Prix Nobel de la Paix à Barack Obama
Un choix judicieux
Par Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI « Institut Marocain des Relations Internationales »
La semaine dernière, Barack Obama a obtenu le prix Nobel de la paix. Certains commentateurs se sont élevés contre ce choix, considérant qu’il est prématuré, et que le Président Obama n’a pas encore obtenu de résultats concrets concernant l’instauration de la paix dans le monde. Je considère par ma part que ce choix est judicieux, en considération des nouvelles options de politique étrangère du Président Obama, et des mesures déjà prises. Il faut dire que l’héritage de l’administration Bush est particulièrement lourd, et que ce choix est un encouragement de la communauté internationale au Président Obama pour poursuivre sa lourde tâche.
La première mesure pour la paix à mettre au crédit du Président Obama, a été l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU sous sa présidence d’une résolution appelant à un désarmement atomique généralisé. Plus concrètement, il s’engage à entamer des pourparlers avec la Russie pour la réduction des armes nucléaires stratégiques. Dans le même cadre, il a abandonné le projet de l’administration Bush du bouclier anti-missiles, qui devait être installé en Pologne et en République Tchèque, et auquel la Russie était fermement opposé. Il lutte avec acharnement contre la prolifération nucléaire tant vis-à-vis de la Corée du Nord que vis-à-vis de l’Iran.
Sur le legs de l’administration Bush, il a adopté une nouvelle orientation. C’est aussi, qu’il a décidé de retirer toutes les troupes américaines d’Irak à fin 2011. Il a décidé également la fermeture de la prison illégale de Guantanamo, où croupissent plus de 200 prisonniers sans défense. Sur la guerre d’Afghanistan, il résiste aux chefs militaires et aux « faucons » du Congrès, qui le poussent d’envoyer 40.000 soldats supplémentaires sur le théâtre d’opérations. Il a mis en œuvre tant pour l’Afghanistan que pour le Pakistan une aide technique et financière, afin d’élever le niveau de vie des populations de ces deux pays. Au Moyen-Orient, après avoir désigné un envoyé spécial, il a confirmé son soutien à la création d’un Etat palestinien, et a demandé avec fermeté au gouvernement israélien d’arrêter la colonisation en Cisjordanie et Jérusalem. Vis-à-vis des adversaires des Etats-Unis (Iran, Corée du Nord, Cuba), il a adopté la politique de la main-tendue, privilégient la diplomatie à la menace militaire.
Quant au monde musulman, grâce aux discours du Caire et d’Istanbul. Il a préconisé une nouvelle politique de compréhension et de coopération, qui va contribuer à améliorer l’image des Etats-Unis dans cette partie du monde. Concernant le réchauffement climatique qui menace la planète, il a adopté une position plus positive que celle de l’administration américaine précédente, et s’est montré très soucieux de l’environnement international, par la promotion des énergies renouvelables propres au détriment des énergies fossiles.
De tout cela, on peut dire que le Président Obama est un leader de bonne volonté dans un monde multipolaire et très compliqué, et qu’il mérite le prix Nobel de la paix.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI