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Quel avenir pour l’économie chinoise ?

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)


Notre pays le Maroc ne saurait se désintéresser de l’économie chinoise et de son avenir. La Chine est devenue la deuxième puissance économique du monde avec une prévision du PIB pour l’année 2016 de 12.322 milliards de $ contre 18.675 milliards de $ pour les Etats-Unis. Les autres puissances économiques viennent loin derrière : Allemagne (3.892), Japon (3.614), France (2.806). La Chine a produit en 2015 24,5 millions de véhicules contre 21,1 millions dans l’Union européenne. La Chine consomme 60% de la production mondiale de ciment et 50% de la production mondiale de fer et d’acier. Les prévisions de l’excédent commercial de la Chine est évalué en 2016 à 505 milliards de $ contre 286 milliards de $ pour l’Allemagne. Le potentiel touristique est énorme puisque 1,7 million de chinois ont visité la France en 2014. Le niveau de vie par habitant en Chine s’est amélioré de 1.950 $ par an en 2006 à 4.340 $ en 2016, et le salaire annuel est passé pendant la même période de 3.220 $ par an (2.683 dh par mois) à 9.317 $ (7.764 dh par mois). La dette chinoise est évaluée à la mi-mars 2.016 à 5.375 milliards de $ soit 43,6% du PIB, et l’espérance de vie est de 77 ans pour les femmes et 74,5 ans pour les hommes. Les dépenses de consommation des ménages sont passées de 1.003 milliards de $ en 2006 à 4.635 milliards de $ en 2016. Enfin la Chine compte actuellement 114,6 millions de téléphones mobiles et 57,5 millions d’internautes, tandis que 35,7% de la population poursuit des études supérieures.

Ces chiffres très satisfaisants ont été obtenus par la Chine pendant trois décennies grâce au changement de modèle économique qui a débuté dans les années 1980, en passant d’une économie planifiée à une économie de marché basée sur les bas salaires et l’export. Cependant, ce dernier modèle a commencé à s’essouffler à partir de 2007 où la croissance économique était à 14,19% du PIB et qui n’a cessé de diminuer avec une prévision de 5,8% en 2016. La conséquence du ralentissement économique chinois s’est traduite par la baisse de l’excèdent commercial qui était de 7,5% du PIB en 2007 qui a chuté à 2,08% en 2011 et va se redresser à 4,5% en 2016. Le chômage a progressé de 4% en 2006 à 5% actuellement, tandis que la Bourse de Shanghai a vu son indice passer de 5166 points le 12/6/2015 à 2901 le 8/3/2016. Le manque de confiance dans l’économie chinoise, notamment la débâcle boursière couplée à la dévaluation du Yuan, a entraîné une importante fuite des capitaux estimée entre 700 milliards et 1 trillion de $ en 2015 et une augmentation des investissements chinois à l’étranger.



Les causes du ralentissement de l’économie chinoise sont multiples. En premier lieu l’augmentation des salaires a rendu les biens et services chinois moins compétitifs sur le marché mondial, d’où la baisse des exportations. En second lieu, il faut mentionner la baisse de la demande mondiale suite à la grave crise économique 2008-2009 qui a frappé de plein fouet le commerce mondial. A cela s’ajoute la corruption généralisée qui a concerné près de 200.000 fonctionnaires, le vieillissement de la population, et l’augmentation de la pollution. Conscientes de cette problématique, les autorités chinoises sont contraintes d’adopter un nouveau modèle économique basé sur la consommation intérieure, les services et l’innovation. Les cinq prochaines années pour l’économie chinoise seront décisives. Soit le gouvernement parvient à faire les réformes nécessaires et la Chine pourra rivaliser avec les Etats-Unis, soit il ne le pourra pas, et la Chine connaîtra un déclin comparable à celui du Japon.



La Chine est le quatrième partenaire commercial du Maroc après la France, l’Espagne et les Etats-Unis. Le commerce extérieur marocain est très déficitaire vis-à-vis de la Chine : 3,13 milliards de $ à l’import en 2013 contre seulement 0,55 milliard de $ à l’export. La Chine inonde le marché marocain par ses produits à bas prix, et n’importe du Maroc que des phosphates et ses dérivés ainsi que les produits halieutiques (pratiquement 1 container sur 2 qui arrive au Maroc est en provenance de Chine). Pour équilibrer ses relations économiques avec la Chine, le Maroc compte sur les investissements chinois au Maroc, du fait de la compétitivité et la qualification de sa main-d’œuvre. Le plan d’accélération industrielle marocain 2014-2020 réserve une bonne place aux investissements chinois. Encore faut-il faire beaucoup d’efforts pour intéresser les investisseurs chinois étant donné qu’ils sont sollicités partout dans le monde, et sont plutôt enclins à investir dans l’exploitation des matières premières et l’énergie. Une autre opportunité existe pour le Maroc, dans la mesure où il peut servir de plateforme d’investissements en Afrique Subsaharienne du fait de la présence de Casablanca Finance City et de l’expérience économique acquise par le Maroc en Afrique de l’Ouest. De toutes façons, dans le cadre de la diversification géographique de son économie, le Maroc doit accorder un intérêt particulier à la Chine.

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