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Pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Après la reconnaissance de l’Etat de Palestine par la Suède le 30 Octobre 2014, 135 Etats membres de l’ONU reconnaissent à ce jour la Palestine. Pratiquement toute l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie reconnaissent l’Etat de Palestine, seuls manquent à l’appel l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe occidentale. Tout dernièrement les Parlements britannique, espagnol, français et irlandais, ont invité leur gouvernement à reconnaître l’Etat de Palestine, alors que celui de la Belgique s’apprête à le faire et qu’un appel a été lancé au Parlement européen pour en faire de même.

Ces multiples reconnaissances de l’Etat de Palestine sont très importantes. En effet, le conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus d’un demi-siècle est dans l’impasse. Il est né d’une erreur historique qui a consisté à établir l’Etat d’Israël sur une terre qui n’était pas vierge, mais habitée par des Arabes. Les acteurs de la création de cet Etat ont été le mouvement sioniste, encouragé par les européens qui se sentaient coupables vis-à-vis des juifs du fait de l’antisémitisme et de la Shoah perpétrée par le régime nazi en Allemagne. L’Etat d’Israël n’a jamais été accepté par les Etats arabes. Il s’en suivi de multiples guerres et conflits qui ont causé des souffrances incommensurables au peuple palestinien, dont des millions ont immigré dans les pays arabes voisins, et qui continuent à vivre aujourd’hui dans des camps de réfugiés. Tous les efforts de la communauté internationale pour résoudre le conflit israélo-palestinien ont échoué. Ceci est dû principalement au soutien indéfectible des Etats-Unis à l’Etat d’Israël. Ce soutien des Etats-Unis première puissance mondiale, se traduit par des aides financières et militaires considérables, et par un alignement automatique sur les positions d’Israël, notamment au sein de l’Organisation des Nations Unies. Il s’explique par l’influence du lobby pro-israélien aux Etats-Unis, qui a réussi au cours des dernières décennies à consolider sa puissance à la fois sur le plan économique et financier, médiatique et politique. La preuve en est que malgré sa bonne volonté, le Président Obama n’a pas pu infléchir la politique des Etats-Unis en faveur d’une solution juste et équitable.



Le conflit israélo-palestinien s’est aggravé du fait du gouvernement actuel de Netanyahu qui s’appuie sur les partis de droite et d’extrême droite, et qui vient de limoger deux ministres centristes qui ont manifesté leur désaccord avec sa politique. C’est qu’en effet depuis sa désignation, le gouvernement de Netanyahu a poursuivi en l’amplifiant la colonisation israélienne de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Cette politique délibérée a pour but de rendre impossible la solution à deux Etats israéliens et palestiniens, du fait du grignotage incessant par Israël de terres de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Lors des dernières négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne à l’initiative des Etats-Unis, aucune avancée n’a été faite par les négociateurs israéliens qui cherchent surtout à gagner du temps pour rendre impossible toute création d’un Etat palestinien. Les députés israéliens ont fixé la date du 17 Mars 2015 pour des élections législatives anticipées, et Netanyahu espère renforcer sa majorité de droite et d’extrême droite à l’issue de ces élections.



Cette situation est extrêmement grave du fait qu’elle risque de perpétuer en l’aggravant le conflit israélo-palestinien, d’autant plus que Netanyahu a lancé l’initiative de transformer Israël en Etat juif. Outre le préjudice immense causé aux palestiniens, la politique israélienne est l’une des causes de la montée des mouvements islamistes radicaux, et risque de transformer le conflit israélo-palestinien qui est essentiellement politique en conflit religieux. Aussi, il convient pour faire pression sur Israël que tous les Etats qui ne l’ont pas encore fait reconnaissent l’Etat de Palestine, et notamment les pays d’Europe occidentale à l’instar de la Suède. Il faut que l’Europe vote à l’ONU la résolution qui va être déposée par les palestiniens pour la fin de l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est dans un délai maximum de deux ans. Il faut aussi envisager comme l’a proposé le ministre français des Affaires étrangères de convoquer une Conférence internationale sur la Palestine. Il faut que les israéliens comprennent que la création de l’Etat de Palestine dans des frontières viables est la seule solution pour avoir la paix avec ses voisins arabes. L’autre solution à savoir un Etat binational n’est pas dans l’intérêt d’Israël, étant donné la variable démographique favorable aux palestiniens. Pour favoriser une solution, il faut mettre en œuvre des mesures afin de rétablir la confiance entre les deux parties. Israël doit cesser toute nouvelle colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et toute acte de violence comme la destruction des maisons des palestiniens. Les palestiniens doivent de leur côté s’interdire toute agression contre des civils israéliens. C’est en effet le sentiment de peur qui pousse les israéliens à voter pour les partis de droite et d’extrême droite lors des élections. Il faut enfin que la Ligue Arabe renouvelle sa résolution de reconnaître l’Etat d’Israël si l’Etat de Palestine est créé dans des frontières viables. Sans ces différentes mesures, la situation va empirer non seulement en Palestine mais dans tout le Moyen-Orient et devenir explosive.

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