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Attentat de Tunis
Il faut sauver la démocratie tunisienne

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


La Tunisie vient d’être frappée le 24 Novembre 2015 par un nouvel attentat commis à 17h15 Avenue Mohammed V à Tunis non loin du ministère de l’intérieur. Un kamikaze s’est fait exploser dans un bus de la garde présidentielle faisant 13 morts et 20 blessés. L’enquête a révélé que cet attentat a été commis par Hassan Ben Hedi un vendeur ambulant tunisien de 26 ans. Trois individus identifiés qui seraient des complices sont activement recherchés et des dizaines d’arrestations ont été opérées dans tout le pays. Le Président tunisien Caid Esebssi a décrété le couvre-feu jusqu’à nouvel ordre et l’état d’urgence pour une durée de 30 jours. Dans un discours le Dimanche 29 Novembre le Président tunisien a exhorté le peuple tunisien à rechercher la paix sociale, notamment en demandant aux syndicats patronal et ouvrier de trouver d’ici le 10 Décembre 2015 une solution à leurs différents. Il a également demandé à son propre parti Nidaa Tounes de trouver un arrangement pour sauvegarder l’unité du parti. La Tunisie a été confrontée pendant l’année 2015 à deux autres attentats : le 18 Mars contre la musée du Bardo ayant fait 22 morts et 50 blessés ; et le 26 Juin contre la station balnéaire du Port El Kantaoui près de Sousse ayant occasionné 28 morts. Ces attentats ont visé la jeune démocratie tunisienne.

La Tunisie après le déclenchement du Printemps arabe est un modèle pour tous les autres pays arabes. En effet tout le processus démocratique : (Assemblée constituante, élections législatives, élections présidentielles), s’est basé sur la volonté du peuple et dans le cadre d’une transparence totale. L’autre élément fondamental est le compromis historique entre les partis progressistes et les partis islamistes pour gouverner ensemble dans l’intérêt général du pays. Le troisième élément est la force de la société civile tunisienne qui a pesé de tout son poids dans le déroulement du processus. C’est ainsi que les femmes tunisiennes ont joué un très grand rôle, ainsi que le puissant Syndicat UGTT, le patronat avec l’UTICA et la défense des droits de l’homme avec la LTDH.

Devant ces horribles attentats en Tunisie, toute la communauté internationale doit se mobiliser pour sauver la démocratie tunisienne. En effet si cette démocratie s’effondre, ce serait la victoire des obscurantistes qui veulent ramener le monde arabe au Moyen-Âge. Cela donnerait plus de force à Al Qaida, Boko Haram, Daech, Shebab et pousserait les jeunes à rejoindre ces mouvements terroristes. Pour la seule Tunisie, on estime à 5.500 jihadistes qui combattent en Syrie, en Irak, en Libye, et au Yémen.

Pour sauver la démocratie tunisienne, les dirigeants tunisiens doivent unir les rangs comme l’a demandé le Président Caid Essebsi. Ils doivent renforcer la sécurité intérieure et extérieure par l’augmentation des effectifs et des équipements, et l’achèvement du mur de protection à la frontière avec la Libye. Ils doivent stimuler l’économie nationale pour créer des emplois dans les régions défavorisées : Gafsa, Sidi Bouzid, Kasserine entre autres. La communauté internationale doit de son côté aider la jeune démocratie tunisienne par tous les moyens notamment sécuritaires et économiques pour la sauver de l’instabilité et du chaos. C’est dans ce sens que le prix Nobel de la paix a été décerné en Octobre dernier au Quartet UGTT, UTICA, Ligue des droits de l’Homme, et Ordre des avocats.

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