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IL Y A VINGT ANS
LA CHUTE DU MUR DE BERLIN

Par Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Le 9 Novembre 2009, les Allemands et le reste du monde fêteront le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. C’est en effet dans la nuit du 9 Novembre 1989 que les allemands détruisirent le mur qui séparait Berlin-Ouest de Berlin-Est.

Pour comprendre l’histoire du mur de Berlin, il faut revenir à la seconde guerre mondiale qui a ensanglanté l’Europe de 1939 à 1945. Avant la capitulation allemande du 8 Mai 1945, les vainqueurs de la seconde guerre mondiale (Etats-Unis, Angleterre, URSS) se sont réunis à Yalta du 4 au 11 Février 1945, et ont tracé le visage de l’Europe d’après-guerre. C’est ainsi qu’il a été décidé de diviser Berlin en quatre zones d’occupation : américaine, britannique, française et soviétique. Jusqu’en 1948, une bonne entente a existé entre les quatre zones, mais suite au déclenchement de la guerre froide entre l’Occident et l’URSS, cette dernière a procédé au blocus de Berlin du 24 Juin 1948 au 12 Mai 1949, entrainant un pont aérien sous l’égide des Etats-Unis pour approvisionner Berlin-Ouest. En 1949, fûrent créées la RFA (République Fédérale Allemande) dans les zones d’occupation occidentale, et la RDA (République Démocratique Allemande) dans la zone d’occupation soviétique. Entre 1949 et 1961, environ trois millions d’allemands de la RDA ont fui vers la RFA, principalement en passant la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Afin d’arrêter l’hémorragie, les dirigeants de la RDA décidèrent de construire dans la nuit du 12 Août 1961, un mur séparant physiquement Berlin-Est de Berlin-Ouest.



En fait, il s’agit de deux murs de 3,6 mètres de haut, un chemin de ronde, 302 miradors, 14.000 gardes et 600 chiens et des barbelés, qui devaient arrêter définitivement le flot des allemands de l’Est fuyant vers le « monde libre ». Les alliés élevèrent une protestation contre la construction de ce mur, marquée par le fameux discours du Président John Kennedy le 26 Juin 1963, où il déclarait « Ich bin ein Berliner » : je suis un Berlinois. La situation entre Berlin-Ouest et Berlin-Est devait rester tendue jusqu’aux années 1970, où le maire de Berlin-Ouest Willy Broad devait mener une politique de rapprochement avec l’Est appelée « Ostpolitik ».



La situation devait par la suite radicalement changer avec l’accession en Mars 1985 de Michael Gorbatchev au poste de Secrétaire Général du parti communiste soviétique. Il ne faut pas oublier en effet que la RDA, comme les autres pays d’Europe de l’Est, membres du Pacte de Varsovie, était en fait un pays satellite de l’URSS. Et donc, tout changement en URSS devait avoir des répercussions sur les pays satellites. Gorbatchev en effet, ayant constaté le déclin économique et social de l’URSS, a lancé dans un esprit de renouveau de l’Union, la « Glasnost » : transparence et la « Perestroïka » : restructuration. Dans un esprit d’apaisement, Gorbatchev devait proposer en 1986 l’élimination des armes nucléaires à l’horizon 2000, et a fait retirer en 1989 les troupes soviétiques d’Afghanistan. La même année 1989, la Hongrie déclarait ouvrir « son rideau de fer », ce qui permit à des milliers d’allemands de l’Est d’émigrer en Hongrie pour accéder par la suite à la RFA. Le 30 octobre 1989, vingt mille manifestants défilaient à Leipzig, et le 4 Novembre 1989 un million manifestèrent à Berlin-Est. Le 9 Novembre 1989, suite à une déclaration d’un dirigeant de Berlin-Est que le mur était ouvert, des milliers d’allemands de l’Est se rendirent sur le mur et le détruisirent dans la nuit.



La destruction du mur de Berlin fût un véritable tournant, entrainant la chute du bloc communiste en Europe et la fin de la guerre froide. Les événements se précipitèrent par la suite. Le 12 Septembre 1990, le Traité de Moscou rendait à l’Allemagne sa pleine souveraineté. Le 3 Octobre 1990, la réunification de l’Allemagne était effective, par l’absorption de la RDA par la RFA. Tous les pays satellites de l’ex-URSS devaient déclarer leur indépendance. Mieux encore, la plupart d’entre eux adhérèrent à l’OTAN et en 2004 à l’Union européenne.



Quelles leçons d’histoire peut-on tirer de ces vingt dernières années (1989-2009) qui virent une véritable transformation de l’Europe ? La première leçon est l’amour de la liberté, qui est une exigence de tous les peuples. L’être humain veut être libre de penser, de s’exprimer, de s’associer, de se déplacer, de choisir son métier, de déterminer lui-même son avenir. La deuxième leçon est que le meilleur système politique est la démocratie, qui permet à chacun de choisir ses représentants et de participer à la gouvernance publique. La troisième leçon est que le libéralisme et l’économie de marché, malgré les vicissitudes récentes, sont seuls à même de permettre le progrès économique et social. Ces considérations s’appliqueront tôt ou tard à l’ensemble des pays de la planète terre.

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