Cessez-le-feu à Gaza
Une guerre horrible et inutile
Par Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI « Institut Marocain des Relations Internationales »
Vingt deux jours après avoir déclenché son agression sauvage à Gaza, Israël a décidé au soir du 17 Janvier 2009, un cessez-le-feu unilatéral. Le bilan de l’agression israélienne est horrible : 1300 morts dont 410 enfants et 108 femmes. Véritable « bourreau d’enfants » Israël a causé des blessures également à 5.300 personnes. Les bombardements aériens et terrestres israéliens n’ont épargné ni la complexe de l’UNRWA (Agence de l’ONU aux réfugiés palestiniens), ni les hôpitaux, ni les écoles, ni les médias. Les dégâts de la guerre à Gaza sont estimés à 1,4 milliards de dollars. Les attaques israéliennes ont détruit 4.000 immeubles et endommagé 20.000 autres. La quasi-totalité des infrastructures ont été détruites : routes, ponts, lignes électriques, conduites d’eau et de gaz. Enfin, un million d’habitants vivent sans électricité et 750.000 sans eau, et les pertes civiles sont estimées à 65 % du total des victimes.
Au-delà du problème de Gaza, pour que la paix s’établisse définitivement au Proche-Orient, Israël doit négocier sérieusement la paix avec les Palestiniens et la Syrie. La paix ne pourra s’établir durablement sans concessions territoriales d’Israël. Ce dernier doit rendre le Golan à la Syrie, et négocier avec les Palestiniens les quatre points majeurs du conflit : la délimitation territoriale du futur Etat palestinien, le statut de Jérusalem, le problème des colonies israéliennes installées en Cisjordanie, le droit au retour des Palestiniens. D’ailleurs, c’est en rendant le Sinaï à l’Egypte, qu’Israël a pu conclure la paix avec ce pays. Israël prend prétexte des extrémistes palestiniens, soutenus par l’Iran pour ne rien faire. Or c’est justement en faisant des concessions sérieuses aux Palestiniens modérés, qu’elle permettra de neutraliser les extrémistes palestiniens. La négociation sera difficile, mais des solutions sont possibles s’il y a une réelle volonté d’aboutir des deux parties. Les pays Arabes l’ont annoncé plusieurs fois : ils sont prêts à reconnaitre Israël s’il se retire des territoires arabes occupés en 1967.
L’Europe dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée peut jouer un rôle déterminant dans la solution du conflit israélo-arabe, mais en s’y appliquant vigoureusement. Les pays Arabes de leur côté doivent se réconcilier entre eux, et réconcilier le Hamas et le Fatah. Quant aux Etats-Unis d’Amérique, l’accession à la présidence de Barack Obama le 20 Janvier 2009 ouvre de nouveaux espoirs. N-a-t-il pas déclaré « Notre puissance ne nous autorise pas à faire ce qui nous plait » ou encore « Les générations précédentes n’ont pas gagné seulement avec des missiles et des chars, mais avec leur conviction à toute épreuve ». Obama a promis également d’engager un dialogue avec le monde musulman dans un esprit de respect. Dès le premier jour de son investiture, le Président Obama a pris contact avec les dirigeants du Moyen-Orient, et nommé George Mitchell en tant que Conseiller spécial du Président pour le Proche-Orient. George Mitchell est considéré comme le meilleur spécialiste américain de la gestion des conflits. Ancien leader de la majorité démocrate au Sénat, George Mitchell avait rédigé du temps du gouvernement Sharon un rapport sur le Moyen-Orient, où il avait préconisé la création de deux Etats israélien et palestinien et le retrait israélien de Cisjordanie et de Gaza.
Pour la résolution définitive de problèmes israélo-arabe il y a lieu, comme l’a proposé le Président Sarkozy au Sommet de Charm-Cheikh du 18 Janvier 2009, de convoquer une Conférence Internationale dans les meilleurs délais, où la communauté internationale doit peser de tout son poids sur les deux parties pour mettre fin à ce drame à répétitions.
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