Moyen-Orient
Regain de tensions entre Israéliens et Palestiniens
Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le conflit Israélo-Palestinien connaît ces derniers jours un regain de tensions graves qui menacent à nouveau la paix dans la région. Tout a commencé le 12 Juin 2014 avec la disparition en Cisjordanie de 3 jeunes israéliens. Le gouvernement israélien a immédiatement accusé le Hamas, et a entrepris une vaste opération de recherches mobilisant des milliers de militaires. Il en a profité pour arrêter 640 palestiniens en tant que suspects, tandis qu’aux tirs de roquettes sur Israël en provenance de la Bande de Gaza, répondent des raids israéliens particulièrement meurtriers. La tension est arrivée à son comble le 30 Juin, lorsque les 3 jeunes israéliens ont été retrouvés morts. Le 2 Juillet, un jeune palestinien de 16 ans Mohamed Abou Khadeir a été retrouvé mort carbonisé après avoir été brûlé vif. Le 6 Juillet, les autorités israéliennes ont reconnu que la mort du jeune palestinien était le fait d’un Groupe extrémiste juif. Les opérations militaires israéliennes contre la Bande de Gaza ont causé par la suite des dizaines de morts palestiniens. Chose rare, les Arabes israéliens se sont également soulevés dans le Nord d’Israël, protestant contre la mort du jeune palestinien. Le risque d’un conflit généralisé entre Israël et Gaza est à nouveau à l’ordre du jour.
Ces événements viennent ponctuer un conflit qui dure plus d’un demi-siècle. Ce conflit est né par l’instauration par la force de l’Etat d’Israël sur une terre qui n’était pas vierge, mais peuplée d’Arabes. La responsabilité de l’Occident dans cette faute historique est évidente. Ce fût d’abord la Déclaration de Balfour, ministre britannique des Affaires Etrangères qui a encouragé la création d’un foyer juif en Palestine. Ce fût ensuite le soutien inconditionnel des Etats-Unis à l’Etat d’Israël depuis sa proclamation en 1948. Ce conflit a donné lieu à plusieurs guerres qui ont entraîné l’émigration forcée de millions de palestiniens qui se sont réfugiés jusqu’à nos jours dans des camps aux environs des capitales arabes avoisinantes.
L’ONU saisi du conflit israélo-palestinien a été impuissante à résoudre le problème, et ses résolutions n’ont eu aucun effet pratique du fait qu’elles ont été tout simplement ignorées par Israël. Cette situation s’explique par le soutien inconditionnel des Etats-Unis à Israël, considéré comme son allié stratégique dans la région du Moyen-Orient, et contre qui aucune sanction ne peut être prise. En fait, aussi bien la Maison blanche que le Congrès américain sont pris en otage par le lobby pro-israélien extrêmement puissant aux Etats-Unis. L’Europe de son côté, se sentant coupable des atrocités commises contre les juifs, a adopté une position conciliante vis-à-vis d’Israël, n’exerçant aucune pression concrète pour faire changer la position du gouvernement israélien. Quant aux pays Arabes, ils se sont montrés impuissants à imposer militairement une solution favorable au palestiniens, et en outre ont instrumentalisé le problème palestinien à des fins de politique intérieure. Les autres pays de la planète n’ont pas accordé au problème palestinien l’intérêt qu’il mérite.
Pourtant, une solution pour résoudre définitivement le conflit israélo-palestinien existe. Il s’agit de la création d’un Etat palestinien viable vivant côte à côte avec Israël. Pour parvenir à cette solution, des négociations sérieuses doivent être entreprises de bonne foi avec des compromis de part et d’autre. Les problèmes à résoudre sont la délimitation des frontières du futur Etat palestiniens, le statut de Jérusalem, le problème du retour des immigrés palestiniens, enfin le statut des colonies israéliennes installées en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. On a cependant l’impression que depuis la prise de pouvoir par Netan Yahu et sa coalition avec les partis extrémistes, qu’Israël ne cherche pas la paix, mais veut maintenir le statu-quo pour ne pas rendre les territoires occupés, ni accepter des sacrifices concernant Jérusalem et le retour des immigrés palestiniens. D’où cette revendication de gouvernement israélien de la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif, et de son refus de discuter avec le Hamas.
En conclusion, le gouvernement israélien doit comprendre que seule la négociation pour la création d’un Etat palestinien viable peut lui assurer une paix définitive. Le Hamas n’est pas un obstacle à la paix, car si Mahmoud Abbas obtient des résultats concrets dans les négociations avec Israël, il peut le convaincre d’adhérer à l’accord de paix. La communauté internationale doit se mobiliser davantage pour trouver au plus vite une solution au conflit israélo-palestinien. Sinon la haine va s’ajouter à la haine des deux côtés, rendant toute solution impossible et créant une zone de grande instabilité dans la région.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI