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Crise syrienne
Antagonisme Occident Russie

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

La crise syrienne a débuté en Mars 2011 dans le sillage du Printemps arabe par des manifestations contre le régime syrien baasiste dirigé par le président Bachar Al Assad. Ces manifestations majoritairement pacifiques réclamaient plus de démocratie et se sont répandues dans plusieurs villes du pays. Le régime a brutalement réprimé ces manifestations et le mouvement de contestation s’est transformé en rébellion armée.

Dès lors plusieurs belligérants ont participé au conflit. Le premier mouvement à mener la rébellion fût l’Armée syrienne libre, mais qui a été supplémentée en 2013 par le Front islamique, une alliance de brigades islamistes sunnites. Par la suite est entré en action le Front Al-Nosra branche syrienne d’Al Qaida. A partir de 2014 a été constitué l’Etat islamique (Daech) qui a réussi à conquérir une partie de l’Irak et de la Syrie et qui est entré en guerre contre tous les autres belligérants. Les puissances étrangères sont devenues également des acteurs de la crise syrienne. C’est ainsi que les rebelles de l’Armée syrienne libre ont été soutenus dès l’origine par les pays arabes du Golfe, la Turquie, et l’Occident notamment les Etats-Unis et la France. Le régime syrien a lui bénéficié des renforts du Hizbollah libanais, des brigades chiites irakiennes, ainsi que du soutien indéfectible de l’Iran et de la Russie. A cela il faut ajouter les Kurdes qui défendent leur territoire contre tout agression. Au fil du temps le conflit syrien est devenu un vraie guerre civile avec un bilan très lourd à ce jour : 240.000 morts, des milliers de blessés, 7 millions de personnes déplacées dont plus de 4 millions réfugiés hors du pays. Les Syriens ont d’abord émigré dans les pays voisins : Turquie (2 M), Liban (1 M) Jordanie (690.000) puis au début de 2015 se sont déversés en Europe dans des conditions catastrophiques.

L’ONU qui a été saisi du problème a désigné deux envoyés spéciaux : Kofi Anan et Lakhdar Ibrahimi qui malgré tous leurs efforts ont été incapables de trouver une solution. Il faut dire que toutes les résolutions du Conseil de Sécurité hostiles au régime syrien ont été bloquées par la Russie et la Chine. Du côté des Etats-Unis, le Président Obama a beaucoup hésité à s’impliquer militairement dans le conflit. C’est ainsi qu’à l’été 2013, suite à l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien, il n’a pas pris la décision d’attaquer la Syrie. Le Royaume-Uni et la France ont fait de même. En 2014, les Etats-Unis ont constitué une coalition contre l’Etat islamique (Daech)) mais à travers uniquement des frappes aériennes. La France qui participe à la coalition a d’abord frappé seulement l’Irak, et a pris dernièrement la décision de frapper également la Syrie. Il faut reconnaître que valeur aujourd’hui les frappes aériennes de la coalition n’ont pas été très efficaces et n’ont pas permis d’éradiquer Daech.

La Russie s’est contentée de 2011 à 2014 d’apporter son appui diplomatique au régime syrien en lui fournissant du matériel militaire pour faire face à la rébellion. Mais pendant le premier semestre 2015, elle a considérablement livré du matériel militaire au régime syrien y compris des avions et des blindés. En Septembre 2015, elle a sauté un pas en procédant à des frappes aériennes en Syrie. Ces frappes ont pour cible Daech mais aussi les autres rebelles au régime syrien qu’elle qualifie de terroristes. D’où un antagonisme flagrant avec l’Occident qui fait une différence entre Daech qu’il faut éradiquer, et les rebelles de l’Armée syrienne libre qu’il faut soutenir. Un autre élément de discorde entre l’Occident et la Russie est le sort de Bachar Al Assad. Obama a traité Assad de tyran, David Cameron de boucher, et François Hollande a déclaré que le président syrien ne peut pas faire partie de la solution. Au contraire, la Russie et l’Iran veulent le maintien de Assad en pouvoir.

En conclusion, on ne peut que déplorer la situation lamentable que connaît la Syrie, et dont la victime principale est le peuple syrien. Le premier responsable de cette situation est Bachar Al Assad, qui au lieu de trouver une solution avec les manifestants en 2011 les a réprimés durement, et n’a pas hésité à tuer une partie de son peuple et à le pousser à l’exil dans des conditions catastrophiques. On peut également regretter les hésitations de l’Occident et notamment des Etats-Unis à s’impliquer militairement dès le début du conflit. Enfin on ne peut que déplorer la position de la Russie et de l’Iran qui pour des raisons géopolitiques soutiennent un régime sanguinaire. L’Iran soutient Bachar Al Assad parce qu’il est chiite, et que son maintien au pouvoir lui permet d’étendre son influence au Moyen-Orient. De son côté, Poutine veut faire jouer à son pays un rôle international comme du temps de l’URSS, et soutient indéfectiblement le régime de Bachar Al Assad son seul allié au Moyen-Orient. Pour sortir de l’impasse où se trouve le conflit syrien, l’Occident et la Russie doivent trouver un compromis qui consisterait après l’éradication de Daech, de constituer un gouvernement syrien d’union nationale composé d’éléments du régime et de l’Armée syrienne libre.





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