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Réunion du G20 Finances à Washington :

Comment relancer la croissance ?

Par Jawad KERDOUDI

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Le G20 Finances qui regroupe les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales des pays les plus développés du monde s’est réuni à Washington les 7 et 8 Octobre 2014. Le bilan qu’il dresse de la situation mondiale est inquiétant. Tout d’abord le monde est perturbé par les crises géopolitiques en Ukraine, Syrie, Irak, qui risquent de désorganiser l’acheminent du gaz et du pétrole. L’autre constat est une croissance économique mondiale molle de 3,3% en 2014 six ans après la grave crise financière. Enfin une crise sanitaire dûe au virus Ebola frappe actuellement trois pays de l’Afrique de l’Ouest et risque de s’étendre.

Le G20 Finances a donné la priorité comme c’est naturel aux problèmes économiques et financiers. Certes, il est prévu que l’économie mondiale progressera à 3,8% en 2015, mais le moteur de la croissance restera l’Asie avec notamment une croissance de 7,1% en Chine. Les Etats-Unis vont tirer leur épingle de jeu avec une croissance de 3,1%. Mais c’est surtout la zone euro qui intéresse plus particulièrement notre pays le Maroc, qui risque de connaître une stagnation et une déflation. Comme on le sait le moteur de l’économie de la zone euro est l’Allemagne. Or les derniers chiffres de l’économie allemande sont préoccupants : - 5,7% pour les commandes industrielles et - 4% pour la production industrielle. Quatre Instituts de conjoncture allemands ont révisé à la baisse la croissance allemande qui est maintenant estimée à 1,25% pour 2014 et 2015. Quant à l’économie française elle est dans une situation pire. Le projet de budget français pour l’année 2015 prévoit une croissance de 1%, un déficit de 4,3%, et une dette publique de 98% du PIB.

Que faire pour stimuler la croissance mondiale et celle de la zone euro ?

Selon le FMI, l’économie mondiale connaîtra dans les années à venir une croissance molle, un chômage élevé et une montée des inégalités. Le remède proposé par le G20 Finances est double : faire des réformes structurelles et augmenter les investissements. Chaque pays devra faire les réformes structurelles qui lui sont propres. Ont été citées globalement la libération des services en Europe, la réforme des retraites aux Etats-Unis et de l’éducation dans les pays en développement. Pour ce qui est des investissements, ce sont les infrastructures qui sont privilégiées et dont les besoins sont estimés sur le plan mondial à 80.000 milliards de $ dans les dix prochains années. Dans ce sens, la Banque mondiale va créer un Fond spécifique pour les investissements en infrastructures doté de 1000 MM $ par an jusqu’en 2020.

Pour ce qui est de la relance dans la zone euro, si tous les membres sont d’accord sur les réformes structurelles, ils divergent entre ceux qui préconisent l’austérité et l’équilibre budgétaire, et ceux qui acceptent de creuser le budget pour financer les investissements. Ce qui complique encore le problème est le Pacte de stabilité et de croissance qui fixe à 3% le déficit budgétaire maximum. C’est ainsi qu’il est instamment demandé à l’Allemagne d’augmenter ses dépenses notamment pour le financement des investissements publics. Ces derniers qui étaient de 1,9% du PIB en 2000 sont tombés à 1,5% en 2012. Pour ceux qui est de la France, elle peine à faire les réformes structurelles qui ont déjà eu lieu en Allemagne. Ces réformes consistent à moderniser et libérer l’économie, comme la révision des conditions de travail, la déréglementation de certaines professions, la stimulation de certains secteurs économiques comme le logement et la distribution. D’ailleurs, la France va se trouver en difficulté devant la Commission de Bruxelles pour l’agrément de sa loi de finances 2015 qui prévoit un déficit budgétaire de 4,3% bien au-delà du maximum de 3%.

Ce dilemme austérité/croissance divise les économistes et les politiques. Arnaud de Montebourg par exemple condamne « le culte obsessionnel de la réduction des dépenses publiques » et estime que le budget français 2015 ne stimule pas suffisamment la demande. Je pense quant à moi, qu’il ne faut pas rester prisonnier de l’équilibre budgétaire, mais qu’il ne faut pas non plus laisser filer le déficit budgétaire, et qu’il faut plutôt s’atteler aux réformes structurelles. Au niveau des investissements, on ne peut que saluer positivement l’engagement de la nouvelle Commission de Bruxelles d’investir 300 milliards d’euros soit 1% du PIB de l’Union européenne.

Au-delà de ces problèmes économiques et financiers il y a lieu de lancer un cri d’alarme concernant les ravages humains causés par la crise sanitaire dûe au virus Ebola. Elle a déjà causé près de 4000 morts, a touché plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et risque de s’étendre non seulement dans le reste de l’Afrique mais également dans le monde. La communauté internationale doit se mobiliser pour mettre fin à cette épidémie dont le coût est estimé à 32 MM de $ pour l’Afrique de l’Ouest.





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