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Elections présidentielles en Iran
Discours de Netanyahou

Par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI « Institut Marocain des Relations Internationales »


La scène internationale a été marquée la semaine dernière par deux grands événements. Le 12 Juin 2009 ont eu lieu les élections présidentielles en Iran qui ont reconduit pour quatre ans le Président Ahmedinejad. Le 14 Juin 2009 a eu lieu le discours du Premier Ministre Netanyahou sur la politique étrangère de l’Etat d’Israël.

Les élections présidentielles iraniennes qui ont bénéficié d’une forte participation, ont officiellement reconduit le Président Ahmedinejad pour un nouveau mandat, avec un taux de 63% de voix, devançant très largement son principal concurrent Moussavi. Ce dernier n’a pas manqué de dénoncer les fraudes et la manipulation de ces élections, et a demandé officiellement leur annulation devant le Conseil des gardiens de la Constitution. Les partisans de Moussavi ont protesté dans les rues Samedi 13 et Dimanche 14 Juin, et ont été sévèrement réprimés par la police. Une demande de manifestation pour le Lundi 15 Juin n’a pas été autorisée par les autorités, mais a eu lieu avec des morts et des blessés.



Le recours d’annulation de Moussavi devant le Conseil des gardiens de la Constitution n’a que peu de chances d’aboutir, car Ahmedinejad a reçu le soutien vigoureux d’Ali Khamenei, le Guide de la Révolution, qui a considéré comme une fête l’élection d’Ahmedinejad. En fait, face à une « Révolution de velours » entamée par les partisans de Moussavi, se dresse une « Révolution culturelle à la chinoise », qui a pour objet la reprise en mains du régime iranien par les fondamentalistes. La société iranienne se trouve ainsi divisée entre une majorité, subjuguée par la religion, le populisme, le nationalisme, et le justicialisme, prônés par Ahmedinejad, et une minorité souhaitant plus de libertés, plus d’ouverture vers l’extérieur, plus d’apaisement dans la politique extérieure. Pour le moment, les Pasdarans (armée idéologique du régime) et les Bassidjs (milice islamique), veillent à la défense de la théocratie iranienne, et tenteront par tous les moyens de mater l’opposition. Mais personne ne peut prévoir l’évolution de la situation.



La réélection d’Ahmedinejad va se traduire par le maintien de sa politique extérieure de son premier mandat, et notamment l’attachement à doter l’Iran de l’arme nucléaire. Qu’en sera-t-il des futures relations entre l’Iran et les Etats-Unis après la main-tendue offerte par Obama ? Seuls les mois à venir vont nous permettre de répondre à cette question, avec cependant dès maintenant un certain scepticisme quant à la normalisation des relations entre l’Iran et l’Occident. Cette réélection est dangereuse également concernant à l’affrontement de l’Iran avec Israël, qui pourrait être tenté par une action militaire contre la République islamique.



Justement lors de son discours du 14 Juin 2009, le Premier Ministre israélien Netanyahou n’a pas manqué de déclarer : « la plus grande menace pour Israël, le Proche-Orient, et le monde entier : c’est la rencontre entre l’arme nucléaire et l’Islam radical » faisant référence bien sûr à l’Iran. Dans ce même discours, Netanyahou a indiqué la politique qu’il compte suivre vis-à-vis du conflit israélo-palestinien. S’il a parlé pour la première fois d’un Etat palestinien, il a posé des conditions inacceptables pour les Palestiniens, le monde arabe et la communauté internationale. En effet, cet Etat palestinien, dont il n’a pas défini les limites, serait sans armée, sans contrôle de son espace aérien, sans la possibilité de conclure des alliances avec l’Iran et le Hamas. Comme l’a défini un Responsable palestinien, c’est un fait un Protectorat israélien sur la Palestine que propose Netanyahou.



Sur les autres questions majeures du conflit israélo-palestinien, Netanyahou est totalement négatif. C’est ainsi qu’il n’envisage pas le gel des implantations israéliennes à Jérusalem et en Cisjordanie, qu’il rejette le problème des réfugiés palestiniens en déclarant que la solution pour ces réfugiés doit se trouver en dehors du territoire israélien. Il insiste sur le fait qu’Israël est un Etat juif avec Jérusalem comme capitale indivisible, et qu’il doit être reconnu comme tel par les Palestiniens. Ce qui fait dire à juste titre à un Responsable du Hamas que la proposition de Netanyahou émane d’une « idéologie raciste et extrémiste ». L’autorité Palestiniens a réagi de son côté en accusant le chef du gouvernement israélien « de torpiller toutes les initiatives de paix dans la région ».



Comme on pouvait s’y attendre, les Etats-Unis et l’Union européenne ont souligné « l’important pas en avant » de Netanyahou, qui a admis pour la première fois la création d’un Etat Palestinien. Mais ne n’y trompons pas, les conditions que Netanyahou a posées sont telles que cet Etat ne peut voir le jour. La preuve est maintenant établie, que seule une pression forte des Etats-Unis peut infléchir la position intransigeante du gouvernement israélien. Cette pression doit s’exercer par l’absence du soutien politique des Etats-Unis à Israël au niveau de l’ONU. Rappelons que dans le passé, aucune résolution défavorable à Israël ne pouvait passer du fait du veto des Etats-Unis au Conseil de Sécurité. La pression des Etats-Unis peut s’exercer également en réduisant l’aide financière et militaire à Israël. L’armement très sophistiqué d’Israël est essentiellement américain. Il suffirait que les Etats-Unis menacent de ne pas livrer de nouveaux armements ou des pièces détachées pour influer sur la position d’Israël. L’Union européenne peut de son coté faire pression sur Israël en mettant en cause l’Accord d’Association qui la lie avec Israël, et en et rejetant toute demande de « statut avancé » de la part de l’Etat hébreu. Les pays Arabes doivent rejeter en bloc cette proposition de Netanyahou en provoquant la réunion d’un Sommet Arabe extraordinaire. Sans cette pression de la communauté internationale, le conflit israélien va perdurer pendant encore des années et des années.



En conclusion, la réélection d’Ahmedinejad à la présidence de l’Iran, et le discours de Netanyahou quant à la résolution du conflit Israélo-palestinien sont deux facteurs aggravant le risque d’une nouvelle déflagration dans la région du Moyen-Orient.







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