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Sommet Inde-Afrique à New Delhi
Pour une coopération Sud-Sud

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Le 3ème Sommet Inde-Afrique s’est tenu à New-Delhi du 25 au 29 Octobre 2015 avec la participation de 41 Chefs d’Etat et de gouvernement dont le Roi Mohammed VI. L’Inde en organisant ce troisième Sommet veut rattraper le retard vis-à-vis de la Chine qui a une longueur d’avance sur l’Afrique. L’objectif principal de ce Sommet est la mise en œuvre d’une nouvelle ère de partenariat entre l’Inde et l’Afrique, qui représentent à eux deux 30% de la population mondiale. Le but essentiel est le développement mutuel basé sur les principes d’égalité, de respect, et d’entente. C’est qu’en effet l’Inde et l’Afrique font face aux mêmes défis concernant l’urbanisation, l’éducation, la création d’emplois et la lutte contre la pauvreté. Le contenu de ce partenariat est multidisciplinaire en englobant l’économique, le social, le sécuritaire, les sciences et la technologie, enfin la formation des ressources humaines. Sur ce dernier aspect l’Inde a offert 25.000 bourses à des étudiants africains pendant les trois dernières années. Sur le plan économique l’accent a surtout été mis sur le commerce (l’Afrique étant riche en matières premières) mais aussi sur l’industrie, les investissements, le développement des PME et de l’intégration régionale en Afrique. Une mesure concrète a été l’annonce par le Premier Ministre indien Narendra Modi de prêts d’un montant de 10 milliards de $ au profit de l’Afrique sur les 5 prochaines années.

Le Sommet a particulièrement insisté sur la coopération Sud-Sud notamment lors du discours du Roi Mohamed VI lorsqu’il a déclaré « La coopération Sud-Sud est une nécessité impérieuse imposée par l’acuité et l’ampleur des défis qui se posent à nos pays ». Il a ajouté que cette coopération devrait être efficace, solidaire et pluridimensionnel, et doit aller au delà des formes traditionnelles. L’Afrique a moins besoin d’assistance et plus de partenariat intégré et équitable. Un autre leader africain a déclaré « L’Afrique ne doit plus être un cheval qu’on monte et qu’on exploite sans contrepartie ». Concrètement, l’Inde peut apporter à l’Afrique une coopération multiforme dans le secteur de l’agriculture (80% des terres arables en Afrique sont inexploitées), des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des infrastructures, et des industries notamment pharmaceutique du fait que l’Inde est le premier producteur mondial des médicaments génériques dans le monde.



D’autres questions plus politiques ont été discutées lors du Sommet Inde-Afrique. En premier lieu la réforme de l’ONU où l’Afrique et l’Inde tentent d’avoir un membre permanent au Conseil de sécurité. Il est en effet inadmissible que les membres permanents du Conseil de sécurité soient toujours les puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale. Une concertation entre l’Afrique et l’Inde a été également recherchée quant à la prochaine Conférence de Paris sur l’environnement. Les deux parties souhaitent une aide financière accrue des pays riches pour assurer leur transition énergétique, et moins de contraintes quant à l’émission de gaz à effet de serre pour rattraper le retard du développement industriel. Enfin une position commune de l’Afrique et de l’Inde à la prochaine Conférence de Nairobi de l’OMC permettrait de défendre leurs intérêts quant à l’achèvement des négociations de Doha et à l’atténuation du droit de propriété intellectuelle notamment pour les médicaments.



En ce qui concerne les relations maroco-indiennes, une délégation de 50 entreprises marocaines s’est rendue à New Delhi pour le Sommet Inde-Afrique. L’Inde est d’ailleurs l’un des rares pays où le commerce extérieur marocain est bénéficiaire. En effet, les exportations marocaines se sont élevées en 2014 à 7,2 milliards de dirhams contre 4,2 milliards de dirhams d’importations. Celà est dû principalement aux exportations en Inde de l’OCP de phosphates et dérivés. L’Inde est le premier importateur mondial de phosphates et 60% de ses besoins sont assurés par le Maroc. L’objectif de la délégation marocaine a été aussi de promouvoir d’autres secteurs tels que l’agro-alimentaire, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’industrie textile et pharmaceutique, ainsi que la tourisme. Les IDE indiens au Maroc sont encore faibles, d’où l’intérêt d’attirer d’autres investisseurs notamment dans l’automobile, l’aéronautique, et la logistique. Un autre dossier de coopération entre l’Inde et le Maroc consiste à renforcer la coopération scientifique et technique, l’enseignement supérieur et la formation des cadres.



En conclusion, la coopération entre l’Inde et l’Afrique dans tous les domaines est indispensable du fait d’un monde globalisé où la concurrence est de plus en plus rude. Plus généralement, la coopération Sud-Sud est à renforcer étant donné la similitude des défis à relever, et la solidarité indispensable pour les relever. Quant au Maroc, il doit absolument diversifier son économie pour ne plus dépendre uniquement de l’Europe. Il peut être également un acteur efficace pour une coopération triangulaire entre l’Inde et l’Afrique, du fait de l’expérience qu’il a acquise par son commerce et ses investissements en Afrique. En effet, le Maroc est le 2ème investisseur africain en Afrique et dispose d’un réseau bancaire qui couvre pratiquement toute l’Afrique.

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