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Economie mondiale

Quelles perspectives pour 2014 ?

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


L’économie mondiale après une année morose en 2013 avec un taux de croissance de 2,7% reprendra des couleurs en 2014 avec un taux de croissance de 3,6%. Le commerce mondial lui emboîtera le pas avec une croissance de 4,8% en 2014 contre 3% en 2013. Cependant cette amélioration n’est pas la même pour toutes les zones et tous les pays. C’est incontestablement les Etats-Unis qui vont faire le plus de progrès en 2014 avec un taux de croissance de 3,4% et un taux de chômage ramené à 6,9%. L’Asie va connaître un certain ralentissement en 2014, mais avec tout de même un taux de croissance moyen de 6%. C’est la Chine qui va perdre un point de croissance à 6,9% en 2014, au lieu de la croissance à deux chiffres qu’elle a connue durant la dernière décennie. Le Japon va connaître une croissance de 1% en 2014, et surtout va sortir de la déflation qui a miné son économie depuis plus de quinze ans. La Corée du Sud va de son côté connaître une croissance de 3,9% en 2014 contre 2,5% en 2013.

Les deux marchés qui intéressent le plus notre pays le Maroc sont l’Europe et l’Afrique. La zone euro est sortie de la récession de 2013 (- 0,4%) mais ne va connaître qu’une faible croissance de 1% en 2014. Cette croissance est d’ailleurs différente d’un pays à l’autre. Si l’économie du Royaume-Uni va croître en 2014 de 2,5% et celle de l’Allemagne de 2%, la France ne connaîtra qu’une croissance de 1,5%, l’Italie 1,4%, et l’Espagne 1%. Les taux de chômage seront respectivement en 2014 de 5,4% en Allemagne, 7,5% au Royaume-Uni, 10,8% en France, 12,4% en Italie et 26,3% en Espagne. Le climat des affaires comme les anticipations des ménages et des entreprises continueront à s’améliorer, mais la zone euro n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise financière. L’Afrique du Nord malgré les crises politiques en Tunisie, Libye et Egypte connaîtra une croissance de 3,8% en 2014 contre 2,1% en 2013. L’Afrique subsaharienne de son côté maintiendra un taux de croissance moyen de 5,5% en 2014, certes inférieur à celui des années précédentes mais qui demeure intéressant.


Le Maroc a terminé l’année 2013 avec des résultats moyens : un taux de croissance de 5%, un déficit budgétaire de 6% du PIB, et un déficit du compte courant de 7% du PIB. Le taux de croissance pour 2014 est estimé à seulement 3,8% du fait d’une campagne agricole qui ne s’annonce pas aussi bonne qu’en 2013. C’est ainsi que le secteur primaire diminuera de 1,2%, alors que le secteur secondaire progressera de 4,5% et le secteur tertiaire de 5,1%. Ces prévisions sont basées sur une hausse de la consommation des ménages de 3,9%, des investissements de 4,5% et de la demande étrangère de 3,2%.


En conclusion, l’économie mondiale en 2014 dépendra du pilotage qu’exerceront les grandes banques centrales. Tout particulièrement la Réserve fédérale américaine (FED) dont la gestion de la décrue de son soutien à l’économie américaine sera déterminant pour l’ensemble des marchés. En effet, tout au long de la crise financière qui s’est abattue sur les Etats-Unis en 2008, la FED a adopté une politique accommandante avec des achats massifs d’actifs et des taux directeurs bas. Cette politique qui a entraîné des taux d’intérêt bas aux Etats-Unis a servi les pays émergents tels que la Chine, la Turquie, l’Inde, le Brésil et l’Indonésie. Ces derniers pays ont pu développer leurs exportations sur les Etats-Unis et s’accaparer une grande partie des flux financiers mondiaux. La FED a indiqué en Mai 2013 qu’elle envisageait de réduire son soutien à l’économie américaine. Cette simple annonce a déclenché une baisse des monnaies des pays émergents. Face à la tempête qui a secoué l’économie mondiale, la FED a reporté au 18 Décembre 2013 sa décision de ramener les achats d’actifs de 85 à 75 milliards de $ par mois. Le resserrement de la politique monétaire américaine et ses conséquences restent l’une des inconnues de 2014. De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) pour stimuler l’économie européenne a baissé le 7 Novembre 2013 son taux directeur de 1,5% à 0,25%, et martelé qu’elle dispose de nombreux outils pour agir sur l’économie. Quant à la Banque du Japon (BOJ), elle s’est lancée depuis Mars 2013 dans une politique monétaire extra-accommodante avec rachat massif de la dette publique nippone. En 2014 si la FED et la Banque d’Angleterre vont normaliser leur politique, la BCE et la BOJ vont continuer à soutenir massivement les économies européenne et japonaise.


Quant au Maroc, au-delà des questions conjoncturelles, il faut s’atteler aux grandes réformes, telles que la Loi organique des finances, le système des retraites, le département de la justice, la fiscalité et la Caisse de Compensation.


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