Conflit Israélo-Palestinien :
Une lueur d’espoir
Par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus d’un demi-siècle n’a pas encore trouvé de solution à ce jour. Les négociations directes entre palestiniens et israéliens ont été interrompues en Septembre 2010 après la reprise de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Une lueur d’espoir est née la semaine dernière par la suite de deux événements. En effet, le 16 Juillet 2013 l’Union européenne a adopté un texte prévoyant d’exclure à partir de 2014 les territoires occupés de sa coopération avec Israël. La directive qui a été publiée le 19 Juillet 2013 au journal officiel de l’Union dispose que « Tous les accords entre l’Etat d’Israël et l’Union européenne doivent indiquer sans ambiguïté et explicitement qu’ils ne s’appliquent pas aux territoires occupés par Israël en 1967 ». Le porte-parole de la délégation de l’UE a précisé les territoires occupés ou anciennement occupés par Israël à savoir la Cisjordanie, Jérusalem-Est, la bande de Gaza et le plateau du Golan. Cette directive de l’UE est très importante politiquement puisqu’elle fait la distinction entre Israël et les territoires occupés. Elle a été saluée chaleureusement par le gouvernement palestinien qui la considère comme « une étape importante pour arrêter la construction de colonies et mettre fin à l’occupation ». Sur le plan économique, cette directive aura également un effet puisqu’Israël se trouvera devant un dilemme : soit signer une clause faisant référence aux lignes de 1967 qu’il récuse, soit renoncer à d’importants projets de coopération avec son principal partenaire commercial.
Autre bonne nouvelle annoncée le 19 Juillet 2013 par John Kerry Secrétaire américain aux Affaires étrangères à l’issue de sa sixième navette dans la région, et après un appel téléphonique du Président Obama au Premier ministre israélien Netannyahou. Kerry annonce la conclusion d’un « Accord qui établit la base d’une reprise de négociations directes sur le statut final ». Il ne fournit pas de détails concernant la principale revendication des palestiniens, à savoir l’arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie et Jérusalem-Est. Selon toute vraisemblance, les négociations directes entre palestiniens et israéliens commenceront la semaine prochaine à Washington. Elles seront menées du côté palestinien par le négociateur en chef Saïeb Eirakat et par Tzipi Livni, ministre israélienne de la justice et chargée du dossier des négociations avec les palestiniens. Cette annonce de reprise des négociations a été favorablement accueille par la Ligue arabe et l’Union européenne. Par contre le Hamas qui contrôle la bande de Gaza a rejeté la reprise des négociations. Pour montrer sa bonne volonté, Israël a décidé la libération de prisonniers palestiniens importants sans fournir de chiffres.
On ne peut qu’être favorable à la reprise des négociations directes entre palestiniens et israéliens du fait que le dossier du conflit israélo-palestinien était figé depuis Septembre 2010. Certes les négociations vont être très difficiles, car elles vont aborder des questions sensibles. Il s’agit en premier lieu de la délimitation du territoire du futur Etat palestinien. On sait que l’Autorité palestinienne exige le retour aux frontières d’Israël avant 1967, alors qu’Israël le refuse. Quid des colonies israéliennes installées en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ? Un autre problème est celui du statut de Jérusalem, dont les palestiniens veulent en faire leur capitale. Enfin, quelle solution pour les millions de réfugiés palestiniens parqués dans les pays arabes voisins, et qui réclament le retour dans leur patrie d’origine. La solution à ces problèmes ne peut être trouvée que par des compromis de part et d’autre, car aucune partie ne peut avoir une satisfaction totale. La communauté internationale doit profiter de cette reprise de négociations pour faire pression pour qu’un compromis serait trouvé. Le rôle des Etats-Unis où auront lieu les négociations est déterminant. Ils doivent utiliser tous les moyens dont ils disposent pour faire pression sur Israël qui est la partie la plus intransigeante. L’Union européenne ne doit pas rester à l’écart, et doit exiger d’envoyer un représentant à ces négociations. C’est vraiment la dernière tentative de régler définitivement ce conflit israélo-palestinien qui a causé des pertes humaines et matérielles considérables. L’échec de ces négociations serait une catastrophe pour la région et pour l’humanité toute entière.
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