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Double attentats terroristes à Copenhague
Que faire ?

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Samedi 14 Février 2015 à 16h00 le centre culturel Krudttonden à Copenhague où se tenait une Conférence sur « l’Art, le blasphème et la liberté d’expression » a été attaqué par un terroriste lourdement armé. Plusieurs coups de feu ont été tirés de l’extérieur sur le bâtiment où se trouvait notamment Lars Vilks un dessinateur suédois qui avait publié en 2007 un caricature du Prophète Mohamed. Etait présent également l’Ambassadeur de France en Danemark François Zimeray. L’attaque a fait un mort, un réalisateur danois de films, et trois policiers blessés. Le terroriste a pris ensuite un taxi à 16h15 qui l’a amené devant un appartement au quartier Noenebro. Le Dimanche 15 Février peu après minuit, une synagogue de Copenhague a également fait l’objet d’une attaque qui a causé la mort d’une personne de religion juive aussi que deux policiers blessés. Quelques heures après à cinq heures du matin, les policiers qui s’étaient postés devant l’appartement du quartier Noenebro interpellèrent le terroriste qui voulait regagner son domicile et ont réussi à l’abattre après un échange de coups de feu. Selon l’enquête préliminaire, l’auteur présumé de ce double attentat serait Omar El Hussein, un jeune délinquant né au Danemark et qui se serait radicalisé dans son pays natal. Il s’agirait donc d’un djihadiste qui a voulu commettre des attentats à Copenhague similaires à ceux commis à Paris les 7 et 9 Janvier 2015 et qui avaient visé le journal Charlie Hebdo et un supermarché Casher.

On ne peut que condamner ces nouveaux attentats de Copenhague qui ont causé la mort et des blessures à des personnes innocentes. Notre condamnation doit être d’autant plus forte que le Danemark, comme d’ailleurs les autres pays scandinaves, sont connus pour leur humanisme qui traverse les frontières. A Paris comme à Copenhague ont été visés les caricaturistes du Prophète Mohamed et les citoyens d’origine juive. Il faut indiquer tout d’abord que les auteurs de ces attentats sont une infime minorité de musulmans radicalisés, qui n’ont rien avoir avec l’islam et l’immense majorité des musulmans qui souhaitent vivre en paix avec les autres religions. Pour eux, la personne du Prophète est sacrée et ne peut souffrir de caricatures malveillantes. Leur conviction est si forte qu’ils sont prêts à sacrifier leur vie pour défendre l’honneur du Prophète. La preuve en est qu’ils ne se rendent pas à la police suite à leur forfait, et tirent les premiers sur les policiers pour être tués. De l’autre côté les pays démocratiques et notamment européens, après une lutte qui a duré plusieurs siècles ont établi le respect des libertés et notamment d’expression, qui s’applique également au blasphème contre les religions. Il y a donc un fossé entre ces pays et cette minorité de musulmans. Pour ce qui est de l’attaque des juifs par cette minorité, ils l’a considèrent comme une vengeance contre les exactions commises par Israël en territoire palestinien. Comme on le voit, le problème est complexe et mondial du fait qu’il touche non seulement l’Europe, mais aussi l’Afrique, l’Australie et les Etats-Unis d’Amérique. C’est ainsi que 3.000 européens combattent actuellement en Irak et en Syrie dans les rangs de Daech (Etats islamique). La première réplique à ce fléau doit être sécuritaire avec une coopération des services spécialisés non seulement en Europe mais sur le plan international. Deux volets sont extrêmement importants : l’échange de renseignements et le contrôle des sites internet. C’est en effet par les réseaux sociaux que les terroristes communiquent entre eux et avec les bases dirigeantes d’Al Qaida et de Daech, qui se font actuellement concurrence pour rassembler le maximum d’adeptes. Le système PNR (Passenger Name Record) qui établit les données personnelles concernant tous les détails d’un voyage, devraient être généralisé sur le plan mondial. Les propositions du Front national en France devraient être rejetées : réarmement de l’Etat, rétablissement des frontières, déchéance de la nationalité pour les bi-nationaux impliqués dans des actes terroristes.

Parallèlement au volet sécuritaire, des solutions doivent être trouvées pour résoudre le conflit israélo-palestinien qui empoisonne les relations internationales depuis plus d’un demi-siècle, et donnent des arguments aux musulmans radicalisés. Il faut éradiquer le mouvement Daech qui sévit en Irak et en Syrie et qui constitue un appel d’air pour les jeunes. Il faut comme l’a fait d’ailleurs le Danemark, créer des Centres de déradicalisation pour les jeunes qui retournent d’Irak et de Syrie afin de leur donner une nouvelle chance de s’intégrer dans la société. Il faut enfin s’occuper sérieusement des jeunes d’origine musulmane qui vivent en Europe pour améliorer leur éducation, et leur situation sociale notamment en multipliant les opportunités d’emplois et en les sortant des ghettos où ils vivent.

Enfin les autorités religieuses musulmanes doivent condamner vigoureusement ces actes commis au nom de l’Islam, afin d’éviter l’amalgame entre les terroristes djihadistes et le reste de la population musulmane. Ces mêmes autorités doivent divulguer un discours modéré et tolérant de l’Islam notamment par la formation des Imams qu’ils prêchent en terre musulmane ou dans les pays étrangers.

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