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Réunion du G7 Finances au Japon
Quelles conclusions ?

Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

Rappelons tout d’abord que c’est en 1974 suite à la crise mondiale du pétrole, que le G5 a été constitué par les Etats-Unis, le Japon, la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Royaume-Uni. En 1975 s’est joint à ce groupement l’Italie et en 1976 le Canada. Le G7 ainsi constitué des plus grandes puissances économiques du monde se définit comme un Groupe informel de discussion et de partenariat économique. Ce n’est pas une organisation internationale comme le FMI ou la Banque mondiale. D’où les critiques des altermondialistes qui le considèrent comme un « Club de riches » préconisant une politique économique néolibérale. Les domaines d’activité du G7 sont très nombreux : économie et finance, défense et sécurité, éducation et développement mais aussi sectoriels : agriculture, énergie, TIC, transport, santé, sciences, environnement. Le G7 se réunit une fois par an sous forme de Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement. La Présidence et le lieu du Sommet sont fixés à tour de rôle des pays membres. Outre le Sommet annuel, des conférences ministérielles sont organisées, la plus importante étant celle relative à l’économie et la finance qui regroupe les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales. En 1997, la Russie s’était jointe au groupement formant le G8, mais elle a été suspendue en Mars 2014 suite à l’annexion de la Crimée. En 2015, le G8 représentait 12,2% de la population mondiale et 50,2% du PIB mondial.

Une conférence ministérielle économie et finance a eu lieu le 20 Mai 2016 à Sendai au Japon. La conférence a tout d’abord mis en lumière les incertitudes qui caractérisent l’année 2016 avec les conflits géopolitiques, le terrorisme, l’afflux des réfugiés, le Bréxit. Concernant l’éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne qui sera tranchée lors du référendum de 23 Juin 2016, les membres de la conférence ministérielle ont à l’unanimité conclu au danger qu’occasionnerait le Bréxit sur l’économie mondiale. Ils ont tous souhaité, y compris le FMI, le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Le FMI ne prévoit qu’une croissance de l’économie mondiale de 3,1 à 3,2% en 2016. Aussi la conférence ministérielle du G7 s’est attelée à étudier quelles mesures seraient nécessaires pour relancer l’économie mondiale. Un consensus est apparu sur le fait que les politiques budgétaires et monétaires accommodantes sont nécessaires mais insuffisantes. Cependant, si la France et Japon sont favorables à une plus grande flexibilité sur la politique budgétaire, l’Allemagne y est réticente et propose plutôt des réformes structurelles. Ces réformes consisteraient à rendre l’économie plus efficace, renforcer le secteur de l’offre, relancer l’investissement y compris dans les pays émergents. Un autre point chaud a été soulevé lors de la conférence ministérielle du G7 concerne la « guerre des monnaies ». Il s’agit pour certains pays de cibler le taux de change de leur monnaie, afin d’éviter toute hausse préjudiciable aux exportations. Après la Chine, c’est maintenant le Japon qui est visé. C’est ainsi qu’un haut responsable du Trésor américain a déclaré « Si l’intervention d’un Etat dans le marché des changes sert à obtenir un avantage injuste, cela est très perturbant pour le système économique mondial ».

Dans le document final les ministres des finance et les gouverneurs des banques centrales ont réaffirmé leur « engagement à contrôler le financement du terrorisme ». Les mesures concrètes préconisées concernent l’échange d’informations dans le domaine financier, la lutte contre l’anonymat et les mouvements de cash, les sanctions financières contre le gel des comptes bancaires, et le renforcement du GAFI (Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux). L’autre point soulevé par la conférence ministérielle du G7 a été la reprise du plan d’aide accordée par la zone euro à la Grèce. Un accord à « portée de mains » pourraient être réalisé lors de l’Eurogroupe du 24 Mai 2016, a indiqué le Représentant de l’Union européenne. Enfin l’évasion fiscale remise sur la scène par le scandale de « Panama papers » a fait également l’objet de discussion lors de la conférence ministérielle du G7.

Cependant, ces recommandations ne sont pas contraignantes étant donné qu’il n’est pas prévu de sanctions contre les pays membres du G7 qui ne les appliqueront pas. De plus, le G7 n’est constitué que de 7 pays et ne représente pas la communauté internationale. Pourtant les questions abordées : Bréxit, relance de l’économie mondiale, guerre des monnaies, lutte contre le financement du terrorisme, aide à la Grèce, lutte contre l’évasion fiscale sont des problématiques très importantes pour l’économie mondiale. Pour plus d’efficacité, il faudrait sérieusement réfléchir à l’instauration d’une gouvernance mondiale sur le plan économique.



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