Forum Crans Montana sur l’Afrique à Dakhla
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Une importante délégation de l’IMRI de Casablanca et de la Section de Dakhla a participé au Forum Crans Montana qui a eu lieu du 12 au 14 Mars 2015 sur le thème « L’Afrique, la coopération régionale et la coopération Sud-Sud ». Cette rencontre a eu lieu malgré les manœuvres de l’Algérie, de l’Union africaine, et du Polisario qui ont tenté de la boycotter. Ce fût une grande victoire diplomatique pour le Maroc puisque 112 Etats étaient représentés au plus haut niveau. C’est ainsi qu’il a été décompté 36 pays d’Afrique, 30 d’Asie, 31 d’Europe et 15 d’Amérique, ainsi que 20 organisations régionales et internationales. Plus de 800 participants étaient présents au Palais des Congrès de Dakhla où se tenait le Forum, dont 600 en provenance de l’étranger. D’éminentes personnalités ont honoré la rencontre de leur présence dont le Révérend Jesse Jackson, Philippe Douste-Blazy Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies, Jose-Luis Zapatéro ancien Premier ministre espagnol, Jean-louis Borloo ex-Ministre français de l’environnement, et Dominique de Villepin ancien Premier ministre français. L’Afrique était fortement représenté par les hauts dirigeants : d’Afrique du Sud, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Kenya, Mali, République Démocratique du Congo, Sénégal, Soudan.
Le message Royal lu à l’ouverture du Forum a indiqué l’ambition du Maroc de faire de la région du Sahara un hub entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, dont Dakhla est appelée à avoir une position centrale. Il a mis l’accent sur la régionalisation avancée qui a pour but de mettre en valeur les spécificités locales de chaque territoire. Il a rappelé la politique du Maroc de promouvoir la coopération Sud-Sud, notamment avec l’Afrique, par la réalisation de projets concrets et la conclusion de multiples accords de partenariat touchant plusieurs domaines. Il a préconisé l’ouverture des pays africains en dehors des frontières héritées de la colonisation en favorisant les rencontres et les échanges entre les sociétés africaines. L’Afrique dispose d’atouts certains : une population jeune qui atteindra 2 milliards d’habitants en 2050, une croissance économique élevée, le plus grand potentiel de richesses naturelles, et des efforts certains pour améliorer la démocratie et la bonne gouvernance. Elle doit relever les défis sécuritaires qui minent le développement dans certains pays, et lutter contre la pauvreté qui touche encore une frange importante de la population. Pour celà, l’Afrique doit élaborer et soutenir des partenariats gagnant-gagnant, améliorer sa part dans la chaîne internationale de la création de la valeur, faire progresser son intégration économique régionale, investir dans les infrastructures, et encourager les énergies renouvelables notamment l’éolien et le solaire.
Les panels qui se sont succédés pendant les deux jours du Forum ont abordé plusieurs thèmes. Comment renforcer le développement économique de l’Afrique et l’ouvrir à la coopération Sud-Sud ? Commet mieux gérer les ressources naturelles de l’Afrique ? Comment rendre la révolution numérique une chance pour l’Afrique ? Comment développer les infrastructures notamment portuaires ?
La problématique de la femme africaine, la santé publique, l’agro-industrie, les pêches maritimes a été également traitée, ainsi que le tourisme et l’énergie verte. Les questions transversales ont été également abordées : la croissance durable, le dialogue entre l’Afrique, le Maghreb et l’Europe, l’intégration africaine, l’entreprenariat, la responsabilité sociale de l’entreprise et la création d’emplois pour les jeunes. Tous ces thèmes feront l’objet d’un rapport détaillé du Forum Crans Montana.
Parallèlement aux panels a été créé le Club de l’Afrique Atlantique qui regroupe les Etats africains de la façade atlantique qui représentent 46% de la population africaine, 55% du PIB et 57% du commerce continental. Ce Club vise à contribuer à l’intégration mondiale du continent. Il a pour objet de réunir les principaux acteurs du monde des affaires, de la politique et des finances. Les thèmes qui seront traités par ce Club porteront sur les énergies renouvelables, les transports, l’éducation, la santé publique, la sécurité alimentaire, les technologies de la communication, la valorisation des ressources naturels, le tourisme, et la finance.
En conclusion, la tenue de ce Forum à Dakhla fut un grand succès académique et conforte la position du Maroc sur la question du Sahara.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI