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Le commerce extérieur marocain
Bilan 2015 et perspectives ?

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Le bilan 2015 du commerce extérieur marocain par rapport aux années précédentes est positif. En effet le taux de couverture des importations par les exportations est passé à 58,5% soit le taux le plus élevé depuis une décennie. Ce taux s’explique par une baisse des importations de 5,6% et une hausse des exportations de 6,7%.

La baisse des importations est dûe principalement à des éléments conjoncturels : baisse des produits énergétiques et alimentaires. En effet la facture énergétique a baissé de 28% du fait de la baisse du prix du pétrole. En effet suite à une augmentation de l’offre de pétrole sur le marché mondial et la faiblesse de la demande, les prix n’ont cessé de dégringoler courant l’année 2015 pour atteindre le niveau de 30$ le baril en fin d’année. De même, l’excellente campagne agricole au Maroc 2014-2015 et la baisse des prix des matières premières sur le marché mondial, a permis de réduire l’importation des produits alimentaires de 14,3%. Par contre et cela montre une bonne activité industrielle, les biens d’équipement ont augmenté de 8%, les demi-produits de 4,8% et les produits bruts de 4,1%.

La hausse des exportations est dûe au bon comportement de l’automobile (+20,9%) des phosphates et dérivés (+16,3%) et de l’agro-alimentaire (+10,1%). Il faut signaler avec satisfaction le secteur de l’automobile qui est devenu le premier métier du monde du Maroc, et dont les exportations ont atteint 48,7 MM de dh dont 28,4 MM de dh d’automobiles en tant que produits finis. Il apparaît donc que l’installation du Groupe Renault à Tanger-Med est une vraie réussite tant qu niveau de l’emploi que des exportations. Un autre secteur nouveau au Maroc est l’aéronautique dont les exportations ont atteint 7,2 MM de dh en augmentation de 4,5% par rapport à l’année dernière. Quant à l’industrie pharmaceutique elle a également obtenu de bons résultats à l’exportation avec un chiffre d’affaires de 1 MM de dh en augmentation de 6% par rapport à l’année dernière. Deux secteurs sont cependant en régressions : l’électronique avec – 2,9% et le textile-cuir avec -1,4%.

Certes les résultats de 2015 sont meilleurs que ceux des années précédentes, mais ils sont encore insuffisants puisque la balance commerciale reste déficitaires de 41,5%. Il faut donc encore beaucoup d’efforts pour équilibrer la balance commerciale. De plus comme déjà dit, l’année 2015 a profité d’éléments conjoncturels qui risquent de ne pas se reproduire les années prochaines. C’est le cas de l’agriculture dont la campagne s’annonce mauvaise au Maroc pour 2015-2016, et qui va certainement nécessiter des importations plus importantes en 2016 qu’en 2015. Quant au pétrole, tous les spécialistes indiquent qu’il n’y aura pas de hausse de prix en 2016, d’autant plus que l’Iran après la levée des sanctions internationales va mettre sur le marché mondial 500.000 b/j supplémentaires.

Aussi, la stratégie à moyen et long terme pour équilibrer la balance commerciale marocaine consiste pour réduire les importations, à développer les énergies renouvelables (éolien, solaire, hydrocarbures), et à accélérer le Plan vert de l’agriculture pour parvenir à l’autosuffisance en matière des produits agricoles. Un autre moyen de réduire les importations consiste en une régulation et un assainissement de l’import, en mettant en œuvre les outils de défense commerciale comme le font tous les autres pays. Il y a lieu de renforcer les normes marocaines afin d’éviter que le marché marocain ne devienne un dépotoir pour les produits étrangers.

Il faut parallèlement développer davantage les exportations en élargissant la gamme des produits exportés. Certes l’automobile et l’aéronautique sont un bon exemple de diversification des exportations, mais il faut trouver d’autres produits nouveaux à exporter. Il y a lieu aussi de diversifier nos marchés d’exportation qui restent orientés aux 2/3 sur l’Europe. Certes, un effort a été fait sur l’Afrique subsaharienne mais qu’il fait développer davantage, sans oublier les autres marchés très importants que sont l’Amérique et l’Asie. Il y a lieu de concevoir une politique globale du commerce extérieur qui doit inclure plus d’efforts pour la promotion des produits marocains à l’étranger. Enfin et cela est incontournable, il faut renforcer la compétitivité de l’économie marocaine, car le meilleur moyen de se placer sur le marché mondial est d’offrir des produits avec le meilleur rapport qualité/prix. C’est ce que font les grands exportateurs mondiaux dont notamment l’Allemagne, la Chine et le Japon.

En attentant d’équilibrer la balance commerciale et pour réduire le déficit de la balance des paiements, il y a lieu d’encourager les exportations invisibles que sont les recettes du tourisme, les transferts des résidents marocains à l’étranger, et les investissements directs étrangers. Toutes ces recettes viennent au crédit de la balance des paiements, et augmentent nos réserves de change pour faire face aux importations et aux autres dépenses en devises étrangères.

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