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Sommet du G8 à l’Aquila
Quelle gouvernance mondiale ?

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI « Institut Marocain des Relations Internationales »

Faisant suite à la seconde guerre mondiale a été créée le 24 Octobre 1945 l’Organisation des Nations Unies qui avait pour objectif, entre autres, d’assurer la gouvernance économique mondiale. Dans ce but, ont été créés le Conseil Economique et Social, et un certain nombre d’organismes spécialisés dans le commerce (OMC, CNUCED), le développement industriel (UNIDO), l’agriculture (FAO), le développement économique (PNUD), ainsi que plusieurs Commissions dont la CEA : Commission Economique pour l’Afrique.

Au fil du temps, il s’est avéré que la gouvernance mondiale économique exercée par l’ONU s’est révélée inefficace. Et c’est ainsi qu’ont commencé à se créer des groupes de pays, dont le G8 constitué en 1970 à la suite des chocs pétroliers, et qui avait pour but de coordonner les politiques économiques des pays démocratiques les plus industrialisés. Ce groupe était constitué des Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Grande Bretagne, Italie et Russie. Le G8 s’est régulièrement réuni soit sous forme de Sommet, soit sous la forme ministérielle. A côté du G8 s’est créé le groupe des pays émergeants appelé G5 composé du Brésil, Chine, Inde, Mexique et Afrique du Sud. A la suite de la crise financière internationale de 2008, a été créé le G20 qui comprend outre le G8 et le G5 : l’Argentine, Autriche, Indonésie, Arabie Saoudite, Corée du sud, Turquie et Union européenne. Enfin, a été proposé par le Président Sarkozy le G14 qui comprend le G8, le G5 et l’Egypte. Outre les membres permanents de ces groupes, sont invités d’autres pays. C’est ainsi que le G8 a invité le 10 Juillet 2009, pour la réunion consacrée à l’Afrique, l’Algérie, Angola, Egypte, Ethiopie, Libye, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud et Union africaine. Tous ces groupes ont été constitués d’une façon informelle, selon des critères opaques, et surtout laissent de côté le reste des 192 pays de l’ONU, qui apprennent en tant que spectateurs passifs les décisions importantes prises par ces groupes. Ces groupes outre les problèmes économiques ont commencé à s’occuper de problèmes politiques, tels que la santé, l’éducation, la justice, la sécurité, le nucléaire iranien et le réchauffement climatique. A noter que notre pays le Maroc, ne fait partie d’aucun groupe, et n’a jamais été invité à aucune réunion de ces groupes. Il est indispensable que notre diplomatie se mobilise pour que le Maroc ne soit pas marginalisé par rapport où ces groupes de discussions et de partenariat économique. De toutes façons, il y a lieu de revoir la gouvernance mondiale en la rendant plus démocratique. Cela passe par une réforme radicale de l’ONU dont l’organisation n’est plus adaptée aux exigences du XXIème siècle.



Pour revenir au Sommet du G8 à l’Aquila, localité italienne qui a subi un grave séisme en Avril 2009, le bilan des réunions qui se sont tenues du 8 au 10 Juillet 2009 fût à la fois dense et mitigé. En ce qui concerne la crise économique internationale, le G8 a noté des signes de stabilisation, notamment par une reprise des marchés boursiers. Mais, il a indiqué que « la reprise est encore loin » et qu’il ne faut surtout pas réduire les plans de relance qui ont été lancés par différents pays. La situation économique mondiale est jugée incertaine, avec des risques importants pour la stabilité économique et financière et pour les marchés du travail, pouvant remettre en cause la stabilité sociale. La réflexion sur la stratégie de sortie de crise n’a pas été uniforme : les Etats-Unis soutenant l’idée qu’il faut augmenter les dépenses publiques pour soutenir la conjoncture, alors que l’Allemagne et la Russie proposent plutôt de revenir à la discipline budgétaire pour éviter l’inflation. Parallèlement à cette analyse, le G8 a lance un appel pour la conclusion en 2010 des négociations du cycle de Doha entreprises par l’OMC, et pour la résistance au protectionnisme. Le G8 a également recommandé d’éviter les dévaluations compétitives des monnaies, et d’œuvrer pour l’établissement d’un système financier stable. Les décisions concrètes concernant toutes ces questions ont été reportées au G20 qui doit se réunir à Pittsburg (Etats-Unis) les 24 et 25 Septembres 2009.



Concernant l’Iran, le G8 a souligné sa préoccupation après les événements graves survenus après la réélection contestée de Mahmoud Ahmedinejad. Pour ce qui est du problème du nucléaire iranien, le G8 ne s’est pas mis d’accord pour aggraver les sanctions contre l’Iran, et a offert à ce dernier pays un délai de deux mois pour répondre à l’offre de dialogue de la communauté internationale. Pour ce qui est du problème climatique, le G8 a décidé de limiter à 2°C le maximum de réchauffement, et de réduire de 50% les émissions de gaz à effets de serre d’ici 2050, cette réduction étant portée à 80% pour les pays industrialisés. Cependant, ces décisions ont été jugées insuffisantes par le Secrétaire général de l’ONU, qui a déploré qu’il n’y a pas eu d’engagement à moyen terme (2025), et que les pays émergents (Chine, Inde) n’ont pas expressément entériné ces décisions. Le problème est reporté au G20 de Septembre 2009 et à la Conférence mondiale de Copenhague qui doit se tenir fin 2009.



Le Vendredi 10 Juillet 2009 à été consacré à l’Afrique, et à la garantie de la sécurité alimentaire dans le monde, suite à la flambée des prix agricoles au printemps 2008. La FAO a indiqué qu’un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde. Le G8 a décidé de débloquer 20 milliards de dollars pour 3 ans sous forme d’aide à l’investissement agricole dans les pays en voie de développement afin de les aider à produire plus. Il a également été décidé d’augmenter l’aide publique au développement à l’Afrique à 25 milliards de $ par an à partir de 2010, d’alléger la dette, et de favoriser l’octroi de prêts assortis de faible taux d’intérêt.



En conclusion, le Sommet du G8 à l’Aquila a reposé le problème de la gouvernance mondiale, et outre l’aide à l’Afrique, a reporté au G20 de Septembre 2009 la résolution des autres questions : crise économique mondiale, problème de l’Iran, réchauffement climatique.

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