20ème Session du Comité Al-Qods
Quelles perspectives ?
Par Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
La 20ème session du Comité Al-Qods s’est tenue à Marrakech les 17 et 18 Janvier 2014 sous la présidence du Roi Mohamed VI, en présence du Chef de l’Etat de Palestine Mahmoud Abbas, des ministres des affaires étrangères des Etats membres du Comité, du Secrétaire Général de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), du Directeur Général de Bayt Al Mal et de quelques autres personnalités internationales invitées.
Rappelons que le Comité Al Qods est une instance de l’OCI chargée de suivre l’évolution de la ville d’Al Qods et d’agir contre les tentatives israéliennes visant à effacer le caractère arabo-islamique de la ville. Ce Comité a été créé en 1975 lors de la 6ème conférence des ministres des affaires étrangères de l’OCI à Djeddah en Arabie Séoudite. C’est au cours de la 10ème conférence ministérielle de l’OCI en 1979 que Feu le Roi Hassan II a été chargé de présider le Comité Al Qods. Dix sept sessions du Comité Al Qods ont été tenues sous la présidence de Feu le Roi Hassan II. Le Roi Mohamed VI ayant pris la relève de son Auguste père, a présidé trois sessions du Comité dont la dernière tenue à Marrakech. Les membres du Comité Al Qods sont arabes et musulmans. C’est ainsi que font partie du Comité les pays arabes suivants : Arabie Séoudite, Egypte, Irak, Jordanie, Liban, Maroc, Mauritanie, Palestine, Syrie. Les pays musulmans membres du Comité Al Qods sont : Bengladesh, Guinée, Indonésie, Iran, Niger, Pakistan, Sénégal. Le Comité Al Qods ayant senti la nécessité d’agir sur la ville même, a créé en 1998 sous l’initiative de Feu le Roi Hassan II l’Agence Bayt Al Mal Al Qods. Cette dernière n’a cessé depuis sa création d’entreprendre des actes concrets sur le terrain, pour préserver les droits arabo-islamiques de la ville sacrée et consolider la résistance de ses habitants. Son budget est de 30 millions de $ dont 80% financés par le Maroc, qui lui a permis d’agir dans quatre secteurs : l’habitat, l’éducation, la santé et la promotion sociale.
La 20ème session du Comité Al Qods s’est tenue dans un climat défavorable à la cause palestinienne. Le Printemps arabe qui a été déclenché en 2011, et qui a concerné la plupart des pays arabes avec des bouleversements considérables, a quelques peu placé au second plan la question palestinienne. D’autre part, l’actuel gouvernement israélien extrémiste composé principalement de la droite et de l’extrême droite a accentué la judaïsation de ville d’Al Qods. C’est ainsi que le 10 Janvier 2014, le gouvernement israélien a annoncé un nouveau plan prévoyant la construction de 1076 nouveaux logements à Al Qods, qui vit au rythme de la prolifération des quartiers de colonisation implantées par les autorités d’occupation.
Les exactions des israéliens se multiplient contre la population palestinienne avec des campagnes massives d’expulsion et de destruction de maisons. L’objectif avoué des responsables israéliens appuyé par un budget plus de 15 milliards de $, est de ramener la population palestinienne en 2020 à 12% de la population totale par la création de colonies peuvent recevoir 40.000 israéliens. Parallèlement, les négociations en cours entre israéliens et palestiniens sous l’égide des Etats-Unis sont dans l’impasse. En effet, Israël refuse obstinément d’arrêter la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le 14 Janvier dernier, le ministre israélien de la défense s’est même attaqué à John Kerry, le Secrétaire d’Etat américain qui n’a pas ménagé ses efforts pour la reprise des négociations, en l’accusant de ne rien comprendre au conflit israélo-palestinien et « d’être animé par une obsession incompréhensible et une sorte de messianisme ».
On ne peut que se féliciter de l’initiative du Maroc d’avoir convoqué la 20ème session du Comité d’Al Qods et d’avoir remis la question palestinienne à l’ordre du jour. Cependant, afin que les recommandations de cette 20ème session puissent avoir un effet concret, il faut une mobilisation générale des pays arabes et musulmans à la fois sur le plan politique et sur le plan opérationnel. Sur le plan politique la question d’Al Qods doit être portée le plus rapidement possible devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Il faut sensibiliser les grandes puissances américaines et européennes de prendre des sanctions commerciales et financières contre l’Etat d’Israël, car elle sont les seules à même de modifier le comportement du gouvernement israélien actuel. Sur le plan opérationnel, il faut financer beaucoup plus largement l’Agence Bayt Mal Al Qods pour lui donner les moyens de contrecarrer sur le terrain la judaïsation de la ville d’Al Qods.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI