LES CAHIERS DE L’IMRI
Septembre 2013
Géopolitique du Maroc
Nouveau positionnement dans un monde qui change.
Par Jawad KERDOUDI
INTRODUCTION :
Le monde en ce début du XXIème siècle a beaucoup changé. Il appartient à chaque pays en fonction de l’état du monde et de ses propres capacités à se positionner au mieux. On assiste en effet à de grands changements de notre planète. Sur le plan politique, le monde fragmenté et inégalitaire est devenu multipolaire. L’hyperpuissance américaine a laissé la place à plusieurs pôles de puissance dont les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). L’Europe ne joue plus le premier rôle qu’elle détenait au XIXème siècle. Les grandes organisations internationales dont l’ONU n’ont pas été à la hauteur des défis du siècle. Les organisations régionales se sont renforcées pour faire face à la mondialisation. Pays d’importance moyenne tant par la surface que par la population, le Maroc a l’avantage d’une position géographique stratégique avec la proximité de l’Europe, de l’Afrique Sub-saharienne, et de la région MENA. Bénéficiant d’une stabilité politique, son manque de ressources énergétiques est compensé par une économie diversifiée mais qui doit gagner en compétitivité. Les deux axes principaux qui dominent son positionnement international sont la question du Sahara et la nécessité du développement économique et social.
Sur le plan économique, on assiste toujours à de grandes disparités entre les pays les plus riches et les plus pauvres. La grave crise économique mondiale 2008-2009 a failli être systémique entraînant la fin du capitalisme. En tous cas, les nouvelles sources de croissance ne proviennent plus de l’Occident, mais plutôt des pays hors OCDE. Enfin, les grandes organisations économiques mondiales (OMC, Banque mondiale, FMI) ont tenté mais sans grand succès à relever les défis économiques de la planète.
Face à ce monde en plein changement, comment le Maroc doit-il se positionner ?
Le but de cette étude est de diagnostiquer le monde tel qu’il est en ce début du XXIème siècle, et de tenter de définir une stratégie de positionnement du Maroc dans ses relations internationales. Il s’adresse aux décideurs politiques et économiques, aux chercheurs et étudiants, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent aux relations internationales.
LE MONDE EN CE DÉBUT DE XXIème SIÈCLE :
La première impression qui ressort de la vue du globe terrestre est celle d’un monde fragmenté et inégalitaire en surface. En effet à côté d’Etats qui occupent de grandes étendues, figurent d’autres de surface moyenne, puis d’autres de surface petite et certains de surface minuscule. Ceci est dû à l’histoire de l’humanité qui a façonné tout au long des siècles le monde où nous vivons actuellement. La conséquence est la reconnaissance officielle de 193 Etats par l’Organisation des Nations Unies. Cette inégalité en surface se retrouve également en puissance économique, mais avec quelques exceptions où de petits Etats en surface sont devenus de grandes puissances économiques.
L’histoire récente a montré qu’au niveau de l’influence mondiale, l’Europe a laissé la place aux Etats-Unis et à l’URSS tout au long de la guerre froide. Après la chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de l’URSS, les Etats-Unis se sont hissés au niveau d’une « hyperpuissance » dans la décennie 1990. Mais à partir des années 2000, on a assisté à la montée des pays émergents notamment des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Le monde en ce début de XXIème siècle est devenu multipolaire. Certes les Etats-Unis ont perdu le premier rôle dans le monde, mais ils demeurent la première puissance économique et miliaire de la planète. Les BRICS constituent maintenant 40% de la population mondiale, et atteindront 40% du PIB mondial en 2025. Ils contribueront en 2015 à 61% de la croissance mondiale, et veulent jouer un rôle mondial en organisant entre eux un Sommet annuel. Une place toute particulière doit être accordée à la Chine, qui durant la dernière décennie a réalisé des progrès économiques considérables, et s’est hissée au rang de la deuxième puissance économique mondiale après les Etats-Unis. L’Europe pour garder sa place dans le monde, s’est regroupée au sein de l’Union européenne qui est actuellement constituée de 28 Etats. Certes, elle n’a pas réussi à constituer un Etat fédéral et connaît actuellement une récession économique, mais elle demeure la première puissance commerciale du monde, et 18 Etats européens ont adopté une monnaie unique : l’Euro. Quant à l’Afrique et l’Amérique latine, elles se sont réveillées de leur long sommeil économique, et ont atteint des taux de croissance intéressants dans la décennie 2000. Elles sont promises à un bel avenir du fait de leurs ressources naturelles et de leur démographie en expansion.
Pour organiser le monde et préserver la paix mondiale, les vainqueurs de la seconde guerre mondiale ont créé en 1945 l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui a son siège à New York. Regroupant la quasi-totalité des Etats de la planète, cette organisation a tenté avec beaucoup de difficultés de remplir sa mission. Sa structure est inadaptée à la situation actuelle du monde, puisque cinq Etats permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) disposent d’un pouvoir exorbitant : le droit de vote. En effet, aucune résolution ne peut être adoptée par le Conseil de Sécurité sans l’accord des cinq Etats précités. Toute les tentatives de réforme de l’ONU jusqu’à maintenant ont échoué. Le rôle de l’ONU est actuellement très controversé, du fait de son inefficacité à remplir sa principale mission qui est la préservation de la paix dans le monde. On l’a vu récemment dans le cas de la Syrie, où le Conseil de Sécurité a été incapable d’adopter une résolution pour ramener la paix dans ce pays. Pour pallier justement à la défaillance de l’ONU, a été créé en 1999 le G20 qui regroupe 19 Pays plus l’Union européenne. Le G20 représente 90% du PIB mondial, 85% du commerce mondial et les 2/3 de la population de la planète. Les critères du choix des membres du G20 sont indéterminés : ont été retenus les pays les plus puissants économiquement, ainsi que d’autres pays représentatifs d’un région du monde. Il n’en demeure pas moins que le G20 ne représente pas tous les Etats de la planète. Il faut cependant reconnaître à son crédit le rôle qu’il a joué pour sauver l’économie mondiale pendant la grande crise financière 2008-2009. Les organisations régionales jouent également un rôle important dans le monde en ce début du XXIème siècle. Ces organisations regroupent des pays appartenant à une même zone géographique, et ont principalement pour objet par la conclusion d’Accords de libre-échange, la promotion des échanges commerciaux et des investissements. On peut citer outre l’Union européenne, l’ALENA, l’ASEAN, le MERCOSUR, l’APEC, l’UMA. Cette dernière union qui regroupe l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Libye et la Mauritanie ne s’est malheureusement pas concrétisée pour des raisons politiques.
Sur le plan économique, le monde en ce début du XXIème siècle continue à connaître d’importantes disparités régionales. Les 10 pays les plus riches ont des PIB qui varient de 1.833 milliards de $ (Inde) à 15.075 milliards $ (Etats-Unis), tandis que les 10 pays les plus pauvres ont des PIB qui varient de 37 millions $ (Tuvalu) à 713 millions $ (Saint Christopher). La même disparité se retrouve dans les PIB par habitant qui varient de 115.809 $ (Luxembourg) à 217 $ (République démocratique du Congo). Le monde se caractérise donc par une inégalité flagrante où une partie de la population mondiale ne couvre pas ses besoins élémentaires (1 milliard de personnes ne mangent pas à leur faim). Pour pallier à cette situation a été créée en 1945 la Banque mondiale, dont le rôle est le développement économique pour lutter contre la pauvreté. Certes cette organisation a fourni beaucoup d’efforts pour éradiquer la pauvreté, mais les résultats sont insuffisants. Pour promouvoir la coopération monétaire internationale, garantir la stabilité financière et développer les échanges commerciaux, ont été créés en 1944 le Fond monétaire international et en 1994 l’Organisation mondiale du commerce. Ces organisations ont été longtemps dominées par l’Occident (Etats-Unis et Europe), et font actuellement l’objet de réformes afin de donner une plus grande place aux pays en développement.
Ce début du XXIème siècle a été également marqué par une grave crise financière née aux Etats-Unis et qui a abouti en Septembre 2008 à la faillite d’une grande banque d’affaires Lehman Brothers. En effet sous l’impulsion de Margaret Thatcher au Royaume-Uni et Ronald Reagen aux Etats-Unis, le libéralisme économique a triomphé. Les tenants de cette théorie économique préconisent la réduction du rôle de l’Etat en faveur du secteur privé, la diminution des impôts, des taxes et des taux d’intérêt, l’élimination des obstacles tarifaires et non tarifaires dans le commerce international, et enfin la déréglementation financière par une libre circulation des capitaux dans le monde. Les mesures prises pour appliquer cette théorie ont entraimé une accélération de la circulation des capitaux financiers dans le monde, et un renforcement du rôle des marchés financiers internationaux, qui sont devenus les arbitres des politiques économiques nationales. Tout particulièrement, la déréglementation financière et l’absence de contrôle des banques et des établissements financiers, a entraîné des abus tels que l’utilisation des dépôts bancaires pour des opérations spéculatives, et la confection de produits financiers dérivés complexes dont on ne sait plus sur quoi ils reposent. Du fait de la mondialisation et de la recherche effrénée du profit par la spéculation, ces produits « toxiques » ont essaimé à travers le monde et ont contaminé l’économie de plusieurs pays.
Ce système anachronique est arrivé à une telle extrémité aux Etats-Unis, où des banques et des établissements financiers accordaient des crédits pour l’achat immobilier à des personnes insolvables, du fait de la faiblesse du taux d’intérêt et de la spéculation immobilière qui régnait sans partage. Cette situation ne pouvait durer éternellement, et le retour à des taux d’intérêt plus élevés a entraîné la défaillance des remboursements de crédit, la multiplication des ventes immobilières, et l’effondrement des prix. L’économie mondiale a connu un risque de défaillance systémique par suite de la faillite de certains grandes banques et établissements financiers. La crise financière s’est transformée en crise économique en 2009 et a eu des répercussions graves aux Etats-Unis et en Europe : récession économique et très fort endettement public.
Grâce aux mesures prises par le G20 qui a permis le sauvetage des grandes banques et des grandes entreprises, la crise systémique a été évitée et un certain rétablissement de l’économie mondiale est apparu en 2013. Cependant ce rétablissement n’est pas général, car si l’économie aux Etats-Unis connaît une progression modeste mais régulière, et si la croissance en Chine s’est renforcée, l’Europe et le Japon continuent de souffrir de la récession.
En conclusion, on peut affirmer que le monde en ce début du XXIème siècle vit une transition politique et économique. Sur le plan politique, on assiste à des progrès de la démocratie et des droits de l’homme malgré la survie de quelques dictatures et régimes autoritaires. On constate également que le monde est devenu multipolaire avec un affaiblissement de l’Occident au profit des pays émergents. Sur le plan économique, on note du fait de mondialisation une réduction de la pauvreté notamment en Chine, Inde, et Amérique latine. Mais la persistance des pays les moins avancés (PMA) en Afrique et en Asie, montre que les problèmes de développement ne sont pas encore résolus. Enfin la grave crise financière internationale 2008 a montré la nécessité d’une réforme du système monétaire international, et l’organisation de l’économie mondiale sur des bases nouvelles, loin de tout libéralisme débridé.
POSITIONNEMENT GLOBAL DU MAROC :
Le Maroc, pays moyen par la surface (700.000 km2), la population (32 millions d’habitants) et le PIB (100 milliards de $), occupe une position géographique stratégique. Baigné par deux mers, l’Océan Atlantique et la Mer Méditerranée, il contrôle le Détroit de Gibraltar et se trouve à proximité de l’Europe, de l’Afrique Sub-saharienne et de la région Mena (Afrique du Nord et Moyen-Orient).
Sur le plan politique, le Maroc bénéfice de la stabilité grâce à une monarchie millénaire qui fait le consensus de toute la population. Dès l’indépendance, le Maroc a opté pour le multipartisme et l’économie de marché. Plusieurs constitutions ont été adoptées au fur et à mesure des vicissitudes de la politique, mais c’est incontestablement la dernière Constitution de Juillet 2011 qui a apporté les plus grandes avancées. L’adoption de cette dernière Constitution a permis au Maroc de traverser le Printemps arabe sans trop dégâts à tel point qu’on a parlé « d’exception marocaine ». Certes d’autres progrès sont à faire pour parfaire la démocratie marocaine, mais la voie est ouverte et il appartient aux partis politiques, aux syndicats et à la société civile de conjuguer leurs efforts pour la consolider.
Sur le plan extérieur, le Maroc bénéficie d’une bonne image du fait d’une diplomatie sereine basée sur la promotion de la paix, la résolution pacifique des conflits, la coopération internationale et l’ouverture sur le monde. Outre que le Maroc est actif dans toutes les organisations internationales, il dispose de 92 Ambassades dans le monde et de centaines de Consulats malgré des moyens financiers limités.
Sur le plan économique, le Maroc dispose des plus grandes réserves du monde en phosphates, mais souffre d’une pénurie de ressources énergétiques, notamment les hydrocarbures qu’il doit importer de l’étranger. Pour y pallier, il a mis en œuvre une importante politique de promotion des énergies renouvelables basée sur l’éolien et le solaire. L’économie marocaine est assez diversifiée : le PIB national est en moyenne 15% en provenance du secteur primaire, 30% du secteur secondaire et 55% du secteur tertiaire.
Des Plans ont été lancés pour développer le tourisme (Plan Azur) l’agriculture (Plan Maroc vert), la pêche maritime (Halieutis) et l’industrie (Emergence). Un effort tout particulier doit être fait pour l’industrialisation du pays qui seule permet la multiplication des emplois pérennes. Malheureusement, la balance commerciale est structurellement déficitaire puisque les exportations ne couvrent que 48% des importations. Depuis 2008, la balance des paiements est également déficitaire, du fait que les IDE, le tourisme et les transferts de RME ne couvrent plus le déficit du commerce extérieur.
La situation aussi bien de la balance commerciale que de la balance des paiements s’est aggravée cette dernière décennie, du fait d’une politique précipitée d’ouverture sur l’extérieur, avec la conclusion de nombreux Accords de libre échange qui ont été surtout profité à nos partenaires.
Tenant compte de ce diagnostic du Maroc sur le plan politique qu’économique, quel doit être son positionnement dans les relations internationales ?
Sur le plan politique la priorité est à accorder à la question du Sahara. En effet, le Maroc a achevé son unité territoriale en récupérant en 1975 les provinces sahariennes. Ces dernières représentent un tiers du territoire national, et le Maroc a dépensé plus de 90 milliards de dirhams de 1975 à 2011 pour le développement de ces provinces. Malheureusement et du fait de l’opposition principalement de l’Algérie, cette récupération n’est pas reconnue sur le plan international, et le problème du Sahara se trouve entre les mains de l’ONU. Cette situation est préjudiciable au Maroc sur plusieurs aspects : la non-reconnaissance de jure de ces territoires au patrimoine national, le coût élevé des dépenses affectées au budget militaire, enfin l’absence d’investissements internationaux pour développer les ressources potentielles de cette région. Le Maroc a fait une grande avancée en proposant en 2007 à l’ONU un plan d’Autonomie pour le Sahara accordant à cette région des pouvoirs exécutifs et législatifs importants, mais sous souveraineté marocaine. Ce plan qui a reçu l’appui des grandes puissances a été déclaré « Crédible, sérieux et réaliste » par l’ONU. Mais malgré tous les efforts du Maroc et de ses alliés, ce plan a été rejeté par le Polisario et son protecteur l’Algérie, et la question du Sahara n’est toujours pas résolue à ce jour. Cette question est très importante pour le Maroc, car l’instauration qu’à Dieu ne plaise d’une République sahraouie sous influence algérienne à notre frontière sud serait catastrophique. Aussi, toute la diplomatie marocaine doit être mobilisée pour défendre notre position sur cette question, afin d’obtenir l’accord du plus grand nombre de pays sur le plan d’autonomie proposé par le Maroc.
Le deuxième objectif du Maroc dans ses relations internationales est le développement économique et social. Le Maroc a absolument besoin parallèlement aux investissements nationaux des IDE (Investissements Directs Etrangers). Ces derniers apportent à notre économie des capitaux en devises étrangères, de l’emploi, et du savoir-faire notamment au niveau du management. Certes le Maroc engrange bon an mal an 3 milliards de $ d’IDE, mais ce niveau est insuffisant et il y a lieu de le doubler à l’horizon 2020. Pour cela des efforts internes doivent être faits pour améliorer le climat des affaires au Maroc, simplifier les procédures, proposer une fiscalité attrayante, relever le niveau de qualification des cadres et des ouvriers, lutter contre la corruption, et instaurer un justice équilibrée, rapide et efficace.
Sur le plan externe, il y a lieu de multiplier les bureaux à l’étranger de l’AMDI (Agence Marocaine de Développement des Investissements), et doter les Ambassades de Conseillers économiques compétents. Ces derniers doivent également s’engager, à promouvoir les exportations marocaines sur leur pays de résidence. Pour l’équilibre de la balance commerciale, il y a lieu d’améliorer la compétitivité globale de l’économie, élargir l’offre exportable, et intensifier les efforts de promotion. Pour l’équilibre de sa balance des paiements, le Maroc doit tout faire pour atteindre l’objectif de 20 millions de touristes en 2020 prévu par le Plan Azur. Les représentations officielles du Maroc doivent jouer un rôle très important pour attirer le maximum de touristes, surtout en provenance des pays non traditionnels (Chine, Russie, Pays de l’Est européen). De même, la communauté marocaine installée à l’étranger doit fait l’objet de tous les soins du gouvernement. Cette communauté contribue pour une bonne part dans l’approvisionnement en devises étrangères du Maroc et dans l’investissement.
En conclusion, les deux critères qui doivent être pris en compte par le Maroc dans son positionnement international sont la question du Sahara et le développement économique et social. Les prochains chapitres seront consacrés à la mise en application de ces critères région par région.
L’UNION EUROPÉENNE :
L’Union européenne (UE) est une Association de 28 Etats européens qui délèguent par traité l’exercice de certaines compétences à des organes communs. La population de l’UE était de 503 Millions d’habitants au 1er Janvier 2012, et constitue la plus importante du monde après la Chine et l’Inde. Cependant si l’espérance de vie y est la plus longue du monde, le taux de croissance démographique est l’un des plus faibles de la planète. C’est la première zone économique mondiale avec un PIB en 2011 de 16.316 milliards de $ soit 25,08% du PIB monde. Le PIB par habitant est l’un des plus élevés dans le monde et équivaut en moyenne à 29.660 $. Le PIB par secteur est celui des pays développés avec seulement 1,8% pour l’agriculture, 24,9% pour l’industrie et 73,2% pour les services.
L’économie européenne est aussi la première puissance commerciale du monde, puisque ses exportations et importations représentent environ 16% des échanges commerciaux mondiaux. C’est la première partenaire commerciale des Etats-Unis, de la Chine, de l’Inde, de la Russie, du Mercosur, de la Corée du Sud et de l’OPEP. C’est ainsi que la Chine est le premier fournisseur et le deuxième client de l’UE, alors qu’à l’inverse les Etats-Unis sont le premier client et le deuxième fournisseur. La Russie de son côté se classe comme troisième fournisseur et quatrième client de l’UE. L’UE abrite le deuxième siège des plus grandes firmes multinationales après les Etats-Unis. L’UE est enfin le lieu privilégié des investissements mondiaux puisqu’elle a constitué en 2011 36% du stock mondial d’investissements entrants, et 43% du stock mondial d’investissements sortants.
La construction européenne est une véritable épopée. L’objectif des pères fondateurs était de créer un Europe pacifique unie et prospère. Afin d’éviter la guerre entre européens, l’idée était de construire une Union avec des intérêts tellement imbriqués qu’aucun Etat ne peut provoquer un conflit armé. La seconde idée était que le cumul des ressources permettrait le développement économique et social de tous. Les moyens pour obtenir ces objectifs sont la libre circulation des marchandises, des services, des flux financiers et des personnes, ainsi que l’élaboration de politiques communes dans divers secteurs, et la solidarité pour développer les pays ou les régions de l’Union qui en ont besoin. Victor Hugo avait déjà parlé des « Etats-Unis d’Europe » et les pères fondateurs : l’italien Alberto Spinelli et les français Jean Monnet et Robert Shuman avaient déclaré « L’ère des souverainetés nationales absolues est dépassée : l’Europe doit avoir une vision d’un destin désormais partagé ».
L’Union européenne ne s’est pas faite grâce à une baguette magique. La construction européenne a duré plus d’un demi-siècle et s’est réalisée grâce à une volonté et des efforts incessants. En effet, dès les années 1950 a été créée la Communauté européenne du charbon et de l’acier. C’est donc par l’économie que la construction européenne a commencé. A l’origine il n’y a eu que six pays : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas. L’acte fondateur de la construction européenne a été en 1957 le Traité de Rome qui a institué la Communauté économique européens (CEE) appelée aussi « Marché commun ». Dans les années 1960 ont été abandonnés par les pays de la CEE les droits de douane dans les échanges commerciaux, et a été instaurée la politique agricole commune. L’année 1973 a vu l’adhésion à la CEE du Danemark, de l’Irlande et du Royaume-Uni. Afin de développer les régions les moins développées de l’Union, un mécanisme de transferts de fonds structurels a été mis en place. En 1979 a été décidée l’élection au suffrage universel des membres du Parlement européen. Les années 1980 ont vu l’adhésion de la Grèce, la signature des Accord de Schengen éliminant les frontières pour plusieurs pays européens, ainsi que l’adhésion de l’Espagne et du Portugal. En 1986 notamment a été signé « l’Acte unique » qui a programmé la suppression de toute entrave à la libre circulation des marchandises pour parvenir au marché unique.
L’année 1989 a vu la chute du mur de Berlin et la libération du joug soviétique des pays Est-européens, tandis qu’en 1993 ont été effectivement mises en place les quatre libertés : libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux. Le Traité de Maastricht institue l’Union européenne en élaborant de nouvelles politiques communes, en affirmant la citoyenneté européenne et en instituant la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). En 1995 ont adhéré à l’Union européenne l’Autriche, la Finlande et la Suède, et en 1999 a été signé la Traité d’Amsterdam qui a renforcé les politiques et moyens de l’Union au niveau de la justice, de la politique étrangère, de la santé publique, et de l’environnement.
La grande nouveauté de l’Union européenne a été l’adoption en 1999 par les banques et les entreprises d’une monnaie commune l’Euro, suivie en 2002 de la mise en circulation des billets et des pièces. A noter que trois pays n’ont pas adopté l’Euro : le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark. L’année 2004 a vu l’admission de huit pays de l’Est européen ainsi que Malte et Chypre, suivie en 2007 de l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, et en 2013 de la Croatie constituant ainsi une Union à 28 Etats.
Pour administrer l’Union européenne, un certain nombre d’institutions ont été mises en place. L’organe moteur de l’Union a été sans aucun doute la Commission de Bruxelles. Celle-ci représente en toute indépendance l’intérêt commun à tous les pays membres de l’Union. C’est elle qui propose les lois dites « directives », assure la mise en œuvre des politiques communes, exécute le budget, gère les programmes, et conduit les négociations commerciales sur le plan bilatéral et multilatéral. Le Vice-Président de la Commission est également le Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et de sécurité. Non moins important est le Conseil de l’union européenne, où sont représentés les gouvernements des Etats membres au niveau des ministres, et qui traitent les questions techniques. A ne pas confondre avec le Conseil européen qui réunit les chefs d’Etat et de gouvernement, qui est maintenant doté d’un Président permanent, et qui a pour compétences les orientations générales et les priorités politiques. Le pouvoir législatif est du ressort du Parlement européen où sont représentés les citoyens des Etats membres. A cela s’ajoute d’autres institutions plus spécialisées comme le Comité économique et social, le Comité des régions, la Cour de justice, la Cour des comptes. Un rôle important est joué par les institutions financières : la Banque centrale européenne qui gère l’euro, veille à la stabilité des prix, et définit la politique économique et monétaire de l’Union. Aussi important est le rôle de la Banque européenne d’investissements, qui appartient aux Etats membres de l’Union et finance les projets de développement, ainsi que le Fonds européen d’investissements qui fournit du capital à risques aux PME.
On ne peut qu’admirer cette construction européenne qui a été menée sans usage de la force et grâce au volontariat des pays membres. Le succès de l’Union se mesure au niveau des pays membres, qui est passé de 6 à l’origine à 28 maintenant, dans l’attente de l’admission des autres pays des Balkans. Mais le bilan de l’Union européenne reste mitigé, et a amené au développement d’un fort mouvement au sein même de l’Union appelé « Eurosceptiques ». Sur le plan politique, ces derniers se recrutent d’un part par ceux qui considèrent que l’intégration politique est insuffisante et qu’il faut tendre vers un Etat fédéral à l’instar des Etats-Unis d’Amérique. Au contraire, les souverainistes considèrent que trop de pouvoirs ont été donnés aux institutions européennes de Bruxelles au détriment des pays membres. Mais c’est sur le plan économique que la désillusion est la plus grande. En effet, l’économie de l’Union européenne et surtout celle de la zone euro a été fortement impactée par la crise financière née en 2008 aux Etats-Unis. Certains Etats européens ont subi un très fort endettement supérieur à 100% du PIB tels que la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Irlande et la Belgique, avec un risque de contagion vis-à-vis des autres pays membres de l’Union. En effet, lors de la création de l’Euro, il n’y a pas eu l’établissement de règles précises quant à une politique commune dans les domaines budgétaires, économiques et fiscaux. A l’initiative de l’Allemagne et de la France et pour sauver l’Euro, a été créé le Fonds économique de stabilité financière (FESF) doté de 250 milliards d’euros. Ce fonds s’étant avéré insuffisant, a été créé en Décembre 2012 le Mécanisme économique de stabilité (MES) d’un montant de 500 milliards d’euros. Ce fonds opéré par le BCE a eu pour but de racheter la dette souveraine des Etats fragiles. Pour éviter à l’avenir une nouvelle crise de l’euro, un nouveau Traité européen est en négociations pour effectuer un contrôle plus strict des budgets nationaux, et une plus grande cohésion en matière économique et fiscale avec l’objectif de créer un gouvernement économique de la zone euro. C’est ainsi qu’obligation a été faite aux gouvernements de la zone euro d’inclure dans leur Constitution la « règle d’or » qui a pour objet de maintenir les déficits budgétaires sous le seuil de 0,5% du PIB. Valeur d’aujourd’hui, on peut considérer que la zone euro a été sauvée, mais les prévisions économiques restent très pessimistes pour 2013 (croissance : 0,1%, chômage : 11%, déficit budgétaire : -3,4%, endettement : 92,2% du PIB, inflation : 1,86%).
Un nouvel espoir est né pour l’Union européenne avec le début des négociations d’un Accord de libre-échange avec les Etats-Unis, qui ont commencé le 8 Juillet 2013 à Washington. Cet Accord de libre-échange a pour objet de promouvoir les échanges commerciaux et les investissements entre les deux partenaires. Des études ont montré que la conclusion de cet Accord apporterait un gain de 115 milliards d’euros à l’Union européenne. Cette dernière ainsi que les Etats-Unis représenteront après la conclusion de l’Accord 50% de la production mondiale. Ceci permettrait à l’Occident (Etats-Unis et Europe) de faire face à la montée en puissance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui atteindront 40% du PIB mondial en 2025, et contribueront dès 2015 à 50% de la croissance mondiale. Dès 2015 et si l’Accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe est signé, il faudra s’attendre à une nouvelle distribution des cartes sur la scène mondiale.
RELATIONS MAROC-UNION EUROPÉENNE :
Les relations entre le Maroc et l’Union européenne sont très anciennes et très importantes. Elles ont débuté par un premier Accord Commercial en 1969 qui ne comprenait que le volet commercial. Par la suite l’Accord de Coopération de 1976 a ajouté les volets économique, financier, et social. Dès cet Accord, les produits industriels marocains ont été exonérés de droits de douane à leur entrée sur les marchés européens. Par contre, l’exportation des produits agricoles a fait l’objet de restrictions pour protéger la production européenne notamment des fruits et légumes. Sur le plan social, le Maroc a obtenu pour ses ressortissants travaillant dans l’Union européenne les mêmes droits que les travailleurs européens. Le Maroc a bénéficié également d’une aide financière qui s’est élevé de 1976 à 1996 à 1125 millions d’écus dont 574 de dons. Mais c’est l’Accord d’Association de 1996 qui a tracé un véritable partenariat entre le Maroc et l’Union européenne. En effet a été ajouté aux accords précédents le dialogue politique, de même qu’a été décidée la création d’une zone de libre échange pour les produits industriels à l’horizon 2012. Cependant ont été maintenues les restrictions en matière d’échanges agricoles. Cet Accord d’Association a été accompagné d’une aide financière de l’Union européenne au Maroc dans le cadre du programme Meda d’un montant de 630 millions d’euros pour la période 1996-1999 et 686 millions d’euros pour le période 2000-2006. Enfin en 2008 a été accordé par l’Union européenne le statut avancé par lequel le Maroc bénéficie de toutes les attributions d’un pays membre excepté la participation aux institutions politiques de l’Union. Le statut avancé est une feuille de route pour permettre au Maroc d’intégrer à terme le marché unique européen, sous condition de rapprocher sa législation de l’acquis communautaire. Le statut avancé permet également au Maroc de participer aux Agences et programmes de l’Union européenne. Il est accompagné comme les Accords précédents par une aide financière en tant qu’appui aux réformes de structure et à la modernisation de l’économie.
C’est ainsi qu’en Février 2012 a été signée une Convention de financement accordant au Maroc une enveloppe de 2 milliards de dirhams pour l’aider à l’harmonisation législative. De même a été ratifié le même mois par le Parlement européen le nouvel Accord agricole qui permet l’augmentation des contingents tarifaires accordés au Maroc pour les fruits et légumes. Le programme indicatif national (PIN) pour la période 2011-2013 a consacré un budget de 580 millions d’euros au profit du Maroc. Enfin et à partir de 2013 ont commencé les négociations de l’ALECA (Accord de libre échange complet et approfondi) qui doit inclure les services et les marchés publics. En conclusion, les relations entre le Maroc et l’Union européenne sont très importantes puisque deux tiers de notre économie sont tournés vers l’Europe. Certes, l’Union européenne traverse actuellement une crise économique du fait des conséquences de la crise financière née aux Etats-Unis en 2008, mais elle constitue toujours la première puissance commerciale du monde. Aussi le Maroc loin de se détourner de cette région qui est très proche géographiquement et historiquement, doit au contraire renforcer davantage ses relations avec ce partenaire privilégié. Ceci d’autant plus que l’Union européenne a entamé des négociations avec les Etats-Unis pour la conclusion d’un Accord de libre-échange. Le Maroc étant l’un des rares pays à avoir un Accord de libre échange avec l’Union européenne et les Etats-Unis, doit profiter de cette nouvelle opportunité pour diversifier son commerce extérieur, et devenir une plateforme de production et d’exportation en relation avec deux entités économiques qui vont représenter 50% de la production mondiale une fois l’Accord de libre-échange conclu.
L’AFRIQUE :
L’Afrique d’une superficie de 30 millions de km2 couvre 20,3% des terres émergées. Sa population la plus jeune de la planète est de 1 milliard d’habitants et représente 16% de la population mondiale. Il est prévu que la population de l’Afrique atteigne 1,7 milliard d’habitants à l’horizon 2050. L’histoire récente de l’Afrique a été marquée au XIXème siècle par le partage de ce continent par les puissances européennes suite à la Conférence de Berlin (1844-1849). La colonisation européenne qui a duré jusqu’au XXème siècle a concerné tous les pays africains sauf le Liberia et l’Ethiopie. Les mouvements nationalistes ont commencé dès 1910 et se sont achevés en 1975 avec l’indépendance de tous les pays africains. Pendant la guerre froide, l’Afrique a été instrumentalisée par les deux blocs américains et soviétique jusqu’aux années 1990. L’Afrique compte aujourd’hui 54 Etats souverains dont 18 constituent l’Afrique de l’Est, 9 l’Afrique Centrale, 6 l’Afrique du Nord, 5 l’Afrique Australe et 16 l’Afrique de l’Ouest. C’est un continent extrêmement fragmenté où seuls 27 pays ont une population supérieure à 10 millions d’habitants.
Sur le plan politique, l’Afrique a créé l’Organisation de l’unité africaine en 1963 à Casablanca, qui a été remplacée en 2002 à Durban par l’Union africaine qui regroupe les 54 Etats du continent. Le but de l’Union africaine est de promouvoir la démocratie et les droits de l’homme, et de veiller au développement économique et social du continent. Les moyens utilisés pour parvenir à ce dernier objectif sont les investissements internes et externes dans le cadre du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). Des progrès ont été réalisés ces dernières années pour l’établissement de la paix et de la démocratie, et pour le développement durable respectant l’environnement. Il est prévu à moyen et long terme la création par l’Union africaine d’une Banque centrale de développement. Pour lutter contre les coups d’Etat militaires, l’article 4 de l’Acte constitutif de l’Union africaine stipule « les gouvernements qui accèdent au pouvoir par des actes anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités de l’Union. Cet article a été effectivement utilisé, et plusieurs pays africains ont été suspendus de l’Union suite à des coups d’Etat militaires.
Sur le plan institutionnel, l’Union africaine dispose d’un Parlement panafricain composé de 265 représentants de pays africains, et qui doit devenir à terme le plus important organe législatif de l’Union. L’organe suprême de l’Union africaine est la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement des Etats-membres, qui se réunit une fois par an et qui prend les décisions par consensus ou par majorité des 2/3. L’autorité exécutive de l’Union africaine qui a siège à Addis Ababa est la Commission qui est composée de 10 commissaires. Le Conseil exécutif qui est composé des ministres désignés par les gouvernements des Etats membres a pour compétence les domaines du commerce international, la sécurité sociale, l’organisation et la communication. Les institutions judiciaires de l’Union africaine comprenant la Cour Africaine de justice et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Les institutions économiques de l’Union africaine comprennent la Banque Centrale africaine, la Banque africaine d’investissements et le Fonds monétaire africain.
En sus de l’Union africaine centrale, ont été créées des communautés économiques régionales au nombre de 8 :
* UMA : Union du Maghreb Arabe.
* COMESA : Marché Commune de l’Afrique Orientale et Australe.
* CENSA : Communauté des Etats Sahelo-Sahariens.
* EAC : Communauté de l’Afrique de l’Est.
* CEEAC : Communauté des Etats d’Afrique Centrale.
* CEDEAO : Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
* IGAD : Autorité intergouvernementale pour le développement.
* SADC : Comité de Développement de l’Afrique australe.
Suite au dilemme : l’intégration continentale doit-elle se faire en un seul bloc unitaire, ou doit-elle passer au préalable par l’intégration des sous-régions, le Plan d’action de Lagos (1980) et le Traite d’Abuja ont tranché pour l’intégration régionale d’abord. La création de Communautés économiques régionales a eu pour conséquence que certains Etats appartiennent à plusieurs communautés, d’où la nécessité d’une rationalisation.
Les grands axes de la politique de l’Union africaine sont la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, la prévention et la résolution pacifique des conflits, le développement économique et social, la préservation de la santé des populations notamment par la lutte contre le sida qui s’est propagé dans plusieurs Etats membres. Sur le plan extérieur, c’est l’Union africaine qui représente l’Afrique à l’ONU, et qui tente de coordonner les politiques étrangères des pays membres. L’Union africaine est également officiellement représentée auprès des Etats-Unis et de l’Union européenne. L’Union africaine a également pour objectif de créer à terme une zone de libre échange englobant toute l’Afrique, une union douanière et un marché unique. L’Union africaine a permis de faire quelques avancées, mais est loin d’atteindre tous ses objectifs.
Sur le plan économique, le PIB de l’Afrique s’élève en parité de pouvoir d’achat à 3359 milliards de $, soit un PIB par habitant de 3204 $. Alors que l’Afrique représente 16% de la population mondiale, son PIB ne contribue qu’à 6% du PIB mondial. C’est ainsi que le continent africain reste sous-développé par rapport aux autres continents de la planète. Ceci se reflète dans sa structure de l’économie qui se décompose en agriculture (13,8%), l’industrie (41,5%) et les services (44,7%). Les richesses principales de l’Afrique proviennent de ressources naturelles, dont une grande partie est exportée. C’est ainsi que l’Afrique recèle 30% de tous les minerais de la planète, 40% de l’or, 60% du cobalt et 90% de platine. Les autres minerais qu’on trouve en Afrique sont l’antimoine, la bauxite, le chrome, les diamants, le fer, le manganèse et le pétrole. L’Afrique est également producteur de phosphate, de pétrole, de gaz, de charbon et d’uranium. Son commerce extérieur est basé principalement sur l’exportation de matières premières et l’importation des produits manufacturés. Les destinations principales des exportations africaines sont l’Union européenne (23%), les Etats-Unis (11%) et la Chine (10%). A noter le très grand intérêt de la Chine pour l’Afrique afin de couvrir ses besoins en matières premières. La Chine a développé une politique très active vis-à-vis de l’Afrique en organisant chaque année à Pékin le Sommet annuel sino-africain.
Elle exploite elle-même ou elle importe les matières premières dont elle a besoin, et vend aux pays africains les produits manufacturés. Parallèlement à ses activités économiques, la Chine offre aux pays africains une aide financière et technique pour aider à leur développement. C’est ainsi que la Chine est devenu le premier client de la RDC, Congo, Soudan, Angola, Mauritanie, Zambie. L’Inde également s’intéresse à l’Afrique mais dans des proportions moindres que la Chine. Elle est ainsi le premier client de la Guinée Bissau. L’Afrique est devenue ces dernières années un lieu de compétition entre l’Occident (Etats-Unis et Europe) et le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine).
L’Afrique a connu ces derniers années une belle croissance et a bien résisté à la crise mondiale 2008-2009. Ses taux de croissance sont comme suit : 2009 : (+3,1%) ; 2010 : (+5,0%) ; 2011 : (+3,5%) ; 2012 : (+6,6%). Il est prévu une croissance de 4,8% en 2013 et 5,3% en 2014.
Les IDE en Afrique n’ont pas baissé malgré la crise mondiale (en milliard de $) : 2007 : (63,1 milliards de $) ; 2008 : (73,4 milliards de $) ; 2009 : (60,1 milliards de $) ; 2010 : (55,01 milliards de $).
Malgré des taux de croissance intéressants durant cette dernière décennie, l’Afrique doit faire face à plusieurs défis. Sur le plan politique, certains pays africains ont atteint au bon degré de démocratie et des droits de l’homme, mais ce n’est pas général et on assiste encore à des coups d’état militaires de temps en temps. Il est absolument indispensable d’assurer la stabilité politique sans quoi aucun développement économique et social n’est possible.
Sur le plan économique, la priorité est la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales. Sur les 49 pays les moins avancés (PMA) 34 se trouvent en Afrique. L’autre priorité est le développement des infrastructures : routes, ports, chemins de fer, barrages qui sont indispensables pour le promotion de l’activité économique. La solution du partenariat public-privé est à encourager, car cette formule permet à l’Etat d’économiser des capitaux publics alors que le secteur privé peut assurer une meilleure rentabilité des investissements. Pour créer des emplois, il est absolument nécessaire de développer le secteur privé qui seul fournit les emplois productifs. Il faut dans ce cadre adapter les programmes d’éducation et de formation aux besoins de l’économie, en associant le secteur privé à la confection des programmes scolaires. Une grande place doit être accordée aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) qui permettent d’obtenir une meilleure productivité du travail. Il faut souligner le rôle très positif joué par la Banque Africaine du Développement (BAD) qui intervient dans tous les pays africains pour le développement des infrastructures et du secteur privé, notamment les PME. Un grand effort doit être fait en Afrique pour assurer la bonne gouvernance des entreprises publiques, en luttant contre la corruption et l’économie de rente. De même, le climat des affaires (doing business) doit être amélioré pour offrir au secteur privé les meilleures conditions de travail.
Un autre défi qui doit relever l’Afrique est la croissance inclusive et durable. Il faut en effet que la croissance profite à toute la population et non à une minorité et qu’elle s’applique à toute les régions, surtout les plus pauvres. Pour qu’elle soit durable, il faut lutter contre les effets du changement climatique (sécheresse dans les Etats du Sahel et la corne de l’Afrique), la désertification et la déforestation. Il faut enfin éviter l’épuisement des matières premières par une exploitation intensive (croissance brune).
En conclusion, l’Afrique est un continent très prometteur par sa croissance démographique et ses grandes ressources naturelles. Il sera appelé à jouer un grand rôle au XXIème siècle.
RELATIONS MAROCO-AFRICAINES :
Ce chapitre ne concerne que les relations du Maroc avec l’Afrique sub-saharienne. Les relations du Maroc avec l’Afrique du Nord seront traitées dans le chapitre MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
Les objectifs de la politique marocaine vis-à-vis de l’Afrique sub-saharienne poursuivent deux buts : consolider la position du Maroc sur la question du Sahara, et développer les échanges commerciaux et les investissements avec les pays africains dans l’intérêt des deux parties. Les éléments qui ont motivé la politique africaine du Maroc sont le souci de diversification des débouchés de l’économie marocaine suite à la crise économique qui frappe l’Europe, ainsi que la bonne croissance de l’économie africaine ces dernières années. Elle s’explique également par l’intensification de la concurrence dans les marchés du Nord.
Les moyens mis en œuvre par le Maroc pour cette nouvelle politique vis-à-vis de l’Afrique sub-saharienne sont l’annulation de la dette marocaine pour les PMA (Pays les moins avancées) africains et l’exonération totale des droits de douane pour leurs produits à l’entrée au Maroc. Les autres moyens ont été la signature d’un grand nombre d’Accord bilatéraux avec les pays africains ainsi qu’un rapprochement avec les Communautés économiques régionales africaines notamment la CEDEAO. D’autres actions ont été entreprises par le Maroc en faveur des pays africains telles que l’aide publique au développement, la coopération technique et l’accueil d’étudiants africains.
La promotion des échanges commerciaux et des investissements vers l’Afrique a connu cette dernière décennie une envolée remarquable. Elle se base sur la signature de 14 Conventions tarifaires, de non-double imposition, et de protections des investissements avec 13 pays : Sénégal, Gabon, Niger, Côte d’Ivoire, Cameroun, Mali, Angola, Bénin, Burkina Faso, RDC, Tchad et Guinée. Le roi du Maroc Mohamed VI a effectué de multiples visites dans les pays africains depuis son accession au Trône. Ces visites ont été suivies d’actions concrètes comme l’organisation de «Caravanes à l’export», la participation aux Salons et foires, et les missions d’hommes d’affaires marocains. Les secteurs économiques marocains les plus intéressés par les marchés africains sont l’agro-alimentaire, le BTP, la chimie, la pharmacie, l’électricité, et les techniques de l’information et de la communication. Toutes ces actions ont permis de réaliser plus d’un milliard de $ d’échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique Sub-saharienne, particulièrement l’Afrique de l’Ouest.
Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique souffrent cependant de certains obstacles. On peut citer à titre d’exemple le niveau élevé des droits de douane en Afrique Sub-saharienne (20% en moyenne) ainsi que les obstacles non tarifaires. Les infrastructures de transport (notamment les lignes maritimes directes sont insuffisantes). Il y a également un manque d’information des hommes d’affaires des deux côtés sur les régimes préférentiels. Enfin le secteur des services n’est pas libéré, et l’appareil productif marocain est peu adapté aux spécificités des marchés africains, notamment au niveau des prix (cost leadership) pratiqué par la Chine.
Cependant malgré les difficultés, le Maroc est arrivé à exporter son savoir- faire notamment dans les secteurs de l’électrification, l’accès à l’eau potable, les infrastructures, les télécoms et le logement social. Le Maroc constitue actuellement le deuxième investisseur africain après l’Afrique du sud. Les investissements ont surtout concerné le secteur financier par l’achat de banques locales ou l’installation des filiales de banques marocaines : Attijariwafa Bank, BMCE, Banque Populaire. Les autres secteurs concernés par les investissements marocains sont les télécoms, l’eau potable, les mines, la promotion immobilière, et les infrastructures.
En conclusion, l’Afrique Sub-saharienne doit être considérée par le Maroc comme une priorité tant sur le plan politique qu’économique.
RÉGION MENA :
La région MENA (Middle East and North Africa) est une subdivision géopolitique américaine qui comprend le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et qui s’étend du Maroc à l’Iran. Cette région dispose de vastes réserves de pétrole et de gaz : 60% de réserves de pétrole et 45% de réserves de gaz de la planète. Sa population est de 335 millions d’habitants comprenant 19 pays d’inégale importance selon les richesses en pétrole et en gaz.
C’est ainsi qui on peut classer les pays de la région Mena comme suit :
* Les pays qui ont un PIB de plus de 200 milliards de $ où on trouve l’Arabie Séoudite, l’Iran, les Emirats Arabes Unis, l’Algérie, Israël, l’Egypte.
* Les pays qui ont un PIB de plus de 100 milliards de $ qui comprennent : Qatar, le Koweït, l’Irak et le Maroc.
* Les pays qui ont un PIB de moins de 100 milliards de $ où l’on trouve la Libye, Oman, la Syrie, la Tunisie, le Liban, le Yémen, la Jordanie, Bahreïn et la Palestine.
L’Afrique du Nord est constituée du Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte tandis que les autres pays froment le Moyen-Orient. On trouve dans la région MENA plusieurs régimes politiques : des monarchies héréditaires, des régimes autoritaires, enfin des régimes relativement démocratiques. C’est une région qui a connu des troubles très importants à partir de l’année 2011 depuis le déclenchement de ce qu’on appelle « Le Printemps arabe », qui a vu la chute des dictatures en Tunisie, Libye et Egypte. Le Moyen-Orient reste confronté au conflit israélo-palestinien qui dure depuis un demi-siècle, et dont une lueur d’espoir est apparue après la reprise des négociations directes israélo-palestiniennes en Juillet 2013 sous l’égide des Etats-Unis. Enfin, un antagonisme latent persiste entre l’Iran et les pays arabes sunnites où chaque partie essaie de dominer la région. Du fait de la présence de grandes réserves de pétrole et de gaz, les grandes puissances se sont toujours intéressées à la région Mena. Les Etats-Unis se sont érigés en protecteur des pays arabes du Golfe, tandis que la Russie a perdu pied dans cette région après la chute de l’URSS. La Russie tente cependant en apportant son appui à Bachar Al Assad en Syrie de maintenir son influence dans la région. Quant à l’Europe seules la France et la Grande-Bretagne sont influentes dans la région pour des raisons historiques et économiques. En définitive, la région MENA peut être considérée comme pauvre sauf les pays producteurs d’hydrocarbures, où beaucoup de conflits persistent.
Sur le plan politique l’Afrique du Nord présente plusieurs aspects. Le Maroc pays le plus stable grâce à son régime monarchique, a fait des avancées démocratiques après le Printemps arabe par la promulgation d’une nouvelle constitution, des élections législatives libres et transparentes, qui ont amené au pouvoir un parti d’apposition. L’Algérie par contre a connu peu d’avancées démocratiques et reste l’otage de l’Armée qui détient le pouvoir réel depuis l’indépendance. En Tunisie, la chute du régime Ben Ali a donné la victoire aux islamistes, mais la situation politique est très instable du fait d’une minorité de salafistes qui n’hésite pas à assassiner les opposants. Malheureusement, l’avenir est très incertain dans ce pays qui a été le berceau du Printemps arabe. La Libye également suite à la chute du régime de Kaddafi, connaît une situation politique instable du fait des rivalités tribales et de la présence de milices armées. Quant à l’Egypte, elle connaît une situation très difficile après la chute du régime Moubarak. Les islamistes qui ont gagné les élections n’ont pas pu résoudre la grave crise économique qui a frappé le pays après la Révolution, et tenir compte de l’opposition laïque et moderniste. Il s’en est suivie l’intervention de l’armée égyptienne qui a destitué le Président islamiste Morsi, et provoqué de grands manifestations dans tout le pays. L’avenir de l’Egypte est également très incertain valeur aujourd’hui.
Sur le plan économique, l’Afrique du Nord peut être considérée comme une région relativement pauvre. Le PIB par habitant (Parité pouvoir d’achat en dollars) s’élève comme suit : Egypte (2.788), Maroc (3.428), Tunisie (4.200), Algérie (4.436), Libye (11.340). Ces chiffres ont été établis avant le Printemps arabe, et s’expliquent pour le cas de l’Algérie et de la Libye par la présence des richesses en hydrocarbures. Le Maroc malgré l’absence d’hydrocarbures a pu construire une économie dynamique et diversifiée, mais qui souffre de graves déficits des finances publiques, et de la pauvreté qui continue à concerner une frange de la population. L’économie de l’Algérie peu dynamique est basée principalement sur les hydrocarbures, avec très peu de diversification, et est considérée comme « un pays riche où les habitants sont pauvres ». L’économie de la Libye est également constituée par l’exploitation des hydrocarbures sans diversification, et avec une grande absence d’infrastructures. Enfin l’Egypte, pays arabe le plus peuplé (82 millions d’habitants) a vu son économie dégradée après le Printemps arabe du fait de la baisse des revenus du tourisme, du Canal de Suez, et des investissements directs étrangers. En conclusion, l’Afrique du Nord est à la croisée des chemins après le Printemps arabe, où l’avenir de la démocratie et du respect des droits de l’homme reste incertain. L’économie de l’Afrique du Nord est très liée à la stabilité politique.
Le Moyen-Orient comprend en son sein un groupement influent du fait de sa puissance financière : le Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Créé en 1981, il est composé de six pays : Arabie Seoudite, Oman, Koweït, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Qatar. Le but du CCG est d’assurer la stabilité politique et économique de la région au moyen d’une union à moyen ou long terme. La majorité des habitants de ce groupement sont des musulmans sunnites. La population totale du CCG et de 43,2 millions d’habitants avec un PIB de 13.854 milliards de $ et un PIB par habitant de 32.060 $. Le CCG dispose des plus grands réserves mondiales de pétrole et de gaz, et de grands ressources financières qui lui permettent de jouer un rôle régional et mondial très important. Sur le plan régional, il fait face à l’Iran qui veut assurer sa supériorité sur la région par la promotion du chiisme. Sur le plan mondial, Qatar s’est distingué ces dernières années par une implication très importante sur la scène internationale à la fois sur le plan politique et économique.
Les autres pays du Moyen-Orient sont moins riches et sont confrontés à de grandes difficultés. Israël dispose du PIB par habitant le plus élevé (28.685 $) du fait d’une économie moderne et d’une alliance stratégique avec les Etats-Unis. Il tente d’étendre son territoire par la colonisation en Cisjordanie et Jérusalem-Est. Mais sa sécurité ne sera assurée qu’après la conclusion d’un Accord de paix avec ses voisins arabes, et la reconnaissance d’un Etat palestinien viable. Le Liban multi-éthnique et multi-religieux est très influencé par la situation de son voisin syrien, et souffre de l’antagonisme entre le Hisbollah parrainé par l’Iran et les autres minorités vivant dans les pays. L’Iran, République islamique non démocratique veut jouer un rôle de leadership en Moyen-orient grâce à son intention non avouée d’acquérir l’arme nucléaire. La Jordanie est une monarchie qui doit faire face à des grands problèmes politiques et économiques. La Syrie vit une guerre civile atroce (100.000 morts, des milliers de blessés, des millions de réfugiés) et se trouve être le jouet des grandes puissances. En effet alors que l’Occident (Etats-Unis et Europe) soutient les rebelles, la Russie et la Chine apportent leur appui au régime sanglant de Bachar Al Assad.
L’Irak une décennie après la chute du régime de Saddem Hussein, connaît une situation trouble après le départ des Etats-Unis, et souffre d’un antagonisme meurtrier entre les trois communautés du pays : les kurdes, les chiites et les sunnites. Enfin le Yémen, pays très pauvre influencé par les pays du Golfe, a subi une semi-révolution après le Printemps arabe par le remplacement du Président en exercice par son vice-Président. En conclusion, la région du Moyen-Orient est très trouble et très convoitée du fait de ses richesses en hydrocarbures.
Les relations du Maroc avec la région Mena différent d’un pays à l’autre. Avec l’Algérie le Maroc est confronté à un grave différend sur la question du Sahara. Depuis la récupération des provinces sahariennes par le Maroc en 1975, l’Algérie fournit un soutien politique et matériel au Polisario, et mène une campagne diplomatique internationale en faveur de ses thèses. Ce différend mine les relations bilatérales entre les deux pays et constitue un frein à la construction maghrébine dans le cadre de l’UMA. Par contre, les relations du Maroc sont normales avec les autres pays d’Afrique du Nord (Tunisie, Libye, Egypte) qui du fait du Printemps arabe connaissait une situation de grande instabilité politique. Sur le plan économique, il faut saluer le traité d’Agadir entre le Maroc, la Tunisie, la Libye et l’Egypte, qui par la création d’une zone de libre-échange entre ces pays tente de promouvoir les échanges commerciaux et d’investissements.
Avec les pays du Moyen-Orient, le Maroc entretient d’excellentes relations avec les pays du Golfe qui ont consenti à une aide financière au Maroc de 5 milliards de $ échelonnée sur cinq ans. De plus, les pays du Golfe investissent de plus en plus au Maroc dans les secteurs de l’immobilier, du tourisme, et des énergies non renouvelables.
Par contre, le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en Mars 2009, du fait des revendications de ce dernier pays sur des îles appartenant au CCG, et de la promotion du chiisme au Maroc. Le Maroc a toujours apporté son appui total à la cause palestinienne et a mis concrètement en œuvre l’Agence Bayt Mal Al Qods qui effectue des investissements à Jérusalem en faveur des Palestiniens. Pour ce qui est de la Syrie, le Maroc a condamné la répression sanglante du régime de Bachar Al Assad, et fait partie des « Amis de la Syrie » favorables aux rebelles. Enfin le Maroc entretient des liens étroits avec la Jordanie qui a le même régime monarchique.
En conclusion, le Maroc pays africain et arabe tente de jouer un rôle important dans la région Mena. C’est ainsi qu’il a des ambassades dans tous les pays de la région Mena sauf l’Iran et Israël. Il participe régulièrement aux réunions de la Libye arabe, et tente de défendre le point de vue arabe du fait de son appartenance en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour défendre la cause nationale qui est la récupération du Sahara, il recherche l’appui de tous les pays arabes sur cette question. Le Maroc rappelle à chaque occasion la nécessité de la construction maghrébine dans le cadre de l’UMA, et tente de dynamiser le Traité d’Agadir qui tarde à produire tous ses effets. Enfin le Maroc a décidé d’établir un partenariat stratégique avec les pays du Golfe.
L’ASIE :
L’Asie est le plus grand continent de la planète avec une superficie de 48,3 millions de km2 et couvre 29,4% des terres émergées. Sa population est de 4,2 milliards d’habitants soit 60% de la population mondiale. L’Asie est un concept culturel plutôt qu’une entité physique homogène. L’Asie est constituée de 51 pays d’inégale importance. Les plus grands pays par la superficie sont la Russie, la Chine, l’Inde, la Kazakhstan, l’Indonésie et le Mongolie. Le classement par la population donne la Chine et l’Inde qui dépassent chacun un milliard d’habitants, puis viennent après l’Indonésie, le Pakistan, le Bangladesh, la Russie et le Japon, qui dépassent tous les 100 millions d’habitants. Le classement par le PIB (parité de pouvoir d’achat) donne en premier lieu la Chine, suivie du Japon, la Russie, l’Inde, la Corée du Sud et la Turquie. Par PIB par habitant (parité de pouvoir d’achat), c’est Singapour qui vient en premier lieu, suivi par le Japon, Hong Kong, Brunei, la Corée du Sud et Taiwan. Au niveau de classement par IDH (Indice de développement humain) c’est le Japon qui est le premier suivi par Singapour, la Corée du Sud, Brunei, la Malaisie, et la Russie.
L’économie de l’Asie est très riche en ressources naturelles (pétrole, gaz, pêche, forêt, agriculture, minerais) et abrite 6 des 25 plus grandes puissances mondiales qui sont : Chine, Japon, Russie, Inde, Corée du Sud, Turquie. Elle abrite aussi 3 des 5 puissances BRICS : Russie, Inde, Chine. L’industrie est très puissante en Chine, Taiwan, Corée du Sud, Japon, Inde, Singapour. Un grand nombre de firmes multinationales appartiennent au Japon et à la Corée du Sud. On assiste également ces deux dernières décennies à une grande délocalisation des firmes occidentales en Asie du fait du marché, de la productivité, et des bas salaires. L’Asie comporte également de grands centres financiers tels que Hong Kong, Singapour, Tokyo, Shanghai, Bombay. Enfin l’Asie est une grande destination pour l’offshoring (Centres d’appels, services financiers et informatiques) en Inde, Pakistan, Philippines. En conclusion l’Asie est le continent d’avenir pour le XXIème siècle.
Le Maroc s’intéresse à l’Asie pour des raisons politiques (Question du Sahara) mais surtout économiques. Il dispose de 15 ambassades en Asie, Afghanistan, Azerbaïdjan, Bengladesh, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Japon, Malaisie, Pakistan, Russie, Thaïlande, Turquie, Ukraine, Vietnam.
Les objectifs de la politique marocaine vis-à-vis de l’Asie est de convaincre le maximum de pays de cette région pour apporter leur appui au Plan d’autonomie pour le Sahara proposé par le Maroc à l’ONU. Pour le volet économique, il s’agit d’attirer les investissements de ces pays vers le Maroc, et de développer les exportations. Le troisième objectif est d’obtenir le maximum d’aide publique au développement en provenance des pays les plus riches (Chine, Japon, Corée du Sud).
Les pays avec lesquels le Maroc a le plus d’échanges commerciaux sont la Chine, la Russie, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud et l’Inde selon le tableau ci-dessous :
Échanges commerciaux du Maroc avec les pays d’Asie
(Année 2012 en millions de dh) :
* Chine : Import : 25.585 - Export : 2.403 - Taux de couverture : 9 %.
* Russie : Import : 20.263 - Export : 2.069 - Taux de couverture : 10 %.
* Turquie : Import : 9.797 - Export : 2.898 - Taux de couverture : 30 %.
* Japon : Import : 5.630 - Export : 1.763 - Taux de couverture : 31 %.
*Corée du Sud : Import : 5.138 - Export : 1.507 - Taux de couverture : 29 %.
* Inde : Import : 4.377 - Export :10.005 - Taux de couverture : 229 %.
Le Maroc est déficitaire vis-à-vis de tous les pays de l’Asie sauf l’Inde du fait des exportations de phosphates et dérivés de l’OCP. Le commerce extérieur avec la Chine est largement bénéficiaire pour ce dernier pays, du fait qu’il inonde le marché marocain de produits avec un bon rapport qualité/prix. Avec la Russie le commerce extérieur marocain est également déficitaire. Idem pour la Turquie malgré un Accord de libre échange qui a surtout bénéficié à ce dernier pays.
Vis-à-vis au Japon et de la Corée du Sud, le commerce extérieur marocain est également déficitaire. Cette situation est dûe au fait que l’économie marocaine n’est pas assez compétitive pour pénétrer ces marchés hautement concurrentiels. L’offre exportable marocaine n’est pas assez diversifiée et se limite à une centaine de produits. La prospection des marchés asiatiques par le Maroc est insuffisante, ainsi que l’usage de l’anglais qui est la langue d’affaires utilisée dans ces pays.
Aussi tout en essayant de promouvoir ses exportations sur l’Asie, le Maroc doit surtout chercher à attirer les investissements en provenance de cette région. Certes nos principaux partenaires : Chine, Russie, Turquie, Japon, Corée du Sud et Inde ont déjà effectué quelques investissements, mais d’une manière très insuffisante. Pour attirer les investissements asiatiques, le Maroc doit améliorer le climat des affaires, renforcer le rôle économique des ambassades marocaines installées dans ces pays et ouvrir des bureaux de l’AMDI (Agence marocaine de développement des investissements). Il doit aussi multiplier les actions de promotion dans ces pays pour faire connaître le Maroc et ses opportunités d’investissements. Un autre secteur économique à développer vis-à-vis de l’Asie est celui du tourisme où ces pays recèlent un énorme gisement du fait de leur population et de l’augmentation de vie de leur population.
En conclusion, l’Asie qui est le continent d’avenir du XXIème siècle doit être considérée comme une priorité pour le Maroc. L’économie marocaine orientée actuellement au deux tiers sur l’Europe doit absolument se diversifier, et l’Asie constitue une destination privilégiée. Il faut cependant élaborer une politique globale vis-à-vis de cette région qui doit cibler les pays où il y a le plus de chances de pénétrer ces marchés très concurrentiels. Un effort tout particulier doit être mené pour attirer les investissements asiatiques au Maroc. Il faut généraliser l’apprentissage de la langue anglaise, indispensable pour faire des affaires dans ces pays. Il faut enfin multiplier les ambassades, les bureaux de l’AMDI pour assurer une présence puissante du Maroc dans ces pays, et multiplier les actions de promotion. C’est un travail de longue haleine mais qu’il faut commencer dès maintenant.
L’AMÉRIQUE :
Le continent américain couvre une superficie de 42 millions de km2 soit 8,30% de la planète. Sa population est de 936 millions d’habitants soit 13,5% de la population mondiale. Appelée aussi « Nouveau monde », l’Amérique a connu la civilisation précolombienne qui a duré des millénaires. L’Amérique a été le lieu de rencontre entre les autochtones et les européens après sa découverte en 1492. L’Amérique est composée de 35 pays où sont parlées 3 langues principales : l’espagnol, l’anglais et le portugais. On distingue l’Amérique du Nord qui comprend le Canada, Etats-Unis, Groenland, Mexique, Saint Pierre et Miquelon, Bermudes. L’Amérique Centrale comporte: Belize, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Paraguay, Salvador. Les Caraïbes sont constitués de 28 pays dont les plus connus sont Bahamas, Cuba, République dominicaine, Guadeloupe, Martinique, Porto Rico. Enfin l’Amérique du Sud est constituée de 15 pays dont les plus importants sont : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Equateur, Paraguay, Pérou, Uruguay, Venezuela.
L’Amérique est un continent où les pays sont d’une inégale importance aussi bien par la superficie que par la richesse. On trouve les PIB les plus élevés aux Etats-Unis, Brésil, Canada, Mexique, Argentine, Colombie, Venezuela, Chili, Pérou. Plusieurs tentatives d’unification ont eu lieu. On peut citer la création en 1948 de l’Organisation des Etats américains (OEA) dont le siège est à Washington. Elle regroupe 35 Etats américains et ses objectifs sont la défense de la démocratie et des droits de l’homme, le renforcement de la sécurité du territoire, la lutte contre la corruption et le trafic de drogues, enfin l’aide aux échanges commerciaux. En 1991 a été institué le Mercosur qui regroupe l’Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela. Son but est la libre circulation des biens, des services et des facteurs de production. Il est envisagé également le rapprochement des politiques économiques, l’harmonisation des législations, et la création d’un tarif extérieur commun. En 1994 a été signé l’Accord de libre échange Nord Américain (ALENA) qui est constitué des Etats-Unis, Canada, Mexique, et qui a pour objectif de faciliter les échanges entre les trois pays et promouvoir les investissements.
Les pays de l’Amérique avec lesquels le Maroc a le plus de relations politiques et économiques sont les Etats-Unis, le Brésil et le Canada. Les Etats-Unis avec une superficie de 9,8 millions de km2, une population de 315 millions d’habitants sont incontestablement la première puissance économique de l’Amérique et du monde avec un PIB de plus de 15.000 milliards de $. Son régime politique est une république constitutionnelle fédérale à régime présidentiel, sous forme d’une Union de 50 Etats. Le Mainland est constitué de 48 Etats adjacents, tandis que 2 Etats non limitrophes constituent l’Alaska et Hawaï, complétés par 14 territoires insulaires dans la mer de Caraïbes et le Pacifique. L’histoire des Etats-Unis a connu plusieurs péripéties : la rivalité entre New-York et Philadelphie, la fameuse conquête de l’Ouest, la guerre de Sécession (1861) qui a abouti à la libération des esclaves. Les Etats-Unis ont également participé à la première et seconde guerre mondiale, ce qui leur a permis de jouer un rôle international. Ils ont été confrontés à l’URSS pendant la guerre froide qu’ils ont fini par vaincre après la chute du mur de Berlin en 1989. Ils sont alors devenus une « Hyperpuissance » dans la décennie 1990. La société aux Etats-Unis est marquée par une grande diversité ethnique et culturelle dûe à l’immigration en provenance de tous les coins du monde. Sa puissance économique est basée sur l’agriculture, les industries de pointe et les services. Les Etats-Unis jouent un rôle mondial et sont membres de plusieurs organisations internationales : OTAN, APEC, ALENA, OEA, OCDE, ANZUS. Ils sont membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Certes après la montée en puissance des pays émergents (BRICS) dans la décennie 2000, le monde est devenu multipolaire mais les Etats-Unis demeurent la première puissance économique et militaire mondiale.
Le Brésil est le deuxième Etat d’Amérique par la superficie (8,5 millions de km2) et par le PIB (2517 milliards de $). C’est la sixième puissance économique du monde. Son régime politique est un Etat fédéral composé de 26 Etats et d’un District fédéral. L’histoire du Brésil a été marquée par la colonisation portugaise qui a apporté au Brésil la langue (le portugais), la religion chrétienne qui est encore très vivace, et la traite des esclaves d’Afrique (de 1550 jusqu’à la moitié du XIXème siècle). La société brésilienne est très métissée avec près de 50% de noirs et métis. Le Brésil a connu différents systèmes politiques : république (1889-1964) dictature militaire (1969-1985) et le retour à la démocratie (1995 à nos jours).
L’économie brésilienne se caractérise par une forte agriculture : 20% du PIB avec l’agro-alimentaire. Le Brésil est le 4ème exportateur mondial de produits agricoles et d’élevage : sucre, café, jus d’orange, soja, viande. Il est très riche en minerais : fer, aluminium, houille, pétrole ; et son secteur industriel est très diversifié : avions, sous-marins, équipement électriques, automobile, textiles, chaussures. Son secteur tertiaire est également très important puisqu’il constitué 64% du PIB. Le Brésil est très actif dans le commerce international, il est membre de l’OMC depuis le 1er Janvier 1995, et l’actuel Directeur général de l’OMC est brésilien. Le Brésil souffre cependant de deux fléaux : la pauvreté et la criminalité. Sous l’impulsion du Président Lula, un important programme de lutte contre la pauvreté a été lancé sous la forme de la « Bolsa familia » qui consiste sous conditions à distribuer une indemnité financière aux plus démunis qui constituent 30% de la population. Malgré les efforts du gouvernement, le Brésil a connu en Janvier 2013 de grandes manifestations à caractère social. En conclusion, le Brésil est un pays émergent en plein développement qui est membre de BRICS et du G20, mais qui a besoin d’un ajustement pour réduire les inégalités sociales.
Le Canada a une surface de 10 millions de km2 mais une population de seulement 34 millions d’habitants. Habité à l’origine par les « Amérindiens », son premier explorateur a été en 1534 le français Jacques Cartier. Il fût suivi un demi siècle plus tard par un autre français Samuel de Champlain qui fonda la ville de Québec en 1608. Plus tard en 1763 les Anglais mirent fin à la « Nouvelle France », mais ne parvinrent pas à éliminer la culture française qui est toujours vivace dans la province de Québec. Le Chef de l’Etat est la reine Elisabeth d’Angleterre, représentée sur place par une Gouverneur général. Mais la réalité du pouvoir appartient au Premier ministre issu des élections. Le pays est bilingue (anglais et français) et multiculturel du fait d’une immigration venue de plusieurs pays de monde. Le Canada est un Etat fédéral divisé en 3 territoires et 10 provinces qui bénéficient d’une large autonomie. Le Québec a un statut de nation au sein du Canada uni. Plusieurs tentatives d’indépendance du Québec ont eu lieu, mais n’ont pas réussi à ce jour. L’économie du Canada est prospère et dispose de ressources naturelles très importantes : ressources hydrauliques, pétrole, bois d’œuvre. C’es une grande pays agricole gros producteur de céréales, et le secteur tertiaire est également très important. En conclusion, le Canada est un pays prospère, membre du G20 et qui joue un rôle international malgré sa faible population.
RELATIONS MAROCO-AMERICAINES :
Le Maroc a un double intérêt à développer ses relations avec l’Amérique. Sur le plan politique il doit consolider ses relations pour obtenir l’appui des pays d’Amérique sur la question du Sahara. Sur le plan économique il doit développer ses échanges commerciaux et attirer le maximum d’investissements. Pour cela le Maroc a ouvert 10 Ambassades en Amérique qui sont : Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Etats-Unis, Guatemala, Mexique, Pérou, République dominicaine.
Comme déjà signalé, le Maroc entretient d’importantes relations avec trois pays d’Amérique : Etats-Unis, Brésil, Canada, et tente de les développer avec les autres pays. Avec les Etats-Unis les relations politiques sont très anciennes puisque le Maroc a été le premier pays à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis durant le règne du sultan Mohamed Ben Abdallah (1757-1790). Le premier Traite d’amitié entre le Maroc et les Etats-Unis a été ratifié en 1787 par le Congrès américain. Lors de sa visite à Casablanca lors de la conférence d’Anfa en 1943, le Président Roosevelt a offert un dîner en faveur du sultan du Maroc Mohamed Ben Youssef et a promis d’aider le Maroc à obtenir son indépendance. Suite à son indépendance, le Maroc a été un allié stratégique des Etats-Unis pendant la guerre froide. Sur le plan économique, le Maroc a signé un Traite de libre-échange avec les Etats-Unis qui est entré en vigueur le 1er Janvier 2006. Le Maroc est ainsi le seul pays d’Afrique à avoir un Traite de libre-échange avec les Etats-Unis. Le commerce extérieur marocain est déficitaire vis-à-vis des Etats-Unis, et les investissements américains au Maroc sont insuffisants. Du fait de ses bonnes relations avec les Etats-Unis, le Maroc bénéficie d’une aide financière bilatérale dans le cadre du Millenium Challenge Account, et du soutien au plan d’autonomie pour le Sahara.
Le Maroc entretient de bonnes relations politiques avec le Brésil qui a adopté une position équilibrée dans la question du Sahara. Sur le plan économique, la balance commerciale marocaine est bénéficiaire vis-à-vis de Brésil, du fait des exportations de phosphates et dérivés. Le Brésil est ainsi devenu le troisième client du Maroc après la France et l’Espagne.
Avec le Canada, les relations diplomatiques ont été établies dès 1962. Les relations politiques sont bonnes et ont permis l’installation au Canada d’une importante communauté marocaine de plus de 100.0000 personnes qui résident principalement à Québec. Une Maison du Maroc a été inaugurée en 2012 à Montréal et une ligne aérienne directe relie Casablanca à Montréal. De même 3.000 étudiants marocains fréquentent les écoles et les universités canadiennes. Cependant les échanges commerciaux entre les deux pays sont modestes et sont en faveur du Canada. Les investissements canadiens au Maroc sont en développement dans plusieurs secteurs ingénierie (SNC Lavin) aéronautique (Bombardier), tourisme (Hôtel Four Seasons), éducation (Collège Lassale) ainsi que dans le cadre des franchises.
Echanges commerciaux du Maroc
(Année 2012 : en millions de dirhams) :
* Etats-Unis : Import : 24.597 - Export : 8.015 - Taux de couverture : 33 %.
* Brésil : Import : 8.734 - Export : 10.918 - Taux de couverture : 125 %.
* Canada : Import : 3.886 - Export : 574 - Taux de couverture : 15 %.
En conclusion, le Maroc doit absolument diversifier son économie avec l’Amérique à travers les échanges commerciaux et les investissements. Il doit consolider ses relations avec les trois pays les plus importants (Etats-Unis, Brésil, Canada) mais aussi rechercher des opportunités avec les autres pays américains. Pour cela l’apprentissage de l’anglais et de l’espagnol est indispensable pour nouer des relations avec ce continent. Pour ce qui est de l’Amérique latine, le Maroc doit utiliser ses bonnes relations avec l’Espagne pour pénétrer cette région du monde, notamment à trouver des joint-venture. Le Maroc doit également renforcer sa présence en Amérique par la multiplication des ambassades, consulats, et bureaux de l’AMDI (Agence Marocaine de développement des investissements). Il doit également développer ses liaisons aériennes avec les principaux pays d’Amérique, et en premier lieu avec le Brésil qui est devenu un client important pour le Maroc. Enfin, il faut multiplier les actions promotionnelles : envoi de mission d’hommes d’affaires marocains, participation à des foires et des salons spécialisés, « roadshow » pour faire connaître les opportunités au Maroc tant pour les échanges commerciaux que pour les investissements.
L’AUSTRALIE :
L’Australie est un cas similaire à celui des Etats-Unis d’Amérique, où des explorateurs européens se sont installés et ont réduit la population indigène à une quantité négligeable. Pour le cas de l’Australie, ce fûrent d’abord des explorateurs hollandais qui se sont installés créant en 1688 la « Nouvelle Hollande ». Mais ils fûrent par la suite délogés par les britanniques lorsqu’en 1770 James Cook prit possession des deux tiers de l’île, qu’on a appelé Nouvelles Galles du Sud. En 1788 fut installé à Port Jackson (l’actuel Sydney) un camp pénitentiaire où fûrent envoyés les bagnards des îles britanniques. Les premiers années de la colonisation britannique appelées « années de famine » fûrent terribles et ont eu un effet destructif sur le populaire aborigène, du fait de la propagation des maladies apportées par les européens et de l’usage inconsidéré de l’alcool. Malgré quelques résistances de la part des aborigènes la colonisation européenne s’étendit sur toute l’île. Au XIXème siècle, l’Australie fut découpée administrativement en 6 entités : Tasmanie, Australie occidentale, Australie orientale, Victoria, Queensland, et Territoire du Nord. De 1909 à 1969 une loi scélérate permit de séparer les enfants aborigènes de leur famille, afin de les élever à l’occidentale. Cette loi dénoncée comme un génocide a permis de réduire davantage la population indigène. Alors que beaucoup d’éleveurs s’installèrent à l’intérieur du pays, l’île connaît une effervescence particulière du fait de la « Ruée vers l’or » qui dura de 1850 à 1860. Les six colonies devinrent autonomes de 1855 à 1890, le gouvernement britannique n’ayant gardé que quelques pouvoirs : affaires étrangères, défense, commerce international.
On peut considérer que l’Australie moderne est née le 1er Janvier 1901 avec la création du « Commonwealth d’Australie » constitué par la Fédération de colonies, et érigé en dominium de l’empire britannique. En 1902 le droit de vote fut généralisé aux hommes et aux femmes qui sont devenues également éligibles. L’Australie participe activement aux cotés des Alliés à la première et à la seconde guerre mondiale, ce qui lui a permis d’accéder à un rôle international. Depuis 1945, 6,5 millions de personnes de 200 pays se sont établies en Australie donnant un caractère multiculturel au pays. Faisant partie de l’ANZUS : pacte militaire entre les Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle Zélande, l’Australie participa aux conflits armés de 1950 à 1972 en Malaisie, Corée, et Vietnam. Son ambition étant de devenir un carrefour entre l’Europe, l’Amérique du Nord, et l’Asie.
Actuellement l’Australie est une puissance du Pacifique avec une superficie de 7,56 millions de km2 et une population de 22,6 millions d’habitants qui vivent principalement dans les grands villes : Sidney, Melbourne, Brisbane, Perth et Adélaïde. Elle est constituée de 6 Etats bénéficiant d’une large autonomie : Australie méridionale, Australie occidentale, Nouvelles Galles du Sud, Queensland, Tasmanie, Victoria et de 3 territoires : du Nord, de la capitale australienne, et de la baie de Jenis. Sur le plan politique c’est une monarchie parlementaire, avec comme Chef d’Etat la reine Elisabeth II représentée par un gouverneur général, mais la réalité du pouvoir appartient au Premier ministre issue des élections. C’est un pays laïque où les chrétiens représentent 61% de la population.
Sur le plan économique, l’Australie dispose d’un PIB de 1507 milliards de $ (13ème du monde), et d’un PIB par habitant de 66.471 $ (6ème du monde). Elle est considérée par le PNUD comme le 2ème pays le plus développé après la Norvège. La structure de son économie est celle d’un pays développé avec le secteur primaire (8%), secondaire (23%), et tertiaire (69%). Considérée comme la « ferme du monde » grâce à ses exportations agricoles, l’Australie développe également d’autres secteurs comme le tourisme, l’éducation et la technologie. Cependant l’absence d’une industrie de transformation orientée vers l’exportation est considérée comme une faiblesse de l’économie australienne.
Malgré la grande distance qui sépare le Maroc de l’Australie, des relations diplomatiques ont été établies entre les deux pays en 1976. Il s’en est suivi des visites de responsables de haut niveau. C’est ainsi que du coté marocain, Mr Aziz Akhanouch a entrepris une visite en Australie en 2010 qui a donné lieu à une soutien australien au secteur agricole marocain. De même en Juin 2013, Monsieur Saad Eddine El Othmani, Ministre des Affaires Etrangères a entrepris une visite à Cambera où il a présenté le plan d’autonomie du Sahara. Du coté australien ont visité le Maroc en 2010, Monsieur Peter Garrett Ministre de l’environnement ainsi qu’une délégation parlementaire australienne. En 2012, Mr Bob Carr, Ministre des Affaires Etrangères australien a également visité le Maroc. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont très faibles (509 millions de dh) en 2012, mais il y a une volonté commune de les développer suite à l’installation au Maroc en 2008 de l’Australian Trade Commission qui a également pour objet de promouvoir les investissements australiens au Maroc.
CONCLUSION :
A l’issue de cette étude qui est aussi un petit tour de la planète, force est de constater que le monde du XXIème siècle est en plein changement. Il est devenu multipolaire avec de nouvelles puissances qui vont s’affirmer d’abord à l’Est (Asie) et plus tard au Sud (Afrique et Amérique latine). L’Occident (Etats-Unis et Europe) continuera cependant à peser sur la scène mondiale, surtout s’il réussit à conclure l’Accord de libre-échange qui va lier les deux parties. Du fait de sa multipolarité, le monde du XXIème siècle a besoin d’une nouvelle gouvernance à la fois politique et économique. Les grandes organisations internationales (ONU, Banque mondiale, FMI, OMC) doivent être réformées pour donner une place plus grande aux nouvelles puissances qui vont émerger au cours de ce siècle. La nouvelles gouvernance mondiale doit tenir compte également de deux valeurs essentielles : la justice et la solidarité. La justice pour que le plus fort ne s’impose pas au plus faible. La solidarité pour que les plus pauvres, aussi bien les Etats que les individus, ne soient pas laissés à leur triste sort.
Le Maroc, pays d’importance moyenne doit multiplier les efforts pour concrétiser la construction maghrébine, qui seule permettra à l’Afrique du Nord de faire face à la mondialisation. Il doit certes consolider sa position avec ses partenaires traditionnels de l’Europe, notamment en approfondissant les liens qui l’unissent à l’Union européenne afin d’accéder au marché unique européen. Mais il doit dès maintenant mettre en œuvre une politique globale de diversification régionale. Le nombre actuel d’ambassades du Maroc démontre le déséquilibre de notre représentation diplomatique, puisque alors qu’il y a 26 ambassades en Europe, il n’en y a 13 en Asie et 10 en Amérique. La diversification doit passer en premier lieu par l’Afrique sub-saharienne qui est proche géographiquement, qui dispose d’immense opportunités, et que le Maroc peut aider à se développer économiquement et socialement. Les deux autres priorités doivent être l’Asie et l’Amérique. L’Asie parce qu’elle est déjà la source le plus importante de la croissance mondiale, et le sera davantage à l’avenir. L’Amérique et surtout les Etats-Unis vu l’Accord de libre-échange qu’ils vont conclure avec l’Union européenne, et étant donné que le Maroc est l’un des rares pays à être lié par un Accord de libre-échange avec ces deux entités qui vont représenter la moitié de la production mondiale.
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