Relations Internationales
Bilan 2014 et Prévisions 2015
Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
L’année 2014 a connu plusieurs crises qui ont affecté les relations internationales. C’est encore le Moyen-Orient qui reste une région de tensions et qui a fait l’actualité. C’est ainsi que la Syrie a connu sa quatrième année de guerre civile avec 200.000 morts, un pays à moitié détruit, et plus de 3 millions de réfugiés vivant dans des conditions abominables. Le régime de Bachar Al Assad s’est renforcé du fait de la menace islamiste portée par le mouvement « Daesh » qui veut créer un Califat en Irak et en Syrie. L’alliance militaire dirigée par les Etats-Unis contre le pseudo « Etat islamique » n’a pas réussi à ce jour à éradiquer ce fléau. Le conflit israélo-palestinien est dans l’impasse du fait de l’intransigeance d’Israël, soutenu inconditionnellement par les Etats-Unis. En fin d’année, une résolution présentée par la Jordanie au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui aurait pu être une amorce de solution a été rejetée. Ceci alors que le gouvernement israélien continue la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, rendant de plus en plus difficile la solution à deux Etats. L’Egypte après le coup d’Etat militaire et l’élection à la présidence de la République du général Sissi, connaît une situation instable du fait de la volonté du gouvernement actuel d’éradiquer le mouvement des « Frères musulmans » après avoir destitué le président élu Mohamed Morsi. Le problème du nucléaire iranien n’est toujours pas réglé, avec cependant un certain rapprochement initié par le Président modéré Hassan Rohani entre l’Occident et l’Iran notamment dans la lutte contre « Daesh ». Enfin les pays du Golfe outre leurs dissensions internes, ont vu en fin d’année le prix du pétrole chuter de moitié sur le marché mondial.
En Europe la principale crise a été la question de l’Ukraine. La Russie qui n’a pas voulu perdre au profit de l’Ouest ce bastion de l’Ex-URSS, a récupéré la Crimée et aidé politiquement et militairement les rebelles de l’Est de l’Ukraine qui veulent créer des Républiques indépendantes. Malgré les sanctions imposées par les Etats-Unis et l’Europe occidentale, le Président Poutine persiste dans ses positions, ce qui risque de rallumer le spectre de la guerre froide. Un autre souci pour l’Union européenne a été la dissolution du Parlement grec le 31 Décembre 2014, et l’annonce d’élections législatives le 25 Janvier 2015 qui risquent de porter au pouvoir la gauche radicale Syriza avec éventuellement une sortie de la zone Euro. L’Afrique a été également le théâtre de plusieurs crises majeures. Au Nord, la Libye s’est enfoncée dans une guerre civile atroce, où les diverses milices s’affrontent pour prendre le pouvoir et mettre la main sur les richesses du pays. L’Afrique subsaharienne a connu des crises politiques au Mali, République Centre-africaine, Burkina Faso ainsi qu’une épouvantable épidémie Ebola qui a fait plus de 7.200 victimes et qui a dévasté trois pays : Le Liberia, la Guinée et la Sierra Léone. Les groupes terroristes islamistes ont continué leurs méfaits tant au Nigeria par Boko Haram, que dans le Sahel où ils se revendiquent de l’AQMI ou de Daesh. En Asie enfin, un climat de tensions a perduré au Pakistan et entre la Chine et ses voisins, tandis que le régime dictatorial de la Corée du Nord continue sa fuite en avant, et menace son voisin du Sud et le monde d’une attaque nucléaire. Dans ce bilan sombre de l’année 2014, deux points positifs ont marqué la fin de l’année : le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba, et l’élection de Beji Caid Essebsi à la présidence de la République tunisienne qui a mis fin à quatre années de troubles et d’incertitudes dans ce pays frère.
Il est impossible de prévoir ce qui va se passer en 2015 dans les relations internationales. Ce qu’on peut émettre, ce sont des souhaits pour que cette nouvelle année soit meilleure que la précédente. Pour ce qui est de la Syrie, il faut espérer un compromis politique entre le régime de Bachar Al Assad et l’opposition afin de sauver ce pays qui est au bord de la ruine. La Russie a prévu pour cela une conférence au début de l’année 2015, dont il faut espérer qu’il en sortira des résultats concrets pour mettre fin à ce douloureux conflit. Quant à la lutte contre « Daesh » et afin d’éradiquer définitivement ce fléau, il faut tout en continuant les frappes aériennes entraîner et équiper solidairement l’armée irakienne et kurde pour vaincre ces ennemis de la civilisation. La communauté internationale et notamment l’Europe doivent peser de tout leur poids sur le gouvernement israélien pour la création d’un Etat palestinien viable vivant côte à côte avec Israël. Pour cela, les gouvernements européens qui ne l’ont pas encore fait doivent reconnaître l’Etat palestinien, et appuyer l’action de la Palestine à la Cour pénale internationale. L’Occident doit faire pression sur le gouvernement égyptien pour un plus grand respect des droits de l’homme et pour permettre le libre exercice du jeu démocratique. La Ligue Arabe doit se saisir du problème libyen en équipant et en soutenant l’armée nationale libyenne, afin de mettre fin à l’activité des milices et rétablir la paix dans ce pays. Quant à la question de l’Ukraine, l’Occident est peut être allé trop vite en besogne dans le démantèlement de l’ex-URSS, notamment en poussant les anciens pays de l’est-européen à adhérer à l’OTAN. Il faudrait faire une pause dans cette politique afin de trouver un compromis avec la Russie sur l’Ukraine. Il faut que 2015 soit l’année d’éradication de l’épidémie Ebola qui risque si elle s’entend, de mettre à mal non seulement l’économie africaine mais aussi l’économie mondiale. Il faut de même lutter sans merci contre les mouvements terroristes au Pakistan, au Nigeria et au Sahel, et aider l’Afrique à se construire politiquement et économiquement. Enfin en Asie, l’ONU doit trouver une solution aux tensions entre la Chine et ses voisins, et la Corée du Nord doit être mise par la communauté internationale au ban des accusés pour non-respect des droits de l’homme et sa menace nucléaire. Espérons tous ces souhaits seront exaucés pendant la nouvelle année 2015.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI