FORUM IMRI CASABLANCA
(27 et 28 Mai 2016)
En partenariat avec la Fondation Hanns Seidel
« GEOPOLITIQUE DU MONDE MUSULMAN : ENJEUX ET PERSPECTIVES ?»
Discours d’ouverture
Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI
Le monde musulman, qui regroupe une population de 1,6 milliard d’habitants dans 49 pays, traverse en ce début du XXIème siècle une crise sans précédent. Les indicateurs de cette crise sont multiples : le Printemps arabe qui a été déclenché en Tunisie en 2011 s’est répandu à la plupart des pays arabes avec des conséquences considérables. Beaucoup de pays arabes ont changé de régime politique, d’autres ont connu quelques avancées, et certains sont tombés dans le chaos et la guerre civile. A cela s’ajoute au Moyen-Orient, une impasse dans le conflit israélo-palestinien du fait du refus d’Israël d’entamer des négociations sérieuses avec les Palestiniens pour permettre la création d’un Etat palestinien viable. Enfin, il faut mentionner l’auto-proclamation de « l’Etat islamique » et l’exacerbation du conflit entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
En conséquence de ces événements le terrorisme jihadiste frappe partout dans le monde, non seulement au Moyen-Orient mais également en Afrique, en Amérique, en Asie et en Europe. Il a pour conséquence la montée de l’islamophobie et le développement des partis extrémistes aux Etats-Unis et en Europe. La guerre civile syrienne a entraîné, de son côté, un flux considérable de migrants dans les pays voisins, mais également en Europe, où il a atteint un million de personnes en 2015. Face à cette situation tragique, les grandes puissances se sont positionnées pour combattre le terrorisme jihadiste par tous les moyens. Cependant, force est de constater que chaque Etat poursuit ses propres intérêts. C’est ainsi que sur la question syrienne, alors que la Russie et l’Iran soutiennent le régime de Bachar Al Assad, l’Occident et les pays arabes du Golfe se rangent plutôt au côté de l’opposition au régime.
D’un point de vue géopolitique qui sera l’approche spécifique de ce Forum, le monde musulman apparaît comme la proie du jeu des grandes puissances, de conflits multiples qui s’enchevêtrent et se superposent à la fois politiques, sociaux, religieux et territoriaux. On peut en prendre pour exemple l’antagonisme entre sunnites et chiites, ces deux grands courants de l’Islam, qui s’est exacerbé récemment suite à l’occupation américaine en Irak. Le terrorisme jihadiste qui sera aussi au centre des réflexions autant que la crise syrienne, amènent à questionner les stratégies des puissances régionales et internationales, et aussi des ONG, dans un jeu de plus en plus complexe, et à réfléchir sur les scénarios de sortie de la crise. Ce qui implique d’aborder à nouveau la question israélo-palestinienne.
Ce Forum ne saurait, toutefois, se limiter à l’analyse des causes historiques et des processus des crises que traverse le monde musulman. Si ce monde est aujourd’hui à la croisée des chemins, il convient de s’interroger aussi sur les enjeux que représentent pour l’avenir la modernisation des pays, leurs forces et leurs faiblesses dans un monde globalisé, leur capacité à instaurer des régimes démocratiques, à mieux respecter les Droits de l’Homme, et à promouvoir l’éducation et la formation en vue d’un développement économique et social. A cet égard, le Forum sera aussi l’occasion de débattre du rôle que peuvent jouer les pays musulmans d’Afrique et d’Asie, qui subissent plus ou moins les ondes de choc des évènements actuels.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI