Les problématiques du système éducatif et d’enseignement du Maroc, quel type de réforme ?
Pr Lamrani Moulay Ahmed Président du Groupe HEEC Marrakech
Vice-Président de l’IMRI
Durant ces dernières années, la question du système éducatif et de l’enseignement général et de l’enseignement supérieur a occupé le devant de la scène politique et a fait l’objet de polémiques et de controverses aussi diverses que variées. Le paysage de l’enseignement en supérieur est en effervescence ; les réformes se sont succédé sans pour autant venir à bout de la crise qui sévit dans ce secteur.
Dans son discours, adressé à la nation le 20 Aout 2013, sa Majesté le Roi Mohamed 6 a dévoilé l’état catastrophique de notre système éducatif qui n’a pas su s’adapter aux besoins de la nation. L’enseignement est le secteur clef de tout progrès économique et social. Il concerne toutes les couches sociales, toutes les composantes de la nation, tous les intervenants (Etat, secteur public et privé, partis politiques, syndicats, parents, enseignants….). Ces intervenants doivent être conscients que leurs actions ne doivent en aucun cas être basées sur des éléments démagogiques et politiciens, comme le souligne sa Majesté dans son discours. Le système de l’enseignement doit être considéré comme un projet sociétal, global et cohérent. L’objectif étant de former le citoyen de demain pour agir sur l’évolution de la nation en préparant des projets et des chantiers futurs afin de réaliser la croissance, le développement et la prospérité sociale. Les sociétés ne se développent et n’évoluent que par l’importance qu’elles donnent à leur système éducatif considéré comme l’épine dorsale de tout progrès.
Le défi est donc lancé, la voie est tracée. Une réforme de notre système de l’enseignement est devenue cruciale et urgente. Elle doit se faire sur des bases claires, logiques et loin des agissements des partis politiques avec leurs idéologies partisanes et démagogiques. Elle doit prendre en compte que le Maroc est un pays qui a choisi sa voie depuis l’indépendance : son intégration dans l’économie mondiale. C’est un choix qui doit marquer la nouvelle réforme. Finis les principes qui ne correspondent plus au 21ème siècle à savoir, entre autres, l’arabisation (qui n’a fait que reculer la qualité de notre formation comme l’a bien souligné sa Majesté dans son discours). Cette réforme doit prendre en compte toutes les étapes de la formation et tous les cycles de l’enseignement avec une définition claire des objectifs et des méthodes d’application et surtout d’évaluation et de remédiation.
Mettons-nous d’accord sur le fait qu’un système d’enseignement est un choix socio-éducatif et socio-économique avant d’être un choix éducatif. La base de notre système étant le pacte national de l’éducation et de la formation qui visait le côté quantitatif mais beaucoup plus le côté qualitatif afin d’élever la qualité de la formation de toutes les classes sociales. Plusieurs années après la rédaction de ce fameux pacte, les résultats ne sont que trop décevants.
Selon les rapports des organisations internationales qui financent les réformes de notre pays et les rapports du conseil supérieur de l’enseignement, au niveau de l’indicateur des ressources humaines, le Maroc est classé dans les derniers rangs (127ème place sur 177 et la 11ème place parmi 14 pays arabes) sachant que les budgets alloués à l’enseignement s’élèvent à 28% du budget de l’Etat. Comparativement avec un pays concurrent qui est la Tunisie, le budget alloué à l’enseignement n’est que de 20%, son taux d’alphabétisation est de 70% alors que celui du Maroc n’est que de 60%.
Pour être honnête, nous devons distinguer entre les problèmes de l’enseignement général et les problèmes de l’enseignement supérieur. Le triste constat de notre système n’est que le résultat des problèmes du premier type d’enseignement (primaire, collège et lycée comme on va l’expliquer ci-après). Les conséquences de ces problèmes impactent le système d’enseignement supérieur. Pour pouvoir redresser le supérieur, nous devons résoudre les problématiques posées par l’enseignement général. Une fois cette problématique réglée, le niveau des élèves relevé et la qualité de la formation de nos bacheliers redressée, la continuité dans le supérieur se fera d’elle-même avec quelques modifications dans l’organisation et la gestion des structures universitaires.
Nous pouvons expliquer la problématique de l’enseignement général par la diversification des systèmes éducatifs en fonction des différents cycles de l’enseignement. Ces systèmes sont totalement contradictoires en passant d’un cycle à un autre. Il n’y a aucune continuité dans les programmes entre les différents niveaux de formation. Nous retenons deux grands axes explicatifs :
1) La diversification des systèmes éducatifs : le système éducatif est composé de l’enseignement général (primaire, collège et lycée), l’enseignement supérieur et entre eux, la formation professionnelle. Nous parlons aussi d’un secteur public et un secteur privé, ce qui complique encore les choses. Trois ministères différents, chacun d’eux a un calendrier propre, des objectifs différents. A l’échelle régionale, nous avons une université, une académie, des délégations, des centres de formation professionnelle, ce qui pose le problème de la prise de décisions souvent contradictoires et des responsabilités. Les résultats ne peuvent pas être concluants. En effet, à la fin du processus de formation, on se trouve face à une inadéquation de cette formation avec les besoins du marché.
2) Le choix des différentes stratégies politiques de l’enseignement adoptées depuis l’indépendance n’était pas efficace dans la mesures où, ces politiques ont été biaisées par l’improvisation et les changements en fonction de l’appartenance politique des différents gouvernements ……….Ces stratégies n’ont jamais correspondu ni aux problématiques posées ni à la réalité du monde avec lequel nous vivons (sauf durant la période de la marocanisation pour former en masse des cadres pour subvenir aux besoins de l’économie marocaine après le départ des cadres français). Le résultat de ces stratégies a marqué négativement le niveau et la qualité de notre enseignement. La remédiation à ces problèmes nécessite une réforme radicale de notre système d’enseignement. Nous proposons l’analyse de cinq grandes problématiques du système éducatif marocain actuel. Les solutions que nous proposerons doivent être intégrées dans une réforme radicale et globale.
La complexité des problématiques de notre système rend la réforme encore plus complexe et plus difficile. Seule une volonté politique à haut niveau peut imposer cette réforme (sa Majesté l’a montré dans son discours du 20 Aout 2013 et a tracé les contours de cette réforme).
Nous avons pensé analyser cinq problématiques que nous considérons étroitement liées les unes aux autres. Les solutions que nous proposerons sont globales et obligatoires pour remédier aux failles de notre système éducatif :
1) Le double système pédagogique (conséquence directe de l’arabisation) adopté par le Maroc dans les années 70 (pour des raisons politiques) est basé sur la séparation entre l’enseignement général allant du primaire jusqu’au lycée et l’enseignement supérieur. La connaissance est véhiculée dans le premier type d’enseignement par la langue arabe alors que le second continuera de fonctionner avec le français. Les conséquences de cette dichotomie sont catastrophiques à tous les niveaux. Plusieurs distorsions sont été observées en particulier l’impossibilité de suivre l’enseignement du supérieur par les bacheliers, sauf pour une petite catégorie d’entre eux ou ceux qui ont fait des écoles privées. Les analyses et les statistiques officielles dénotent que 30% des inscrits en 1ère année des facultés abandonnent au bout de trois mois et 50% quittent les études à la fin de l’année, peu, parmi eux, finissent leurs études.
Nous pensons qu’il est temps de trouver une solution à ce problème et permettre à nos élèves d’avoir une continuité entre les différents cycles de notre système d’enseignement. Peu importe la langue qui sera choisie, cela doit se faire sans complexe et sans démagogie et loin des politiques politiciennes des partis politiques marocains. Les gouvernements Français et Marocain viennent de signer un accord pour l’ouverture dès septembre 2013 des branches du baccalauréat international. C’est un premier pas vers une solution au problème du système éducatif marocain.
Si la solution de revenir à un système bilingue est très facile, il n’en demeure pas moins que son application et sa réussite restent très difficile à matérialiser. Nos enseignants sont-ils capables de se recycler ?
2) Le système d’évaluation adopté intègre les notes du contrôle continu dans la moyenne du baccalauréat. Ce système a accouché d’un phénomène social mal saint (avoir des notes élevées par n’importe quel moyen, par la triche, par la corruption, par les cours particuliers assurés par les professeurs du même lycée. Ces cours sont devenus un phénomène social avec tous les maux au niveau de la moralité et des finances pour les familles). Ce système d’évaluation a eu un impact négatif sur la qualité et la valeur de notre formation. Ce système d’évaluation a nui à la qualité de notre éducation, à la crédibilité de notre baccalauréat, et enfin à la responsabilité de notre corps éducatif. La conséquence de ce système est que la plus grande partie de ceux qui réussissent au bac ont des notes quatre fois moins que la note du contrôle continu. Quel serait alors leur niveau à la faculté ? Vont-ils pouvoir suivre correctement une formation universitaire ? je ne le pense pas (expliqué dans la 1ère problématique). Personnellement, je pense qu’il faut revenir à l’ancien système du baccalauréat avec un examen certificatif (sans prendre en compte les notes du contrôle continu), mais qui permet d’évaluer les candidats sur des acquis définis en fonction de la spécialité de la branche qu’il va suivre au supérieur. La spécialisation au niveau de l’examen du baccalauréat, nous pousse à soulever la 3ème problématique.
3) L’une des failles du système d’enseignement au Maroc, la constance « programmes et contenus » qui sont dépassés et qui ne correspondent plus aux nécessités du monde moderne dans lequel nous vivons et auquel nous sommes attaché économiquement et avec qui beaucoup d’intérêts sont en jeu. Les programmes enseignés dans l’école marocaine n’ont été conçus que sur des bases démagogiques et politiques en négligeant les éléments socio-économiques mondialisés, seuls permettant à nos apprenants d’évoluer avec le monde. Nos programmes donnent plus d’importance au côté quantitatif qu’au côté qualitatif, au côté apprentissage par cœur qu’à l’assimilation et au raisonnement logique. . Certaines matières enseignées dans certains niveaux comme le lycée n’ont aucun intérêt pour les candidats des branches scientifiques.
L’erreur est que ces programmes sont conçus par les responsables du ministère et sous leur contrôle. Leur orientation est politique et administrative, alors qu’elle devrait être professionnelle et indépendante en relation étroite avec des centres de recherche spécialisés. Une réforme et une restructuration des programmes est une condition de la réforme du système d’enseignement qui doit se faire dans les plus brefs délais et selon des étapes définies à l’avance. Cette réforme doit être définie selon une stratégie à long terme. Il n’est plus question de rafistolage ou de bricolage. Il y va de l’avenir des futures générations.
4) La quatrième défaillance de notre système éducatif est l’évaluation et l’orientation. L’évaluation permet de mesurer le degré d’assimilation des connaissances alors que l’orientation définit les possibilités d’un élève à poursuivre des études en fonction d’un certain nombre de critères et d’indicateurs. Nos systèmes d’évaluation sont biaisés par des contraintes de carte scolaire pour ne pas dire la connivence entre les parents et certains enseignants sans conscience. Que peut-on attendre d’un système d’évaluation qui permet à des élèves de passer à des niveaux supérieurs avec des moyennes de 7/20 ou 8/20 et être orientés vers des branches scientifiques avec des 5/20 en maths et en physique ? Que peut-on attendre d’un système d’évaluation qui permet aux parents de demander de changer l’orientation de leur enfant d’une branche littéraire à une branche scientifique ? Et enfin, Que peut-on attendre d’un système d’évaluation qui fait passer les élèves d’une classe d’un niveau à un autre pour laisser la place à ceux qui vont venir pour régler le problème de la généralisation. L’évaluation doit se faire selon le mérite. L’égalité des chances, ce n’est pas de permettre à tout le monde d’arriver mais de permettre d’arriver à ceux qui le méritent et ceux qui excellent. Tout le monde doit a le droit d’être au départ, mais tout le monde ne peut pas arriver en même temps et à la même position. Le pays n’a pas besoin que de docteurs et d’ingénieurs, le pays a besoin aussi de techniciens, de professionnels dans différents métiers aussi nobles et aussi important que les métiers de bureau. Il faut donc revoir cette vision qu’ont nos familles et nos jeunes en voulant faire médecine ou des classes prépas alors qu’ils n’ont ni la motivation ni les capacités intellectuelles pour y réussir. L’orientation doit se faire par les conseils de classe avec les professeurs qui doivent évaluer le niveau des élèves en toute âme et conscience et d’une manière objective. Il n’est plus question de changer l’orientation une fois faite par les conseils de classe. Les élèves doivent orientés selon leurs aptitudes, leurs possibilités intellectuelles et surtout vers les branches où ils ont le plus de chances de réussir sans difficultés.
5) La cinquième problématique est encore plus complexe que les quatre premières. Elle concerne la question des ressources humaines. Deux catégories de personnes peuvent réussir ou échouer un système d’enseignement : les enseignants et les administrateurs des différentes structures éducatives. Les deux catégories sont aussi importante l’une que l’autre. Aucune ne peut prévaloir être supérieure à l’autre, la défaillance de l’une entraine automatiquement la défaillance de l’autre. Malheureusement, aujourd’hui, le Maroc ne dispose pas de ces catégories pour le remplacement de celles qui existent. Disposer d’enseignants ayant les compétences requises pour pouvoir diffuser la connaissance et éduquer les futures générations, veut dire que notre université dispose de moyens infrastructurels et pédagogiques pour former ce type de profil. Or, ce n’est pas le cas et ce n’est pas la faute de l’université. Ceux qui intègrent nos universités, soit ils n’ont pas les prérequis nécessaires pour pouvoir réussir, soit ils ont été mal orientés. Le plus grand danger du système éducatif marocain vient de son incapacité de former suffisamment en quantité et en qualité, des enseignants motivés, compétents et maitrisant leur spécialités. Depuis plusieurs années, l’Etat ne recrute plus sur la base de compétences et de motivation comme il le faisait auparavant. Ceux qui choisissent d’intégrer la fonction publique en tant qu’enseignants le font par nécessité et non vocation, par amour de ce noble métier. D’ailleurs on a observé que le ministère de l’éducation nationale a eu recours (depuis plusieurs années) à des recrutements directs en embauchant des enseignants qui ont rejoint des classes sans qualification et sans formation pédagogique. Imaginez le niveau de leurs élèves !
Les enseignants qui doivent prendre en charge la formation et l’éducation de nos enfants doivent être sélectionnés selon leurs compétences, selon leur moralité, selon leur éducation et selon leur motivation et amour au métier d’enseignant. Ils doivent être formés dans des centres de formation par des spécialités confirmés dans les méthodologies les plus performantes. Ces enseignants doivent continuellement en formation continues pour pouvoir suivre les nouveautés du monde de l’éducation.
L’autre volet de cette cinquième problématique est celui qui concerne l’administration et la gestion des écoles et des lycées qui sont recrutés selon un système basé sur l’accumulation de points (notes des inspecteurs et nombre d’années). Ceux qui ont la chance d’être choisis pour cette mission sont généralement fatigués par l’âge, épuisés par les classes et n’aspirent qu’au repos. Il faut former des jeunes cadres administratifs et gestionnaires pour les établissements scolaires.
Les problématiques étant définies, il n’est donc plus question de continuer cette politique de l’autruche et de ne pas reconnaitre que ce secteur, vital pour le développement de notre pays, vit un réel problème. S'il est des secteurs qui exigent beaucoup d’attention et de sérieux dans la vie d'une nation, celui de l'enseignement occupe la place privilégiée. Ce secteur doit nécessairement mériter l'attention de l'Etat avec toutes ses composantes. Les raisons sont claires et évidentes. L'enseignement est le seul moyen pour former et préparer les générations qui devront prendre la relève en matière des responsabilités; la moindre négligence à ce niveau ne pourrait que conduire à une catastrophe sociale que je qualifierais de « séisme social » dont l’onde de choc est à redouter car il sera certainement dévastateur.
Plusieurs scénarios peuvent être envisagés pour résoudre ces problématiques. Nous reviendrons, dans un prochain article pour les définir et déterminer les conditions de leur réalisation. Si le Maroc réussit à relever ce défi dans l’enseignement général, le problème de l’université ne se posera plus.
A ce propos, il faut dire que les universités sont identifiées et considérées comme des éléments-clefs de la croissance des états. S’inspirant étroitement du modèle américain, la plupart des pays du monde investissent maintenant dans le développement et la valorisation de leurs universités.
En ce qui concerne l'Enseignement supérieur et universitaire au Maroc, il faut reconnaitre que de grandes avancées ont été réalisées : des pôles universitaires et de recherche ont été mis en place et des écoles supérieures ont ouvert leurs portes pour accueillir des étudiants dont les effectifs sont en nette augmentation chaque année. Toutefois, beaucoup de problèmes subsistent. Le bilan présente des données inquiétantes. Du manque de matériel didactique, à l'inadaptation des infrastructures, au manque de cadres suffisamment outillés pédagogiquement et méthodologiquement en passant par une explosion démographique dans les établissements publics. De plus, les lauréats des différentes facultés publiques ne présentent pas toujours le profil recherché par les entreprises et le marché de l’emploi. Bref, le tableau des réalisations n’est pas toujours enchanteur.
Nous pouvons relever, mais seulement à titre indicatif, quelques failles du système d’enseignement supérieur :
1) Comme dans l’enseignement général, les programmes enseignés sont restés trop classiques avec les mêmes contenus des années 80, à part quelques disciplines et spécialités nouvelles. On enseigne dans les facultés des matières qui ne servent à rien dans la préparation des futurs cadres. Les programmes doivent être conçus pour répondre aux besoins du tissu économique, ils doivent être orientés vers les nouvelles technologies et surtout ils ne doivent pas être rigides pour pouvoir les adapter à l’évolution de notre monde.
2) La généralisation et la gratuité dans l’enseignement supérieur n’est plus admise dans le contexte actuel. Ne peuvent accéder à l’université que ceux qui ont les qualités requises pour bien réussir. Fini les facultés à accès ouvert où les étudiants s’inscrivent pour passer le temps sans aucune volonté de réussir et sans aucune motivation. Résultats, 4000 à 5000 étudiants en 1ère année avec un taux de sortie ne dépassant pas 10 % dans certaines facultés comme le droit ou les lettres.
3) Si on arrive à régler le problème des facultés à accès ouvert, le problème des amphis pleins ne se posera plus et on aura rétabli les conditions favorables pour assurer un bon enseignement orienté vers l’excellence.
4) Le système pédagogique adopté dans nos universités (L.M.D) est parmi les meilleurs systèmes pédagogiques du monde mais les conditions de travail (des groupes de 100 à 300 étudiants) ne permettent pas d’assurer les résultats escomptés.
5) Depuis le départ volontaire de la plus grande partie des anciens professeurs qui ont acquis de l’expérience, le jeune corps professoral n’a pas suffisamment de compétences pédagogiques pour dominer les spécialités enseignées. Ceci est dû au court parcours doctoral. Un doctorat préparé en 3 années n’est pas suffisant pour former un bon chercheur et donc un bon professeur. Il faut donc revoir le profil des professeurs pour ne pas tomber dans les mêmes problèmes de l’enseignement général. Le cycle doctoral (qui est de 3 années actuellement), préparant les futures enseignants chercheurs du supérieur doit être étalé sur une longue période. Ainsi, on pourra relever la qualité de notre enseignement et relever le niveau de la recherche de nos universités qui est en chute libre. Le dernier classement qualitatif du CISC, dans son rapport « Ranking Mundial de Universidades en la web », les universités marocaines sont classées dans le dernier rang dans le monde arabe (l’Arabie saoudite avec les premières places dans le monde Arabe).
6) Avec de bons professeurs, de bons chercheurs, l’université retrouvera sa place dans les rangs des meilleures structures universitaires mondiales. Une université sans recherche ne mérite pas ce nom.
7) Le ministère de l’enseignement supérieur doit revoir sa vision et sa philosophie vis-à-vis du secteur privé et le considérant comme partenaire et non comme concurrent. Un secteur privé qui fonctionne bien ne peut être qu’un atout pour le pays. Les structures du privé qui ne respectent pas la déontologie et les réglementations en vigueur doivent être sanctionnées. La coopération entre privé et public est vivement souhaitée. Les accréditations octroyées sans équivalences avec les diplômes de l’état n’ont aucune valeur. Le ministère doit trancher cette question une fois pour toute.
Pour pallier ces carences, le secteur privé, qui s’est développé rapidement ces dernières années, s’est imposé avec la nette volonté de participer au développement économique du pays en formant des profils performants répondant aux attentes et aux exigences des entreprises.
L’ouverture de l’enseignement supérieur au secteur privé national ou étranger était une solution incontournable et un choix imposé par la conjoncture économico-politique aussi bien nationale qu’internationale. Il fallait s’inscrire positivement dans le phénomène de la mondialisation et de la globalisation et s’inspirer étroitement du modèle universitaire occidental en l’occurrence le modèle anglo-saxon. Les règles et les lois régissant cette ouverture doivent être définies en concertation avec les professionnels du secteur. Elles doivent être appliquées avec une priorité aux nationaux.
L'existence des Universités privées dans le paysage de l’enseignement supérieur pourra avoir des conséquences bénéfiques pour le secteur. Elles contribueront à l’amélioration de la qualité de l'Enseignement Supérieur et inciteront toutes les composantes du secteur à entrer dans une dynamique de concurrence et d’émulation qui pourront sans aucun doute résoudre les problèmes des effectifs, de la qualité de l’enseignement et du chômage des diplômés.
L’ouverture de l’enseignement supérieur au secteur privé doit se faire dans les règles de l’art. Elle doit se faire suite à des cahiers de charges, dans le respect total de la loi et en conformité au cadre juridique et à la législation en vigueur. Les autorisations et le contrôle doivent être chapeautés de manière par l’administration de tutelle et l’Agence d’Evaluation qui doit être indépendante. Le ministère de tutelle, fort d’une législation réglementant le secteur doit avoir une position claire dans ce domaine. Il doit savoir trancher et ne laisser aucune place à la polémique. L’on sait tous que l’ambigüité ne peut engendrer que confusion, désordre et incompréhension.
L’ouverture de l’enseignement supérieur aux universités privées nationales ou étrangères posera certainement plusieurs types de problèmes qui peuvent être facilement contournés s’il y’a une agence d’évaluation indépendante.
Un autre aspect à ne pas oublier est celui de l’évaluation pédagogique au sein des universités et des écoles privées. Il est indéniable que pour le bon fonctionnement de ces établissements universitaires, un système d’évaluation efficace ambitionnant la création de valeur et sous-tendu par un dispositif de contrôle et de coordination infaillible, s’avère incontournable. Ainsi la problématique de l'accréditation, de la reconnaissance et de l'équivalence des diplômes des écoles de l'enseignement supérieur privé ne se posera plus avec la même acuité et ne sera plus qu’une simple formalité administrative.
A l’école HEEC, nous sommes conscients de l’enjeu considérable que représente le système d’évaluation pour la survie et le développement d’une grande Ecole. Un système d’évaluation efficace, équitable, démocratique et scientifique ne peut que contribuer à une meilleure compréhension des phénomènes de création et de répartition de la valeur, à une véritable égalité des chances, à une démocratie sociale et à l’émergence d’un citoyen respectueux des valeurs de la société et apte à participer activement au développement économique et humain du pays. Nous avons pu consolider notre positionnement dans le paysage de l’enseignement supérieur. Nous avons pu ancrer dans les esprits de nos étudiants de vrais valeurs et de vrais comportements universitaires. Nos lauréats sont intégrés facilement dans le tissu économique et les plus grandes entreprises du pays et de la région. Beaucoup d’entre eux occupent actuellement des postes de direction (après seulement quelques années d’expérience). C’est là notre fierté.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI