Il y a un an l’agression israélienne contre Gaza
Quelle solution pour résoudre définitivement le conflit israélo-palestinien ?
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Le 8 Juillet 2014 Israël déclenchait une agression contre la bande de Gaza après celles de 2008 et 2012. L’agression de 2014 fût la plus meurtrière et la plus destructrice. Le bilan en effet est très lourd : 2251 Palestiniens tués dont 1500 civils et 551 enfants. On déplore également 10.000 blessés dont 7.000 femmes et enfants, et 100.000 personnes sans domicile fixe. Il faut également ajouter 70.000 structures de santé et 18.000 maisons partiellement ou totalement détruites. L’ONG « Médecins sans frontières » indique qu’après un an de l’agression, la majorité des patients de moins de 18 ans ont encore besoin de soins chirurgicaux ou de kinésithérapie liés aux blessures de guerre. L’autre ONG «Save the children » rapporte que dans les zones les plus affectées 70% des enfants souffrent encore de cauchemar et d’énurésie.
Il faut rappeler que la bande de Gaza peuplée de 1,7 M d’habitants a une frontière de 11 km avec l’Egypte et 51 km avec Israël, une surface de 360 km2 (Longueur de 41 km et largeur de 6 à 12 km) et une densité parmi les plus fortes du monde (4.889 habitants au km2). Cette bande fût occupée par la Grande-Bretagne après la première guerre mondiale de 1917 à 1948. Elle fût par la suite occupée par l’Egypte à partir de 1948 et une première fois par Israël en 1956, et une seconde fois en 1967 après la guerre des six jours. Israël y a installé 9000 colons et deux postes militaires jusqu’en 1994 où les Accords d’Oslo la placèrent sous administration intérimaire de l’Autorité palestinienne. A la suite du déclenchement de la seconde intifada, le gouvernement israélien a procédé unilatéralement au retrait en 2005 de son armée et au déplacement forcé de ses colons. Le mouvement islamiste Hamas a remporté les élections législatives palestiniennes de 2006, mettant à mal l’autorité du Président Mahmoud Abbas, et a pris le pouvoir effectif sur la bande de Gaza depuis Juin 2007.
Depuis sa prise de pouvoir sur la bande de Gaza en 2007, le Hamas appuyé par l’Iran développe un antagonisme avec le mouvement Fatah de Mahmoud Abbas, avec son voisin l’Egypte, et surtout une opposition farouche à Israël qu’il ne reconnaît pas. Avec l’Autorité Palestinienne, malgré des tentatives de gouvernement d’union nationale, le Premier ministre Ismaël Hanieyh ne reconnaît pas en fait la suprématisme de l’Autorité palestinienne, et gouverne d’une façon autonome la bande de Gaza, d’autant plus qu’elle est séparée de la Cisjordanie par le territoire israélien. Avec l’Egypte, le différent a trait au trafic de contrebande qui s’exerce avec Gaza par l’intermédiaire du creusement de tunnels, et au soutien supposé de Hamas aux attentats commis au Sinaï depuis la prise de pouvoir par le Général Sissi. L’hostilité la plus forte de Hamas est vis-à-vis d’Israël qui se manifeste par les tirs de roquettes sur les villes du sud d’Israël. Par réaction Israël, outre les agressions militaires répétées, a fermé la frontière avec Gaza (sauf dans certains cas exceptionnels) et a surtout établi un blocus par terre et par mer sur tout bien ou service à destination de Gaza transformant cette bande en immense prison.
On peut se poser la question de savoir comment sortir de cette situation inextricable où c’est la population de Gaza qui paie le prix fort. En fait, la solution relève plus globalement du conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus d’un demi-siècle. La création de l’Etat d’Israël en 1948 sur une terre qui était habitée par des Arabes est la cause principale du drame que vit cette région du Moyen-Orient. Les Arabes n’ont jamais accepté la création par la force de l’Etat d’Israël, et ont mené plusieurs guerres et beaucoup de résistance à l’occupation israélienne. Les choses étant ce qu’elles sont maintenant, la seule solution est la création d’un Etat palestinien viable vivant côte à côte avec Israël.
Malheureusement, et surtout depuis l’accession aux fonctions du Premier ministre d’Israël Netannyahou, cette solution est très difficile à mettre en œuvre. En effet, Netannyahou, fort du soutien inconditionnel des Etats-Unis, et qui s’appuie sur les partis nationalistes d’extrême-droite ne veut rien céder aux Palestiniens, et au contraire veut développer davantage la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. On ne peut que déplorer le silence coupable de la communauté internationale devant les souffrances du peuple palestinien et en particulier des Gazaouis. Un an après l’agression israélienne et malgré les promesses, la bande de Gaza est partiellement ou totalement détruite, du fait du blocus israélien même pour les matériaux de construction, et de l’insuffisance de l’aide financière internationale.
Il faut absolument un sursaut de la communauté internationale pour résoudre en premier lieu la question de Gaza, en faisant pression sur Israël pour lever le blocus afin d’acheminer l’aide à la reconstruction. Pour résoudre le problème plus global du conflit israélo-palestinien, il y a lieu à l’instar de la question du nucléaire iranien, d’adopter une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU donnant mandat irrévocable aux cinq membres permanents d’encadrer les négociations entre Israéliens et Palestiniens jusqu’à l’aboutissement d’une solution. Car ce qu’a dit Laurent Fabius lors de sa dernière visite en Juin 2015 dans la région « Nous demandons aux partis de négocier » n’aboutira à rien. Sans cette solution, la situation dramatique actuelle va perdurer et peut être on aura à déplorer dans l’avenir une quatrième agression israélienne contre Gaza.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI