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La crise financière internationale
Quelle nouvelle gouvernance mondiale ?

Par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relation Internationales)

L’IFRI vient d’organiser à Marrakech la seconde édition de la World Policy Conférence. Cette initiative lancée à la fin de l’année 2007, est une tentative de réflexion systématique conçue dans la durée, pour l’organisation d’une gouvernance mondiale adaptée aux réalités du XXIème siècle, associant décideurs, chercheurs et leaders d’opinion au plus haut niveau. Cette réflexion se base sur les constats suivants : le monde a besoin de gouvernance, les Etats ont collectivement la responsabilité d’orienter « le système du monde », une bonne gouvernance suppose une coopération approfondie entre les Etats et les acteurs non-étatiques, enfin en ce début de XXIème siècle le monde est devenu multipolaire, hétérogène, et global. La grave crise financière qui a secoué l’économie mondiale à l’autonome 2008 est venue corroborer cette vision, d’où la nécessité de revoir la gouvernance mondiale à la fois sur le plan politique et économique. En effet, les institutions actuelles de la gouvernance mondi

Concernant la gouvernance politique, l’organisation des Nations-Unies a montré ses limites. Cette organisation a été peu efficace pour résoudre les conflits internationaux, et ses résolutions sont souvent ignorées. Plus grave encore, la composition du Conseil de Sécurité est inégalitaire, et ne représente plus les forces vives en présence dans le monde. Le Conseil de Sécurité continue de fonctionner avec un droit de véto anachronique, accordé aux cinq membres permanents vainqueurs de la seconde guerre mondiale : Etats-Unis, Russie, France, Angleterre, Chine. Plusieurs tentatives de réformes de l’ONU ont été lancées sans succès, notamment par la France et l’Angleterre qui souhaitaient faire une place plus raisonnable aux grands pays émergents comme le Japon, la Chine, l’Inde et le Brésil. La révision de la structure de l’ONU est indispensable pour assurer une meilleure gouvernance politique de la planète. Devant l’inefficacité de l’ONU, un grand nombre de groupes se sont constitués : G7, G8, G15, G77, et le dernier en date le G20. Mais la création de ces groupes constitués empiriquement, ne peut remplacer la réforme de la Maison-mère qu’est l’ONU.



Sur le plan économique, les deux institutions issues des Accords de Bretton Woods du 20 Juillet 1944, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, n’ont pas donné entière satisfaction. Malgré les efforts de la Banque mondiale, la pauvreté fait encore des ravages en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud-Est. Quant au FMI, il n’a pas anticipé la grave crise financière internationale qui a frappé l’économie mondiale à l’autonome 2008. Cette crise marquée par l’incertitude financière et la rareté des ressources, a entrainé la montée du chômage, a créé un contexte plus incertain et plus risqué pour les entreprises, et a fait obstacle aux projets de développement. Elle a obligé les gouvernements à monter en première ligne, pour procurer des ressources financières gigantesques afin de sauver de la faillite les grandes banques, les compagnies d’assurance et les entreprises industrielles. Valeur aujourd’hui, la crise financière est quasiment jugulée, mais la crise économique persiste et personne ne peut prédire avec exactitude la date de sortie de crise.



Heureusement le G8 constitué des pays les plus riches de la planète s’est élargi aux pays émergents et en développement pour constituer le G20. C’est ainsi qu’ont intégré le G20 : l’Argentine, l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, l’Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique et la Turquie. Le G20 représente 90% du PIB mondial et les deux tiers du commerce et de la population mondiale. Il a tenu trois Sommets à Washington (15 Novembre 2008), Londres (2 Avril 2009) et Pittsburg (24 et 25 Septembre 2009). Le G20 a identifié les causes de la crise financière internationale comme suit : mauvaise surveillance des marchés, manque de coopération économique, problème d’évaluation des risques, et normes comptables peu adaptées et disparates. Le premier Sommet de Washington a préconisé des mesures budgétaires pour stimuler la demande interne, et un soutien par la politique monétaire. Le Sommet de Londres a mis 1.000 milliards de $ à la disposition du FMI et de la Banque mondiale, a établi une liste noire des paradis fiscaux, et a préconisé de nouvelle règles de gouvernance des marchés financiers. Le Sommet de Pittsburg a accepté le système des bonus-malus pour la rémunération des traders, a établi des règles en provisionnement des fonds propres, a régulé les Hedge funds, les instruments dérivés, et les agences de notation, et a proposé d’accroitre les fonds propres des banques. Les prochains Sommets du G20 auront lieu en 2010 et 2011 au Canada, en Corée du Sud et en France.



Il faut reconnaître que le G20 a fait du bon travail pour juguler la crise financière internationale. En attendant la réforme indispensable de l’ONU, il constitue actuellement le principal instrument de gouvernance mondiale sur le plan économique et financier. Il faudrait cependant revoir sa composition pour qu’il soit plus représentatif. Actuellement seule la Commission européenne fait partie du G20, pourquoi ne pas ajouter un représentant de l’Asean, de l’Union Africaine et du Mercosur ? Il faudrait également doter le G20 de règles de fonctionnement et d’un Secrétariat permanent, et définir avec précision ses compétences vis-à-vis du G8. En ce qui concerne la gouvernance mondiale, les problèmes de l’environnement ne sont pas suffisamment pris en compte. Il y aurait lieu à l’instar de l’OMC de créer l’Organisation mondiale de l’environnement (OME). Enfin dans le monde multipolaire actuel, on pourrait souhaiter un rôle plus accru de l’Europe, surtout après la ratification définitive du Traité de Lisbonne, qui permettra à l’Union européenne de disposer d’un Président et d’un Ministre des Affaires étrangères.



En conclusion, il y a nécessité impérative de mettre en place le plus rapidement possible les instruments d’une nouvelle gouvernance mondiale plus efficace et plus représentative.









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