40ème anniversaire de la Marche Verte
Discours Royal fondateur et mobilisateur
Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
A l’occasion du 40ème anniversaire de la Marche Verte le Roi Mohammed VI a prononcé à Laâyoune le 6 Novembre 2015 un discours fondateur et mobilisateur qui constitue pour les prochaines années une feuille de route pour les Provinces Sahariennes. Tous les aspects ont été traité : politique, économique, social et culturel.
Sur le plan politique, le Roi a d’abord rappelé que le Plan d’autonomie présenté à l’ONU en 2007 est le maximum que le Maroc peut faire pour régler définitivement la question du Sahara. Rappelons que ce Plan prévoit une large délégation de pouvoirs aux institutions sahraouies sous souveraineté marocaine. Le Polisario soutenu principalement par l’Algérie réclame un référendum d’autoadministration. Certes, Feu le Roi Hassan II avait admis en 1981 à Nairobi le principe du référendum. Mais l’ONU a été incapable d’identifier le corps électoral. A supposer qu’il ait lieu aujourd’hui : de qui serait composé le corps électoral ? Les 800.000 habitants des Provinces Sahariennes ? Les "réfugiés" de Tindouf : combien sont-ils ? L’Algérie a toujours refusé tout recensement. Ces derniers voteraient-ils à Tindouf ou au Sahara ? Autant de questions insolvables et qui ramènent pour tout règlement définitif au Plan d’autonomie présenté par le Maroc.
Le Souverain a désigné l’Algérie comme le principal adversaire de notre intégrité territoriale indiquant que ce pays dépense des milliards dans sa croisade militaire et diplomatique contre le Maroc. Il déplore que les 40.000 personnes résidant à Tindouf vivent sans liberté et dans la misère notamment au niveau d’un logement décent, et dénonce la corruption des séparatistes dans l’utilisation de l’aide étrangère. D’ailleurs un Rapport de OLAF un organisme de l’Union européenne a mis à jour le détournement des fonds destinés aux "réfugiés" de Tindouf. Contrairement aux allégations de ses adversaires, le Maroc a mis en œuvre un organisme indépendant le Conseil national des droits de l’homme qui a un prolongement dans les Provinces Sahariennes pour défendre ces droits en toute indépendance. Les populations vivant au Sahara disposent de tous leurs droits civiques et participent massivement aux élections pour choisir leur représentant à la fois sur le plan local ou national. Le Roi a clairement indiqué que les revenus des ressources naturelles du Sahara doivent aller aux populations sahraouies, et que ce Sahara marocain bénéfice d’une sécurité et d’une stabilité qu’on ne trouve pas dans la région Sahélo-Saharienne. Enfin le Roi a mis en garde tout Etat ou élément étranger qui s’attaque à notre intégrité territoriale, et que la réponse du Maroc sera ferme et rigoureuse, notamment en ce qui concerne le boycott des produits marocains qu’ils soient du Nord ou du Sud du Royaume.
Concernant la gestion interne des Provinces Sahariennes, le Roi a indiqué une rupture avec le passé par la lutte contre l’économie de rente, les privilèges et la concentration administrative. Il a demandé au secteur privé de prendre la relève de l’Etat notamment au niveau des investissements. C’est ainsi que la CGEM s’est engagée au Printemps dernier à réaliser un programme d’investissements de 6 Milliards de Dh sous forme de 60 projets dans le secteur des énergies renouvelables, la promotion immobilière, l’éducation et l’agroalimentaire.
Le Souverain a mis en exergue le nouveau modèle de développement des Provinces du Sud élaboré par le Conseil économique, social et environnemental, qui prévoit sur une période de 10 ans un investissement de 140 Milliards de Dh avec création de 120.000 emplois, dont 30% seront réalisés dans le cadre du partenariat public-privé. Afin de promouvoir le développement des Provinces Sahariennes sera mise en œuvre la régionalisation avancée avec un transfert de compétences au niveau de la région, réalisant ainsi une véritable déconcentration administrative. En outre des contrats-programme seront établis entre l’Etat et la région. Afin d’améliorer le climat des affaires dans les Provinces Sahariennes, un cadre juridique incitatif sera établi notamment au niveau fiscal pour assurer une visibilité à long terme pour les investisseurs nationaux et internationaux. De même qu’un Fonds de développement économique sera créé pour la promotion des PME notamment pour les jeunes.
Afin que le Sahara puisse devenir un trait-d’union avec l’Afrique Subsaharienne, le Souverain a indiqué plusieurs projets de grande envergure dans le domaine des transports. Il a cité la voie routière express Tiznit-Laâyoune-Dakhla, la ligne ferroviaire Marrakech-Dakhla et la création d’un Hub aérien. D’autres projets ont été cités comme le port Atlantique-Dakhla, le dessalement de l’eau de mer, les zones industrielles, et la connection électrique de Dakhla avec le réseau national. Le Roi a préconisé également la restructuration du dispositif d’aide sociale en insistant sur la transparence et l’équité, et en respectant la fierté et la dignité des récipiendaires. Enfin il a signalé la volonté de promouvoir la culture Hassanie et la promotion du patrimoine saharien par la création de théâtres, de musés, et de maisons de culture.
En conclusion, le discours Royal de Laâyoune est une véritable feuille de route pour les Provinces Sahariennes avec la déclinaison d’orientations et de projets dans tous les domaines. Il faut absolument veiller à leur concrétisation dans les meilleurs délais par la création d’un Comité de suivi qui puisse se réunir régulièrement et évaluer les résultats obtenus. La réussite de ces orientations et ces projets est le meilleur gage pour résoudre définitivement la question du Sahara.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI