Le retour du Maroc à l’Union africaine
Une victoire diplomatique
Par Jawad KERDOUDI Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)
Rappelons que le Maroc a quitté l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) en 1984 pour protester contre l’adhésion illégale de la RASD (République arabe sahraouie démocratique). Depuis cette date, les ennemis de notre intégrité territoriale n’ont cessé d’utiliser cette organisation africaine pour contrecarrer les efforts du Maroc pour récupérer ses provinces sahariennes. Après 32 ans, la diplomatie marocaine sous l’impulsion du Roi Mohammed VI a décidé de réintégrer ce qui est maintenant l’UA (Union Africaine).
C’est ainsi que le Roi Mohammed VI a envoyé un message au Président de l’UA porté par le Président de la Chambre des Représentants à l’intention du Sommet de l’UA qui s’est réuni les 17 et 18 Juillet 2016 à Kigali en Rwanda. Dans ce message, le Souverain a rappelé que le Maroc a été parmi les fondateurs de l’OUA, qu’il n’a jamais cessé de consolider ses relations avec les pays africains après le départ de l’OUA en 1984. Les relations du Maroc avec les pays africains revêtent plusieurs formes. C’est ainsi que sur le plan économique, le Maroc est devenu le deuxième investisseur africain après l’Afrique du Sud. Le Maroc a également développé avec les pays africains des relations commerciales, culturels et dans le domaine religieux. Le Maroc a toujours intervenu dans les pays africains pour le maintien de la paix, et joue un rôle primordial dans les enjeux climatiques, migratoires et sécuritaires. Le message royal a aussi mentionné le caractère illégal de l’adhésion de la RASD et a demandé à l’UA de corriger cette erreur. Il a enfin indiqué la disposition du Maroc à réintégrer l’UA.
Vingt quatre heures après le message royal, 28 pays africains ont envoyé une motion au Président de l’UA se félicitant de la réintégration du Maroc, et demandant la suspension de la RASD en attendant la décision finale de l’ONU sur la question du Sahara. Noter que sur le plan juridique, la réintégration du Maroc au sein de l’UA ne pose pas de problème puisqu’il suffit de la majorité simple (28 voix sur 54) pour admettre un pays africain au sein de l’organisation. Le gel de la RASD prendra plus de temps dans la mesure où les statuts de l’UA ne prévoient la suspension d’un pays membre, que s’il y a un renversement inconstitutionnel du régime dans ce pays. Cependant, si la motion qui reste ouverte atteint les 2/3 (36 voix sur 58), cela peut permettre d’amender les statuts de l’UA pour permettre la suspension de la RASD. Le Maroc a donc besoin de 8 voix supplémentaires pour atteindre la majorité des 2/3. Cela est possible, car plusieurs pays avec lesquels le Maroc entretient de bonnes relations peuvent rejoindre les 28. Il s’agit de : Burundi, Cameroun, Egypte, Kenya, Madagascar, Niger, Rwanda, Tanzanie, Tunisie, Tchad. Notre diplomatie doit accentuer ses efforts vis-à-vis de ces pays et autres avant le prochain Sommet de l’UA qui aura lieu en Janvier 2017 à Addis Abéba.
En tout état de cause, cette initiative du Maroc vis-à-vis de l’Union africaine est une victoire diplomatique. L’Afrique a beaucoup changé durant ces trente dernières années, voulant privilégier le développement économique et social au détriment des contingences idéologiques. Le Maroc a patiemment construit sa stratégie en la basant sur des actions concrètes. En effet, il a développé ses investissements et ses échanges commerciaux avec les pays africains, en leur apportant aussi son assistance technique dans les secteurs où il a une réelle expérience. Le Maroc a beaucoup œuvré pour instaurer la paix en Afrique, lutter contre le terrorisme, et promouvoir un Islam ouvert et tolérant. Tous ces efforts commencent à donner leurs fruits, en permettant non seulement la réintégration du Maroc à l’UA mais la suspension à moyen terme de la RASD. Il faut dire aussi que le principal adversaire de notre intégrité territoriale l’Algérie, ne dispose plus des moyens financiers considérables du fait de l’exportation de ses hydrocarbures. Le prix du baril de pétrole qui avoisine actuellement les 50 $ n’a rien à voir avec le pic de 140 $ le baril atteint les années précédentes. De plus, l’Algérie a part l’aide financière, n’a pas développé ses investissements et ses échanges commerciaux avec l’Afrique.
En conclusion, on ne peut que féliciter notre diplomatie sous l’impulsion du Roi Mohammed VI pour cet acquis très important. En effet, quand le Maroc sera réintégré officiellement au sein de l’UA, il pourra jouer pleinement son rôle au sein de cette organisation africaine, et défendra mieux de l’intérieur la question du Sahara.
CHRONIQUES HEBDOMADAIRES DE l'IMRI