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La Croissance mondiale et marocaine
Quelles perspectives pour 2015 et 2016 ?

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Selon le FMI la croissance mondiale sera de 3,3% en 2015 et 3,8% en 2016. Cette croissance ne sera pas uniforme selon les différentes régions de la planète. Les fortes hausses de la croissance auront lieu dans les pays émergents et en développement d’Asie avec 6,6% en 2015 et 6,4% en 2016. En Chine, principale source de croissance de cette région, le taux de 7,4% en 2014 chutera à 6,8% cette année. Le déclin de la croissance en Chine s’explique en partie par la crise du marché immobilier accompagnée d’un Krach boursier ayant entamé une baisse des valeurs cotées de 30% en à peine un mois. Cependant le récent rebond du marché chinois est de nature à apaiser la tension sur l’économie mondiale.

La deuxième région qui connaîtra les plus forts taux de croissance est l’Afrique subsaharienne avec un taux de 4,4% en 2015 et 5,1% en 2016. La légère baisse de la croissance dans cette région s’explique par la diminution des prix des matières premières, et par le durcissement des conditions de financement extérieur pour les pays exportateurs de pétrole. La troisième région où la croissance sera la plus forte est la MOANAP (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan) où le taux de croissance sera de 2,6% en 2015 et 3,8% en 2016. Cette région reste soumise à des difficultés économiques liées à des facteurs géopolitiques, comme c’est le cas en Irak et Syrie au Moyen-Orient et en en Egypte, Libye et Tunisie en Afrique du Nord. Pour ce qui est des Etats-Unis, le FMI prévoit une croissance de 2,5% en 2015 et 3% en 2016, et pour l’Amérique latine et les Caraïbes 0,5% en 2015 et 1,7% en 2016.


La zone euro qui intéresse plus particulièrement notre pays le Maroc, connaîtra une croissance de 1,5% en 2015 et 1,7% en 2016. Cette éclaircie dans la zone euro sera confortée par le récent accord qui a été conclu le 13 Juillet 2015 pour éviter la sortie de la Grèce de la zone. Sur un autre plan, et c’est aussi un élément positif pour la croissance mondiale, il n’est pas prévu d’augmentation du prix du pétrole d’ici fin 2015 et pour l’année 2016. En effet, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) prévoit une baisse de la demande mondiale de 1,2 M de B/J en 2016, avec une offre qui restera l’année prochaine excédentaire par rapport à la demande. De plus, le récent accord sur le nucléaire iranien va permettre à l’Iran d’augmenter ses exportations, et donc d’augmenter l’offre sur le marché mondial.


Pour ce qui est du Maroc, les prévisions de croissance divergent pour l’année 2016. Pour 2015, les prévisions sont assez proches : 4,3% pour le HCP, 4,4% pour le FMI, 4,6% pour la Banque mondiale et 5,2% pour le CMC. Par contre pour 2016 le FMI prévoit un taux de croissance de 5%, la Banque mondiale 4,8%, le CMC 2,8% et le HCP 2,6%. Les prévisions du CMC et du HCP se basent sur un recul des activités primaires en 2016 (surtout l’agriculture) que le CMC estime a - 6,2% en 2016 contre + 16,2% en 2015. En effet, la campagne agricole a été exceptionnelle en 2015 avec une production de 11 millions de tonnes de céréales. Pour les activités non agricoles, le HCP prévoit une hausse 3,1% en 2016 et une baisse des investissements publics (28,9% du PIB en 2016 contre 29,6% en 2015). Le CMC de son côté prévoit une baisse de la consommation des ménages en 2016 : + 2,9% en 2016 contre 3,8% en 2015.


A mon avis, les prévisions tant du CMC que du HCP sont trop pessimistes pour la croissance du Maroc en 2016. Je rejoins plutôt les prévisions de la Banque mondiale et du FMI. En effet, personne ne peut prévoir aujourd’hui l’importance de la prochaine campagne agricole. Certes, on n’aura pas une campagne agricole exceptionnelle comme celle de 2015, mais on peut espérer une bonne récolte pour 2016. D’autre part, la zone euro aura une croissance de 1,7% en 2016 supérieure à celle de 1,5% en 2015. Aussi, je ne comprends pas pourquoi la demande externe adressée au Maroc sera inférieure en 2016 par rapport à 2015. Quant à la consommation des ménages, rien ne permet de dire aujourd’hui qu’elle baissera en 2016 par rapport à 2015. Enfin, les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie indiquent qu’il n’y aura pas d’augmentation sensible des prix du pétrole pour 2016. Toutes ces raisons expliquent mon optimisme pour la croissance du Maroc en 2016.

CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI

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