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La tournée d’Obama au Moyen-Orient : Une grosse déception pour les Palestiniens

Par Jawad Kerdoudi


Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Le Président Obama a entamé une tournée au Moyen-Orient le 20 Mars 2013 qui l’a conduit successivement en Israël, en Palestine et en Jordanie. C’est la première visite du Président américain dans la région depuis son élection en 2009. Sa dernière visite à Israël date de 2008 pendant la première campagne électorale, et il lui a été beaucoup reproché de n’avoir pas visité Israël pendant son premier mandat.

La visite du Président Obama à Israël a été tout d’abord l’occasion pour lui de réaffirmer le « soutien inébranlable » des Etats-Unis à Israël, et les liens « profonds et durables » qui unissent les deux pays. Il a recommandé aux Palestiniens de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, et de reprendre les négociations avec les Israéliens sans le préalable du gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le nouveau gouvernement israélien présidé par Netanyahu qui regroupe le Likoud, le parti de centre droit « Yesh Atid » et le mouvement nationaliste religieux « Foyer Juif » s’est dit d’ailleurs déterminé à continuer la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Entre Décembre 2012 et Janvier 2013 11.000 nouveaux logements ont été autorisés, soit le double depuis 2009. A noter que 500.000 colons israéliens vivent actuellement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Concernant l’Iran, Obama a réaffirmé la détermination des Etats-Unis à empêcher par tous les moyens l’armement nucléaire de l’Iran. C’est donc un alignement complet sur les thèses d’Israël, considéré comme l’allié stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient.



Lors de sa visite en Palestine où il a rencontré le Président Mahmoud Abbas, Obama a fait quelques déclarations pour faire plaisir au Palestiniens. Il a ainsi affirmé que « la réalisation de la paix et l’option à deux États sur les frontières de 1967 était la voie pour parvenir à la sécurité pour les peuples israélien et palestinien ». Il a encore ajouté que « la poursuite de la colonisation israélienne n’est pas constructive pour faire avancer la paix ». S’adressent aux jeunes israéliens le 21 Mars au Centre International des Congrès à Al Qods, le Président Obama leur a déclaré que « La paix est la seule voie vers la vraie sécurité ».



Lors de sa visite au Roi Abdallah de Jordanie, le Président Obama a évoqué la situation en Syrie et a lancé un appel au départ de Bachar Al Assad et l’a mis en garde contre toute utilisation des armes chimiques contre son peuple ou leur transfert aux rebelles. Il a octroyé une aide de 200 M de $ à la Jordanie pour faire face à l’afflux de réfugiés en provenance de Syrie. Le Président américain a enfin profité de se tournée en Moyen-Orient pour faire pression sur Israël, afin de faire des excuses à la Turquie suite à la mort de neuf passagers turcs présents à bord d’une flottille d’aide pour Gaza en 2010. Ces excuses ont été acceptées par la Turquie qui a rétabli ses relations avec l’Etat hébreu.



La récente tournée du Président Obama au Moyen-Orient confirme ce que l’on savait déjà : à savoir l’indéfectible alliance entre les États-Unis et Israël, et l’alignement du gouvernement américain sur les thèses israéliennes. Ceci s’explique tout d’abord par des raisons historiques. L’émigration des juifs vers les États-Unis a commencé dès le 19ème siècle, et s’est accentué au 20ème siècle suite à l’Holocauste qu’ils ont subi en Europe avant et pendant la seconde guerre mondiale. Les juifs se sont complètement intégrés à la société américaine prenant des positions de premier plan dans l’économie, la finance, les médias et la culture. Jouant à fond le principe de solidarité avec Israël, il se sont également introduit en politique, et ont gagné des élections aussi bien sur le plan local que national. Bénéficiant également de l’appui religieux des évangélistes, ils ont constitué un puissant lobby l’AIPAC (America Israel Publics Affairs Committee) regroupant plus de 100.000 membres actifs. Selon les deux éminents universitaires américains John Mearsheamer et Stephan Walt qui ont écrit le livre « The Israël Lobby » : « Le soutien considérable des États-Unis à Israël est dû à l’influence politique du lobby pro-israélien sur le sol américain ». Ils ajoutent « le soutien indéfectible et irraisonné des Etats-Unis à Israël ne peut s’expliquer ni par des intérêts stratégiques communs ni par des impératifs moraux ». Face à la puissance du lobby pro-israélien, les Palestiniens n’ont qu’un faible appui aux États-Unis. Le lobby pro-arabe y est peu influent, et les attentats du 11 Septembre 2001 à New York et Washington ont traumatisé les américains et créé un sentiment anti-arabe et islamophobe.



En conclusion, il ne faut pas baisser les bras devant cette situation difficile pour la cause palestinienne. Tôt ou tard, il faudra rendre justice au peuple palestinien qui lutte depuis plus d’un demi-siècle pour le rétablissement de ses droits et pour disposer d’un État indépendant et viable. En Novembre 2012, 138 États de l’ONU ont reconnu la Palestine en tant qu’Etat non-membre. Cela constitue 72% des États membres de l’ONU, avec notamment un vote positif de la France, négatif évidement des États-Unis, du Canada, et d’Israël, et un abstention de l’Allemagne et du Royaume Uni. Le monde arabe et musulman doit se mobiliser davantage pour la cause palestinienne. L’Europe, et notamment la France peuvent jouer un rôle déterminant pour trouver une solution à ce douloureux problème politique et humain.

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