COP 21 à Paris
Pour la promotion de l’économie verte au Maroc
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Du 30 Novembre au 11 Décembre 2015 se réunira à Paris la COP 21 qui est une conférence internationale sur le changement climatique. On assiste en effet au cours de ces dernières décennies à un réchauffement climatique à la surface du globe entraînant des événements climatiques extrêmes tels que la fonte des glaciers, la sécheresse et les inondations. Le GIEC (Groupe intergouvernemental pour l’évolution du climat) a en effet indiqué un réchauffement moyen de la terre de 0,6° C de 1950 à 2013, qu’il projette entre 1,1° C et 4,8° C à l’horizon 2100. La cause principale de ce réchauffement est l’émission de gaz à effet de serre dont 2/3 proviennent de l’utilisation de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz). L’organisation des Nations Unies sensible à ce problème a établi en 1992 la Convention-Cadre sur le changement climatique qui a pour objectif de « préserver le système climatique pour les générations présentes et futures ». Pour celà elle a prévu une Conférences des Parties (COP) qui doit se réunir chaque année.
La première COP a eu lieu en 1995 à Berlin, et c’est la troisième COP à Kyoto en 1997 qui a établi un Protocole d’engagements pour la période 2008-2012 au cours de laquelle les pays développés devraient réduire d’un certain pourcentage leur émission de gaz à effet de serre en 2012 par rapport à 1990. Cependant les Etats-Unis et le Canada n’ont pas respecté leur engagement. Il faut attendre la COP13 à Berlin en 2007 pour qu’une importante proposition soit mise sur la table, à savoir ne pas dépasser une hausse de 2° C à l’horizon 2100 par rapport à l’ère industrielle. La COP15 à Copenhague en 2009 a décidé l’extension des engagements à tous les pays y compris les pays émergents et les pays en voie de développement. Elle a aussi décidé que les engagements viendraient des pays eux-mêmes et non pas imposés par le haut, et qu’une aide financière serait accordée aux pays en développement pour les aider à s’adapter au changement climatique, sous la forme de la création d’un Fonds Vert. La COP17 à Durban en 2011 a décidé que l’accord mondial sur le changement climatique devrait être conclu au plus tard en 2015. La COP18 à Doha en 2012 a décidé la prolongation des engagements de Kyoto jusqu’en 2020. La COP21 qui doit se réunir à Paris à la fin de cette année doit examiner les engagements des 125 Etats plus l’Union européenne, déterminer les modalités du soutien financier à long terme pour les pays en développement, et établir un « agenda de solutions » qui devrait permettre la participation de la société civile et le recensement des bonnes pratiques. Sans préjudice des résultats concrets de cette conférence de Paris, elle se présente sans de bons auspices du fait d’une attitude positive des deux grands pollueurs de la planète les Etats-Unis et Chine, et d’une prise de conscience réelle de tous les Etats du monde.
Notre pays le Maroc s’est impliqué sérieusement dans la problématique du changement climatique, d’autant plus qu’il ne dispose pas de ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz). C’est ainsi qu’il a établi une Loi-cadre sous forme de Charte nationale de l’environnement et du développement durable. Il a initié une véritable politique des énergies renouvelables par la promotion de l’éolien, du solaire, et de l’efficacité énergétique. L’objectif est de couvrir à 42% les besoins en électricité à l’horizon 2020 par les énergies renouvelables. Participent à cette couverture l’énergie hydraulique (2000 MW), le solaire (2000MW) et l’éolien (2000MW). Le Maroc a également envoyé à la COP21 ses engagements de réduction d’émission de gaz à effet de serre à hauteur de 30% à l’horizon 2030, correspondant à 400Mt équivalant CO2 pendant la période 2010-2030. Cette réduction exigera des dépenses de 45 MM de $ que le Maroc espère financer à raison de 77% par le Fonds vert. Enfin le Maroc a obtenu l’organisation en 2016 à Marrakech de la COP22 qui doit rendre opérationnelles les décisions prises lors de la COP21 à Paris.
Le changement climatique doit permettre au Maroc de mettre en œuvre une véritable économie verte. C’est dans ce sens qu’a été créée l’ADEREE (Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique). Ses missions sont d’être une force de propositions législatives, réglementaires et normatives, concevoir et piloter des programmes structurants, fédérer les acteurs nationaux et internationaux, lancer des campagnes de promotion et de sensibilisation du grand public, et bâtir une expertise nationale. Le secteur privé marocain n’est pas en reste. On peut citer à titre d’exemple le Groupe ECOMED spécialisé dans la gestion des déchets solides, et qui convertit le biogaz en énergie électrique dans plusieurs villes du Royaume. Une autre initiative a été prise par la société Kilimandjaro qui transforme les huiles alimentaires usagées en biodiesel. La société Renault à Tanger a conçu son usine à zéro rejet liquide industriel, permettant de réduire ses émissions de gaz à effet de serre à l’équivalent de 135.000 tonnes de CO2. On peut citer aussi l’utilisation du photovoltaïque pour l’électrification rurale, le chauffage et la production d’eau chaude, et l’isolement des bâtiments pour éviter les pertes d’énergie. Cependant toutes ces initiatives restent très limitées et un véritable effort doit être fait par les entreprises marocaines pour développer les écosystèmes. Partout dans le monde l’économie verte est en marche, et le Maroc doit y prendre part.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI