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Triple attentats jihadistes à Paris
Déferlement de la violence

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Paris « La ville des lumières » a été endeuillé la semaine du 5 au 10 Janvier 2015 par trois attentats jihadistes qui ont fait 20 morts dont les 3 terroristes et 20 blessés. C’est ainsi que le 7 Janvier 2015 à 11h30 le siège de l’hebdomadaire Charlie-hebdo a été attaqué par deux hommes vêtus en noir cagoulés et lourdement armés. Aux cris de « Allah Akbar », le Prophète Mohamed est vengé, nous avons tué « Charlie hebdo », les deux terroristes ont tué froidement 8 collaborateurs de l’hebdomadaire dont 5 dessinateurs, un invité du journal, 1 agent d’entretien et 2 policiers. Les deux jihadistes ont été rapidement identifiés comme étant les frères Cherif et Said Kouachi français d’origine algérienne âgés de 32 et 34 ans.

Le lendemain 8 Janvier 2015 à Montrouge dans la banlieue parisienne, une policière et un agent municipal ont été également tués. Là encore le terroriste a été identifié comme étant Amedy Coulibaly, un délinquant de 32 ans qui était l’ami des frères Kouachi. La journée du 9 Janvier 2015 a été marquée par la reconnaissance des frères Kouachi par un gérant de station-service, qui se sont réfugiés dans un local d’imprimerie à Dammartin-en-Goële, petit village de 8.000 habitants. A 13 heures de la même journée, Coulibaly a procédé à une prise d’otages dans le magasin Hyper Cacher à Paris, et a tué 4 personnes dans le supermarché. A 17 heures, les forces de l’ordre RAID et GIGN ont pris d’assaut l’imprimerie de Dammartin-en-Goële et l’Hyper Cacher et ont réussi à tuer les deux frères Kouachi et Coulibaly.

Face à cette semaine dramatique, on peut se demander quels sont les motifs de ce carnage et les moyens d’y répondre dans l’avenir. Les cibles visées : l’hebdomadaire Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher montrent que les terroristes ont voulu atteindre les journalistes de Charlie hebdo qui avaient publié des caricatures du Prophète Mohamed en 2006, et les juifs parisiens qui fréquentent habituellement l’Hyper Casher. L’assassinat de policiers est dirigé contre l’Etat français à qu’il est reproché sa participation à la coalition anti-Daesh qui procède à des attaques aériennes en Irak et en Syrie. On ne peut que condamner avec la plus grande fermeté ces actes odieux qui s’attaquent à des personnes innocentes et à la liberté d’expression. Plus généralement, le jihadisme s’est beaucoup développé cette dernière décennie partout dans le monde. Il frappe par des actes terroristes en Afrique, en Amérique, en Asie, en Australie et en Europe. C’est une infime partie d’extrémistes musulmans qui veulent ressusciter l’Islam fondamental et appliquer la loi divine : la Charia. Ils considèrent que la personne du Prophète Mohamed est sacrée et ne doit pas faire l’objet d’image, de caricature ou de critiques. Cette minorité fait également grief à l’Occident du fait de l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, et des violences perpétrées en terre musulmane. Enfin, ils reprochent à l’Occident en général et aux Etats-Unis en particulier le soutien inconditionnel à Israël qui occupe avec beaucoup de violences la Cisjordanie et Jérusalem. La dernière agression Israélienne contre la bande de Gaza l’été 2014 a frappé les esprits et est restée jusqu’à maintenant impunie. Quant au jihadisme « made in France », outre les raisons invoquées ci-dessous, il s’agit plus souvent de jeunes musulmans qui n’ont pas fait beaucoup d’études, de délinquants pour la plupart qui ont fait de la prison. Ils n’ont pas une doctrine religieuse particulièrement sophistiquée et pratiquent une idéologie bricolée qui leur permet de justifier une pulsion de colère. Enfin ils reprochent au reste de la société française un certain stigmatisme à leur égard.

Afin de combattre le jihadisme partout dans le monde, il faut renforcer la sécurité des citoyens notamment par les services de renseignements afin de faire de la prévention. Il faut également une coopération internationale pour le partage de l’information et des actions communes. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour trouver des solutions aux problèmes d’Afghanistan, d’Irak, de Libye et de Syrie. Et surtout, il faut résoudre le conflit israélo-palestinien qui dure plus d’un demi-siècle et qui est très sensible dans les pays arabes et musulmans. Il faut en outre procéder à des actions de sensibilisation vis-à-vis des jeunes par un renforcement de l’enseignement de la vraie religion musulmane, par des contre-discours argumentés, par la création d’emplois et de centres de loisirs. Il faut proclamer partout la nécessité d’éviter l’amalgame entre les jihadistes et les musulmans qui dans leur immense majorité veulent vivre en paix et en bonne intelligence avec les autres religions. Ce n’est que par une politique multiforme, internationale, et de longue haleine qu’on pourra éradiquer ce fléau qu’est le jihadisme.

CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI

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