’une partie du Nord du Mali connue sous le nom de l’Azawad. Le MNLA pour gagner le soutien de la France a notamment aidé les troupes françaises à reconquérir certaines villes et notamment Kidal. Les dirigeants de Bamako exigent de leur côté le désarment des combattants du MNLA avant d’entamer toute discussion aux eux. La France se trouve ainsi entre prise deux feux : les dirigeants de Bamako au nationalisme sourcilleux, et les partisans du MNLA exigeant l’indépendance de l’Azawad.



Outre ces dossiers très sensibles, la France s’active pour mettre en place avec l’appui de l’Union européenne la formation de l’armée malienne, et le déploiement des troupes africaines capables de la remplacer. Cette force qui portera le nom de « MINUMA » verra le jour dans le cadre de l’ONU, mais ses contours restent flous pour le moment. Afin de réactiver la coopération civile, le Ministère français des Affaires Etrangères va organiser le 19 Mars prochain à Lyon une conférence réunissent des ONG et des représentants des collectivités locales françaises afin de mobiliser des fonds pour le développement du Mali. Une autre conférence à l’échelle européenne sera organisée dans le même but à Bruxelles en Mai 2013.



En conclusion, la guerre du Mali révèle la fragilité et l’instabilité de beaucoup de pays africains malgré un demi-siècle d’indépendance. Outre les conflits régionaux et les rivalités internes, la situation s’est beaucoup détériorée par suite du développement de l’islamisme politique radical représenté par Al Qaida. Aux objectifs idéologiques de cette organisation terroriste, s’est greffé un trafic multiforme d’êtres humains, de stupéfiants et d’armes. La situation au Sahel s’est encore aggravée suite à la chute des régimes tunisiens et libyens en conséquence du Printemps arabe. En effet, beaucoup d’armes surtout d’origine libyennes se trouvent actuellement dans la région du Sahel aux mains des terroristes et des trafiquants. Au delà de l’Union africaine qui s’est révélée incapable de faire face à ces nouveaux dangers en Afrique, il faut que l’ONU se saisisse de la situation très dangereuse qui prévaut actuellement en Afrique, et qu’elle organise une Conférence internationale sur la situation actuelle et les perspectives du continent africain.



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