Les Cahiers de l'IMRI
Avril 2013
" Plaidoyer pour la Cause
Palestinienne"
Par Jawad Kerdoudi
Le drame israélo-arabe date de plus d’un siècle. La première « Alyah » (émigration des juifs en Palestine) a débuté en 1880. Le premier Congrès sioniste a été organisé à Bâle en 1897 par Théodore Herzl, théoricien du sionisme politique qui, face à la montée de l’antisémitisme en Europe, prône la nécessité de créer un foyer pour tous les juifs de la diaspora. La Déclaration de Balfour (Ministre britannique des Affaires Etrangères) en 1917 entrouvre la possibilité de créer un foyer juif en Palestine. Devant l’accroissement de l’émigration juive en Palestine, la résistance arabe se manifeste dès 1920 par des émeutes, et en 1936 par une grève générale. Saisie de la question, l’ONU adopte en 1947 le plan de partage de la Palestine en deux Etats, l’un juif et l’autre arabe. Ce plan de partage ne sera jamais appliqué.
Le 14 Mai 1948 est proclamée unilatéralement l’indépendance d’Israël. Cette date commémore également ce que les palestiniens appellent la « Naqba » ou désastre. C’est en effet à partir de cette date et par quatre vagues successives que 800.000 palestiniens ont pris le chemin de l’exil, chassés par les israéliens. C’est à partir de cette date que commence le drame du peuple palestinien, marqué par des souffrances incommensurables. Parqués dans des camps de réfugiés en Jordanie, dans la bande de Gaza, au Liban et en Syrie, les palestiniens ne survivent que grâce à l’aide internationale instaurée par l’ONU en 1948 dans cadre de l’UNRWA.
Le lendemain de la déclaration d’indépendance d’Israël, la première guerre israélo-arabe est déclenchée et ne prendra fin qu’en 1949. La résistance palestinienne s’accentue avec la création en 1959 du Fatah par Yasser Arafat, suivie de la naissance de l’OLP en 1964. Devant l’impossibilité de trouver une solution diplomatique au conflit israélo-arabe, une nouvelle guerre éclate en 1967 (guerre des six jours), à l’issue de laquelle Israël s’agrandit territorialement. En 1973, l’Egypte et la Syrie brisent le mythe de l’invincibilité de l’Etat hébreu grâce à la guerre du Kippour d’Octobre 1973. En 1978, sont signés les Accords de Camps David qui établissent la paix entre l’Egypte et Israël. En 1982, Israël envahit le sud du Liban et parraine les massacres de Sabra et Chatila perpétrés par les milices chrétiennes libanaises.
La situation explosive de la région entraîne la première « Intifada » qui est une révolte populaire où prend part la population civile (y compris femmes et enfants). Une lueur d’espoir est née avec les Accords d’Oslo en 1993 qui permirent la naissance de l’Autorité palestinienne. Cet espoir s’est éteint avec l’assassinat en 1995 de Yitzhak Rabin par un israélien extrémiste. Une seconde Intifada a éclaté en 2000. Devant le peu de progrès réalisés, les élections législatives de 2006 ont donné la victoire au Hammas (parti plus radical que le Fatah) qui s’est emparé de la bande de Gaza en 2007, après son évacuation par les troupes israéliennes. Il s’en est suivi une réduction de l’aide financière des Etats-Unis et de l’Union européenne ainsi que le blocus de Gaza par Israël. La Conférence d’Annapolis tenue le 27 Novembre 2007 entre Ehud Olmest et Mohamed Abbas n’a pas donné de résultats tangibles.
Les années 2008 et 2009 ont été marquées par trois offensives militaires israéliennes contre Gaza, dont la dernière a causé 1330 morts palestiniens. Le 31 Mars 2009 Netanyahu accède aux fonctions de Premier Ministre pour la seconde fois dans le cadre d’un gouvernement ancré très à droite dans lequel figurent les nationalistes et un parti ultra-orthodoxe. En 2010 la flottille internationale en faveur de Gaza a été attaquée par les israéliens dans les eaux internationales, causant neuf morts dont des turcs. Cette dernière année a été marquée par la reprise de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-est. En 2011, la Palestine a été admise à l’Unesco et en 2012 à l’ONU en tant qu’Etat non-membre observateur. La riposte israélienne à cette adhésion a été le blocage des fonds palestiniens prélevés par l’Etat d’Israël et la recrudescence de la colonisation en Cisjordanie et à Gaza. Suite aux élections législatives israéliennes en Janvier 2013, Netanyahu est reconduit dans les fonctions de Premier Ministre, et a confirmé la poursuite de sa politique de colonisation en Cisjordanie et à Gaza.
L’analyse de cette situation dramatique du peuple palestinien appelle une première considération qui est celle d’une profonde injustice. Certes, les juifs ont subi la désastreuse et criminelle « Shoah » perpétrée par le régime allemand nazi. Certes, comme l’a souligné Théodore Hertz, il y a eu une montée de l’antisémitisme en Europe. Mais les Arabes n’ont aucune responsabilité dans ces crimes et cette situation. La terre de Palestine n’était pas inhabitée à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle. Les Accords de Sykes-Picot de 1916 ont dévolu la responsabilité de cette région à la France et la Grande Bretagne, qui avaient le devoir de la protéger contre toute invasion étrangère. Le seconde considération est que les Arabes n’ont jamais accepté le fait accompli, et ont résisté par tous les moyens : guerres, mouvements de résistance, révoltes populaires. Ils n’ont pas pu obtenir la victoire, car Israël a une supériorité militaire et a toujours été supporté par l’Occident : Etats-Unis et Europe.
Il appartient à la communauté internationale, et particulièrement l’Occident qui a une grande responsabilité dans son déclenchement et sa persistance, de contribuer activement à réparer cette grande injustice en prenant des sanctions contre l’Etat hébreu. Les Etats-Unis s’étant quasiment alignés sur Israël, il est nécessaire que l’Europe et les Brics se mobilisent davantage pour contribuer à régler le conflit israélo-palestinien. Les israéliens doivent arrêter immédiatement toute nouvelle colonisation en Cisjordanie et à Jérsualem-Est, car cette politique rendra impossible la solution des deux Etats. Les israéliens doivent comprendre qu’ils n’auront la paix que s’ils trouvent des solutions avec les pays Arabes voisins. Israël a déjà signé la paix avec l’Egypte et la Jordanie, il reste à l’accomplir avec le Liban, la Syrie, et la Palestine. Avec le Liban et la Syrie, Israël doit restituer les fermes de Chaba et le plateau du Golan. Avec la Palestine, la seule solution est l’existence de deux Etats vivant côte à côte. Israël doit négocier sérieusement avec les palestiniens les points suivants : l’instauration de l’Etat palestinien dans des frontières viables, le problème des réfugiés, le statut de Jérusalem et le sort des colonies israéliennes installées en Cisjordanie. Il est temps de trouver une solution à ce problème centenaire afin que cette région puisse vivre enfin dans la paix, la prospérité et la quiétude.
L’IMRI depuis sa création a placé le conflit israélo-palestinien au cœur de ses préoccupations. A chaque événement concernant la question palestinienne, il a rédigé une chronique qu’il a diffusée à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc. Son objectif est de contribuer modestement à la résolution de ce douloureux drame politique et humain. Le présent document reprend chronologiquement les chroniques rédigées de 2005 à 2013.
CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN : LE DIFFICILE RETRAIT ISRAÉLIEN DE GAZA
25/07/2005
Le Conflit israélo-Palestinien qui dure depuis un demi-siècle n’en finit pas de faire des victimes de part et d’autre. A l’origine de ce conflit, une erreur historique a été commise, qui a occasionné une profonde injustice. L’erreur historique a été de décider d’installer un foyer juif, puis de créer l’Etat d’Israël en terre de Palestine. Or la Palestine n’était pas une terre «nullius» c'est-à-dire sans maître, la Palestine était habitée depuis des siècles par les Arabes. Ces derniers considèrent depuis lors qu’une grande injustice a été commise à leur égard.
La responsabilité de l’Occident est patente dans cette affaire. D’abord l’Allemagne nazie, qui a commis un véritable génocide en supprimant six millions de juifs dans des conditions abominables. Ensuite l’Angleterre, qui par la Déclaration de Balfour a promis l’installation d’un foyer juif en Palestine. Enfin les Etats-Unis qui, depuis la création d’Israël, apporte à ce pays un soutien indéfectible, du fait du lobbying juif très influent au Congrès, dans les médias et la finance.
Les conséquences de cette erreur historique sont incommensurables : des millions de réfugiés palestiniens rejetés vers les pays arabes voisins, trois guerres meurtrières entre Israël et les pays Arabes, la colonisation des terres arabes par Israël, et une occupation policière et militaire humiliante, entravant toute les libertés, et notamment la liberté de circulation. Face à cette situation le peuple palestinien s’est révolté, d’une part par la résistance populaire (Intifada), et d’autre part par les attentats, qu’il considère comme des actes de résistance.
La Communauté internationale a été incapable jusqu’à maintenant de résoudre ce problème, qui alimente en partie le terrorisme international. Toutes les résolutions de l’ONU favorables aux Palestiniens n’ont jamais été appliquées. Les Palestiniens et les Arabes ont dénoncé cette politique de « deux poids, deux mesures ». Lorsque l’ONU a voté la résolution enjoignant à la Syrie de quitter militairement le Liban, cette résolution a été appliquée immédiatement, grâce à la pression très forte exercée par les Etats-Unis et la France.
Israël a décidé unilatéralement de quitter la Bande de Gaza par l’évacuation de 8.000 colons. Ce retrait est difficile, car les dirigeants d’Israël avaient promis à leur peuple le « Grand Israël », et avaient encouragé l’implantation de colonies sur des terres qui ne leur appartenaient pas. Sur ce problème des colonies, l’Occident a laissé faire, et n’a jamais exercé une pression suffisante sur Israël pour les stopper.
Mais au-delà de ce retrait israélien de Gaza, la résolution du conflit israélo-Palestinien ne peut être que globale. Ami AYALON, un Israélien, ancien chef du Shin Bet a déclaré récemment dans une interview au journal marocain l’Economiste « Tant que les Palestiniens n’auront pas d’espoir, les Israéliens ne pourront pas prétendre à la sécurité ».
Pour rendre l’espoir au Palestiniens, il faut négocier avec eux. Le moyen le plus efficace serait une Conférence internationale chapeautée par le Quartet : ONU, USA, Union Européenne, Russie. Cette Conférence devrait se tenir en Europe (à Genève par exemple), et aborder les quatre questions fondamentales suivantes :
• Délimitation exacte du territoire du futur Etat Palestinien et date de sa création effective
• Problème des réfugiés palestiniens
• Problème de Jérusalem
• Problème des colonies israéliennes implantées en territoire palestinien
Cette Conférence devrait tenter de rapprocher les points de vue des deux parties sur ces quatre questions fondamentales. Il s’agit bien de négociations, et donc chaque partie doit faire des concessions à l’autre. Les tuteurs de la Conférence devront user de tout leur poids pour obtenir des résultats concrets. Le moment est venu où les deux puissances mondiales (Etats-Unis et Union Européenne) doivent prendre leur responsabilité pour solutionner définitivement ce problème. Sinon, ce conflit va continuer à s’enliser, à entraîner des victimes innocentes de part et d’autre, à alimenter le terrorisme international, et à empoisonner les relations internationales.
NOUVELLE AGRESSION ISRAÉLIENNE CONTRE LE PEUPLE PALESTINIEN : POUR LA CONVOCATION D’UNE CONFÉRENCE INTERNATIONALE
03/07/2006
La semaine dernière, Israël a de nouveau commis une agression contre le peuple palestinien. C’est ainsi que dans la nuit de mercredi à jeudi, l’armée israélienne a arrêté 64 Ministres, Députés et Maires palestiniens en Cisjordanie. Dans la nuit de jeudi à vendredi, elle a lancé un raid contre le Ministère de l’Intérieur palestinien, causant d’importants dégâts. Enfin pour couronner le tout, Israël a frappé dimanche dernier le bureau du Premier Ministre palestinien, causant un incendie des locaux.
Cette agression a été perpétrée en dehors de tout respect du droit international, puisqu’elle a entraîné l’arrestation de responsables palestiniens démocratiquement élus par le peuple palestinien. Elle s’est attaquée aux symboles de l’entité palestinienne : le Ministère de l’Intérieur et le bureau du Premier Ministre. Cette agression a été motivée par les dirigeants israéliens par la tentative de libérer un soldat israélien, enlevé par un commando palestinien. En réalité, il s’agit pour Israël de déstabiliser le Gouvernement palestinien, pourtant légitime, puisque issu des dernières élections législatives. D’ailleurs, un Ministre israélien a déclaré d’une façon explicite « L’attaque contre le bureau du Premier Ministre palestinien s’inscrit dans le cadre de nos efforts visant à porter atteinte aux capacités du Gouvernement du Hamas à contrôler la situation et à gouverner ».
Le conflit Israélo-Palestinien qui dure depuis un demi-siècle n’en finit pas de faire des victimes de part et d’autre. A l’origine de ce conflit, une erreur historique a été commise, qui a occasionné une profonde injustice. L’erreur historique a été de décider d’installer un foyer juif, puis de créer l’Etat d’Israël en terre de Palestine. Or la Palestine n’était pas une terre «nuullus» c'est-à-dire sans maître, la Palestine était habitée depuis des siècles par les Arabes. Ces derniers considèrent depuis lors qu’une grande injustice a été commise à leur égard.
La responsabilité de l’Occident est patente dans cette affaire. D’abord l’Allemagne nazie, qui a commis un véritable génocide en supprimant six millions de juifs dans des conditions abominables. Ensuite l’Angleterre qui, par la Déclaration de Balfour a promis l’installation d’un foyer juif en Palestine. Enfin les Etats-Unis qui, depuis la création d’Israël, apporte à ce pays un soutien indéfectible, du fait du lobbying juif très influent au Congrès, dans les médias et la finance.
Les conséquences de cette erreur historique sont incommensurables : des millions de réfugiés palestiniens rejetés vers les pays arabes voisins, trois guerres meurtrières entre Israël et les pays Arabes, la colonisation des terres arabes par Israël, et une occupation policière et militaire humiliante, entravant toute les libertés, et notamment la liberté de circulation. Face à cette situation, le peuple palestinien s’est révolté, d’une part par la résistance populaire (Intifada), et d’autre part par les attentats, qu’il considère comme des actes de résistance.
La Communauté internationale a été incapable jusqu’à maintenant de résoudre ce problème, qui alimente en partie le terrorisme international. Toutes les résolutions de l’ONU favorables aux Palestiniens n’ont jamais été appliquées. Les Palestiniens et les Arabes ont dénoncé cette politique de « deux poids, deux mesures ». Lorsque l’ONU a voté la résolution enjoignant à la Syrie de quitter militairement le Liban, cette résolution a été appliquée immédiatement, grâce à la pression très forte exercée par les Etats-Unis et la France.
La résolution du conflit israélo-Palestinien ne peut être que globale. Ami Ayalon, un Israélien, ancien chef du Shin Bet a déclaré récemment « Tant que les Palestiniens n’auront pas d’espoir, les Israéliens ne pourront pas prétendre à la sécurité ».
Pour rendre l’espoir au Palestiniens, il faut négocier avec eux. Le moyen le plus efficace serait une Conférence internationale chapeautée par le Quartet : ONU, USA, Union Européenne, Russie. Cette Conférence devrait se tenir en Europe (à Genève par exemple), et aborder les quatre questions fondamentales suivantes :
• Délimitation exacte du territoire du futur Etat Palestinien et date de sa création effective
• Problème des réfugiés palestiniens
• Problème de Jérusalem
• Problème des colonies israéliennes implantées en territoire palestinien
Cette Conférence devrait tenter de rapprocher les points de vue des deux parties sur ces quatre questions fondamentales. Il s’agit bien de négociations, et donc chaque partie doit faire des concessions à l’autre. Les tuteurs de la Conférence devront user de tout leur poids pour obtenir des résultats concrets. Le moment est venu où les deux puissances mondiales (Etats-Unis et Union Européenne) doivent prendre leur responsabilité pour solutionner définitivement ce problème. Sinon, ce conflit va continuer à s’enliser, à entraîner des victimes innocentes de part et d’autre, à alimenter le terrorisme international, et à empoisonner les relations internationales.
LE CONFLIT ISRAELO-ARABE : LA FORCE N’EST PAS LA SOLUTION
04/09/2006
Israël nous a fait vivre un été sanglant. D’abord, l’agression contre Gaza, puis contre le Liban, sous prétexte de récupérer un soldat enlevé par le Hamas, et deux autres enlevés par le Hizbollah. Tout en étant aussi odieuse que celle de Gaza, l’agression israélienne contre le Liban a été encore plus abjecte. Pendant 34 jours, Israël a bombardé le Liban par air, mer et terre, causant 1300 morts, 45.000 blessés, 1 million de réfugiés et des pertes estimées à 6 Milliards de dollars. Ce qui a le plus ébranlé la conscience internationale, a été le bombardement systématique de cibles civiles, contrairement aux lois internationales de la guerre. Le dramatique bombardement de Cana a fait notamment de nombreuses victimes civiles, dont notamment des femmes et des enfants. Israël a en outre bombardé une centrale électrique, causant un grave préjudice à l’environnement, par le fait de la pollution par le pétrole de près de 140 kilomètres de côtes libanaises.
Tout cela, et pendant 34 jours, sans aucun réaction significative de la communauté internationale pour exiger un cessez-le-feu immédiat. Au contraire, les Etats-Unis d’Amérique ont empêché le vote de toute résolution du Conseil de sécurité de l’ONU favorable à l’arrêt de l’agression, en invoquant « le droit d’Israël à se défendre ». Finalement, Israël et son allié américain ont constaté qu’ils ne pourraient atteindre leurs objectifs : récupérer sans conditions les soldats israéliens enlevés, et désarmer le Hizbollah. Ce dernier, par une résistance farouche et inattendue, a tenu tête à l’Armada israélienne, et a continué à envoyer ses missiles sur le Nord d’Israël pendant toute la période des combats. Le Conseil de sécurité de l’ONU sur l’insistance de la France, et grâce à l’action résolue du Président Chirac, a finalement adopté la résolution 1701 du Conseil de sécurité, ordonnant le cessez-le-feu, et l’envoi d’une force d’interposition internationale de 15.000 casques bleus au Sud de Liban, en même temps que le déploiement dans la région du même nombre de soldats de l’armée libanaise.
Cette nouvelle guerre de Liban, montre à l’évidence que le conflit israélo-arabe ne peut être réglé par la force. La création de l’Etat d’Israël en 1948, sur une terre arabe, a été une erreur historique. Pendant plus d’un demi-siècle, six guerres ont opposé Israël aux pays Arabes, sans que le conflit s’apaise, entraînant des souffrances incommensurables de part et d’autre. La seule solution possible pour la résolution définitive de cette crise est la négociation entre Israël et les pays Arabes. Israël le sait bien : ce n’est qu’en négociant avec l’Egypte, et en lui rétrocédant le Sinaï, qu’elle a pu conclure un traité de paix le 26 Mars 1979 avec ce pays. La même approche a été utilisée avec la Jordanie, qui a également signé un traité de paix avec Israël le 25 Juillet 1994, contre la restitution par Israël de la zone Arava. Reste à résoudre trois problèmes : la Syrie, le Liban et la Palestine. Israël ne connaîtra la paix définitive qu’en résolvant ces trois questions.
Pour la Syrie, le problème est relativement simple, dans la mesure où ce dernier pays serait prêt à signer un traité de paix avec Israël, contre la restitution du Golan. De même qu’avec le Liban, le conflit territorial se limite à quelques fermes du Chebaa, qui pourra trouver facilement une solution.
Le conflit israélo-palestinien est certes plus complexe. Quatre questions sont à résoudre : la délimitation du territoire palestinien, le problème des réfugiés palestiniens, la question des colonies israéliennes en Cisjordanie, et le statut de Jérusalem. Certes ces questions sont difficiles, et les positions extrêmes de part et d’autre. En ce qui concerne le territoire palestinien, on sait que la position palestinienne est la restitution intégrale de la Cisjordanie, telle qu’elle existait avant la guerre de 1967. Israël veut grignoter sur ce territoire, en construisant le Mur, et en invoquant des raisons de sécurité. Pour ce qui est du problème des réfugiés, les palestiniens exigent le retour de tous les réfugiés palestiniens en terre d’Israël. Les israéliens refusent, en argumentant qu’un tel retour modifierait la composition ethnique de l’Etat d’Israël. Les palestiniens exigent d’autre part le démantèlement de toutes les colonies israéliennes installées en Cisjordanie. Enfin, Jérusalem est revendiquée comme capitale à la fois par Israël et par la Palestine.
La négociation doit permettre de trouver des compromis entre ces positions extrêmes. Il appartient évidement aux israéliens et palestiniens de négocier entre eux. On peut suggérer cependant ici quelques pistes. La négociation ne peut réussir que si les positions extrêmes soient éliminées. Les palestiniens ne peuvent faire disparaître Israël, qui est un fait incontournable actuellement. De même Israël ne doit plus rêver au « Grand Israël », qui est irréalisable dans les circonstances présentes. Un « package deal » doit être établi avec des concessions de part et d’autre. Les palestiniens pourraient par exemple accepter quelques légères modifications territoriales par rapport au statut de la Cisjordanie d’avant 1967. Pour les réfugiés, un quota à déterminer pourrait être autorisé à retourner en Israël, le reste des réfugiés pourraient recevoir une indemnisation, pour s’installer dans le nouvel Etat palestinien. Pour les colonies israéliennes installées en Cisjordanie, un certain nombre devrait être démantelé, mais liberté serait laissée aux colons israéliens, qui souhaiteraient rester sous l’autorité palestinienne. Enfin, on peut envisager un partage de Jérusalem, chaque partie pourrait y installer sa capitale, si elle le souhaite.
Pour que de telles solutions puissent être mises en application, et pour rétablir la confiance entre Israël et les pays Arabes, il faut une forte mobilisation de la communauté internationale. L’ONU, qui est l’instance naturelle pour la résolution de tels conflits, doit reprendre sérieusement le dossier, à l’occasion de sa prochaine Assemblée générale en Septembre prochain. Les pays Arabes, qui ont déjà exprimé leur position, lors du dernier Sommet de Beyrout, à savoir la reconnaissance d’Israël contre la restitution des territoires occupés en 1967, doivent donner la priorité à la recherche d’une solution. L’Europe et la Russie doivent peser de tout leur poids pour la résolution de ce conflit. La France et l’Espagne peuvent jouer un rôle de premier plan, étant donné les bonnes relations qu’elles entretiennent avec les pays Arabes et Israël. Enfin, les Etats-Unis d’Amérique ont tout intérêt à contribuer à trouver une solution au conflit israélo-arabe. La paix entre Israël et les pays Arabes réduirait la tension au Moyen-Orient, et permettrait de lutter plus efficacement contre le terrorisme international. Cela permettrait de neutraliser l’ambition hégémonique de l’Iran dans la région, et l’expansion des mouvements extrémistes dans le monde musulman.
En conclusion, on peut affirmer qu’il est temps de résoudre définitivement le conflit israélo-arabe, qui empoisonne les relations internationales depuis plus d’un demi-siècle. La résolution de ce conflit ne peut se faire par la force, elle ne peut l’être que par la négociation, sous l’égide de la communauté internationale. Cette négociation doit aboutir à la création d’un Etat palestinien viable, vivant côte à côte avec Israël, et par la signature de traités de paix entre Israël et les pays arabes voisins.
Il y a lieu de tout mettre en œuvre pour que lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU, il soit décidé la convocation dans les meilleurs délais d’une Conférence internationale sur la résolution du conflit israélo-arabe.
CRISE DRAMATIQUE EN PALESTINE
18/06/2007
La Palestine a connu ces derniers jours une situation dramatique. En effet, après les élections législatives de Janvier 2006 qui ont été remportées par le Hamas, il a été constitué en Février 2007 un gouvernement d’union nationale composé du Hamas et du Fatah. Depuis, les affrontements n’ont pas cessé entre les deux partis, malgré un plan de sécurité adopté en Avril 2007. Des heurts très violents se sont produits dans la bande de Gaza en Mai 2007. Enfin le 14 Juin dernier, le Hamas s’est emparé de la bande de Gaza, après des émeutes qui ont causé 110 morts et des centaines de blessés. Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité palestinienne a limogé le même jour le gouvernement d’union nationale, et décrété l’état d’urgence. Le 15 Juin 2007, Mahmoud Abbas a nommé Salam Fayad, premier ministre d’un gouvernement composé de 12 technocrates, n’appartenant ni au Hamas, ni au Fatah.
Pour la compréhension de cette série d’événements, il faut rappeler que Fatah est la composante modérée de l’Autorité palestinienne, qui a notamment reconnu l’Etat d’Israël, et qui est prête à entamer des négociations sur la base de l’instauration de deux Etats : Israël et l’Etat Palestinien. Par contre, le Hamas, mouvement plus radical n’a pas reconnu l’Etat d’Israël. La bande de Gaza, d’une superficie de 360 Km², et qui abrite 1,3 million d’habitants (densité la plus forte dans le monde), était administrée jusqu’à maintenant par l’Autorité palestinienne, après le retrait des colons israéliens en Août 2005. La bande de Gaza, région très pauvre (PIB par habitant de 600 $ et taux de chômage de 50%) est isolée, et séparée de la Cisjordanie par plusieurs dizaines de kilomètres en territoire israélien.
Les territoires sous Autorité palestinienne se trouvent donc dans une situation extraordinaire : la bande de Gaza est sous contrôle du Hamas, la Cisjordanie sous contrôle de Fatah. Le nouveau gouvernement désigné par Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité palestinienne, est composé exclusivement de technocrates, et n’est pas reconnu pas le Hamas. Sur le plan international, Israël et le Quartet (Etats-Unis, Russie, Union Européenne, ONU) ont manifesté leur soutien au nouveau gouvernement palestinien. La Ligue Arabe soutient également le nouveau gouvernement palestinien, mais sans condamner le Hamas.
Quelles pourraient être les conséquences de cette situation dramatique ?
Tout d’abord sur le plan humanitaire, la situation dans la bande de Gaza pourrait devenir explosive. En effet, Israël a fermé les postes d’accès avec la Cisjordanie, et a menacé d’interrompre les livraisons de carburants à la bande de Gaza, qui ne dispose ni de port, ni d’aéroport détruit antérieurement par Israël. L’ONU doit se saisir immédiatement de cette situation, et mettre en œuvre l’approvisionnement de la bande de Gaza en nourriture et carburants, pour éviter une catastrophe humanitaire dans cette région.
Sur le plan politique, la situation est très complexe. Le nouveau gouvernement palestinien n’a aucun moyen pour le moment d’exercer son autorité sur la bande de Gaza. Il est question que l’ONU y envoie une force d’interposition : ce qui parait extrêmement difficile à mettre en œuvre. Il est à craindre qu’on assiste à un découplage politique de la Palestine : Gaza sous l’autorité de Hamas, et la Cisjordanie sous l’autorité du nouveau gouvernement palestinien.
Comment sortir de cette impasse ?
La situation dramatique que vit actuellement tout le Moyen-Orient est le sous-produit de la création en 1948 en l’Etat d’Israël en terre arabe. Depuis cette date, la région a connu plusieurs guerres israélo-arabes, et des affrontements sanglants, qui n’ont pas cessé depuis un demi-siècle. L’existence de mouvements radicaux tels que le Hamas en Palestine, ou le Hisboullah au Liban, est due à l’intransigeance d’Israël, qui n’a jamais cherché à conclure une paix juste et durable avec les pays arabes voisins. La communauté internationale, et notamment l’Occident, est responsables de cette situation dramatique, dans la mesure où elle n’a jamais exercé une pression suffisante sur Israël pour l’amener à la table de négociations.
Pour sortir de l’impasse actuelle, Israël doit entamer immédiatement des négociations avec le nouveau gouvernement palestinien, et consentir à de larges concessions : libération des prisonniers palestiniens, retrait des colonies israéliennes de Cisjordanie, ouverture des postes d’accès entre Israël et la Cisjordanie, versement des droits de douane perçus pour le compte de l’Autorité palestinienne. La communauté internationale, et notamment l’Union européenne et les Etats-Unis, doivent lever l’embargo sur la Palestine, et rétablir l’aide financière qu’ils avaient interrompue lors de la constitution du gouvernement d’union nationale incluant le Hamas. Ce sont ces actes concrets qui rétabliront la confiance, et renforceront le nouveau gouvernement palestinien. Ce dernier pourrait alors exercer à nouveau son autorité sur la bande de Gaza, en procédant à des élections générales.
SITUATION EXPLOSIVE A GAZA
28/01/2008
Depuis le 17 Janvier 2008, la bande de Gaza vit une situation explosive suite au blocus israélien, marqué notamment pas l’arrêt de toute fourniture de carburants et de produits alimentaires. Pour bien comprendre la situation, il faut rappeler que la bande de Gaza a accueilli des milliers de réfugiés palestiniens après la fin de la guerre israélo-arabe de 1948. A partir de cette date, la bande de Gaza a été sous administration égyptienne jusqu’en 1967, où elle est passée sous contrôle israélien après la guerre des 6 jours. Israël y a installé 21 colonies, qu’elle a dû évacuer ainsi que son armée le 12 Septembre 2005. Administrée depuis par l’Autorité palestinienne, elle est passé sous contrôle du Hamas en Juin 2007.
Peuplée de 1,5 million d’habitants, la densité de la population y est très forte (3.800 habitants au km²), et les ressources naturelles rares. Les principales activités sont l’agriculture, le commerce, et les transferts des travailleurs gazaouis exerçant en Israël. Cependant, depuis la prise du contrôle par le Hamas en 2007, la frontière avec Israël est fermée, et le taux de chômage atteint plus de 60% de la population active. Sur le plan des communications, la bande de Gaza ne dispose ni de port, ni d’Aéroport, qui a été financé par l’Union européenne et détruit par Israël. Ses seuls points de sortie sont Erez vers Israël et Rafah vers l’Egypte, également fermé depuis Juin 2006.
Asphyxiés par le blocus israélien, qui est une mesure illégale de punition collective, manquant de tout, les habitants de Gaza n’avaient pour seule issue que de forcer la frontière avec l’Egypte. C’est ce qu’ils ont fait le 23 Janvier 2008, en détruisant à l’explosif le mur de séparation en béton, et en mettant à terre la clôture métallique. L’ONU estime à 700.000 le nombre de personnes qui ont traversé la frontière pour s’approvisionner en produits et articles de tous genres. Devant la crise humanitaire, et le risque d’une confrontation sanglante, le gouvernement égyptien a laissé faire, en tout cas jusqu’au 27 Janvier 2008.
Quelle analyse peut-on faire de cette situation déplorable, et comment s’en sortir ?
Cette crise de Gaza n’est que le sous-produit du conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus d’un demi-siècle, qui a mis sous tension permanente le Moyen-Orient, et qui empoisonne les relations internationales. Suite à l’horrible génocide qu’ont subi les juifs sous l’Allemagne nazie, ces derniers à juste titre ont aspiré à créer un foyer national pour y batir une patrie, qui regrouperait tous leurs coreligionnaires disséminés de part le monde. Cependant, c’est le choix de la Palestine pour y fonder un Etat qui pose problème. La Palestine à l’époque de la création de l’Etat d’Israël n’était pas une terre inoccupée (Terra nullius), elle était habitée par une population arabe, entourée d’Etats Arabes qui n’ont pas accepté l’intrusion israélienne.
Depuis 1948, le conflit israélo-arabe n’a cessé de provoquer des guerres, des conflits sanglants, des actes de terrorisme, des souffrances humanitaires incalculables. Des avancées ont été réalisées avec la conclusion de paix entre Israël, l’Egypte et la Jordanie. Reste la paix à conclure entre Israël et la Syrie, et la résolution du conflit israélo-palestinien. Un espoir est né avec la Conférence d’Annapolis du 20/11/2007, qui a tracé la voie de la création d’un Etat Palestinien d’ici fin 2008. Cependant, les négociations entre israéliens et palestiniens traînent. Israël persiste dans son aveuglement, appuyé sans conditions par les Etats-Unis, ce qui fait le jeu des extrémistes des deux bords. Il faut que la communauté internationale s’implique d’avantage pour obtenir des résultats concrets sur les problèmes de fond : frontières du futur Etat palestinien, problème des réfugiés, statut de Jérusalem, sort des colonies israéliennes en Cisjordanie, sans oublier le problème du plateau du Golan. Les Etats Arabes, l’Europe, et surtout les Etat Unis, qui ont une influence prépondérante dans la région du Moyen-Orient, ne doivent pas se contenter d’être des « observateurs », mais des « acteurs », prêts à aider par tous les moyens à trouver des solutions, en n’hésitant pas à faire pression sur l’une ou l’autre partie.
C’est par des résultats concrets et rapides dans les négociations israélo-palestiniennes, qu’une réconciliation pourra s’opérer entre l’Autorité palestinienne et le Hamas, qui est indispensable pour résoudre le problème de Gaza. La situation dans la bande de Gaza ne pourra pas être stabilisée sans une solution globale du conflit israélo-palestinien.
CARNAGE AU MOYEN-ORIENT : POUR UNE TRÊVE IMMÉDIATE ENTRE LE HAMAS ET ISRAËL
10/03/2008
A compter du 27 Février 2008, les violences se sont accélérées au Moyen-Orient. En effet, suite à des tirs de roquettes des Palestiniens dans le sud de son territoire, Israël a procédé par air et par terre, à de violentes attaques contre la bande de Gaza, occasionnant le massacre de 130 palestiniens dont des femmes, des enfants, et des bébés. Les attaques s’ajoutent au blocus de la bande de Gaza par Israël depuis le 17 janvier 2008, entraînant une situation déplorable pour les 1,5 millions de Gazaouis. En effet, plus de 80% de la population vit de l’aide alimentaire, et les pénuries de toutes sortes se font sentir, y compris pour le fonctionnement des hôpitaux. Par réaction à ces violences, un Palestinien a attaqué à l’arme automatique le 6 Mars 2008 une institution religieuse juive à Jérusalem tuant 8 élèves et en blessant 10 autres.
On ne peut que déplorer ces violences de part et d’autre, tout en soulignant l’action disproportionnée d’Israël tant à Gaza qu’en Cisjordanie. Ces violences durent malheureusement depuis un demi-siècle, depuis qu’a été commise l’erreur historique, soutenue par l’Occident (Europe + Etats-Unis) d’installer en 1948 l’Etat d’Israël en terre arabe. Aucune solution militaire ne peut résoudre le problème israélo-palestinien. Seules des négociations politiques sérieuses peuvent conduire cette région sur le chemin de la paix.
Aussi, faudrait-il par l’intermédiaire de l’Egypte, qui entretient des relations tant avec le Hamas qu’avec Israël, annoncer une trêve immédiate d’ici à la fin de l’année 2008. Cette trêve reposerait sur l’arrêt immédiat des violences, aussi bien les tirs de roquettes sur le sud d’Israël, que les agressions israéliennes à Gaza et en Cisjordanie. Cette trêve devrait également permettre de lever le blocus de Gaza, afin de permettre à la population de vivre normalement.
L’ONU et la communauté internationale devraient se mobiliser pour la conclusion le plus rapidement de cette trêve. Mais au-delà de cette trêve, les grandes puissances (Etats-Unis et Europe) ne devraient pas seulement condamner ces violences de part et d’autre, mais faire pression sur Israël pour accélérer les négociations avec l’Autorité palestinienne. Car c’est là le nœud du problème. C’est en obtenant des résultats concrets pour l’instauration d’un Etat palestinien, que Mahmoud Abbes pourra se réconcilier avec le Hamas, et conclure une paix définitive avec Israël.
Devant la situation dramatique du Moyen-Orient, où chaque jour on déplore des pertes civiles innocentes, la responsabilité de la communauté internationale est engagée. Cette dernière ne doit plus se contenter de condamner les violences, mais d’agir concrètement pour y remédier.
CESSEZ-LE-FEU A GAZA : UNE GUERRE HORRIBLE ET INUTILE
23/01/2009
Vingt deux jours après avoir déclenché son agression sauvage à Gaza, Israël a décidé au soir du 17 Janvier 2009, un cessez-le-feu unilatéral. Le bilan de l’agression israélienne est horrible : 1300 morts dont 410 enfants et 108 femmes. Véritable « bourreau d’enfants » Israël a causé des blessures également à 5.300 personnes. Les bombardements aériens et terrestres israéliens n’ont épargné ni la complexe de l’UNRWA (Agence de l’ONU aux réfugiés palestiniens), ni les hôpitaux, ni les écoles, ni les médias. Les dégâts de la guerre à Gaza sont estimés à 1,4 milliards de dollars. Les attaques israéliennes ont détruit 4.000 immeubles et endommagé 20.000 autres. La quasi-totalité des infrastructures ont été détruites : routes, ponts, lignes électriques, conduites d’eau et de gaz. Enfin, un million d’habitants vivent sans électricité et 750.000 sans eau, et les pertes civiles sont estimées à 65% du total des victimes.
Au-delà du problème de Gaza, pour que la paix s’établisse définitivement au Proche-Orient, Israël doit négocier sérieusement la paix avec les Palestiniens et la Syrie. La paix ne pourra s’établir durablement sans concessions territoriales d’Israël. Ce dernier doit rendre le Golan à la Syrie, et négocier avec les Palestiniens les quatre points majeurs du conflit : la délimitation territoriale du futur Etat palestinien, le statut de Jérusalem, le problème des colonies israéliennes installées en Cisjordanie, le droit au retour des Palestiniens. D’ailleurs, c’est en rendant le Sinaï à l’Egypte, qu’Israël a pu conclure la paix avec ce pays. Israël prend prétexte des extrémistes palestiniens, soutenus par l’Iran pour ne rien faire. Or c’est justement en faisant des concessions sérieuses aux Palestiniens modérés, qu’elle permettra de neutraliser les extrémistes palestiniens. La négociation sera difficile, mais des solutions sont possibles s’il y a une réelle volonté d’aboutir des deux parties. Les pays Arabes l’ont annoncé plusieurs fois : ils sont prêts à reconnaitre Israël s’il se retire des territoires arabes occupés en 1967.
L’Europe dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée peut jouer un rôle déterminant dans la solution du conflit israélo-arabe, mais en s’y appliquant vigoureusement. Les pays Arabes de leur côté doivent se réconcilier entre eux, et réconcilier le Hamas et le Fatah. Quant aux Etats-Unis d’Amérique, l’accession à la présidence de Barack Obama le 20 Janvier 2009 ouvre de nouveaux espoirs. N-a-t-il pas déclaré « Notre puissance ne nous autorise pas à faire ce qui nous plait » ou encore « Les générations précédentes n’ont pas gagné seulement avec des missiles et des chars, mais avec leur conviction à toute épreuve ». Obama a promis également d’engager un dialogue avec le monde musulman dans un esprit de respect. Dès le premier jour de son investiture, le Président Obama a pris contact avec les dirigeants du Moyen-Orient, et nommé George Mitchell en tant que Conseiller spécial du Président pour le Proche-Orient. George Mitchell est considéré comme le meilleur spécialiste américain de la gestion des conflits. Ancien leader de la majorité démocrate au Sénat, George Mitchell avait rédigé du temps du gouvernement Sharon un rapport sur le Moyen-Orient, où il avait préconisé la création de deux Etats israélien et palestinien et le retrait israélien de Cisjordanie et de Gaza.
Pour la résolution définitive de problèmes israélo-arabe il y a lieu, comme l’a proposé le Président Sarkozy au Sommet de Charm-Cheikh du 18 Janvier 2009, de convoquer une Conférence Internationale dans les meilleurs délais, où la communauté internationale doit peser de tout son poids sur les deux parties pour mettre fin à ce drame à répétitions.
AGRESSION ISRAELIENNE A GAZA : LETTRE OUVERTE A CHRISTOPHE BARBIER, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DE L’EXPRESS
29/01/2009
Fidèle lecteur de l’Express, j’ai été choqué par votre éditorial paru dans le numéro 3002 du 15 au 21 Janvier 2009, concernant l’agression israélienne à Gaza. Vous qualifiez cette agression de « Guerre juste » et qu’ « Israël a raison de mener cette guerre, et il le fait aussi pour notre tranquillité ». Peut-on parler d’une guerre juste alors qu’une armée sophistiquée s’est attaquée à une population civile sans défense, tuant 1.330 personnes dont 110 femmes et 437 enfants, et en blessant 5.450 autres. Israël n’a respecté ni les écoles, ni les hôpitaux, ni les institutions d’aide de l’ONU, visant même les ambulances transportant des morts et des blessés. Les attaques israéliennes ont détruit 4.000 immeubles et endommagé 20.000 autres, avec la quasi-disparition totale des infrastructures. Un million de Palestiniens vivent à Gaza sans électricité, 750.000 sans eau, et 80.000 sans abri. Richard Falk, rapporteur spécial de l’ONU a déclaré « Les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont eu un caractère sans aucun doute inhumain, qui évoque le spectacle de crimes de guerre systématiques ». Cobb-Smith, un expert britannique en armement, a également qualifié l’agression israélienne à Gaza de « crime de guerre » du fait de l’utilisation de bombes au phosphore, interdites dans les zones peuplées de civils par la Convention Internationale sur les armes civiles de 1980. Simon Levy, Vice-Président de la Communauté juive au Maroc a déclaré de son côté « C’est une guerre horrible, inutile et contre-productive ». La compassion doit être des deux côtés, mais la disproportion est énorme entre les pertes palestiniennes, et les pertes israéliennes évaluées à une dizaine de morts et de blessés, et à quelques maisons endommagées dans le sud d’Israël. Est-ce cela une guerre juste ?
Pour étayer votre argumentation, vous affirmez que le Hamas est un mouvement terroriste. Or c’est un mouvement qui a été élu démocratiquement, et qui exerce la résistance à l’occupation du territoire par une puissance étrangère. Les occupants allemands de la France, pendant la seconde guerre mondiale, qualifiaient également les résistants français de terroristes. La preuve de sa légitimité est que malgré l’agression israélienne sauvage sur Gaza, le Hamas est toujours en place et s’est même renforcé. Certes, c’est un mouvement radical, mais la faute incombe largement à Israël et à l’Occident. En effet, pendant soixante ans, Israël n’a fait aucune concession aux Palestiniens modérés pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Au contraire, Israël a construit le mur de séparation, et établi de nouvelles colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. L’Occident a également une grande responsabilité, dans la mesure où il n’a jamais fait une pression suffisante sur Israël pour trouver une solution. Les Etats-Unis ont toujours soutenu d’une façon inconditionnelle Israël, dans toutes ses initiatives mêmes les plus aventureuses. Sharon avait déclaré en 2001 : « Nous contrôlons l’Amérique, et les Américains le savent ». Israël trouve prétexte de la radicalité du Hamas et du soutien qui lui est apporté par la Syrie et l’Iran pour ne rien faire. Or le meilleur moyen de neutraliser le Hamas, est de faire des concessions importantes au Fatah.
Vous affirmez ensuite qu’Israël agit pour nous. C’est encore une erreur, dans la mesure où l’agression israélienne à Gaza a au contraire renforcé le Hamas et les mouvements islamistes dans les pays Arabes et musulmans. La transmission pendant vingt et un jours par toutes les télévisions du monde de scènes horribles, où des femmes et des enfants étaient tués et blessés, a exacerbé l’opinion arabe et musulmane. L’agression israélienne sur Gaza a été le meilleur moyen d’accentuer la haine contre Israël et l’Occident, et a dû faire naitre des vocations de futures kamikazes.
Vous terminez votre éditorial en indiquant que le monde doit intervenir, et que la solution du conflit israélo-palestinien est politique. Là, je suis d’accord avec vous, dans la mesure où la communauté internationale doit intervenir, car Israéliens et Palestiniens ne trouveront pas tous seuls une solution. Et c’est vrai que la solution est éminemment politique. Il faut rappeler que l’Etat Israël a été instauré en 1948 par la force sur une terre arabe. Les Arabes n’ont jamais accepté, de leur plein gré, ce corps étranger au milieu d’eux. Plusieurs guerres ont eu lieu depuis entre les pays Arabes et Israël, qui n’ont rien réglé. Israël doit comprendre que pour vivre, il doit faire la paix avec ses voisins. Israël a déjà fait la paix avec la Jordanie et avec l’Egypte en lui rétrocédant le Sinaï. Pour faire la paix avec la Syrie, Israël doit lui rétrocéder le Golan. La paix avec les Palestiniens est plus difficile à réaliser, car on a laissé pendant soixante années la situation se compliquer et s’envenimer. Mais elle est possible, s’il y a une réelle volonté des deux parties, et si la pression de la communauté internationale est forte, notamment celle des Etats-Unis avec le nouveau Président Obama. Quatre problèmes sont à résoudre : la délimitation du territoire du futur Etat palestinien, le statut de Jérusalem, les colonies israéliennes installées en Cisjordanie, et le problème du retour des réfugiés. Il est nécessaire que les deux parties fassent des concessions réciproques sur ces quatre questions, sinon le processus de paix ne pourra pas aboutir. Des résultats concrets de la négociation peuvent favoriser la réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Il faut aussi espérer que le Likoud ne gagne pas les prochaines élections législatives en Israël en Février prochain. Ce parti est connu pour son intransigeance concernant le règlement du conflit israélo-palestinien.
Je veux terminer cette lettre par l’espoir qu’enfin ce problème israélo-arabe soit réglé, pour la paix et la prospérité dans cette région. Je ne suis pas d’accord avec vous sur le thème intégriste que vous soutenez en indiquant « Parce qu’il est question de religion, la réconciliation n’adviendra jamais ». L’homme a été heureusement doté de raison, et la raison peut transcender la religion. Aussi, je caresse l’espoir de voir un jour Arabes et Israéliens vivre en paix, et œuvrer ensemble pour le développement économique et social de leur population.
Connaissant l’esprit démocratique qui a toujours prévalu à l’Express, je vous prie de publier cette lettre dans son intégralité et en bonne place, afin de donner à vos lecteurs un point de vue différent sur cette grande question du Moyen-Orient. Je garde, et beaucoup de marocains également, le souvenir de l’Express des années 50 et 60, qui avait sous l’impulsion de son fondateur Jean-Jacques Servan Schreiber, défendu avec courage la cause de la décolonisation en Indochine et en Algérie.
APPEL OUVERT AUX ÉLECTEURS ISRAÉLIENS
06/02/2009
Citoyens israéliens, vous allez participer le 10 Février 2009 aux élections législatives de votre pays. Ces élections vont être importantes parce qu’elles vont déterminer l’avenir d’Israël et de la région du Moyen-Orient. Réfléchissez bien avant de déterminer la nature de votre vote. Vous avez connu depuis l’instauration de l’Etat d’Israël en 1948 plusieurs guerres qui n’ont rien résolu. Vous ne pouvez vivre éternellement en conflit avec vos voisins Arabes qui vous entourent. Trop de drames, de souffrances et de sang a été versé des deux côtés. N’avez vous pas assez de cette situation lamentable ? Ne pensez pas que le temps est venu d’en sortir définitivement pour vous et vos enfants ?
Vous avez déjà réalisé la paix avec l’Egypte en lui restituant le Sinaï, et avec la Jordanie avec laquelle vous avez établi des relations diplomatiques. Il vous reste à régler le conflit avec la Syrie et les Palestiniens. Avec la Syrie, vous le savez bien, aucune paix ne peut être établie avec ce pays sans la rétrocession du Golan. Avec les Palestiniens, il faut négocier les quatre problèmes majeurs : limitation du futur territoire palestinien, statut de Jérusalem-Est, problème du retour des réfugiés, et celui des colonies israéliennes installées en Cisjordanie. Avec de la bonne volonté de part et d’autre, ces problèmes peuvent trouver une solution. Les Etats Arabes l’ont maintes fois déclaré. Ils sont prêts à reconnaître Israël dès lors que les territoires occupés en 1967 seront restitués. Certes, des mouvements radicaux existent des deux côtés, mais le meilleur moyen de les neutraliser est d’avancer vers une solution de paix juste et équitable. Votre sécurité sera mieux assurée en signant des traités de paix avec vos voisins, qu’en entreprennent de nouvelles guerres entraînant de nouveaux drames.
Pour revenir aux élections législatives du 10 Février prochain, vous avez l’option entre deux grands choix. Le premier est celui de la modération, avec des chances de parvenir à moyen terme à une paix durable avec vos voisins. Il est représenté par le parti Kadima, qui a commis cependant la grave erreur de déclencher la dernière agression contre Gaza. Cette opération qui a causé des milliers de morts et de blessés palestiniens, sans commune mesure avec les pertes israéliennes, n’a rien réglé, et a au contraire renforcé les mouvements radicaux palestiniens. Il est certain que si vous accordez un vote massif en faveur de Kadima, vous avez lui permettre d’avancer plus hardiment dans la voie de la paix.
Le deuxième choix est celui du Likoud. Ce parti vous propose de « terminer le travail à Gaza », c’est à dire de continuer à tuer et à blesser des personnes innocentes, dont des femmes et des enfants. Il vous propose de ne faire aucune concession territoriale, ni à Jérusalem-Est, ni au Golan, ni en Cisjordanie. Il vous propose en fait de continuer la politique de la droite israélienne, qui pendant soixante ans a refusé toute concession, et qui a mené le conflit israélo-arabe dans l’impasse. En faisant ce deuxième choix, soyez persuadés que votre sécurité ne sera pas mieux assurée. Soyez persuadés que les larmes et le sang continueront à se déverser dans votre région pendant encore de nombreuses années.
La situation internationale est actuellement favorable à un règlement de paix au Moyen-Orient. L’élection d’Obama à la présidence des Etats-Unis a fait naitre beaucoup d’espoir. Il pourra jouer un rôle important d’intermédiaire entre les parties, car il est plus crédible que le précédent président américain. L’Europe de son côté, manifeste de plus en plus son intérêt pour la région du Moyen-Orient, et peut jouer un rôle de facilitateur dans les négociations. Les autres continents, Afrique et Asie, ne pourront que se réjouir d’une solution de paix dans cette région troublée depuis plus d’un demi-siècle.
Vous vivez dans un pays démocratique, et c’est votre vote qui déterminera la composition et la politique de votre futur gouvernement. L’avenir de la paix est entre vos mains.
LE CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN :LA DÉSINVOLTURE DE NETANYAHU
03/06/2009
Le conflit israélo-palestinien qui dure depuis un demi-siècle n’est pas près à se résoudre. La désignation récente de Netanyahu en tant que Premier ministre appuyé par la droite et l’extrême droite, marque un raidissement du gouvernement israélien concernant le conflit israélo-palestinien. C’est ainsi que Netanyahu « Sûr de lui et dominateur » selon l’expression fameuse du Général de Gaulle, refuse la création d’un Etat palestinien, n’est pas d’accord pour le gel des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem, écarte le droit de retour en Israël des réfugiés palestiniens, et a déclaré le 21 Mai dernier que « Jérusalem et la capitale d’Israël, l’a toujours été, et le restera pour toujours ». Il considère que la priorité pour Israël est la menace que constitue l’Iran, du fait de sa volonté de se doter de l’arme nucléaire, et que le problème palestinien est secondaire, et trouvera une solution plus économique que politique.
Cette position intransigeante est loin d’être partagée par la communauté internationale, lassée par la durée interminable de ce conflit, et notamment par le principal allié d’Israël, les Etats-Unis, suite à l’élection du Président Barack Obama. Ce dernier considère en effet que la résolution du conflit israélo–palestinien est dans l’intérêt national des Etats-Unis. Selon lui, la solution passe par la création d’un Etat palestinien vivant côte à côte avec Israël, et par l’arrêt immédiat des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem. Cette volonté du gouvernement américain a été exprimée par Obama le 18 Mai 2009 à Netanyahu lorsqu’il l’a reçu au bureau ovale, et confirmé à Mohamed Abbas le 28 Mai dans le même bureau. La Secrétaire d’Etat Hillary Clinton a encore été plus explicite le 27 Mai en déclarant « Le Président veut voir un arrêt des colonies, pas certaines colonies, pas les implantations sauvages, pas d’exceptions pour la croissance naturelle ». Rappelons que le nombre de colonies qui était de 61.000 sous Jimmy Carter en 1980, est passé à 105.000 sous Ronald Reagan en 1982, et est actuellement près de 500.000 dont 300.000 en Cisjordanie et 200.000 dans la périphérie de Jérusalem.
C’est la première fois dans l’histoire des Etats-Unis que les intérêts de l’Amérique ne sont pas concordants avec ceux d’Israël. Ce dernier pays n’est plus considéré par l’Administration d’Obama comme le seul allié stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient. La stratégie de Netanyahu consiste à affaiblir en premier lieu l’Iran, par une frappe militaire si possible, ce qui affaiblirait en conséquence ses deux alliés au Moyen-Orient : le Hamas en Palestine et le Hizollah au Liban. Obama pense au contraire, qu’en résolvant le problème palestinien et en instaurant la paix au Moyen-Orient, il couperait l’herbe sous les pieds de l’Iran, qui n’aurait plus d’influence sur les peuples des pays Arabes voisins. Pour arriver à son but, Obama ne veut pas s’installer comme ses prédécesseurs dans un processus incertain de paix, mais veut faire conclure la paix tout court. C’est pour cela qu’il veut s’appuyer sur la proposition lancée par l’Arabie Saoudite en 2002 dans le cadre de la Ligue Arabe, proposant à Israël une reconnaissance de tous les Etats-Arabes, moyennant la restitution des territoires arabes occupés par Israël en 1967. Dans ce sens, il va rencontrer le Roi Abdallah à Ryad avant de prononcer un important discours le 4 Juin prochain à l’Université du Caire destiné au monde arabe et musulman.
On ne peut que saluer la démarche courageuse du Président Obama, qui constitue une rupture de la politique américaine dans la région du Moyen-Orient. Certes, le lobby pro-israélien à Washington va exercer toutes sortes de pressions pour contrecarrer l’action du Président américain. C’est pour cela que la communauté internationale, notamment l’Europe et les pays Arabes, doivent se mobiliser pour soutenir l’action du Président américain. C’est véritablement la seule chance pour que le conflit israélo-palestinien puisse trouver une solution. Cette solution doit être trouvée pendant le mandat du Président Obama, c'est-à-dire avant fin 2012, car il n’est pas sûr qu’Obama soit réélu, et rien ne peut présager de la position future du successeur d’Obama dans le conflit israélo-palestinien.
Pour infléchir la position du gouvernement Netanyahu, ou précipiter sa chute, il faut passer à des actes concrets, et non plus se contenter de vaines paroles. Les Etats-Unis doivent mettre en cause leur aide politique, financière et militaire massive, accordée à Israël. L’Union européenne doit prendre des mesures économiques de rétorsion dans le cadre du Traité d’Association qui la lie à Israël, et refuser tout progrès dans le statut avancé qui lui est demandé par l’Etat hébreu. Les pays Arabes doivent unir leur rang, et proclamer solennellement qu’ils ne recherchent pas la destruction d’Israël, mais la création d’un Etat Palestinien vivant coté à coté avec Israël dans la paix et la sécurité. Ils doivent confirmer leur engagement de reconnaître Israël, en échange de la restitution des territoires arabes occupés en 1967, et prendre leur distance vis-à-vis des positions extrêmes de l’Iran. Le Fatah et le Hamas doivent également se réconcilier pour offrir un front Palestinien uni.
En conclusion, jamais depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, une chance aussi grande est apparue pour résoudre définitivement le conflit israélo-palestinien. Tous les pays épris de paix et de justice doivent se mobiliser pour apporter leur soutien indéfectible à l’initiative courageuse du Président Obama.
PREMIER ANNIVERSAIRE DE L’AGRESSION ISRAÉLIENNE CONTRE GAZA : UN AVENIR SOMBRE
29/12/2009
C’est en effet le 27 Décembre 2008, il y a tout juste un an, qu’Israël a débuté son opération militaire barbare contre la bande de Gaza, intitulée « Plomb durci ». Cette opération a duré trois longues semaines contre des civils désarmés. Le bilan est effrayant : 1400 victimes palestiniennes dont en majorité des femmes et des enfants, contre 13 victimes israéliennes. L’opération a entraîné des destructions massives de maisons, d’infrastructures dont des hôpitaux et des écoles, pratiquement la quasi-totalité des services publics. La réaction de la communauté internationale devant cette agression injuste fût molle. Le Président tchèque du Conseil européen a eu l’outrecuidance de la qualifier « d’acte de légitime défense ». Le Président Bush alors en fonctions, l’a également justifié en laissant le massacre perdurer. Les pays Arabes divisés, n’ont pas pu agir efficacement, et ont démontré à nouveau leur impuissance. Ce n’est que le 18 Janvier 2009 que l’ONU a pu stopper l’opération. Le rapport d’enquête de l’ONU sur l’opération « Plomb durci » a accusé Israël de crime de guerre. Mais l’éventualité de poursuites judiciaires contre l’Etat hébreu devant la Cour pénale internationale n’a que peu de chances d’aboutir.
Cette opération n’a eu aucun résultat concret sur la résolution du conflit israélo-palestinien, puisque le statu-quo ante demeure. De plus, malgré les promesses de la communauté internationale, le blocus israélien est maintenu contre la bande Gaza, empêchant toute reconstruction. A titre d’illustration, au cours de toute l’année dernière, seuls 41 camions contenant des matériaux de construction ont été autorisés à pénétrer à Gaza, alors qu’il faudrait des milliers pour reconstruire les villes et les villages. Cette situation ne permet pas la reprise normale des activités économiques, ce qui fait que 80% de la population de la bande de Gaza dépend de l’aide internationale. En fait, le blocus de Gaza par Israël a débuté dès Juin 2007 après le succès du Hamas aux élections palestiniennes. Depuis, les coupures d’eau, de gaz et d’électricité sont fréquentes, et rendent la vie quotidienne insupportable. Pour couronner le tout, l’Egypte vient de décider de construire une barrière souterraine d’acier longue de 10 Km avec une profondeur de 30 mètres sous terre. Cette barrière qui longe le terminal de Rafah a pour but d’empêcher tout passage de marchandises par les tunnels entre l’Egypte et la Bande de Gaza. Elle a pour but d’étrangler un peu plus le ravitaillent des habitants de Gaza qui sont au nombre d’un million et demi. Enfin un convoi d’aide à Gaza, initié par le député britannique George Golloway a vu son entrée refusée par les autorités égyptiennes par le part de Nouiba (Mer rouge) permettant un accès rapide vers la bande de Gaza. Ce convoi composé de 250 camions financés par des européens, des turcs et des arabes, est pourtant purement humanitaire puisqu’il ne contient que de la nourriture et du matériel médical.
L’avenir du conflit israélo-palestinien est sombre. Suite à l’agression israélienne contre Gaza, les élections législatives en Israël ont porté au pouvoir le 10 Février 2009 Benjamin Netanyahu, qui a constitué un gouvernement composé de la droite, du centre-gauche, et de l’extrême droite. Le centre, du parti Kalima, a refusé de participer à ce gouvernement. Aux affaires étrangères a été désigné l’ultra-nationaliste Avigdor Liberman. Ce résultat des élections traduit un sentiment de peur de l’électorat israélien, qui a préféré donner le pouvoir à la droite et à l’extrême droite. Comme on pouvait s’y attendre, le gouvernement Netanyahu a été encore plus intransigeant que les précédents. Malgré la pression du Président Obama, le gouvernement Israélien a refusé le gel de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem. Il a entrepris une véritable judaïsation de la partie Est de Jérusalem. Il affirme que cette ville est la capitale indivisible de l’Etat hébreu. La semaine dernière, Netanyahu a proposé sans succès au parti Kalima d’entrer dans le gouvernement.
Quant aux Palestiniens, la situation n’est guère meilleure. Le pays est toujours divisé entre la Cisjordanie gouvernée par le Fatah, et la Bande de Gaza gouvernée par le Hamas. Les tentatives de réconciliation entre les deux parties sous l’égide de l’Egypte n’ont encore rien donné. Devant l’intransigeance israélienne quant au gel de la colonisation, Mahmoud Abbas a suspendu les négociations de paix avec Israël. Il a prévu l’élection présidentielle palestinienne en Janvier 2010, mais qui sera reportée du fait du refus du Hamas d’organiser le scrutin dans la Bande de Gaza. Mahmoud Abbas a même annoncé qu’il ne se représenterait pas à la prochaine élection présidentielle.
Le conflit israélo-arabe qui dure depuis plus d’un demi-siècle n’est pas prêt d’être résolu. La responsabilité première est celle d’Israël, qui refuse le principe de l’échange de la paix contre la cession des territoires arabes occupés en 1967. Israël a pourtant appliqué ce principe avec l’Egypte en cédant le Sinaï. Elle pourrait obtenir également la paix avec la Syrie et l’Autorité palestinienne en cédant le Golan et la Cisjordanie. La responsabilité de la situation actuelle est aussi celle de l’Occident, et notamment des Etats-Unis, qui ont dans le passé soutenu aveuglement l’Etat d’Israël dans toutes ses initiatives, notamment la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem. L’intransigeance d’Israël a été la cause de la montée de l’extrémisme aussi bien en Palestine avec le Hamas qu’au Liban avec le Hizbollah. Aucune concession majeure n’a été consentie à Mahmoud Abbas pour lui permettre de lutter contre les extrémistes, et contrôler la situation. La seule solution possible est la reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens avec le gel de la colonisation, et des avancées sur les autres questions majeures : délimitation du territoire du futur Etat palestinien, statut de Jérusalem, problème des réfugiés. Pour cela les Etats-Unis et l’Europe doivent redoubler leur pression sur le gouvernement israélien. Les pays Arabes doivent reformuler leur proposition de paix avec Israël en échange des terres arabes occupées depuis 1967. Il est nécessaire de convaincre le peuple israélien de la volonté de paix des pays Arabes, afin d’éliminer le sentiment de peur qui le pousse à voter en faveur de la droite et l’extrême droite. Il faut enfin que la Ligue Arabe soit plus dynamique sur ce dossier, et tente de réconcilier le Fatah et le Hamas.
Puisse 2010 ramener enfin la paix dans cette région.
LE SOMMET ISRAELO-PALESTINIEN DE WASHINGTON : QUELLES CHANCES DE SUCCÈS ?
09/09/2010
Les efforts du Président Barack Obama ont finalement abouti à l’organisation d’un Sommet le 2 Septembre 2010 à Washington pour la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. Ont participé à ce Sommet outre le Président américain, le Premier ministre Benyamin Netanyahu, le Président palestinien Mahmoud Abbas ainsi que le Président d’Egypte et le Roi de Jordanie. On peut remarquer l’absence de l’Union européenne, qui n’est représentée que par Tony Blair dans le cadre du Quartette : Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU.
Ce n’est pas la première fois qu’Israéliens et Palestiniens se rencontrent pour négocier dans le conflit que les oppose depuis soixante ans. En effet dès 1993, l’Accord d’Oslo a permis la création de l’Autorité Palestinienne chargée d’administrer la Cisjordanie et la bande de Gaza dans le cadre d’une autonomie limitée. S’en est suivi en 1997 l’Accord d’Hebron qui a prévu le retrait des forces israéliennes de cette ville. Le Mémorandum de Wye River a donné lieu à un redéploiement des forces israéliennes et à la fixation d’un accord définitif en 1999. En 2000, le Sommet de Camp David a échoué du fait principalement de l’absence d’un accord sur le statut de Jérusalem. Le Quartette a émis en 2003 une Feuille de route recommandant l’arrêt de la violence par les Palestiniens, et la fin de la colonisation juive dans les territoires occupés. La Conférence d’Annapolis de 2007 n’a pas donné de résultats concrets. Enfin toute négociation entre Israéliens et Palestiniens a été interrompue après l’agression israélienne sur Gaza pendant l’hiver 2008-2009. Dès son accession à la présidence américaine, le Président Barack Obama, a mis la résolution du conflit israélo-palestinien parmi ses priorités. Il a nommé Georges Mitchell comme son envoyé spécial au Moyen-Orient. Ce diplomate chevronné n’a cessé depuis sa nomination à faire la navette entre les dirigeants israéliens et palestiniens, afin de les amener à reprendre les négociations directes.
Quelles sont les chances de succès du Sommet de Washington ?
Les Américains ont prévu un délai d’un an pour parvenir à un accord définitif. Après le Sommet de Washington, une nouvelle réunion est prévue les 14 et 15 Septembre 2010 à Charm El Cheikh en Egypte. Le Président Abbas et le Premier ministre Netanyahu ont prévu de se rencontrer par la suite tous les quinze jours pour faire le point des négociations. Il faut dire que les obstacles sont très importants. Durant les soixante dernières années du conflit israélo-palestinien, les problèmes se sont accumulés et sont devenus de plus en plus complexes. Le premier problème à résoudre est celui des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En effet après la Guerre des six jours en 1967, Israël a occupé le Sinaï, la bande de Gaza, Jérusalem-Est et le plateau du Golan. Si les problèmes de Sinaï et de la bande de Gaza ont été résolus en 1979 et en 2005, la Cisjordanie et Jérusalem-Est continuent d’être parsemés de nombreuses colonies Israéliennes. Certes, le gouvernement israélien a prononcé un moratoire pour de nouvelles implantations jusqu’au 26 Septembre 2010, mais n’a pris aucun engagement au-delà de cette date. Le Président Mahmoud Abbas a répété à plusieurs reprises que si Israël reprend la colonisation après le 26 Septembre 2010, les Palestiniens se retireront des négociations. Déjà Ce premier obstacle risque de faire capoter les pourparlers.
Le deuxième problème très sensible est celui du statut de Jérusalem. Après l’occupation de cette dernière ville par Israël en 1967, le Parlement Israélien l’a érigé en 1980 en « capitale éternelle de l’Etat juif ». Les Palestiniens de son côté veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat. Une autre question importante à résoudre est celle du contrôle de lieux saints chrétiens, musulmans et juifs. Non moins important est le problème des réfugiés palestiniens qui sont au nombre de quatre à cinq millions. En effet, suite à la guerre israélo-arabe de 1949 et aux autres guerres qui ont suivi, les Palestiniens ont dû s’exiler de leur terre natale vers principalement les pays arabes voisins : Liban, Jordanie, Syrie. La Résistance palestinienne n’a cessé durant les soixante dernières années à réclamer le droit au retour de ces exilés vers leur patrie d’origine. Netanyahou de son côté veut que les Palestiniens reconnaissent Israël comme « Etat-nation du peuple juif », d’où le refus du retour massif des réfugiés palestiniens en Israël. Le quatrième problème et non des moindres est la délimitation des frontières du futur Etat palestinien. Le Président Mahmoud Abbas demande la constitution d’un Etat palestinien viable sur la base des frontières d’avant 1967. Israël du fait des importantes colonies juives (230.000 en Cisjordanie) et pour des raisons de sécurité, souhaite une rectification des frontières de 1967, d’autant plus qu’il a construit un mur de protection qui empiète sur le territoire palestinien.
Comme on le voit les obstacles sont nombreux, auxquels il faut ajouter les extrémistes des deux bords : l’extrême-droite israélienne qui fait partie du gouvernement Netanyahu, et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, et qui ne reconnaît pas Israël. C’est pourquoi on ne peut écarter un certain scepticisme quant à des résultats concrets d’ici une année. Aussi, faut-il une pression très forte de la communauté internationale sur les deux parties pour les amener à faire des concessions. La clé de ces négociations est entre les mains des Etats-Unis, qui seuls ont les moyens de faire pression sur Israël pour l’amener à faire des concessions. Si les Etats-Unis se contentent d’un rôle d’observateur, les négociations seront vouées à l’échec. L’Union européenne peut également jouer un certain rôle, bien qu’elle ait été écartée en ce début des négociations. Le prochain Sommet de l’Union pour la Méditerranée en Novembre 2010 à Barcelone pourrait être l’occasion de s’impliquer davantage dans la résolution du problème israélo-palestinien. On peut recommander également qu’à l’issue des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens, une Conférence internationale sous l’égide des Etats-Unis et du Quartette puisse se réunir, pour apporter un point final aux négociations et contribuer à solutionner les questions non résolues.
ISRAËL HORS-LA-LOI : POUR UNE RECONNAISSANCE DE L’ETAT PALESTINIEN PAR L’ONU
12/07/2011
Le conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus d’un demi-siècle n’est pas prêt de finir. Le Premier ministre israélien Netanyahu depuis sa prise de fonctions le 1er Avril 2009, ne cherche pas la paix avec son voisin la Palestine, et multiple les provocations.
Israël de plus en plus apparaît comme un Etat hors-la-Loi. Sa création déjà en 1948 est illégale, puisqu’il s’est accaparé par la force d’une terre qui ne lui appartenait pas, poussant des millions de palestiniens à émigrer dans des conditions lamentables. Depuis, Israël n’a jamais respecté les résolutions de l’ONU appelant à une paix équitable dans la région. Plus récemment le 9 Juillet 2004, la Cour Internationale de Justice a jugé illégal le « Mur » de séparation construit par Israël en Cisjordanie. En Juin 2007, Israël a instauré un blocus draconien de la Bande de Gaza, et empêche toute personne d’y accéder soit par mer soit par air. C’est ainsi que le 31 Mai 2010, l’armée israélienne a attaqué dans les eaux internationales « La Flottille de liberté » constituée de 6 navires portant 10.000 tonnes d’aide humanitaire à Gaza. L’attaque d’un bateau turc faisant partie de la flottille a fait 10 morts et une cinquantaine de blessés parmi les militants. Plus récemment, une seconde flottille de liberté qui devait quitter Athènes pour Gaza le 28 Juin 2011, a été empêchée par les autorités grecques sous la pression israélienne de quitter le port. Enfin, tout dernièrement le 9 Juillet 2011, 120 militants pro-palestiniens arrivés à l’aéroport Ben Gourion à Tel Aviv dans le cadre de l’opération « Bienvenue en Palestine » ont été détenus dans des prisons israéliennes en attente de leur expulsion. Les militants font parties d’un groupe de 600 personnes, européennes et américaines qui étaient invités par des associations palestiniennes à visiter la Cisjordanie. Deux cent d’autre eux ont été empêchés d’embarquer dans les aéroports de Roissy, Genève et Bruxelles, par suite de menaces du gouvernement israélien à l’encontre des compagnies aériennes desservant Israël.
On peut se demander comment Israël peut ainsi braver la loi internationale, en bénéficiant d’une impunité totale. Il faut se remémorer la fameuse conférence de presse du Général de Gaulle en 1967 qui avait traité « le peuple juif sûr de lui et dominateur ». Certes, ce peuple a connu dans son histoire des persécutions innommables, causées surtout en Europe, et particulièrement par le régime allemand nazi. Mais cela ne lui donne pas le droit de persécuter à son tour un peuple palestinien, qui n’était en rien responsable de ses anciens malheurs. L’explication de l’impunité d’Israël peut être donnée aussi par la diaspora juive dans le monde, dont l’influence sur le plan économique et politique est très grande. On le voit clairement aux Etats-Unis, où le Président Obama malgré sa bonne volonté, est incapable de faire fléchir l’Etat d’Israël. C’est ainsi qu’il n’a pas pu obtenir gain de cause, quand il a demandé au gouvernement israélien de stopper les implantations en Cisjordanie et à Jérusalem. Puis tout récemment, le gouvernement américain a menacé l’Autorité palestinienne de retirer son aide, si cette dernière demandait la reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ONU en Septembre prochain.
Le reste de la communauté internationale est également très frileux vis-à-vis de la question palestinienne. En Europe, seule la France prend des initiatives, comme par exemple la tentative de réunir sur le sol français une conférence de paix, qui a d’ailleurs peu de chances d’aboutir du fait du refus israélien et de l’appui mou des Etats-Unis. Les autres pays européens ne s’impliquent que peu dans la question, de même que les pays africains, asiatiques, et d’Amériques latine. Les pays Arabes de leur côté sont très prudents, du fait de la supériorité militaire d’Israël et de l’appui indéfectible des Etats-Unis à l’Etat hébreu. De plus Israël use de tous ses moyens notamment économiques pour faire pression sur les gouvernements des pays tiers.
Heureusement la société civile bouge, et il faut saluer chaleureusement ces militants européens et américains qui au péril de leur vie refusent de cautionner l’injustice flagrante qui est faite au peuple palestinien. La société civile du monde entier, et notamment arabe et musulmane doit se mobiliser davantage pour la cause palestinienne qui est juste. Elle doit se rapprocher de la société civile israélienne, dont une partie conteste la politique actuelle de Netanyahu. Nous devons tous militer pour que l’Etat palestinien soit reconnu par l’ONU en Septembre prochain. C’est la seule solution qui reste, vu l’intransigeance du gouvernement actuel israélien à ouvrir des négociations sérieuses et crédibles avec les Palestiniens.
POUR LA RECONNAISSANCE DE L’ETAT PALESTINIEN PAR L’ONU : APPEL AUX JEUNES ISRAELIENS
13/09/2011
Le conflit israélo-palestinien persiste depuis plus d’un demi-siècle sans qu’aucune issue n’apparaisse à court terme. Au contraire, le gouvernement actuel d’Israël composé de la droite et de l’extrême- droite ferme la porte à toute négociation sérieuse avec les Palestiniens. Il continue à développer la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem, après avoir dressé un mur de séparation empiétant sur le territoire palestinien.
Une lueur d’espoir est née avec l’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis. Ce dernier dans le fameux discours du Caire du 5 Janvier 2009 a annoncé la révision de la politique américaine vis-à-vis des Arabes, et s’est prononcé clairement pour l’existence de deux Etats vivant côte à côte : Israël et la Palestine. Malheureusement, sa tentative de faire arrêter la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem a échoué, face à l’intransigeance de Netanyahu. Le puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis, et l’approche de nouvelles élections présidentielles l’empêchent de prendre une position plus équilibrée sur le problème israélo-palestinien.
Les Palestiniens et à leur tête Mahmoud Abbas, après avoir épuisé toutes les possibilités de négociations avec Israël, ont décidé de demander à l’ONU le 20 Septembre prochain la reconnaissance de l’Etat palestinien. Il est tout à fait juste que l’ONU réponde positivement à cette demande. Les Palestiniens sont assurés de recevoir 150 voix positives sur les 193 que compte l’Assemblée Générale de l’ONU. Mais pour être reconnu membre de l’ONU à part entière, l’Etat palestinien a besoin du vote du Conseil de société. Seuls aujourd’hui les Etats-Unis ont annoncé qu’il émettrait leur veto contre la reconnaissance de l’Etat palestinien. Cette position est incompréhensible et injuste, vu que les Etats-Unis sont pour l’existence d’un Etat palestinien. Les Etats-Unis doivent savoir que leur veto ruinerait tous les efforts du Président Obama pour améliorer l’image de son pays auprès des Arabes et des Musulmans.
L’Europe et en particulier la France, doivent jouer un rôle pour amener un changement de la position américaine. L’Europe doit se démarquer de la position américaine, et montrer qu’elle soutient la juste cause palestinienne. L’Espagne est déjà favorable à un vote positif en faveur de l’Etat palestinien. Il reste à convaincre l’Allemagne et le Royaume-Uni pour parvenir à un vote unique des pays européens. Si l’Etat palestinien n’est pas reconnu par l’ONU, il y a risque d’une aggravation de la situation au Moyen-Orient, avec une nouvelle « Intifada » du peuple palestinien, et une réaction violente des autres pays Arabes après les révolutions qui ont eu lieu en Tunisie, Egypte et Libye. D’ores et déjà, le peuple égyptien a attaqué au Caire l’Ambassade israélienne, brûlant son drapeau, et jetant par les fenêtres ses archives.
Les Israéliens et notamment les jeunes, à l’instar de ce qui s’est passé à Tunis, au Caire et Tripoli ont provoqué une grande manifestation à Tel Aviv le trois Septembre dernier, regroupant plus de 300.000 personnes. Depuis la place de l’Etat à Tel Aviv, ils se sont élevés contre la médiocre qualité de leur vie, la répartition inégalitaire des richesses, et ont préconisé le retour au travaillisme social solidaire des « pères fondateurs » de l’Etat d’Israël. A ces jeunes, je lance un appel pour leur dire qu’au delà des considérations matérielles, et afin de préserver leur avenir et celui de leurs enfants, ils doivent avant tout conclure la paix avec les pays Arabes voisins, et reconnaître aux Palestiniennes un Etat vivant côte à côte d’Israël. D’ailleurs les conditions matérielles ne peuvent être améliorées, tant que l’Etat d’Israël persiste dans un état de belligérance vis-à-vis des Palestiniens et des pays Arabes voisins. Pour cela, il doit maintenir une armée forte et dispendieuse, déployer un grand nombre de soldats aux frontières avec l’Egypte, la Syrie, le Libye, et financer des forces de sécurité de plus en plus nombreuses. Les jeunes Israéliens doivent comprendre que la paix dans la région du Moyen-Orient ne pourra exister qu’après la résolution du problème palestinien, et des relations apaisées avec les pays Arabes. C’est pour cela que les jeunes Israéliens doivent manifester pour un changement de politique de leur gouvernement actuel, politique qui ne peut aboutir qu’à une impasse. Ou qu’ils provoquent de nouvelles élections, d’où sortira un nouveau gouvernement favorable à la paix. Mon souhait est qu’un jour prochain, les jeunes Arabes et Israéliens puissent fraterniser et construire ensemble un Moyen-Orient de paix et prospérité.
L’ETAT PALESTINIEN : QUELLES PERSPECTIVES ?
27/09/2011
Le Vendredi 23 Septembre 2011 restera une date historique pour les Palestiniens, les Arabes, les Musulmans et le monde entier. C’est en effet ce jour là, que Mahmoud Abbas au nom du peuple palestinien, a demandé à l’ONU l’admission de la Palestine en tant que membre à part entière de l’Organisation mondiale. Cette demande est faite sur la base des frontières avant le 4 Juin 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’Etat palestinien. Il fallu beaucoup de courage et de détermination au Président palestinien pour faire cette demande, car il a subi des pressions très fortes des Etats-Unis et de l’Europe pour y renoncer.
Rappelons que pour être membre a part entière de l’ONU, il faut un vote majoritaire au Conseil de Sécurité, et pas de veto d’un des cinq membres permanents : Chine, Etats-Unis, Russie, France et Royaume-Uni. Les autres membres actuels du Conseil de sécurité sont : Afrique du Sud, Allemagne, Bosnie-Herzégovine, Brésil, Colombie, Gabon, Inde, Liban, Nigeria, Portugal. La majorité exigée de 9 voix sur 15 peut être obtenue en faveur de l’admission de la Palestine. Mais les Etats-Unis comme ils l’ont déjà fait 42 fois en faveur d’Israël, ont déjà annoncé qu’ils mettraient leur veto à la résolution d’admission de la Palestine à l’ONU.
Quelque soit l’issue résultant du vote du Conseil de sécurité, il apparaît néanmoins que cette initiative du Président Abbas va faire avancer la cause palestinienne. D’une part, les Palestiniens auront la possibilité de s’adresser à l’Assemblée Générale de l’ONU pour l’obtenir le statut d’Observateur. Plus de 150 pays de l’ONU voteront en faveur de la Palestine, ce qui démontrera que la quasi-totalité de la communauté internationale est pour la création de l’Etat palestinien. L’initiative palestinienne a fait également bouger le quartette (Etats-Unis, Russie, Union-européenne, ONU). Ce dernier présidé par Tony Blair, a montré jusque là son incapacité à faire avancer le dossier. Moins de quatre heures après le discours du Président Abbas à l’ONU, le quartette s’est réuni pour déclarer qu’une issue finale au conflit israélo-palestinien devra être trouvée d’ici fin 2012. Pour cela, un calendrier précis des négociations entre Israéliens et Palestiniens sera fixé, avec une conférence internationale à Moscou pour finaliser les discussions.
Il est grand temps que ce conflit qui dure depuis soixante ans trouve son issue. Il est grand temps que la grande injustice faite au peuple palestinien soit réparée. Le Président Abbas dans son discours à l’ONU a déclaré que les Palestiniens n’ont pas l’intention d’isoler ou de délégitimer Israël. Dans la même enceinte de l’ONU, Le Premier Ministre Israélien a déclaré avec beaucoup de mauvaise foi « La vérité est que nous ne pourrons pas parvenir à la paix par des résolutions de l’ONU, mais par des négociations ». Mais faut-il lui rappeler que les Israéliens sous son mandat, n’ont jamais entamé de négociations sérieuses avec les Palestiniens. Faut-il lui rappeler qu’en même temps qu’Israël négociait avec les Palestiniens, il autorisait de nouvelles implantations juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ce n’est pas sérieux, il faut qu’Israël comprenne que pour promouvoir à la paix, il lui faire d’importantes concessions.
Durant les soixante années du conflit israélo-palestinien, les difficultés se sont accumulées. Les questions les plus importantes à résoudre sont la délimitation du futur Etat palestinien, le statut de Jérusalem, le problème des réfugiés palestiniens, et enfin les colonies israéliennes installées en Cisjordanie et à Jérusalem. Certes ces questions sont difficiles, mais des solutions peuvent être trouvées s’il y a une véritable bonne volonté de part et d’autre. Le quartette qui a été établi pour résoudre ce conflit, mais également toute la communauté internationale, doivent se mobiliser pour rapprocher les points de vue et faire les pressions nécessaires, car il est à craindre que les Israéliens et les Palestiniens livrés à eux-mêmes, ne puissent résoudre seuls les grands difficultés de ce conflit. L’Europe a un grand rôle à jouer, et notamment la France, qui a prouvé pendant les révoltes arabes récentes, sa grande compréhension et son soutien concret notamment en Libye. Les Etats-Unis doivent comprendre que la question palestinienne est très sensible dans tout le monde arabe et musulman. Leur image sera à nouveau ruinée dans cette partie du monde, s’ils continuent à soutenir aveuglement l’Etat d’Israël. Les Pays Arabes doivent également sortir de leur torpeur, et considérer la cause palestinienne comme prioritaire d’ici fin 2012. Les pays Musulmans enfin doivent dans le cadre de l’OCI (Organisation de la Coopération Islamique), donner leur plein soutien aux droits du peuple palestinien. Ce n’est que par une mobilisation générale de la communauté internationale, que le conflit israélo-palestinien trouvera enfin une solution d’ici fin 2012 comme tout le monde l’espère.
NOUVELLE AGRESSION ISRAÉLIENNE A GAZA : HALTE AU MASSACRE DES PALESTINIENS
20/11/2012
Mercredi 14 Novembre 2012 après avoir assassiné Ahmed Jaabari, Chef des opérations militaires du Hamas, Israël a procédé à une nouvelle agression israélienne à Gaza par voie aérienne et maritime. Le bilan des victimes palestiniennes au 19 Novembre 2012 est déjà de 93 morts et des centaines de blessés. Des bâtiments officiels ont été attaqués, tels que le siège du gouvernement, l’Hôtel de police, le stade, et l’Université islamique. Même le Centre de presse qui abrite cependant des agences étrangères n’a pas été épargné, et 8 journalistes palestiniens ont été blessés. L’opération « Pilier de défense » menée par Israël et qui pourrait s’accompagner d’une intervention terrestre, est dûe selon les milieux israéliens au tir de roquettes en provenance de Gaza sur les villes israéliennes, et qui ont causé la mort de trois personnes.
Alors que le Président américain a déclaré qu’Israël avait « le droit de se défendre », l’ONU, la France et les pays Arabes tentent d’obtenir une trêve pour arrêter l’effusion de sang. Mais au delà de la trêve, il est temps de trouver une solution au conflit israélo-palestinien pour éviter d’autres victimes dans l’avenir. Rappelons nous qu’en Décembre 2008 et Janvier 2009, Israël avait déjà mené une opération militaire terrestre à Gaza qui avait fait 1.300 morts dont 410 enfants et 108 femmes, ainsi que 5.300 blessés. Les attaques israéliennes lors de cette opération avaient détruit 4.000 immeubles et endommagé 20.000 autres. Les dégâts subis par cette attaque israélienne à Gaza ont été estimés à 1,4 milliards de $.
Pourtant la solution au conflit israélo-palestinien existe : l’instauration d’un Etat palestinien vivant côte à côte avec Israël. La Ligue Arabe avait déjà annoncé qu’elle reconnaîtrait l’Etat d’Israël dans le cadre de cette solution. Le Président Mahmoud Abbas a déclaré à plusieurs reprises que la création d’un Etat palestinien résoudrait définitivement le conflit avec Israël. La difficulté provient de l’intransigeance du gouvernement israélien qui ne veut faire aucun effort pour trouver une solution. C’est ainsi qu’il a refusé catégoriquement d’arrêter la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem. Cela prouve amplement qu’il ne veut pas d’un Etat palestinien, car à force de coloniser la Cisjordanie et Jérusalem, il sera matériellement impossible de créer un Etat palestinien viable.
Ceux qui ne souhaitent pas une solution à ce conflit déclarent cyniquement qu’il appartient aux Israéliens et aux Palestiniens de résoudre eux-mêmes le problème. Or ceci est impossible du fait de l’intransigeance israélienne. Aussi, la seule solution est une pression forte sur Israël pour l’amener à faire des concessions. Cette pression ne peut venir que des Etats-Unis et dans une moindre mesure de l’Union européenne. En effet les Etats-Unis aident politiquement, financièrement, et militairement Israël, et sont les seuls à pouvoir exercer une véritable pression. Il appartient au Président Obama qui vient d’être réélu, et qui dispose d’une marge de manœuvre plus grande que lors de son premier mandat, de prendre une initiative forte pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Pour l’Europe, la France qui a une position équilibrée sur le conflit israélo-palestinien, pourrait également jouer un rôle utile. La communauté internationale pourrait également jouer un rôle positif en reconnaissant la Palestine comme Etat non même de l’Organisation des Nations Unies. D’ailleurs, le Président Mahmoud Abbas compte en faire la demande officielle au courant de ce mois de Novembre 2012.
En conclusion, le drame que vit le peuple palestinien n’a que trop duré. Israël de son côté doit comprendre qu’il ne peut vivre en paix, qu’en réglant le problème palestinien et en faisant la paix avec ses voisins arabes. L’Occident de son côté doit rendre justice au peuple palestinien au-delà de ses intérêts égoïstes. Saluons enfin la position du Maroc, qui a travers son appartenance au Conseil de Sécurité de l’ONU, a multiplié les démarches pour l’arrêt de l’agression israélienne à Gaza, de même qu’il a décidé d’installer le plus rapidement possible, un hôpital de compagne à Gaza pour soigner les nombreux blessés de cette agression.
VICTOIRE DES PALESTINIENS A L’ONU : ACTE DE NAISSANCE D’UN NOUVEL ETAT
04/12/2012
La Palestine a remporté le 29 Novembre 2012 une victoire éclatante à l’ONU qui l’a reconnue comme nouvel Etat Observateur. C’est ainsi que sur les 193 Etats membres, elle a obtenu 138 votes positifs, 41 abstentions et seulement 9 votes négatifs. Ce vote outre le succès diplomatique certain, va permettre à la Palestine de poser sa candidature aux autres Agences de l’ONU que l’UNESCO, et de poursuivre Israël devant la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
L’analyse de ce vote permet de faire plusieurs remarques. La première est l’isolement des Etats-Unis et d’Israël qui n’ont reçu que deux soutiens : Le Canada et la République tchèque. Les cinq autres votes concernent des micro-Etats (des petites îles) ne jouant aucun rôle sur la scène internationale. Les Etats-Unis confirment donc leur soutien inconditionnel à Israël et ont même jugé ce vote « fâcheux et contre-productif ». La position américaine reflète à nouveau l’impact du Lobby pro-israélien sur la politique extérieure des Etats-Unis. Ces derniers ont fait pression sans résultat sur Mahmoud Abbas pour ne pas recourir à l’ONU, en le menaçant de lui couper l’aide financière. Ce vote américain apporte des arguments à ceux qui affirment qu’Israël est le « 51ème Etat » des USA. La position de Canada est regrettable, du fait que ce pays est connu pour sa défense des libertés et des droits de l’homme. Ce sont certainement les liens économiques très importants avec le voisin, qui expliquent l’alignement du Canada sur la position des Etats-Unis. Quant à la République Tchèque et les autres micro-Etats, ça ne peut être que des promesses matérielles américaines qui ont emporté la décision.
Parmi les pays qui ont voté positivement pour la Palestine, il n’est pas étonnant que les pays Arabes, africains et musulmans aient apporté leur soutien à la cause palestinienne. On peut ajouter également la quasi-totalité de l’Amérique latine ainsi que la Russie et la Scandinavie. L’Union européenne s’est pratiquement divisée en deux et montre clairement que cette entité est loin d’être un union politique. On ne peut que saluer les 13 Etats de l’Union européenne qui ont voté positivement pour la reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat Observateur. Parmi les grands pays de l’Union européenne, on peut citer la France, l’Italie, l’Espagne et la Suède. Les autres pays de l’Union européenne qui ont voté positivement par la Palestine sont : la Belgique, l’Autriche, le Danemark, la Finlande, la Grèce, l’Irlande, le Luxembourg, Malte et le Portugal. La position de la France est particulièrement importante, car ce pays est le seul membre permanent occidental du Conseil de Sécurité qui a voté en faveur de la Palestine.
Quant aux pays qui se sont abstenus, la position de l’Allemagne s’explique par son passé nazi, qui l’empêche de prendre toute position contraire aux intérêts d’Israël. Le Royaume Uni aurait dû se rattraper en votant positivement sur la Palestine, car il a joué un grand rôle par la " Déclaration Balfour " pour l’instauration de l’Etat d’Israël au Moyen-Orient, créant aussi une injustice impardonnable. Les pays de l’Est de l’Europe : Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie se sont abstenus pour ne pas déplaire aux Etats-Unis, dont ils ont besoin pour faire contre-poids à leur ennemi héréditaire : la Russie. Ce qui est moins compréhensible est l’abstention de certains pays africains : Cameroun, République Démocratique du Congo, Malawi, Togo, qui ont eux aussi connu les souffrances de l’occupation.
La réponse d’Israël a été complètement négative, car il a annoncé dès le lendemain 3.000 nouvelles implantations juives en Cisjordanie et Jérusalem, ainsi que le gel des droits de douane prélevés par l’administration israélienne pour le compte de l’Etat palestinien. Le ministre israélien des affaires étrangères a expliqué avec une parfaite mauvaise foi que ces nouvelles implantations ont pour objet d’assurer la sécurité de l’Etat d’Israël. En fait, la perspective du gouvernement d’Israël dominé par la droite et les extrémistes est de grignoter le plus possible de territoire palestinien afin de rendre impossible la création effective de l’Etat palestinien. De son côté, le Premier ministre israélien a annoncé que toute solution au problème ne peut aboutir sans une reconnaissance par les Palestiniens du statut juif de l’Etat d’Israël, éliminant toute solution au problème des réfugiés palestiniens qui croupissent par millions dans les pays voisins. Concernant la question financière, Israël n’a aucun droit de retenir des sommes d’argent qui ne lui appartiennent pas. L’Etat palestinien peut pour cette question poursuivre Israël devant la justice internationale. Quant à l’aide des Etats-Unis de 200 M de $, il appartient aux pays Arabes de la remplacer dans les meilleures délais.
Les Etats-Unis insistent pour que les négociations directes se tiennent entre Israéliens et Palestiniens pour discuter de toutes les questions. Mais il est illusoire de penser que les deux parties peuvent trouver seules des solutions, tant leurs positions sont diamétralement éloignées les unes des autres. C’est pour cela que la Communauté internationale qui a reconnu l’Etat palestinien doit trancher. La seule solution demeure l’organisation d’une Conférence internationale sous l’égide de l’ONU, qui imposerait ses décisions aux deux parties.
CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN : ISRAËL MET EN DANGER LA SOLUTION A DEUX ETATS
25/12/2012
Après la victoire éclatante des Palestiniens le 29 Novembre 2012, date à la quelle la Palestine a été reconnue par l’ONU en tant qu’Etat observateur, la réaction d’Israël a été immédiate en cette fin d’année 2012. En effet, les autorités israéliennes ont annoncé la construction de 6.000 logements de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ces constructions auront lieu dans les quartiers Givat Hamatos, Ramot Shlomo, et Gilo à Jérusalem-Est, le reste en Cisjordanie. Le porte-parole du Premier ministre israélien a annoncé que « tous ces logements resteront partie intégrante d’Israël dans tout futur règlement de paix avec les Palestiniens ». La politique du gouvernement d’Israël est claire : construire le plus de logements possible à Jérusalem-Est et en Cisjordanie pour rendre impossible la création d’un Etat palestinien, et ce en violation des lois internationales.
La réaction de la communauté internationale a été unanime pour condamner ces nouvelles constructions. Catherine Ashton, la Représentante de l’Union européenne pour les Affaires Etrangères, a dénoncé « l’expansion sans précédent des colonies juives à Jérusalem-Est et en Cisjordanie ». Elle a ajouté « je m’oppose à ces expansions sans précédent de colonies autour de Jérusalem, qui compromettent les perspectives d’un règlement négocié du conflit israélo-palestinien ». De son côté, le Conseil de Sécurité de l’ONU à l’exception des Etats-Unis a condamné les nouveaux projets israéliens de construction autour de la ville sainte de Jérusalem. Le Secrétaire Général de l’ONU Ben Ki-Moon a qualifié ces nouvelles constructions de « colonies illégales » et a demandé à l’Etat hébreu « de ne pas continuer dans cette voie dangereuse qui nuit aux perspectives du dialogue ». le Secrétaire Général-Adjoint de l’ONU de son côté a sommé le gouvernement israélien « de répondre aux appels internationaux et de renoncer à ces projets, ajoutant que la construction de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est est une violation des lois internationales et un obstacle à la paix ». Les Palestiniens excédés par ces nouvelles constructions de colonies se disent prêts à poursuivre Israël devant la Cour pénal internationale, du fait de l’intensification de la colonisation et pour l’ensemble des pratiques israéliennes d’assassinats et d’arrestations.
On ne peut que se réjouir de cette condamnation unanime de la communauté internationale de ces nouvelles constructions à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, y compris les membres européens du Conseil de Sécurité et même les Etats-Unis qui ont jugé la décision israélienne de « provocation ». Mais ces condamnations comme les précédents seront sans effet sur le gouvernement israélien, dominé par la droite et l’extrême-droite et en pleine campagne électorale. Il faut des mesures beaucoup plus concrètes comme le rappel d’ambassadeur, et des sanctions internationales contre l’Etat d’Israël. On ne peut être qu’outré par la politique de deux poids deux mesures pratiquées par l’Occident. En ce qui concerne l’Iran par exemple et pour la question du nucléaire, l’Occident a pris des sanctions draconiennes contre ce pays qui ont asphyxié son économie.
Le comportement d’Israël vis-à-vis de la Palestine me rappelle toutes proportions gardées, celui de Hitler vis-à-vis de ses voisins, qui a profité de la passivité des pays européens pour déclencher une guerre effroyable qui a causé des millions de morts. Il est temps que l’Occident prenne des mesures concrètes contre Israël pour éviter une nouvelle catastrophe au Moyen-Orient. Il est temps que les Etats-Unis qui se trouvent de plus en plus isolé sur cette question, change de position pour faire triompher la justice.
DISCOURS SUR L’ETAT DE L’UNION DU PRESIDENT OBAMA :
AUCUNE MENTION DU CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN
19/02/2013
Il est de tradition que le Président des Etats-Unis prononce au Congrès en début d’année un discours sur l’état de l’Union. Ce serait d’ailleurs un exemple à suivre pour les autres Chefs d’Etat de la planète, pour rendre compte à leur peuple des résultats obtenus et de la feuille de route à suivre. Le 12 Février 2013 le Président Obama s’est adressé au peuple américain pour parler surtout des perspectives d’avenir.
Sur le plan intérieur, il a promis de relancer la croissance et l’emploi qu’il considère comme le problème prioritaire du pays. C’est ainsi qu’il propose d’investir un milliard de dollars dans l’industrie, pour créer 15 incubateurs associant le secteur public et privé, notamment à travers les ministères de la Défense et de l’Energie dans les régions sinistrées économiquement. Pour stimuler l’emploi, sera mis en œuvre un programme pour employer les chômeurs dans des chantiers de réparation de grandes infrastructures tels que les ponts.
Sur le plan macro-économique, la proposition principale est la création d’une zone de libre échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne, qui serait l’une des principales zones de libre-échange dans le monde. Les échanges entre les Etats-Unis et l’Europe sont déjà importants de l’ordre de 646 milliards de dollars du fait de la faiblesse des droits de douane (4% en moyenne). Mais les obstacles non tarifaires freinent les échanges notamment dans des secteurs comme les textiles, le transport maritime ou les produits agricoles. Les négociations qui vont durer environ deux années porteront surtout sur la levée totale ou partielle de ces obstacles non tarifaires. Cette initiative du Président Obama est certainement motivée par l’échec des négociations multinationales menées sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le Président Obama a également réaffirmé sa proposition de diminuer le déficit budgétaire fédéral qui est de 10,1% du PIB, en économisant 4000 milliards de dollars sur les 10 prochaines années. Outre les économies sur les dépenses, il propose une réforme fiscale qui consisterait à supprimer certaines niches fiscales dont profitent les multinationales, et à augmenter les impôts sur les ménages les plus riches. La diminution du déficit budgétaire a également pour objet de réduire à moyen et long terme l’endettement public des Etats-Unis qui est abyssal : 16.199 milliards de dollars soit 102% du PIB.
Sur d’autres plans, le Président Obama a manifesté son intérêt pour la question du changement climatique. C’est ainsi qu’il a fixé l’objectif de réduire de moitié l’énergie dépensée dans les maisons et les entreprises d’ici les vingt prochaines années. Il se propose également d’établir des textes de loi pour réduire la pollution et pour promouvoir les énergies renouvelables. Enfin, il préconise une réforme du système d’immigration et une réglementation de l’utilisation des armes à feu.
Sur le plan extérieur qui n’a pas occupé une grande partie de son discours, il a parlé du nucléaire en promettant une action ferme contre la Corée du Nord qui vient de procéder à un troisième essai nucléaire. Il a exhorté l’Iran à choisir la voie diplomatique pour sortir de la crise provoquée par son programme nucléaire contreversée. Enfin, il a manifesté son souhait de négocier avec la Russie une réduction supplémentaire de l’arsenal nucléaire des deux pays. Pour l’Afghanistan, Il a confirmé le retrait total des troupes américaines d’ici fin 2014. Il a réitéré sa détermination à lutter contre le terrorisme international d’Al Qaida qui a essaimé depuis la Péninsule Arabique jusqu’en l’Afrique, faisant allusion à la situation actuelle au Mali. Pour ce qui est de la situation au Moyen Orient, il a réaffirmé sa détermination à continuer de défendre les droits de l’homme suite aux conséquences du Printemps arabe. Tout en maintenant la pression sur le régime syrien, il n’entend pas fournir des armes aux rebelles. Il n’a fait aucune mention explicite du conflit israélo-palestinien, mais a réaffirmé « Nous sommes résolument avec Israël dans son quête de sécurité et d’une paix durable », et a annoncé son voyage au Moyen-Orient en Mars prochain où il doit visiter Israël, la Jordanie et la Cisjordanie.
En conclusion, les ambitions du Président Obama pour son second mandat sont grandes. Mais sur le plan intérieur, il doit tenir compte de la forte opposition des Républicains qui sont majoritaires à la Chambre des Représentants, et qui négocieront âprement toute décision du Président. Sur le plan international, les Etats-Unis ne sont plus « l’Hyperpuissance » qu’ils étaient après la chute de l’URSS, et ne peuvent plus dicter leur loi dans les relations internationales. Enfin sur le conflit israélo-palestinien, le Président reste prisonnier du puissant lobby pro-israélien qui domine le champ politique américain. Il est à craindre qu’aucune initiative concrète pour faire pression sur Israël ne sera prise durant le second mandat du président Obama.
LA TOURNEE D’OBAMA AU MOYEN-ORIENT : UNE GROSSE DECEPTION POUR LES PALESTINIENS
27/03/2013
Le Président Obama a entamé une tournée au Moyen-Orient le 20 Mars 2013 qui l’a conduit successivement en Israël, en Palestine et en Jordanie. C’est la première visite du Président américain dans la région depuis son élection en 2009. Sa dernière visite à Israël date de 2008 pendant la première campagne électorale, et il lui a été beaucoup reproché de n’avoir pas visité Israël pendant son premier mandat.
La visite du Président Obama à Israël a été tout d’abord l’occasion pour lui de réaffirmer le « soutien inébranlable » des Etats-Unis à Israël, et les liens « profonds et durables » qui unissent les deux pays. Il a recommandé aux Palestiniens de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, et de reprendre les négociations avec les Israéliens sans le préalable du gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le nouveau gouvernement israélien présidé par Netanyahu qui regroupe le Likoud, le parti de centre droit « Yesh Atid » et le mouvement nationaliste religieux « Foyer Juif » s’est dit d’ailleurs déterminé à continuer la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Entre Décembre 2012 et Janvier 2013 11.000 nouveaux logements ont été autorisés, soit le double depuis 2009. A noter que 500.000 colons israéliens vivent actuellement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Concernant l’Iran, Obama a réaffirmé la détermination des Etats-Unis à empêcher par tous les moyens l’armement nucléaire de l’Iran. C’est donc un alignement complet sur les thèses d’Israël, considéré comme l’allié stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Lors de sa visite en Palestine où il a rencontré le Président Mahmoud Abbas, Obama a fait quelques déclarations pour faire plaisir au Palestiniens. Il a ainsi affirmé que « la réalisation de la paix et l’option à deux Etats sur les frontières de 1967 était la voie pour parvenir à la sécurité pour les peuples israélien et palestinien ». Il a encore ajouté que « la poursuite de la colonisation israélienne n’est pas constructive pour faire avancer la paix ». S’adressent aux jeunes israéliens le 21 Mars au Centre International des Congrès à Al Qods, le Président Obama leur a déclaré que « La paix est la seule voie vers la vraie sécurité ».
Lors de sa visite au Roi Abdallah de Jordanie, le Président Obama a évoqué la situation en Syrie et a lancé un appel au départ de Bachar Al Assad et l’a mis en garde contre toute utilisation des armes chimiques contre son peuple ou leur transfert aux rebelles. Il a octroyé une aide de 200 M de $ à la Jordanie pour faire face à l’afflux de réfugiés en provenance de Syrie. Le Président américain a enfin profité de se tournée en Moyen-Orient pour faire pression sur Israël, afin de faire des excuses à la Turquie suite à la mort de neuf passagers turcs présents à bord d’une flottille d’aide pour Gaza en 2010. Ces excuses ont été acceptées par la Turquie qui a rétabli ses relations avec l’Etat hébreu.
La récente tournée du Président Obama au Moyen-Orient confirme ce que l’on savait déjà : à savoir l’indéfectible alliance entre les Etats-Unis et Israël, et l’alignement du gouvernement américain sur les thèses israéliennes. Ceci s’explique tout d’abord par des raisons historiques. L’émigration des juifs vers les Etats-Unis a commencé dès le 19ème siècle, et s’est accentué au 20ème siècle suite à l’Holocauste qu’ils ont subi en Europe avant et pendant la seconde guerre mondiale. Les juifs se sont complètement intégrés à la société américaine prenant des positions de premier plan dans l’économie, la finance, les médias et la culture. Jouant à fond le principe de solidarité avec Israël, il se sont également introduit en politique, et ont gagné des élections aussi bien sur le plan local que national. Bénéficiant également de l’appui religieux des évangélistes, ils ont constitué un puissant lobby l’AIPAC (America Israel Publics Affairs Committee) regroupant plus de 100.000 membres actifs. Selon les deux éminents universitaires américains John Mearsheamer et Stephan Walt qui ont écrit le livre « The Israël Lobby » : « Le soutien considérable des Etats-Unis à Israël est dû à l’influence politique du lobby pro-israélien sur le sol américain ». Ils ajoutent « le soutien indéfectible et irraisonné des Etats-Unis à Israël ne peut s’expliquer ni par des intérêts stratégiques communs ni par des impératifs moraux ». Face à la puissance du lobby pro-israélien, les Palestiniens n’ont qu’un faible appui aux Etats-Unis. Le lobby pro-arabe y est peu influent, et les attentats du 11 Septembre 2001 à New York et Washington ont traumatisé les américains et créé un sentiment anti-arabe et islamophobe.
En conclusion, il ne faut pas baisser les bras devant cette situation difficile pour la cause palestinienne. Tôt ou tard, il faudra rendre justice au peuple palestinien qui lutte depuis plus d’un demi-siècle pour le rétablissement de ses droits et pour disposer d’un Etat indépendant et viable. En Novembre 2012, 138 Etats de l’ONU ont reconnu la Palestine en tant qu’Etat non-membre. Cela constitue 72% des Etats membres de l’ONU, avec notamment un vote positif de la France, négatif évidement des Etats-Unis, du Canada, et d’Israël, et un abstention de l’Allemagne et du Royaume Uni. Le monde arabe et musulman doit se mobiliser davantage pour la cause palestinienne. L’Europe, et notamment la France peuvent jouer un rôle déterminant pour trouver une solution à ce douloureux problème politique et humain.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI