West Asia Conference
New Delhi (Inde)
Par Jawad KERDOUDI
Pr�sident de l�IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
A l�invitation de Observer Research Foundation qui est un Think Tank public Indien, j�ai particip� � la Conf�rence qui a eu lieu � New Delhi les 27 et 28 Avril 2015 sur le th�me � Transformations en Asie de l�Ouest : Quelles perspectives r�gionales ? �. L�Observer Research Foundation a �t� cr�e en 1990 et a pour objectif l�aide � la formulation de politiques publiques pour construire une Inde forte et prosp�re. Ses domaines de recherche sont les relations internationales, les probl�mes de s�curit�, les politiques publiques et la gouvernance, le management, l��conomie et le d�veloppement. Ses moyens d�action sont les �tudes, les d�bats, les publications, et ses cibles sont le gouvernement et le parlement, mais aussi le monde des affaires, les universitaires et les m�dias.
New Delhi est la capitale de l�Inde constitu� d�un district municipal de 250.000 habitants faisant partie du territoire de Delhi qui regroupe 16,3 millions de ressortissants. New Delhi a �t� construite par les britanniques de 1911 � 1932 lorsque ces derniers d�c�d�rent de changer la capitale Calcutta au profit de New Delhi. La ville dispose de nombreux monuments historiques et de larges avenues bord�es d�arbres. New Delhi est la capitale du deuxi�me Etat du monde par la population, puisque l�Inde compte 1,3 milliard d�habitants et constitue la plus grande d�mocratie du monde. C�est un Etat f�d�ral qui dispose de la quatri�me �conomie mondiale en parit� pouvoir d�achat apr�s les Etats-Unis, la Chine et le Japon. La religion dominante � 80% est l�hindouisme alors que l�islam est pratiqu� par 13,2% de la population. Membre des BRICS et du G20, la principale probl�matique de l�Inde est le d�veloppement �conomique et social pour vaincre la pauvret�.
La conf�rence sur l�Asie de l�Ouest a vu la participation de plusieurs Think Tank de la r�gion dont l�Arabie Saoudite, Egypte, Isra�l, Jordanie, Maroc, Palestine, Turquie et Y�men. Le premier panel a �t� consacr� au bilan du Printemps arabe quatre ans apr�s son d�clenchement. Les participants ont not� des �l�ments positifs tels que la chute des dictateurs, l��largissement des libert�s individuelles et collectives, l�organisation d��lections plus libres et plus transparentes, ainsi que des avanc�es d�mocratiques en Tunisie et au Maroc. Par contre, ils ont indiqu� que certains pays arabes n�ont pas connu de changement d�mocratique, que les partis islamistes sont le plus souvent sortis victorieux des �lections. Plus grave encore est la guerre civile en Syrie et au Y�men, la situation chaotique en Libye, la situation instable en Egypte. Enfin a �t� mentionn� le co�t �conomique du Printemps arabe particuli�rement �lev� en Tunisie, Egypte, Libye et Syrie. En conclusion le monde arabe se trouve � la crois�e des chemins : o� il entreprend des r�formes politiques, �conomiques et sociales profondes, o� il risque d��tre encore plus marginalis� au XXI�me si�cle.
Le deuxi�me panel a trait� des conflits dans la r�gion et en premier lieu le conflit isra�lo palestinien, qui est actuellement dans l�impasse du fait de l�intransigeance d�Isra�l. Ce dernier pays continue les implantations en Cisjordanie et � J�rusalem-Est malgr� la condamnation de la communaut� internationale, en rendant la solution � deux Etats quasi-impossible. Le Repr�sentant palestinien a indiqu� que l�Autorit� palestinienne a d�cid� de cesser les n�gociations bilat�rales avec Isra�l qui n�ont rien donn� durant la derni�re d�cennie. Les objectifs de l�Autorit� palestinienne sont dor�navant d�internationaliser le conflit isra�lo-palestinien, en recourant � l�ONU et � tous les Etats de la plan�te, et en poursuivant Isra�l devant la Cour p�nale internationale. La solution a un seul Etat a �t� �galement discut�, mais semble peu r�aliste du fait que le gouvernement actuel d�Isra�l r�clame la reconnaissance d�Isra�l en tant qu�Etat juif, et que cette solution impose � ce que tous les Palestiniens aient les m�me droits politiques que les Isra�liens.
Les autres conflits de la r�gion ont �t� pass� en revue : Libye, Irak, Syrie, Y�men. Les intervenants ont d�plor� les pertes humaines et mat�rielles que connaissent ces pays, et mis en exergue le r�le � la fois des puissances r�gionales et extra-r�gionales. C�est ainsi qu�a �t� mentionn� l�antagonisme entre les sunnites et les chiites, illustr� par la guerre froide entre l�Arabie saoudite et l�Iran. La premi�re puissance soutient les rebelles en Syrie, les sunnites en Irak, et les pr�sidents Sissi en Egypte et Hadi au Y�men. L�Iran de son c�t� apporte son appui � Bachar Al Assad en Syrie, aux Houtis au Y�men et aux chiites en Irak. Il a �t� constat� �galement le r�le moins influent des Etats-Unis dans la r�gion du fait de l�insuffisance de leur implication militaire dans la r�gion, et aussi d�un certain d�sengagement de la r�gion par suite de l�approvisionnement domestique en gaz et p�trole de schiste. Par contre, la Russie pour d�fendre sa position dans la r�gion a soutenu fermement le r�gime syrien et a livr� des missiles S300 � l�Iran. La Chine de son c�t� a soutenu Bachar Al Assad, mais s�est montr� discr�te dans les autres conflits. Quant � l�Inde, ce dernier pays a des relations �conomiques importantes avec la r�gion, du fait que 80% de son approvisionnement en p�trole provient des pays du Golfe, de l�Irak et de l�Iran. D�autre part, 7 millions d�indiens travaillent dans les pays du Golfe et transf�rent chaque ann�e 70 milliards de $ dans leur pays d�origine. Aussi l�Inde tient � maintenir de bonnes relations avec les pays Arabes, qui peuvent �galement contribuer au financement des infrastructures et des investissements industriels. Ce qui ne l�emp�che pas d�avoir des relations �conomiques �troites avec Isra�l dans plusieurs secteurs dont celui de l�armement.
Les autres panels de la conf�rence ont trait� du d�veloppement du terrorisme et de l�extr�misme dans la r�gion, ainsi que de la probl�matique du nucl�aire iranien. Il a �t� signal� que les actes terroristes ainsi que l��tablissement de l�Etat islamique dans une partie de l�Irak et de la Syrie constituent un danger mortel pour la r�gion. En effet, non seulement Daesh contr�le une partie du territoire de ces deux pays, mais des milliers de jeunes provenant de divers pays risquent leur vie en venant combattre dans la r�gion. De plus, les actes barbares commis par les extr�mistes soul�vent la r�probation individuelle et collective. Aussi est-il pr�conis� par la conf�rence de mener une lutte � la fois s�curitaire pour �radiquer les extr�mistes, mais �galement id�ologique pour convaincre les sympathisants de ces terroristes qu�ils font fausse route, et en menant des actions de d�veloppement �conomique et social. Quant au probl�me nucl�aire iranien, malgr� les critiques acerbes du repr�sentant isra�lien contre l�Accord de Lausanne du 2 Avril 2015, les autres intervenants ont souhait� la finalisation de cet accord au mois de Juin prochain afin de mettre un terme � cette question.
En conclusion, cette conf�rence a �t� fort int�ressante et a permis l��change franc d�id�es entre repr�sentants de la r�gion, tandis que l�Observer Research Foundation fera une large diffusion de ses recommandations.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI