Le conflit israélo-palestinien
La désinvolture de Netanyahou
Par Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI « Institut Marocain des Relations Internationales »
Le conflit israélo-palestinien qui dure depuis un demi-siècle n’est pas près à se résoudre. La désignation récente de Netanyahou en tant que Premier ministre appuyé par la droite et l’extrême droite, marque un raidissement du gouvernement israélien concernant le conflit israélo-palestinien. C’est ainsi que Netanyahou « Sûr de lui et dominateur » selon l’expression fameuse du Général de Gaulle, refuse la création d’un Etat palestinien, n’est pas d’accord pour le gel des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem, écarte le droit de retour en Israël des réfugiés palestiniens, et a déclaré le 21 Mai dernier que « Jérusalem et la capitale d’Israël, l’a toujours été, et le restera pour toujours ». Il considère que la priorité pour Israël est la menace que constitue l’Iran, du fait de sa volonté de se doter de l’arme nucléaire, et que le problème palestinien est secondaire, et trouvera une solution plus économique que politique.
Cette position intransigeante est loin d’être partagée par la communauté internationale, lassée par la durée interminable de ce conflit, et notamment par le principal allié d’Israël, les Etats-Unis, suite à l’élection du Président Barack Obama. Ce dernier considère en effet que la résolution du conflit israélo–palestinien est dans l’intérêt national des Etats-Unis. Selon lui, la solution passe par la création d’un Etat palestinien vivant côte à côte avec Israël, et par l’arrêt immédiat des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem. Cette volonté du gouvernement américain a été exprimée par Obama le 18 Mai 2009 à Netanyahou lorsqu’il l’a reçu au bureau ovale, et confirmé à Mohamed Abbas le 28 Mai dans le même bureau. La Secrétaire d’Etat Hillary Clinton a encore été plus explicite le 27 Mai en déclarant « Le Président veut voir un arrêt des colonies, pas certaines colonies, pas les implantations sauvages, pas d’exceptions pour la croissance naturelle ». Rappelons que le nombre de colonies qui était de 61.000 sous Jimmy Carter en 1980, est passé à 105.000 sous Ronald Reagan en 1982, et est actuellement près de 500.000 dont 300.000 en Cisjordanie et 200.000 dans la périphérie de Jérusalem.
C’est la première fois dans l’histoire des Etats-Unis que les intérêts de l’Amérique ne sont pas concordants avec ceux d’Israël. Ce dernier pays n’est plus considéré par l’Administration d’Obama comme le seul allié stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient. La stratégie de Netanyahou consiste à affaiblir en premier lieu l’Iran, par une frappe militaire si possible, ce qui affaiblirait en conséquence ses deux alliés au Moyen-Orient : le Hamas en Palestine et le Hizollah au Liban. Obama pense au contraire, qu’en résolvant le problème palestinien et en instaurant la paix au Moyen-Orient, il couperait l’herbe sous les pieds de l’Iran, qui n’aurait plus d’influence sur les peuples des pays Arabes voisins. Pour arriver à son but, Obama ne veut pas s’installer comme ses prédécesseurs dans un processus incertain de paix, mais veut faire conclure la paix tout court. C’est pour cela qu’il veut s’appuyer sur la proposition lancée par l’Arabie Saoudite en 2002 dans le cadre de la Ligue Arabe, proposant à Israël une reconnaissance de tous les Etats-Arabes, moyennant la restitution des territoires arabes occupés par Israël en 1967. Dans ce sens, il va rencontrer le Roi Abdallah à Ryad avant de prononcer un important discours le 4 Juin prochain à l’Université du Caire destiné au monde arabe et musulman.
On ne peut que saluer la démarche courageuse du Président Obama, qui constitue une rupture de la politique américaine dans la région du Moyen-Orient. Certes, le lobby pro-israélien à Washington va exercer toutes sortes de pressions pour contrecarrer l’action du Président américain. C’est pour cela que la communauté internationale, notamment l’Europe et les pays Arabes, doivent se mobiliser pour soutenir l’action du Président américain. C’est véritablement la seule chance pour que le conflit israélo-palestinien puisse trouver une solution. Cette solution doit être trouvée pendant le mandat du Président Obama, c'est-à-dire avant fin 2012, car il n’est pas sûr qu’Obama soit réélu, et rien ne peut présager de la position future du successeur d’Obama dans le conflit israélo-palestinien.
Pour infléchir la position du gouvernement Netanyahou, ou précipiter sa chute, il faut passer à des actes concrets, et non plus se contenter de vaines paroles. Les Etats-Unis doivent mettre en cause leur aide politique, financière et militaire massive, accordée à Israël. L’Union européenne doit prendre des mesures économiques de rétorsion dans le cadre du Traité d’Association qui la lie à Israël, et refuser tout progrès dans le statut avancée qui lui est demandé par l’Etat hébreu. Les pays Arabes doivent unir leur rang, et proclamer solennellement qu’ils ne recherchent pas la destruction d’Israël, mais la création d’un Etat Palestinien vivant coté à coté avec Israël dans la paix et la sécurité. Ils doivent confirmer leur engagement de reconnaitre Israël, en échange de la restitution des territoires arabes occupés en 1967, et prendre leur distance vis-à-vis des positions extrêmes de l’Iran. Le Fatah et le Hamas doivent également se réconcilier pour offrir un front Palestinien uni.
En conclusion, jamais depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, une chance aussi grande est apparue pour résoudre définitivement le conflit israélo-palestinien. Tous les pays épris de paix et de justice doivent se mobiliser pour apporter leur soutien indéfectible à l’initiative courageuse du Président Obama.
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